Saint Martin et La Roquette Notes histoire religieuse
  
 
 

Saint-Martin et La Roquette

Notes d’histoire religieuse

Moyen âge-début XXe siècle

 

Michel Bottin

 

 
Pour citer : Michel Bottin, Saint-Martin et La Roquette. Notes d’histoire religieuse. Moyen âge-début XXe siècle, Michel-bottin.com, 2016, mise à jour novembre 2019.
 
  
Les Notes qui suivent éclairent quelques aspects de l’histoire religieuse de deux villages de la basse vallée du Var, Saint-Martin et La Roquette ; ceux-ci ont la particularité d’avoir formé une même entité administrative du moyen âge jusqu’au XIXe siècle, au triple plan féodal, paroissial et communal. La division en 1867 de la commune de « La Roquette-Saint-Martin » marque, après la suppression du fief en 1796, puis la division paroissiale de 1803, la dernière rupture de cet ensemble administratif.
A l’époque de cette séparation la population de La Roquette-Saint-Martin est de 388 habitants pour La Roquette et de 485 pour Saint-Martin[1]. Les deux villages sont très proches, à vol d’oiseau du moins, car le chemin qui les rattache est raide ! Il faut compter plus d’une demi-heure de marche à la montée et une vingtaine de minutes à la descente pour aller d’un village à l’autre.
         Les différences entre les deux habitats sont marquées. La Roquette, village perché regroupé autour du château seigneurial, a pendant longtemps été le siège des activités féodales, communales et paroissiales. Saint-Martin, au bord du Var, vit des activités du fleuve, moulins, scieries, flottage des bois et passage du Var. Il est, avec Saint-Laurent-du-Var, jusqu’à la fin du XIXe siècle, le seul habitat groupé de la basse vallée du Var. Son développement à partir des années 1840 est lié aux aménagements routiers des vallées du Var et de ses affluents. Ces caractéristiques font de La Roquette-Saint-Martin une communauté originale, toujours partagée entre ruralité et modernité. L’industrialisation de cette partie de la vallée du Var à la fin du XIXe siècle accentue très fortement ces contrastes[2].
         La séparation communale de 1867 est un événement majeur de l’histoire locale. Elle est le résultat d’une dispute séculaire. L’histoire contemporaine de chacune des deux communes en est profondément marquée. L’histoire antérieure aussi d’ailleurs, tant on a pris l’habitude d’interpréter le passé à la lumière de l’événement de 1867. Il est vrai que les disputes communales n’ont pas manqué ! Mais ce n’est surement pas une raison pour en accentuer les traits. L’histoire commune est toujours indispensable. L’étude qui suit porte cette préoccupation.
         Ces Notes d’histoire religieuse éclairent les grands événements du terroir de La Roquette et de Saint-Martin : les controverses communales, les grandes crues du Var, l’industrialisation, etc. Parmi ces questions, plusieurs dépassent le cadre communal et touchent à l’aménagement de cette partie de la vallée du Var : endiguement de la rive gauche du fleuve ou aménagement routier des vallées.
Le choix qui est fait ici d’aborder l’histoire au moyen du prisme religieux permet aussi de faire apparaître des questions laissées dans l’ombre et de faire revivre des situations que notre rationalité contemporaine appréhende parfois avec difficulté.
Dernière remarque d’ordre chronologique : histoire commune a laissé trop de traces pour que tout s’arrête en 1867. Aussi ces Notes poursuivent-elles au-delà de cette date jusqu’au début du XXe siècle.
 
