Histoire maritime.La famille De May
 
 
 
 
 
 Chronique militaire et domestique de la famille De May des années 1780 à la Restauration
 
 
 
Michel Bottin
Professeur à l’Université de Nice
Faculté de droit
Centre Maryse Carlin d’histoire du droit
Laboratoire ERMES
Août 2009
 
Pour citer, Michel Bottin, « Chronique militaire et domestique de la famille De May des années 1780 aux années 1850 » in Vive la France. Regards croisés sur l’union du Comté de Nice à la France, 1860-1947, Serre Editeur, Nice, 2010, pp. 123-137.
 
 
La famille De May est la plus notable de Villefranche au XIXe siècle. Son ascension sociale repose principalement sur les carrières militaires exceptionnelles de trois de ses membres, Charles Louis et Gaëtan, fils d’Ignace et de Françoise Marie Gallea, et François André fils de Charles Louis et de Marie Thérèse Belengini[1]. Chacun peut se prévaloir d’états de service supérieurs à cinquante ans. Chacun a accédé au grade de général. Tous trois ont participé aux guerres de la Révolution et de l’Empire, les « French Wars », du côté des coalitions anti françaises. A ce titre ils sont d’abord des vaincus, ensuite des vainqueurs. Leur histoire traverse ainsi une période faite de ruptures politiques et de déchirements familiaux, de l’automne 1792 avec l’entrée des Français à Nice à la fin de l’Empire[2].
 
Charles Louis et Gaëtan De May sont nés respectivement en 1749[3] et en 1759[4] dans une famille de notables villefranchois dont la noblesse se consolide progressivement au cours du XVIIIe siècle. Charles-Emmanuel II a concédé la noblesse à leur ancêtre Benoît en 1649 «  pour avoir toujours honoré et noblement vécu comme ses ascendants et incité ses descendants à se vouer toujours aux actes honorables »[5]. La distinction rejaillit sur toute la famille et les descendants de Benoît, Ignace puis ses fils Charles Louis et Gaëtan, useront sans réticence du titre de « vassal » ...même sils ne sont seigneurs daucun fief ni détenteurs du moindre droit seigneurial[6]. La famille De May apparaît déjà au XVIIIe siècle comme la plus importante de Villefranche. Les comptes domestiques et ruraux de Benoît, Ignace, Charles Louis et François André étudiés par André Cane dans Nice Historique[7] montrent combien cette famille est enracinée dans le terroir villefranchois.
Mais c’est l’essor naval de Villefranche qui influencera le plus la famille De May. La réunion de la Sardaigne aux Etats de Savoie en 1720 ouvre en effet un nouvel épisode de l’histoire de la cité portuaire. Plusieurs innovations marquent le règne réformateur de Charles-Emmanuel III. La vieille base de galères a été transformée en moderne port de guerre. La darse a été agrandie. Un grand bassin couvert de plus de 60 mètres de long permet depuis les années 1730 de construire les galères nécessaires à la petite flotte de la Maison de Savoie[8]. Les années qui suivent voient s’amplifier le débat sur l’utilité des bâtiments à rames[9]. Le chevalier de Blonay, président de la commission de réforme réunie par le roi, proposa même de supprimer les galères et de ne plus utiliser que des navires à voiles de haut bord[10]. Les partisans des galères eurent assez d’arguments pour défendre leur maintien tant elles étaient efficaces pour assurer la défense des côtes contre les Barbaresques, particulièrement en Sardaigne. On se procura en Angleterre et en Hollande les deux ou trois frégates nécessaires puis, pour éviter une trop forte dépendance, on construisit dans les années 1760 près du Lazaret un bassin pour la construction de ce type de bâtiment[11]. La création d’une école de marine puis d’une école d’artillerie[12] parachève ces transformations. Entretemps le creusement d’un bassin de commerce à Nice dans les années 1750 avait progressivement permis le déplacement de toutes les activités commerciales, favorisant ainsi le développement du port de guerre.
C’est dans cet environnement que grandirent les deux garçons d’Ignace, Charles Louis et Gaëtan. Charles Louis a été nommé capitaine du port de Villefranche en 1774[13].  Il s’y trouve encore en 1779 au début de la guerre navale franco-anglaise, dite d’Amérique, confronté aux problèmes de la course née de ce conflit[14]. En 1783 il est officier d’infanterie « nel reggimento di Saluzzo »[15]. On le retrouve en 1786 à nouveau comme commandant du « castello e porto di Villafranca »[16]. Il est lieutenant colonel en 1789[17]. Il épouse à Villefranche en 1778 Marie Thérèse Belengini. Un garçon, François André, naît de cette union en 1781. Après le décès de son épouse, Charles Louis épouse en secondes noces Angélique Cais de Pierlas en 1785. Le couple aura une fille, Marie Caroline, née  le 2 septembre 1792 à Villefranche.
 
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Le frère aîné a tracé la voie militaire. Gaëtan le suit. Il est admis à l’âge de 12 ans comme guardiamarina  de 2e classe, cadet, et embarqué sur la frégate San Carlo[18]. En 1777 il réussit, en même temps que le futur amiral Georges André Des Geneys, l’examen de garde marine de 1e classe[19]. Une carrière aussi exceptionnelle que mouvementée commence. Gaëtan après ses années de formation est versé dans le corps de la Marina. L’arme regroupe les fusiliers marins et les artilleurs de marine nécessaire au service en mer et à la protection des côtes. Ses bataillons sont stationnés dans le comté de Nice, à Oneglia et en Sardaigne. C’est là que Gaëtan est affecté comme « sous-lieutenant de bord » commandant une « mezze galere », la Santa Barbara. C’est à bord de ce type de bâtiment particulièrement adapté à la chasse aux Barbaresques que le lieutenant De May sert pendant plus de 10 ans[20].
Durant cette période il effectue des croisières de surveillance le long de la côte ouest de l’île entre l’île San Pietro et Alghero[21]. Il est basé à Porto Conty -Porto Conte- dans une belle baie située à proximité d’Alghero[22].
Les instructions de campagne portent sur la protection des pêcheries de corail -les corraline- et des madragues -les tonnare- ainsi que sur la surveillance des baies les plus propices à la contrebande comme le golfe de Palmas au sud de l’île. Mais la mission essentielle reste la chasse aux Barbaresques. Les incidents sont permanents et les accrochages fréquents. Durant toutes ces années De May partage la surveillance de ces côtes avec une autre demi-galère, La Beata Margarita. Les missions sont parfois communes. Le fait d’armes le plus remarqué de la période est la prise par De May, alors commandant la Beata Margarita, d’une galiote tunisienne après un combat acharné. La prise fut intégrée dans la marine sarde sous le nom de Serpente. En février 1792 De May est nommé capitaine, commandant une compagnie de Marina toujours avec le titre de lieutenant de bord[23].
 
