Fiche sur les établissements d’enseignement supérieur et de recherche en France depuis le XVIIIe siècle
Michel Bottin, mars 2009
Situation au XVIIIe siècle
A. Universités
Une vingtaine d’universités, de taille et de réputation très inégales. L’Université de Paris est la plus prestigieuse. Montpellier est réputée pour sa Faculté de médecine, Toulouse pour sa Faculté de droit, etc.
Chaque université comprend plusieurs facultés : une faculté généraliste, la faculté des Arts (sciences et lettres) et quatre facultés supérieures: faculté de décret (droit canonique), de droit, de théologie et de médecine.
Accès : en règle générale à partir d’un collège : un dans chaque ville de quelque importance. Plus de 50 000 garçons sont scolarisés à la fin XVIIIe siècle, soit autant que l’effectif des lycées au début du XXe siècle.
Cursus : d’abord faculté des arts (grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, musique, astronomie), puis une des facultés supérieures, médecine, droit, droit canonique, théologie.
Noter :
1. Les collèges les plus importants, dits de « plein exercice », offrent des enseignements d’ « arts », c'est-à-dire sciences et lettres, soit que les maîtres de la faculté viennent y enseigner soit que ces collèges ont obtenu l’autorisation de délivrer eux même ces enseignements comme c’est le cas pour les collèges tenus par les Jésuites (120 collèges avant 1762).
2. Le modèle parisien influence toute la France (Louis le Grand, Cardinal Lemoine, Mazarin, etc.)
3. Ces collèges ont d’importants moyens financiers, de riches bibliothèques, des laboratoires, des observatoires.
4. Les 12 écoles royales militaires crées en 1776 sont assimilées à des collèges.
5. L’Université de Paris lutte contre cette concurrence des collèges. L’expulsion des Jésuites (affaire du Père Lavalette) en 1762 est une victoire pour elle.
B. Créations royales
Le pouvoir royal a créé plusieurs établissements ou écoles en complément… ou en concurrence des universités. Certains assurent une fonction de type universitaire (recherche et enseignement théorique), d’autres une fonction d’enseignement technique :
Collège de France 1530 (R)
Jardin royal 1635 (R)
Académie des Sciences 1666 (R)
Observatoire royal 1672 (R)
Académie de chirurgie 1731 (R)
École des ingénieurs-constructeurs des vaisseaux royaux1741(T)
École royale des ponts et chaussées 1747(T)
École royale du génie de Mézières 1748 (T)
Ecole militaire 1751(T)
Collège de pharmacie 1777 (T et R)
Société royale de médecine 1777 (T et R)
Ecole d'Arts et Métiers 1780 (T)
Ecole vétérinaire d’Alfort 1782(T et R)
Cabinet de machines de Vaucanson 1782 (R)
Ecole des mines 1783 (R)
Convention et Directoire
La Convention, phase montagnarde, supprime en 1793 toutes ces institutions.
La Convention, phase thermidorienne, puis le Directoire (loi du 30 vendémiaire an IV) rétablissent, sous d’autres dénominations, les établissements et écoles disparues :
*Muséum d’Histoire naturelle, 1793 (antérieurement Jardin du roi)
*École centrale des travaux publics, 1794 (École polytechnique en 1795), (antérieurement *Ecole du génie de Mézières)
*École normale (École normale supérieure en 1845), antérieurement Séminaire philologique du Collège Louis le Grand
*Conservatoire national des arts et métiers, 1794 (anciennement Cabinet des machines de Vaucanson)
*Ecoles militaires : École d'artillerie, École des ingénieurs militaires, École des ponts et chaussées, École nationale supérieure des mines de Paris, École des géographes, École de marine (école navale), École des ingénieurs de vaisseaux, puis Ecole nationale supérieure du génie maritime. Toutes ces écoles sont directement ou indirectement issues d’ancienne écoles royales d’application.
*Ecole nationale des langues orientales (1795) (antérieurement Ecole de Jeunes de langue)
*Ecoles de santé à Paris, Montpellier et Strasbourg, 1794 (antérieurement facultés de médecine).
Et enfin rétablissement des grandes institutions de direction scientifique :
*Collège de France (1795)
*Académie des sciences dans le cadre de l’Institut des sciences et des arts (1795)
Noter que le Directoire puis le Consulat restaurent l’enseignement secondaire disparu en 1793 : Ecoles centrales départementales (février 1795) qui deviennent lycées nationaux en 1802
Consulat et Empire
Organisation sous le Consulat et l’Empire d’un réseau de facultés sous la forme d’écoles professionnelles. Aux écoles de santé (puis faculté de médecine) créées sous le Directoire s’ajoutent :
*Les écoles (puis facultés) de pharmacie (6) 1803
*Les écoles (puis facultés) de droit (12) 1804
*Puis dans le cadre de la création de l’Université impériale (10 mai 1806), création des facultés des lettres et des facultés des sciences pour la formation des professeurs des lycées.
*Et enfin création en 1808 de huit facultés de théologie catholique, puis de deux facultés de théologie protestante, une réformée et une luthérienne
On compte en 1815 : 22 facultés des lettres, 10 facultés de sciences, 9 facultés de théologie, 9 facultés de droit, 3 facultés de médecine.
De la Restauration à la IIIe République
A partir de la Restauration, création d’écoles professionnelles supérieures :
École des Mines de Saint-Étienne(1816)
École spéciale de commerce et d'industrie de Paris (1819)
École royale des eaux et forêts (1824)
Institution royale agronomique de Grignon (1826)
École centrale des arts et manufactures de Paris (1829)
École des Mines d'Alès (1843)
Ecole supérieure de Télégraphie, qui deviendra l'École Supérieure des Postes et Télégraphes puis l'École nationale supérieure des télécommunications (1878)
École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie (1891)
École supérieure d'électricité (1894)
Etc.
Noter la création de l’École nationale des chartes en 1821.
Noter ces innovations des années 1870-1880 :
1. Création de l’Ecole libre de science politique de Paris, « sciences po », (1872)
2. Création en 1875 d’universités catholiques à Paris, Lyon, Toulouse, Angers, Lille
3. Création d’écoles normales supérieures de Fontenay-aux-Roses pour les jeunes filles (1880) puis de Saint-Cloud pour les garçons (1882)
4. Création d'écoles de commerce dans la plupart des grandes villes, par les chambres de commerce et d'industrie, mais aussi par des municipalités : Ecole des Hautes études commerciales (1881), École des hautes études commerciales du nord (1906), Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales (1907), etc.
Depuis le milieu du XXe siècle
Changements majeurs :
1. Création des grands organismes de recherche :
CNRS en 1939
CEA en 1945
INSERM en 1964
INRIA en 1967
Etc.
2. Création d’écoles d’administration publique
Ecole nationale de santé publique 1945
Ecole nationale d’administration (ENA) 1945
Ecole nationale des impôts (1951)
Ecole nationale de la magistrature (ENM) 1958
Instituts régionaux d’administration (IRA) 1970-1979
Etc.
3. Création des universités en 1969:
Fin de l’université unique de type napoléonien ; maintien des anciennes facultés; regroupements des facultés en plus de soixante universités (13 à Paris !); vingt créations supplémentaires entre 1971 et 2007.
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