Ces Notes d’histoire religieuse sont en grande partie issues de l’étude des archives des conseils de fabrique des chapelles et églises de La Roquette-sur-Var et Saint-Martin-du-Var. La source est difficile d’accès ; elle est dispersée entre plusieurs fonds d’archives et les registres sont lacunaires mais les renseignements qu’elle fournit sont souvent éclairants, sur l’histoire religieuse bien sûr, mais aussi sur l’histoire générale des deux villages.
Autour de cette base ont été agrégées d’autres sources, communales et diocésaines en particulier, pour compléter ou éclairer.
Le texte qui suit n’est pas une histoire religieuse. Il se présente sous la forme de « notes » plus ou moins abouties. Cette présentation peut, doit, ainsi permettre de les compléter par d’autres recherches et d’autres découvertes. C’est dans ce but qu’on a pris soin de justifier la rédaction en notes de bas de pages avec le plus de précision possible.
***
Enfin, sur un plan plus général, ces « Notes » sont un plaidoyer pour la micro-histoire, ce puissant antidote contre les approches historiques romancées ou intellectuelles aujourd’hui dominantes. La micro-histoire impose un retour au réel … au risque parfois de contredire nos explications les mieux établies. Cette approche n’est évidemment guère appréciée par ceux qui font profession de savoir et par les amateurs de raccourcis. Pour beaucoup elle est une approche trop factuelle, trop aride et trop locale pour porter une quelconque signification.
Mais la micro-histoire est bien autre chose. Ses vertus didactiques sont multiples. Chacun peut en bénéficier. Il suffit d’y entrer et de prendre le temps de changer d’époque.  Pour le curieux c’est une mine inépuisable de nouveautés. Pour le chercheur c’est un exercice qu’il faut faire de temps à autre pour que le discours des idées ne se développe pas hors sol. C’est aussi une histoire qui se partage entre chercheurs et entre curieux. Puissent, au moins, ces Notes d’histoire atteindre cet objectif.
 
Michel Bottin, octobre 2019
 

Ce texte est dépourvu d’illustrations. Priorité au texte. Toutefois quelques explications peuvent être rendues plus faciles en s’appuyant sur des illustrations. J’en ai donc placé quelques-unes dans in site dédié. Voici le lien

Cahier d'illustrations

 
 
 
 
La donation à l’Abbaye de Saint-Pons. Une restitution ?
Les éléments de la donation
Les confirmations de la donation
La « villa » de Saint-Martin et son église
 
Aux origines de l’église de La Roquette
Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
Saint Martin et le tableau de la Sainte Trinité
Une vue de La Roquette vers 1700 ?
Les transformations de l’église au XVIIe siècle
Le grand retable du maître autel
La transformation du maître autel au XVIIIe siècle
Les chapelles latérales
Note sur les inhumations dans l’église de La Roquette
 La nomination « romaine » des curés au XVIIIe siècle
Questions autour du nom de la Paroisse 
Des fabriciens urbanistes
Le « Chemin Neuf »
Le projet Reboul
La « Cappellania san Rocco »
Le tableau des « saints Patrons »
Chronologie des crues
L’étendue des dégâts
Dépenses cultuelles communales
Les opérations immobilières de la fabrique de Saint-Roch
Les effets de la politique anticatholique
La création de la Paroisse « Saint-Roch » à Saint-Martin en 1803
Le temps de l’apaisement
Deux paroisses pour une commune : la gestion du mont de piété
Des fabriciens urbanistes
Le « Chemin Neuf »
Le projet Reboul
Le presbytère de l’Abbé Issautier
Comment aménager une place devant l’église Saint-Pierre ?
Le presbytère de la rue Inférieure
Le vicaire ou le Conseil communal
Une tribune disputée
Et toujours la tribune
Agrandir l’église Saint-Roch ?
Statistiques curiales
         14. Le tournant de 1905
L’inventaire   
Les travaux de l’Abbé Roux
Une agglomération ouvrière
Le projet de l’Abbé Chatain
         16. La Madone Del Bosco   
Une fresque célèbre
Gestion temporelle et pastorale       
Vandalisme
Approche critique : les trois Madones
L’administration par la fabrique
Le nouveau cimetière de La Roquette
La démolition de la chapelle Sainte-Catherine
La difficile protection des fondations
La gestion
La surveillance administrative
La fondation Gilletta
Affaires judiciaires
 
 
 