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La situation politique est bouleversée quelques mois plus tard, en septembre, à la suite de l’invasion par les Français de la Savoie et du Comté de Nice. Mais une forte résistance s’organise dans les montagnes. Les Français poursuivent leur objectif de conquête de la totalité des Etats de Savoie. Pensant être accueillis en libérateurs, ils tentent, au mois d’octobre, d’investir la Principauté d’Oneglia, la plus importante enclave sarde en Ligurie. Ils sont repoussés. En représailles ils rasent la ville. Une opération semblable est organisée pour s’emparer de Cagliari au mois de février 1793. Une flotte d’une trentaine de navires avec plusieurs milliers de soldats commandée par l’amiral Truguet attaque la ville. Elle est repoussée à deux reprises par l’artillerie de la ville avec des pertes considérables[24]. Dans le même temps la flotte française soutien une opération réclamée par les Corses pour prendre les îles de La Maddalena considérés par eux comme corses donc françaises. On trouve parmi les officiers corses un certain Napoléon Bonaparte alors jeune officier d’artillerie et lieutenant colonel de la garde nationale d’Ajaccio[25].
C’est immédiatement après ces événements que De May revient sur le continent. Il connaît, comme tout le monde, la situation de l’armée d’Italie présente à Nice. Elle est nombreuse mais très éloignée de ses bases arrières. Elle ne peut se maintenir qu’en s’approvisionnant à Gênes, puissance neutre mais bienveillante. Couper ces approvisionnements permettait d’organiser la contre offensive attendue. Mais les moyens navals sardes sont totalement insuffisants. Une autre solution consisterait à accorder des autorisations de course à quelques bâtiments du commerce. Mais cela serait très risqué car cette solution exposerait Oneglia et Loano non seulement aux représailles des Français mais aussi aux protestations des Toscans, Napolitains ou autres Romains qui auraient à souffrir de cette course. Une réunion ministérielle tenue à Turin en novembre 1792 a jugé que l’opération était risquée. L’état-major hésite toujours[26].
Gaëtan De May intervient de façon décisive dans ce débat à la fin du mois de janvier 1793, au moment où l’Angleterre s’apprête à entrer dans la guerre à la suite de l’invasion française en Hollande. Il suggère à la commission de généraux chargée d’examiner les possibilités d’entrer en course d’autoriser l’armement de quatre bâtiments de 60 à 80 hommes chacun à Oneglia ou à Loano. Il se propose de son côté de trouver les associés nécessaires pour financer l’opération ; Il demande seulement au gouvernement les armes et les munitions et quelques militaires aguerris pour encadrer les équipages. De May obtient l’autorisation… mais pas les aides. C’est donc à ses frais qu’il arme une bonne felouque, La Carolina. Dès le 5 mars il prend une felouque française La Sainte Anne qu’il arme immédiatement en course. Ce succès encourage deux de ses amis officiers de marine, le niçois Erménégilde Torrini de Fougassières et le savoyard Chevillard à entrer en course.
La réputation du trio est telle que bientôt ce sont dix puis vingt puis trente patrons et capitaines qui arment en course : six d’Oneglia, trois de Villefranche, trois de Nice, cinq de Loano, un Sarde, deux Piémontais, un Napolitain, etc…mais aucun Génois.
Les succès s’accumulent mais leur ampleur est freinée par les difficultés administratives. Les procédures judiciaires sont trop lentes. Les liquidations de prises déjà jugées n’aboutissent pas. Plusieurs prises avec des cargaisons périssables attendent toujours dans les ports de Loano et d’Oneglia au risque de décourager les corsaires. De May a bien compris l’enjeu. C’est lui qui multiplie les démarches auprès de la juridiction des prises, le Consulat de Mer de Nice replié à Bourg-Saint-Dalmas puis à Carmagnola dans le cadre d’une Regia Delegazione.
Une nouvelle difficulté apparaît alors. L’efficacité des corsaires a été telle que plus aucun bâtiment français ne s’aventure plus dans ces parages. Le commerce vers Nice se fait maintenant sous pavillon neutre, génois et toscan particulièrement. Or le droit des prises interdit de prendre un bâtiment neutre, même s’il transporte des marchandises ennemies. Aucune juridiction des prises n’accepterait de considérer de telles prises comme bonnes. La Regia Delegazione a clairement défini sa position en ce sens.
Ici encore c’est De May qui prend l’initiative. L’officier plaide pour une modification du droit des prises. Cette guerre est à son avis différente des autres. Elle est totale et réclame des solutions radicales. Le droit traditionnel des prises est inadapté. Il faut appliquer les solutions déjà mises en oeuvre par l’Angleterre, beaucoup moins favorables aux Neutres. D’ailleurs les Français ont eux-mêmes commencé à modifier leurs procédures. De May cite plusieurs exemples comme la prise près de Porto Maurizio d’un polaque génois chargé de marchandises génoises à destination de l’Espagne, pays ennemi[27]. La Regia Delegazione hésite toujours. C’est finalement Fougassières qui franchit le pas avec la prise le 23 mars 1793 d’un génois. La juridiction la considère finalement comme bonne[28]. Dix prises de neutres suivent au cours du mois suivant.
L’étau s’est resserré. Plus rien ne passe en direction de la France. Apparemment du moins car le trafic se poursuit par des moyens détournés. Il suffit que les marchandises soient adressées à des commerçants génois établis à proximité de la frontière française, à San Remo, Bordighera ou Vintimille. De là les marchandises sont réexpédiées en fraude sur de petites embarcations vers Menton ou Nice[29]. De May explique avec succès qu’il faut faire ces prises lorsque les présomptions sont suffisantes : passage de nuit, quantité de marchandises excédant les capacités commerciales des négociants, transbordement dans des lieux isolés, etc. Les prises sont nombreuses, 23 entre juillet 1793 et mars 1794[30].
Le succès de De May et de sa milice navale paraît complet dès la fin du printemps. La flotte française n’a pas pu répliquer et l’arrivée de la flotte anglaise en Méditerranée a fait basculer le rapport de force. C’est d’ailleurs De May qui est chargé de rencontrer l’amiral Hood pour coordonner les actions de la milice navale avec la flotte britannique. La prise de Toulon par les Anglais et les Royalistes parachève le succès. L’armée d’Italie est axphyxiée. Il lui faut atteindre le Piémont le plus rapidement possible en passant par la Ligurie…quitte à violer la neutralité d’un pays amis. C’est ce qu’elle fait au printemps 1794.
 
 
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Gaëtan De May cesse alors ses activités maritimes et participe à la guerre dans les Alpes comme major d’infanterie. Il est nommé le 27 mars 1796 lieutenant colonel d’infanterie pour son zèle, son intelligence et sa valeur[31]. Il poursuit également ses démarches auprès de la Regia Delegazione à Carmagnola pour défendre la validité de plusieurs prises contestées par des commerçants livournais et romains. Les sommes en jeu sont importantes. De May représente dans ces affaires les intérêts plusieurs compagnons de course, principalement ceux de Fougassières et du sarde Solaro[32].
Gaëtan retrouve dans cette guerre son frère Charles Louis. Celui-ci est major de bataillon au régiment d’Oneglia. Il commande la place de Bra en Piémont[33]. Son fils François l’y rejoint. Celui-ci, né en 1781, a participé à la bataille des Alpes dans ce régiment d’Oneglia dès 1793, d’abord comme cadet[34] puis comme lieutenant. Il fut blessé quatre fois[35] et obtint plusieurs citations pour ses actions héroïques.
Le beau-père de Charles Louis, Joseph Marie Caïs de Pierlas, père d’Angélique, participe également à cette guerre. Il prend part aux campagnes de 1796 comme major de bataillon puis poursuivra son service dans les armées de la coalition. Il commandera le régiment de Suse lors de la contre-offensive de 1800[36].
Charles Louis sera nommé le 9 juillet 1796, après l’armistice de Cherasco, brigadier d’infanterie, pour ses services en temps de paix comme commandant de Villefranche et ses actions dans les Alpes[37]. Le régiment d’Oneglia ayant été dissous il est alors affecté le 22 octobre 1797 au régiment des truppe leggere en attente d’un nouveau service en récompense de ses mérites [38]. Son fils François est nommé lieutenant dans ce même régiment
 le 2 novembre 1797
[39]. Charles Louis poursuivra son service dans les armées de la coalition pendant encore quelques années.
 
Revenons à Gaëtan. Après les défaites du mois d’avril 1796 à Montenotte, Millesimo, Dego et Mondovi puis l’armistice de Cherasco les deux frères se retrouvent sans activité. Ils habitent Turin dans un appartement de la Casa Molines, paroisse San Tomaso, « isola Santa Margarita »[40]. Ils attendent leurs nouvelles affectations. Gaëtan rejoint finalement la Marina…mais en Sardaigne puisque la France a annexé le Comté de Nice et toutes les possessions ligures de la Maison de Savoie. Il doit donc partir. Le 5 août 1797 il donne procuration générale à son frère pour gérer ses affaires et suivre les procès encore en cours et le partage des prises déjà liquidées. Il lui transmet les procurations qui lui ont été faites par plusieurs corsaires, Lorenzo Comes et Gaetano Bruni[41]. L’accord se fait en présence de Georges Des Geneys premier lieutenant de bord et de Pierre Louis Trinchieri de Venanson[42].
 
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A Villefranche la vie suit son cours à travers les multiples difficultés de l’occupation et de la pénurie. Ignace, le père, dont les deux garçons, Gaëtan et Charles Louis, combattent les Français, n’a pas été inquiété. La municipalité de Villefranche chargée d’appliquer la loi des 27 et 28 germinal an II sur la confection des listes des étrangers et des ci-devant nobles ne juge pas utile d’y inscrire Ignace. Elle explique que son père Charles Benoît n’est pas « noble » et n’a « jamais servi les tirans ». Celui-ci « s’est donné le nom de vassal depuis peu de temps dans l’ancien régime ». Ses deux fils « sont il est vrai au service et décorés de la récompense militaire par l’ancienneté de leur service ou à la suite d’anciennes mesures, mais le service ni les décorations n’ont jamais transmis la noblesse »[43]. Rien sur la guerre que livrent ses deux fils et son petit-fils dans les Alpes ! Ou bien Ignace est d’une exceptionnelle discrétion ou bien les autorités municipales couvrent la famille De May.
Ignace fait d’ailleurs tout ce qu’il peut pour entretenir de bonnes relations avec les autorités françaises. Et pourtant les contraintes sont pesantes. En 1796, alors que les contraintes militaires se sont sensiblement assouplies, il doit encore loger le commandant de l’artillerie[44] et le directeur de l’hôpital. Il a toujours des difficultés à se faire payer les loyers par l’administration. Et il a de plus en plus de peines à vendre ses citrons. Sans parler des soldats qui volent dans ses campagnes !
Ignace fait aussi de la résistance. Le 2 mai 1796 le marquis Boréa et trois officiers sardes se sont évadés des prisons de Nice. Il les abrite dans sa maison du Plan à Beaulieu en attendant de les faire fuir par mer. Quelque temps plus tard on l’informe que tous les marins prisonniers doivent partir à Turin pour un échange de prisonniers. Il donne 125 lires à l’un d’eux pour subvenir à ses besoins. Le 25 juillet il remet à Antoine Dunan qui part pour Chieri une somme de 40 écus de France pour les donner à la dame de Castelvecchio, émigrée, dont l’administration a vendu les biens. Ignace, qui a été intermédiaire dans cette opération, a réussi à récupérer une partie de la somme. Quelque temps plus tard une bonne nouvelle lui parvient. Des marins de retour de Turin lui annoncent le passage imminent de Gaëtan. Ignace se fait livrer deux poulets par une paysanne d’Eze pour fêter l’événement[45].
 