 
         Saint-Martin-du-Var tient son nom d’une église Saint-Martin disparue au milieu du XVIIIe siècle sous les assauts du « gros Var », sans laisser de vestiges. On sait très peu de choses sur cet antique édifice. Les sources d’archives médiévales sont quasi inexistantes et l’archéologie n’est d’aucun secours.
Il reste toutefois quelques points d’appui, dont en particulier une charte de 1028 mentionnant la donation de cette église et de ses dépendances à l’Abbaye de Saint-Pons de Nice. L’analyse de ce texte permet d’élargir la présentation et de faire remonter la fondation de cette église à l’époque carolingienne voire même un peu avant, aux premiers temps de l’évangélisation des campagnes.
La donation à l’Abbaye de Saint-Pons. Une restitution ?
Le chartrier de l’Abbaye de Saint-Pons hors les murs de Nice[3] mentionne dans un de ses plus anciens actes l’existence d’une église à Saint-Martin. L’acte, daté de 1028, porte sur la donation à l’Abbaye de Saint-Pons de l’église de Saint-Martin située au bord du Var, au-dessous du « castrum » de La Roquette, par une puissante famille seigneuriale de la région, Gisbernus et son épouse Adalaixe, ses frères, Jean, Bermond -prêtre- et Pierre, ainsi que l’épouse de ce dernier et leurs fils : « Nous donnons audit monastère l’église de Saint-Martin, qui est située au-dessous du château qu’on nomme La Roquette, près du fleuve Var, avec toutes ses dépendances en terres, champs, forêts, vignes, près, pâturages, arbres fruitiers et autres arbres, moulins avec leurs adductions d’eau, et tout ce qui peut paraître légitimement appartenir à cette église de façon à ce que nous n’ayons pas à définir ni à déterminer ce qui ne l’a pas été jusque-là »[4].
         Cette donation, ainsi que l’analysent les historiens à la lumière d’actes de même nature, est en fait une restitution. Les biens de cette abbaye, puissamment et richement dotée, ont tout simplement été usurpés -comme c’est le cas pour d’autres abbayes- par les pouvoirs laïcs au Xe siècle dans le contexte des troubles qui accompagnent les incursions des Sarrasins, puis récupérés à la fin de ce siècle par les fidèles du comte de Provence, Guillaume I dit le Libérateur, victorieux de ces envahisseurs et restaurateur de l’ordre public[5].
         Cette situation nouvelle permet de refonder l’abbaye dans ses fonctions et dans ses moyens. Cela passe par une restitution des biens sous forme de donations. Celle-ci est une des premières. D’autres suivront. Il apparaît clairement à ces puissants que leurs possessions sont souvent des biens usurpés et qu’il convient de les restituer, surtout lorsqu’ils ont une nature ecclésiastique. Il y va, ainsi que les donateurs le disent dans l’acte, du salut de leur âme. Certains commentateurs modernes de ce type de donation expliquent l’attitude des donateurs par les craintes de fin du monde suscitées par l’an Mille. Mais on est ici près de trente ans après et rien dans le texte ne permet de soutenir cette explication. Voyons plutôt dans cette attitude une conséquence d’un regain de la foi et d’un essor des ordres monastiques décidés à écarter la puissance des laïcs dans l’église. Nous sommes, il faut le noter, au début de cette révolution ecclésiale qu’on appelle la « réforme grégorienne ».
         Voyons-y aussi une sorte de récompense, ou plutôt de reconnaissance, envers les moines de Saint-Pons, qui comme tous les moines de Provence étaient directement à l’origine de la réaction contre les Sarrasins. Il faut ici rappeler les conséquences de l’enlèvement par les Sarrasins en 972 de Mayeul, le renommé abbé de Cluny, sur l’action de reconquête de Guillaume. On ajoutera que Mayeul était provençal et que Cluny fut pendant toute cette période d’occupation le « refuge des bannis provençaux »[6]. La restitution de l’église Saint-Martin est une suite directe, parmi d’autres, de ces événements.
 Les éléments de la donation
         Cette donation porte sur une église placée sous la protection de saint Martin, l’évêque de Tours mort en 396, considéré comme « l’apôtre des Gaules » en raison de sa profonde influence dans l’évangélisation des campagnes.
          Cette église est située au bord du Var, « juxta fluvium Varis ». On remarquera que le rédacteur de l’acte n’emploie pas l’adverbe « proxime » mais l’adverbe « juxta » qui signifie tout près, côte à côte. Il ne s’agit donc pas de l’église actuelle placée sous le patronage de saint Roch. Celle-ci est située à une centaine de mètres du lit naturel du fleuve et a été construite au milieu du XVIIIe siècle en remplacement de l’église dont il est question ici, très fortement endommagée par une série de crues du Var puis détruite. Le plan de l’ingénieur Guibert de 1678[7] et la carte des ingénieurs topographes du roi de Sardaigne Cantu et Durieu de 1759[8] situent cette église à proximité de l’actuel hôtel de ville de Saint-Martin, un peu avant le carrefour de l’avenue des Moulins et de l’allée des Grignons[9]. Cahier d'illustrations
         La donation porte également sur les dépendances de l’église. L’acte ne précise ni la localisation ni l’inventaire. Les donateurs sont dans l’impossibilité de fournir des documents. On le comprend. Les pillages des Sarrasins et de leurs complices ont duré plusieurs dizaines d’années. Il ne reste plus un seul document dans les archives. Le premier acte du chartrier de l’abbaye de Saint-Pons est de 999[10]. Cette incertitude peut donc donner lieu à des contestations. Les donateurs en sont conscients. C’est pourquoi ils promettent les pires châtiments à ceux qui tenteraient de remettre en cause la donation. Pas ceux de la justice de hommes, mais celui que la justice divine a réservé à Datan et Abiron, ces prêtres orgueilleux engloutis par Dieu dans les entrailles de la terre[11].