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Après la constitution de la République piémontaise le 10 décembre 1798 Charles Emmanuel IV, qui vient de succéder à Victor Amédée III, doit partir en Sardaigne, seul territoire dont il reste souverain. Le royaume est neutre. C’est dans ce cadre politique que Gaëtan va travailler pendant 15 ans jusqu’à la défaite du régime napoléonien.
François a suivi son oncle Gaëtan en Sardaigne dans la Marina[46]. Le premier est colonel, le second est lieutenant[47]. Le père de François, Charles Louis, a repris du service …  dans les armées du nouveau régime napoléonien. On le retrouve en 1806 comme chef de bataillon « au service de S.M. l’Empereur des Français et roi d’Italie »[48]. A Villefranche c’est son épouse Angélique qui dirige la maison. Elle s’occupe avec attention d’Ignace, son beau-père octogénaire[49]. La vieille affaire qui l’avait opposée à lui et à son époux Charles Louis une dizaine d’années plus tôt pour non-paiement de la rente viagère promise à l’occasion de son mariage[50] avec Charles Louis semble oubliée. Il est vrai qu’Angélique gère aussi le patrimoine familial et que ceci compense sans doute cela. Les campagnes de Saint-Estève à Villefranche et du Plan à Beaulieu rapportent tout de même plus de mille livres par an[51]. Charles Louis ne revient à Villefranche qu’en 1813. Il est alors « major retraité » et habite à Beaulieu, quartier du Plan[52]. Son beau-père, Caïs de Pierlas, après la dissolution de son régiment de Suse en 1800 a préféré partir en Sardaigne. Il décède au cours d’une mission diplomatique à Naples en 1802[53].
 
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En Sardaigne le travail de la Marina est plus difficile que dans les années 1780 même si la petite flotte sarde commandée par Des Geneys a été progressivement renforcée[54]. Le royaume de Sardaigne est neutre mais la guerre maritime complique considérablement les opérations de surveillance. La priorité est toujours d’assurer la défense contre les Barbaresques. Préoccupation qui passe par aussi par le rachat des captifs. Gaëtan De May multiplie les interventions, par exemple pour obtenir des aides aux familles de l’équipage de la gondole La Sardina commandée par l’officier De Revest de Roccabruna prise par des Tunisiens[55]. Il faut ajouter les incessantes interventions anglaises, jusque dans les eaux territoriales de l’île, contre les Neutres soupçonnés de commercer avec les Français. Et les Sardes, qui sont neutres, ne sont pas épargnés. C’est le colonel De May, -un spécialiste en matière de prises !- qui guide les enquêtes et plaide devant l’Amirauté britannique de La Valette à Malte. Il est secondé par son neveu qui assure en 1807-1808 une mission permanente à Malte tant les incidents son nombreux[56].
Gaëtan travaille sans relâche à la défense de l’île. Il paye même de sa personne dans les opérations les plus risquées. Son action la plus éclatante fut d’avoir triomphé avec deux-demi galères et quelques embarcations légères d’une flottille tunisienne de force supérieure au cap Malfatano sur la côte méridionale de l’île le 28 juillet 1811. Le bataillon du Reale Marina subira des pertes sévères. De May lui-même sera blessé. Il sera accueilli en sauveur à Cagliari par la cour et par la population[57]. Ce fait d’armes lui valut une double promotion, celle de brigadier d’infanterie et celle de capitaine de vaisseau. Il est également promu chevalier de l’ordre des Saints Maurice et Lazare[58].
François a entre-temps été promu capitaine major en 1810. Il devient le second du bataillon commandé par son oncle[59]. Celui-ci dans sa lettre de félicitations note « qu’il sera ainsi débarrassé des soins d’une compagnie » et qu’il sera dégagé de l’« intérêt des capitaines ». « Vous regarderez le bataillon dans son ensemble et vous n’oublierez pas la compagnie d’artillerie surtout pour le choix des hommes. Vous considérerez que c’est une compagnie d’élite qui doit contribuer par son exemple au bon ordre et à la bonne discipline du corps »[60].
 
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Parvenu à la cinquantaine Gaëtan se préoccupe de fonder une famille. Il épouse une jeune fille sarde Effisia Carroj[61] fille de Giovanni Battista Carroj, grand croix de Saint Maurice[62]. Le couple a deux enfants, François né en 1813[63] et Félicité Gaëtane née en 1815[64]. La famille De May habite Cagliari où Gaëtan a « fabriqué une grande maison » ainsi qu’il l’explique dans une lettre à son frère[65]. Villefranche est bien loin et rien ne laisse penser que Gaëtan souhaite y revenir un jour. Cagliari est après tout une petite capitale avec une cour, une vie mondaine et culturelle. Le colonel semble apprécier l’opéra comme le laisse penser ce petit compte domestique où on le voit dépenser 125 lires pour sa participation à l’association théâtrale pour l’année 1809 jusqu’au carnaval 1810, ou encore 100 lires pour l’usage de la loge n°9 « entrando alla dritta in teatro » pour 1810 jusqu’au carnaval 1811 à quoi s’ajoute l’abonnement pour l’année savoir 5 lires pour la saison d’été, 11 lires 13 pour l’automne et 5 pour le carnaval, ce qui fait 270 lires[66]. Sa solde comme chef de corps est proche de 5000 lires[67]. A ce revenu on doit ajouter ce qu’il peut encore percevoir sur le produit des prises des années 1793-1794. Il est toujours en relation avec Benedetto Solaro qui habite d’ailleurs Cagliari et qui tente de régler avec des commerçants livournais quelques anciennes affaires de prises jugées bonnes. Dans cette affaire, dont la valeur dépasse les 40000 livres, De May est débiteur de Solaro de 4726 lires[68].
Les liens qui unissent Gaëtan à son neveu François semblent forts. La présence de François auprès de son oncle comme second de son régiment les resserrent davantage encore. L’oncle veille sur la carrière du neveu comme s’il s’agissait de son propre fils. Son père est loin. En 1809 il réside à Turin[69]. En 1813, on l’a vu, il est de retour à Villefranche comme major de régiment retraité[70]. Mais la mésentente entre Charles Louis et Angélique est trop forte. Angélique finira par quitter la maison du Plan. C’est Hyppolite Caïs de Pierlas, frère d’Angélique, qui en informe Gaëtan, tardivement, dans une lettre du 26 avril 1814, « Monsieur votre frère et sa soeur vivent séparément, lui à Beaulieu, elle à Villefranche avec sa fille et son beau fils »[71].
Sans doute Gaëtan ne sait-il pas tout. Une lettre d’Angélique à son époux du 21 juillet 1809 éclaire les dessous patrimoniaux de la discorde. Celle-ci accuse son époux. Elle lui reproche de vendre inconsidérément ses biens de Beaulieu et de vouloir la mettre à la porte, « mais comme je suis attachée à François, votre digne fils, je dois vous dire que si vous êtes dans l’intention d’aliéner ce qui vous reste encore de la famille De May vous devez agir d’une autre manière ». Il faut avantager les enfants. « Attention avec qui vous traitez. Pourquoi ne donnez vous pas préférence à vos « aimés ou à moi-même en me laissant cette portion de dot hypothéquée sur ce bien. Quelques uns de mes parents vous paieront le surplus »[72]. L’affaire sera finalement portée devant le Sénat de Nice à la Restauration[73].
Tout ceci entache les rapports de Charles Louis et de son fils. Le père ne s’occupe pas de son fils. Gaëtan le reproche à son frère dans une lettre adressée de Cagliari: « Je partage avec ton fils sa juste sensibilité sur ton continuel silence à son égard…tache de réparer…Tu ne lui a pas écrit, ni à La Maddalena ni ici »[74]. Il lui demande de faire des démarches pour l’affectation de François auprès du ministre de Russie le prince Choslowski en se réclamant de lui[75].
 
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Après la défaite de Napoléon en 1814 et le départ des Français, Charles Louis est nommé commandant du château et du port de Villefranche[76] à 65 ans. Il y termine sa carrière avec le grade de « maggior generale d’armata »[77]. Son service dans l’armée de Napoléon ne semble pas lui avoir porté préjudice. Il a certainement su proclamer à temps et avec force sa fidélité à la Maison de Savoie. La décoration de son salon telle qu’elle apparaît dans son inventaire après décès en porte un témoignage. Pas de portraits de famille mais au milieu de quelques vues de navires pas moins de dix tableaux représentant le roi Victor Emmanuel I, la reine, les princes, un buste de Carlo Felice … et aussi un portrait du roi de Prusse[78] ! Ses uniformes sont rangés dans une armoire dans sa chambre ; dans une boîte se trouvent aussi quatre croix en or de l’ordre des Saints Maurice et Lazare[79].
Pour Gaëtan aussi la situation change. La chute de l’Empire bouleverse ses projets. Il se fait très vite à l’idée qu’il devra accepter de nouvelles fonctions sur le continent. Il ne demande pas le « gouvernement de Villefranche » puisque c’est son frère qui vient de l’obtenir et qu’il ne souhaite pas « entamer son effectivité ». Il a bon espoir de trouver ailleurs. Son neveu François, qu’il « a compris dans le tableau pour majors est inquiet d’apprendre sa destination »[80].
En fait Gaëtan connaît déjà son affectation. Il sait qu’il devra former un régiment d’artillerie de marine à Gênes en réalisant l’amalgame entre des troupes génoises et savoyardes. Il semble craindre de ne pas disposer des effectifs nécessaires. C’est ce qui explique qu’il presse son frère de recruter le plus rapidement des hommes compétents pour composer la « centurie de marine » qui lui sera nécessaire le jour où on lui confiera un nouveau régiment.
Il lui demande aussi de rassembler tous les papiers de prises depuis 1792 et notamment ceux « relatifs à la société faite avec Benedetto Solaro qui veut vérifier le compte arrêté à Turin après l’invasion d’Oneille, y compris les dépenses faites à Turin pour les prises pas encore décidées ». Il faudra aussi chercher les procès à Turin ou au Consulat de Mer. « Les plus essentiels sont ceux de Valmoro, Chiossa, Vallebono et Levro. Dans chacun on trouvera les liquidations où sont indiquées les portions dues à chaque bâtiment. Ce sera facile de contrôler le partage avec Solaro sur les prises Valmoro et Vallebona. Pour celle de Levro il lui est dû, à lui et à Fougassières, le tiers de la somme assignée, moins les frais que tu as fait. Celle de Chiossa, autant que je puisse me rappeler, est de 3000 piastres que les Finances ont acquittées en 1796 ou 1797. Il faut déduire de cinquième pour les Finances ». Il lui demande de réunir tout cela pour pouvoir « au mieux ranger cette affaire à son arrivée ». Il lui rappelle enfin qu’il a perçu une somme en billets « sur laquelle on a payé bien des frais »[81]. Mais Gaëtan est-il au courant des problèmes financiers de son frère ? On peut en douter.
Gaëtan annonce aussi à son frère le départ imminent de la reine et des princesses. L’information peut lui permettre de ne pas être pris au dépourvu au cas où elles débarqueraient à Villefranche plutôt qu’à Gênes. Il lui conseille de prendre ses précautions. « Tout ceci est cependant entre nous car ce ne sont pas mes affaires ».
Enfin il lui demande de lui faire parvenir quelques provisions : du tabac, un panier de deux rubs de figues de Grasse de la première qualité, de l’huile et surtout de la polente de Piémont « car nous en faisons un grand usage »[82]. Il trouve l’huile bien chère à 17 lires ce qui montre bien « que les impositions donnent lieu à l’augmentation des denrées locales ».
Sauf quelques regrets sur sa maison de Cagliari, Gaëtan semble satisfait de revenir sur le continent et de retrouver son frère. « Mon épouse est empressée de faire ta connaissance »[83].
 
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Le rattachement de la République de Gênes au Royaume de Sardaigne en 1814 devait bien évidemment avoir des conséquences majeures sur l’organisation navale. Gênes devenait le premier port de guerre du royaume[84]. Mais l’intégration de l’ancienne République ne pouvait se faire sans quelques aménagements administratifs importants.
C’est dans ce contexte délicat que De May est nommé colonel du 2e régiment royal d’artillerie de Marina[85], corps destiné à fournir les unités nécessaires à l’artillerie de bord et à celle des fortifications côtières. Pour former le régiment on fit appel à la centurie de marine exerçant en Sardaigne et à la   novembre 1815. La Gazetta di Genova note que « le signore generale Demay ha datto un pranzo » auquel furent conviées les plus hautes autorités militaires génoises.
Le travail d’amalgame des unités du nouveau régiment s’avère très vite difficile. Les recrutements de la centurie de marine s’avèrent insuffisants. De toute évidence le frère de Gaëtan n’a pas eu beaucoup de succès dans son recrutement, sans doute parce que les bons artilleurs sont rares. Le régiment devint ainsi une unité presque essentiellement génoise encadrée par des officiers ligures ayant tous servi le régime napoléonien. Ceux-ci imposèrent très rapidement une modification du règlement remplaçant l’usage du français par celui de l’italien pour le service de l’artillerie[86].
La tâche de De May devint très vite de plus en plus compliquée. Le régiment était trop divisé. Les idées carbonariste que partageaient de nombreux officiers ne laissaient rien présager de bon.
De May, découragé, obtint d’être déchargé de cette fonction, officiellement pour se reprocher de Villefranche.
En demandant à quitter son commandement De May faisait le bon choix. Il ne s’était pas trompé sur l’état d’esprit de son unité. Le 2e régiment d’artillerie prit peu après son départ une part active à l’insurrection contre Victor-Emmanuel I en 1821, jusqu’à envoyer un bataillon combattre l’armée royale à Novarre. Le régiment fut dissous peu après et son drapeau déposé dans les magasins de l’Arsenal de Gênes. Il fut remplacé par deux compagnies de « cannonieri de mare » et le bataillon Real Navi[87].
Les fonctions de De May à Gênes avaient duré cinq ans : trois enfants[88] naquirent durant cette période, baptisés à la paroisse Santa Maria delle Vigne, Cesare Gaëtano en 1817, Alexandre en 1818 et Carenzia Effisia en 1820[89].
 