          Les dépendances de l’église sont seulement énumérées. Il s’agit de vignes, de près, de vergers, de champs, de bois et aussi de moulins avec les canaux de conduite d’eau. De toute évidence ces biens sont eux aussi situés au bord du fleuve et probablement contigus à l’église. On notera qu’il s’agit de biens fonciers et non de droits, redevances, taxes ou autres prérogatives.
         Enfin le document mentionne l’existence au-dessus de cette église du château de La Roquette. L’acte n’établit aucun lien juridique entre l’église et ce « castrum », ce qui laisse penser que le fief, en tant que structure politico-administrative, n’est pas encore constitué et qu’on n’a pas encore tiré toutes les conséquences du pouvoir que le « castrum » exerce sur le territoire qu’il protège. La construction de ce château est récente et s’inscrit dans le mouvement de rétablissement de l’ordre public qui suit la victoire de Guillaume le Libérateur après sa victoire de Tourtour en 973. Il n’a pas vocation à accueillir une population mais une défense. Antérieurement, durant les périodes d’insécurité, la population de Saint-Martin se retirait vers La Fubia et Castelvieil[12] sur des sites plus élevés et plus spacieux. Elle y trouvait un espace suffisant pour pratiquer pendant de longues périodes une agriculture de survie.
 Les confirmations de la donation
         La donation est confirmée vers 1075[13] par un acte récapitulant les donations faites à l’abbaye par les enfants de Laugier et d’Odile, c’est à dire Raimbald de Nice et Rostaing de Gréolières, ainsi que leurs descendants[14]. Vingt lieux sont mentionnés, pour la plupart des églises. Cinq de ces églises ont été données « cum villam sua », c’est-à-dire avec l’habitat, les terres et les dépendances : La Gaude, Notre-Dame des Près à Levens, L’Escarène, Saint-Martin, Lucéram et Gordolon.
          On retrouve l’église de Saint-Martin, dans la confirmation générale des possessions de l’abbaye par le pape Innocent IV du 13 juin 1247, « Sancti Martini de rupe », aux côtés de Sainte-Marie de Levens, Saint-Blaise, Aspremont, etc., « cum pertinentiis earumdem »[15], toujours avec leurs dépendances. Ces confirmations ne sont pas purement formelles. Elles montrent que les droits de l’abbaye doivent être défendus face d’une part à l’affirmation du pouvoir de l’évêque et face aux nouvelles ambitions des seigneurs.
La donation/restitution de 1028 permet d’éclairer l’origine de l’église Saint-Martin et de sa villa, au sens domanial et foncier du terme. Cette église est, vraisemblablement, une création de l’Abbaye de Saint-Pons. Dans cette hypothèse, elle serait antérieure à la victoire de Guillaume le Libérateur, et, bien entendu, antérieure à la présence sarrasine. Son établissement remonterait aux années 770-850, grosso modo aux règnes de Charlemagne et de Louis le Pieux. Mais c’est là une hypothèse basse qui ne tient pas compte de l’environnement juridique, économique et fiscal de l’église. Le lien que font les textes entre la villa et l’église doit être éclairé.
Cette « villa » est une entité foncière organisée[16]. Il en est de même pour les autres parties de la dotation qui porte sur une vingtaine de « villae » et autres ensembles fonciers. L’administration carolingienne n’a vraisemblablement pas composé ces entités pour les besoins de la fondation de l’abbaye. Elle a regroupé des entités foncières connues et en état de procurer immédiatement un revenu « fiscal ». Dans cette hypothèse, la villa/domaine de Saint-Martin serait antérieure à la fondation de l’abbaye. Il reste maintenant à savoir si l’église est une création de l’abbaye ou bien si elle est antérieure.
Les chartes présentées ci-dessus n’éclairent pas la présence d’une population. Elles ne s’intéressent qu’aux biens fonciers. Mais il est évident que la villa n’est pas un territoire inhabité. La présence d’une église, d’une « ecclesia », ne s’explique que parce que le lieu est habité. Cette église porte les préoccupations d’évangélisation du monde rural qui marquent cette époque. Or celles-ci sont antérieures au règne de Charlemagne. Une connaissance plus exacte de la diffusion du culte martinien dans cette partie de l’Europe[17] permettrait de mieux comprendre le contexte de l’établissement d’une église placée sous la protection de saint Martin de Tours. La diffusion « italienne » de la dévotion au saint évêque remonte au VIe siècle. Elle pourrait justifier une datation ancienne. On n’omettra pas toutefois de rappeler l’action de Charlemagne en faveur de la dévotion à saint Martin[18]. Elle peut servir d’hypothèse à une datation plus récente au début du IXe siècle.
         Enfin, cette relation entre l’église et la villa peut être éclairée par les cartes du XVIIIe siècle, tardives mais néanmoins indispensables. On y représente le village de Saint-Martin comme un habitat de forme rectangulaire, sorte de « villa rustica » venue des temps mérovingiens voire de l’empire romain finissant[19]. L’église n’est pas dans le village. Elle est à l’écart, à quelques dizaines de mètres[20].
 