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Gaëtan fut nommé pas très loin de Villefranche, à Monaco, comme lieutenant des armes de Sa Majesté dans le cadre du protectorat dévolu au Royaume de Sardaigne en 1814. Pour ce vieux baroudeur ce poste était une sinécure qui annonçait une fin de carrière. Un enfant, Jean Baptiste, naît pendant ce séjour[90]. De May commandera à Monaco pendant sept ans jusqu’à sa mort survenue en Principauté le 13 septembre 1827 à l’âge de 66 ans[91]. Il avait entretemps eu la satisfaction de voir son fils aîné François entrer comme cadet dans le régiment des Reale Navi. Celui-ci accèdera au grade de capitaine en 1848[92], puis retraité, avant 1860, il optera pour la France à l’annexion. Il se retirera à Nice, Quai du Midi, où il décèdera en 1888[93].
Gaëtan de May laissait neuf enfants dont l’aîné avait 14 ans : François, Alexandre, Pierre, Auguste, Jean Baptiste, Pierre, Félicité Carengine, Effisia et Giustina[94]. Son testament laisse percer ses préoccupations. Gaëtan lègue l’usufruit de tous ses biens à son épouse afin qu’elle puisse subvenir aux besoins de ses enfants et sous réserve qu’elle ne demande pas la restitution de sa dot comprise dans la succession. La valeur de l’ensemble est de 110 558 lires. La succession comprend : une propriété bâtie, quartier de la Darse à Villefranche (40 000 lires) ; des meubles, des vêtements et de l’argent dans la maison de Monaco (8012 lires) et dans la maison de Villefranche (3286 lires) ; une maison à Cagliari (40 000 lires) vendue, après le départ des époux De May et sur leur demande, par le comte Pietro Cosu di S. Elena, de Cagliari, sur laquelle la veuve a des droits découlant de sa dot pour une valeur de 15 000 lires, vente dont elle n’a encore aucun titre ; une créance envers ce même Pietro Cosu di S. Elena pour diverses perceptions réalisées pour le compte de Gaëtan De May (19 260 lires). Chaque enfant a droit à une part égale de la succession. Le fonds de Villefranche est promis au fils aîné François et grevé d’un fidéicommis sous la forme d’une primogéniture masculine[95]. De toute évidence, la situation financière n’est, dans l’immédiat, pas très bonne dans la mesure où aucun des biens, meubles ou immeubles, ne produit de revenu.
 
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A Villefranche, Charles Louis a quitté ses fonctions de commandant du port et du château. Le chevalier Garidelli de Quincenet, capitaine de vaisseau, lui succède à ce poste. Les deux officiers sont certainement de vielles connaissances. La relation professionnelle s’enrichit bientôt d’un lien familial : François André, qui a dépassé la quarantaine, épouse en 1827 la fille du commandant, Thérèse Garidelli de Quincenet[96].
Charles Louis décède en 1830 à Villefranche au milieu de ses souvenirs. Son fils François André poursuit sa carrière. Il est absent de Villefranche à cette époque : c’est son beau-père Garidelli de Quincenet qui avance les 110 lires nécessaires pour payer ses funérailles[97]. François accepte la succession sous bénéfice d’inventaire : une maison près du port, deux boutiques louées, un étage de maison non habité, une terre d’oliviers avec une « casa rurale » quartier du Plan exploitée « a colonia » et quelques pièces de terre[98]. Le revenu agricole n’atteint pas les 2 000 lires : 1300 lires pour l’huile, 426 lires pour les citrons, 94 lires pour les caroubes plus les fruits et légumes et une petite production d’œillets[99].
Mais les véritables préoccupations de François André sont sans doute ailleurs. Il poursuit une brillante carrière militaire. Ses états de service dans les Alpes et en Sardaigne lui ont permis d’accéder rapidement aux grades les plus élevés. Sous la Restauration il est déjà colonel adjudant général dans le corps de la Marina. Puis il quitte ce corps et est nommé chef d’état major de la division de Cuneo. Il est promu en 1835, peu de temps avant la retraite, lieutenant général. Il avait auparavant, par lettre patente de Charles Félix du 26 octobre 1830, obtenu le tire de comte pour ses « services dans la milice » en 1794-1795 dans les Alpes « et aussi pour avoir rempli de la manière la plus satisfaisante les diverses missions diplomatiques qui lui avaient été confiées »[100], allusion en particulier à ses activités à Malte. Il décède le 23 octobre 1854 à Beaulieu[101] dans sa maison du Plan. Deux enfants étaient nés de son union avec Thérèse Garidelli de Quincenet : Charles Gaëtan né en 1832 qui sera lieutenant-colonel dans l’armée italienne après avoir participé aux campagnes de 1859 contre l’Autriche[102] et François Albert, né en 1834, artisan de l’érection en 1891 de Beaulieu en commune séparée de Villefranche et maire du lieu[103].
 
 
 
 
 
 
 
 
 

[1] L’Auteur remercie Jenny Barbizet, généalogiste, pour sa mise au point de la « Généalogie descendante de Jérôme De May ( ?-1615) » in Vive la France. Regards croisés sur l’union du Comté de Nice à la France, 1860-1947, Serre Editeur, Nice, 2010, pp. 139-145.
[2] Cette étude reprend, complète et élargit deux publications antérieures : Michel Bottin, « La course sous pavillon de Savoie dans le Golfe de Gênes en 1793 », in Rivista di Storia del diritto italiano, 1993, pp. 75-107. Une version abrégée a été publiée dans Nice Historique 1992, pp. 138-143 ; « Le général Gaëtan De May, corsaire du Reale Marina 1757-1827 », in Actes du Colloque Destins niçois, Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine, Université de Nice, 1996. Cahiers de la Méditerranée, Nice, 1997, pp. 1-6.
[3] Charles Louis Gaëtan, né le 23 avril 1749 à Villefranche.
[4] Gaëtan Jean, né le 20 novembre 1759 à Villefranche.
[5] Jean Baptiste Toselli, Biographie niçoise ancienne et moderne, Nice, 1860, entrée « Gaëtan De May ».
[6] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154, au 2 janvier 1783. Le vassal de Villefranche est depuis le 14 juillet 1700 Marc Antoine Germano. Il a acheté le fief pour 10 000 livres à la Couronne. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Città e Contado di Nizza, mazzo 1ad, L 15, P.1.
[7] André Cane, « Aperçu sur les comptes domestiques et ruraux de la famille de May de Villefranche », in Nice Historique 1989, pp.110-117 ; « Aspects de la vie quotidienne d’un noble villefranchois pendant la Révolution. Les comptes domestiques et ruraux d’Ignace de May. 1793-1797 », in Nice Historique 1992, pp. 153-161 ; « Les comptes de Benoît de May de Villefranche (1650-1687), préteur sur gages et troqueur », in Nice Historique 1999, pp. 74-83.
[8] Mara de Candido, « Villefranche, port de la Maison de Savoie. Le bassin de construction des galères », in Nice Historique 1999, pp. 37-43.
[9] C.A. Gerbaix de Sonnaz, « I Savoiardi ed i Nizzardi nella marina da guerra di Casa Savoia dal 1300 al 1860 », in FERT, Bolletino dell’Associazione oriunda Savoiardi e Nizzardi italiani, Torino 1914, p.32.
[10] Carlo Tixi, « De May Gaetano », in Dizionario biografico dei Liguri, vol. V, Genova, 1999, pp. 417-421.
[11] Mara de Candido, « Villefranche…. Le bassin de construction des galères », op.cit., p. 43.
[12] Gerbaix de Sonnaz, « I Savoiardi ed i Nizzardi nella marina da guerra di Casa Savoia », op.cit. p. 32.
[13] Felice-Amato Duboin, Raccolta per ordine di materie delle leggi, editi, manifesti, ecc…, publicati dal principio dell anno 1681 sino agli 1798 sotto il felissimo Dominio della Real Casa di Savoia in continuazione a quella del Senatore Borelli, Torino, 26 vol., 1827-1860, au vol. XVII pp 457-462. Instructions du 1 avril 1774.
[14] Lucca Lo Basso, In traccia de’legni nemici. Corsari europei nel Mediterraneo del settecento, Philobiblion, Ventimiglia, 2002, pp. 243-244.  
[15] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (1).
[16] Patente royale du 29 juin 1786. Avec le traitement de 1300 lires de Piémont, inventaire après décès de Charles Louis au n° 190, Archives départementales des Alpes-Maritimes, Fonds sarde, Sénat de Nice, 2FS, 0516.
[17] Patente royale du 15 mars 1789, ibidem, inventaire n°191.
[18] Carlo Tixi, « De May Gaetano », op. cit., p. 417.
[19] Ibidem
[20] Trente mètres de long, 40 rames légères avec un rameur par rame, deux grandes voiles latines, trois canons, huit petites pièces d’artillerie et 250 hommes, rameurs, équipage et soldats. Paolo Cau, La storia della marine sarda, web.
[21] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (1), cahiers d’instructions et de correspondance 1783-1784.
[22] Desgeneys, « sottenente di bordo » semble être chargé dans ces années 1780 de la surveillance des côtes nord de l’île vers La Maddalena. Ici c’est la contrebande corse qui fait problème. Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (1).
[23] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4).
[24] Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des Français, de 1792 à 1815 par une société de militaires et de gens de lettres, T1, Paris 1817, pp. 85 et 98.
[25] Henri Marmonier, « La question de la Maddalena », in Revue historique, 1971, pp. 1-41.
[26] Cf. Michel Bottin, « La course sous pavillon de Savoie dans le Golfe de Gênes en 1793 », op. cit..
[27] Michel Bottin, « La course sous pavillon de Savoie dans le Golfe de Gênes en 1793 », op. cit., p. 104.
[28] Ibidem, p. 100.
[29] Ibidem, p. 100 et Michel Bottin, « Commercer en temps de guerre. Enquête sur l’activité maritime de Loano de 1792 à 1793 », in Actes du Colloque Loano 1795 tra Francia e Italia dall’Ancien Regime ai tempi nuovi, organisé par l’Instituto internazionale di Studi Ligure, Bordighera, 1998, pp. 413-427.
[30] Ibidem, p.103.
[31] AST, Archivio di Stato di Torino, Ufficio generale del soldo, Patenti e comissioni, f°146.
[32] AST, Archivio di Stato di Torino, Città e Contado di Nizza, mazzi 5 ad. et 6 ad.
Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (1), compte Solaro-De May.
[33] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4).
[34] André Cane, Histoire de Villefranche-sur-Mer et de ses anciens hameaux de Beaulieu et de Saint-Jean, Chez l’Auteur à Beaulieu-sur-mer, 1957, p. 319.
[35] Jules de Orestis de Castelnuovo, La Noblesse niçoise. Notes historiques sur soixante familles, Nice, 1912, p. 74.
[36] Son fils Hyppolite frère d’Angélique né en 1787 sera officier à la Restauration. Jules de Orestis de Castelnuovo, La Noblesse niçoise. op. cit.,  p. 36.
[37] AST, Ufficio generale del soldo, Patenti e comissioni, f°225.
[38] AST, Ufficio generale del soldo, Patenti e comissioni, f°52.
[39] AST, Ufficio generale del soldo, Patenti e comissioni, f°55.
[40] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4).
[41] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4).
[42] Fils du président Pierre Flaminius.
[43] Document transmis par Jenny Barbizet.
[44] André Cane, « Aspects de la vie quotidienne d’un noble villefranchois pendant la Révolution. Les comptes domestiques et ruraux d’Ignace de May. 1793-1797 », op. cit., p. 155.
[45] Ibidem.
[46] Cf. infra.
[47] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (2).
[48] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4), 1 février 1806, dans un bordereau de créance au profit de « Charles Louis Demai fils à feu Ignace ».
[49] Ignace décède en 1803 à l’âge de 8 » ans. André Cane décrit en détail les frais de ses funérailles. « Aperçu sur les comptes domestiques et ruraux de la famille de May de Villefranche », in Nice Historique 1989, p. 113.
[50] Archives départementales des Alpes-Maritimes, Sénat de Nice 1B 161. Différend opposant Angela Vittoria Caïs de Pierlas à son mari Charles Louis et à son beau-père Ignace pour non-paiement de la pension viagère promise lors du mariage.
[51] André Cane, « Aperçu sur les comptes domestiques et ruraux de la famille de May de Villefranche », in Nice Historique 1989, p. 111.
[52]Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (1), 22 mars 1813 ; 31 mars 1813 au sujet de la révocation des pouvoirs accordés à son épouse en son absence.
[53]Jules de Orestis de Castelnuovo, La Noblesse niçoise. op. cit.,  p. 36.
[54] Paolo Cau, La storia della marine sarda, web.
[55] Antonio Ciotta, « La tragedia della Sardinia », in Chronache isolane di Augusto Zedda sull’Archipelago di La Maddalena, Web.
[56] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (1).
[57] Jean Baptiste Toselli, Biographie niçoise ancienne et moderne, Nice, 1860, entrée « Gaëtan De May ».
[58] Ibidem.
[59] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4), rôle du bataillon Reale Marina.
[60] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4), 23 juin 1810.
[61] Née vers 1783. Le nom est orthographié Carros dans l’état civil niçois.
[62] Carlo Tixi, « De May Gaetano », op. cit., p. 420.
[63] Né en 1813. Décède en 1888 à 75 ans. Epoux de Rosine Durante.
[64] 15 février 1811.Epouse Prosper de Orestis de Castelnuovo. Décède à Nice le 26 juin 1896.
[65] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4), lettre du 10 septembre 1814. Vendue après 1814. Son prix est évalué dans la succession de De May à 40000 lires, Archives départementales des Alpes-maritimes, 03 Q 8439, consegnazione de la succession de Gaëtan De May, 27 décembre 1827. Document transmis par Fabrice Ospedale, attaché de conservation aux Archives départementales des Alpes-Maritimes.
[66] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4).
[67] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (2).154 5000 pour le 2e régiment d’artillerie de Marine à Gênes, lieutenant colonel 3275, major 2431, adjudant major 1500, capitaine major 1050.
[68] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4), 27 août 1813.
[69] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (1), 21 juillet 1809.
[70] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (1), 22 mars 1813. A propos de la révocation des pouvoirs accordés à son épouse en son absence.
[71] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (3) et 154 (1).
[72] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (1), 21 juillet 1809.
[73] Archives départementales des Alpes-Maritimes, Fonds sarde, Sénat de Nice, 01B 0161 (1790-1816). Attribution au sénateur Ballard de Roccafreda du différend opposant Charles Louis De May à son beau père au sujet du non paiement de la pension viagère promise lors du mariage de sa fille et Ibidem 01 B 0410, procédure d’Angélique contre Ignace De May, son beau père, au sujet du non respect des clauses du contrat de mariage.
[74] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4), lettre du 10 septembre 1814.
[75] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4), lettre du 13 août 1814.
[76] Regie patenti du 10 décembre 1814, Inventaire au n°153   avec 2500 lires piémont. Le billet royal du 10 juin ajoute 500 lires n°152
[77] Archives départementales des Alpes-Maritimes, Fonds sarde, Sénat de Nice, 2FS, 0516, inventaire après décès de Charles Louis, inventaire f°1.
[78] Ibidem, Inventaire au n° 7 (avec un portait du roi de Prusse), 12-16 et 23.
[79] Ibidem, Inventaire au n°69. La plus forte valeur de toute la partie mobilière de l’inventaire, 200 lires.
[80] Michel Bottin, « Le général Gaëtan De May, corsaire du Reale Marina. 1757-1827 », op.cit., pp1-6.
[81] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4), lettre du 4 septembre 1814.
[82] Ibidem.
[83] Bibliothèque de Cessole, Palais Masséna, Nice, Fonds De May, 154 (4), lettres du 13 août au 6 novembre 1814.
[84] Le port de guerre de Villefranche conserve une forte position au moins jusqu’aux années 1850. Michel Bottin, « De la Division  de Nice au Département des Alpes-Maritimes : les mutations administratives de l’espace régional niçois. 1814-1860 », in Nice au XIXe siècle. Mutations institutionnelles et changements de souveraineté », Centre d’Histoire du droit, Nice, 1985, p. 15.
[85] Carlo Tixi, « De May Gaetano », op. cit., p. 417 sq.
[86]Ibidem
[87] Ibidem.
[88] Au moins.
[89]Jenny Barbizet, « Généalogie descendante de Jérôme De May ( ?-1615) » in Vive la France. op.cit, p. 142.
[90] Il est enregistré dans le registre des actes de baptême de la paroisse Saint-Michel de Villefranche le 6 février 1829. Renseignement donné par Jenny Barbizet.
[91] Archives départementales des Alpes-Maritimes, 03 Q 8439, consegnazione de la succession de Gaëtan De May, 27 décembre 1827.
Gaëtan De May est enterré à Monaco. Sa dépouille se trouve dans la crypte de la chapelle de l’actuel lycée Albert Ier. Renseignement donné par Monsieur Régis Lécuyer, Conservateur des Archives du Palais princier.
[92] Jules de Orestis de Castelnuovo, La Noblesse niçoise. op. cit.,  p. 74.
[93] François Ignace Antoine, né à Cagliari, marié à Rosine Durante, domicilié à Nice 21 quai du Midi, sujet français. décédé le 15 mai 1888 à Nice à l’âge de 75 ans, Etat civil
[94] Archives départementales des Alpes-Maritimes, 03 Q 8459, « consegnazione » de la succession de Gaëtan De May, 27 décembre 1827.
[95] Ibidem.
[96] 24 janvier 1827.
[97] André Cane, « Aperçu sur les comptes domestiques et ruraux de la famille de May de Villefranche », in Nice Historique 1989, p. 116.
[98]Archives départementales des Alpes-Maritimes, Fonds sarde, Sénat de Nice, 2FS, 0516, inventaire après décès de Charles Louis.
[99] André Cane, « Aperçu sur les comptes domestiques et ruraux de la famille de May de Villefranche », in Nice Historique 1989, p. 114.
[100] Jules de Orestis de Castelnuovo, La Noblesse niçoise. op. cit.,  p. 74.
[101] Renseignement généalogique par Jenny Barbizet.
[102] Jules de Orestis de Castelnuovo, La Noblesse niçoise. op. cit.,  p. 74.
[103] Dictionnaire historique et biographique du Comté de Nice, dir. Ralph Shor, art. « May François de », Serre Editeur, Nice,2002.
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