         Le rétablissement de l’ordre public en Provence par Guillaume dit le Libérateur et Roubaud à la fin du Xe siècle marque un tournant majeur. Les comtes reprenaient le contrôle d’une Provence orientale affaiblie, partiellement dévastée. Les pouvoirs locaux avaient disparu, ou bien, complices des Sarrasins, faisaient partie des vaincus. La place était donc libre. Elle fut prise, par « droit de conquête »[21], par la famille et les compagnons de Guillaume le Libérateur. Leur maîtrise fut particulièrement forte en Provence orientale. Elle porte sur une bande de territoire large d’une trentaine de kilomètres allant de Toulon à Nice et quelques larges zones en Provence septentrionale. Les vainqueurs se partagèrent les meilleures terres, biens d’Eglise ou autres. Le grand bénéficiaire fut, dans les diocèses de Nice et de Vence, Annon de Reillane puis après son décès, sa fille Odile. Le comte Guillaume ne conservait que le château de Nice. Odile et ses successeurs maîtres du pays n’en avaient que la garde, la castellania[22].
 Aux origines de l’église de La Roquette
         Les descendants d’Annon, et plus particulièrement les enfants d’Odile et de son second époux Laugier de Mévouillon, avaient toute latitude pour dominer les alentours de Nice et y exercer un pouvoir propre, complémentaire à celui qu’ils détenaient à Nice par l’intermédiaire du comte. Ils entourèrent Nice d’une couronne de fortifications autant destinées à rassurer les habitants et à les faire descendre de leurs abris d’altitude qu’à montrer au comte qu’ils prenaient leur part à la mise en sécurité des environs de Nice.
Cette première génération de châteaux, soit tenus directement par la famille seigneuriale de Nice soit par des alliés, est contemporaine de l’an mille. Ils sont construits sur des crêtes rocheuses étroites, longues d’une centaine de mètres et larges d’une vingtaine de mètres, facilement défendables par une petite garnison. Une tour domine les parties fortifiées. Une chapelle aux dimensions modestes est intégrée dans le dispositif défensif ou adossée, comme à Levens ou à La Roquette, à un rempart du château. Ces caractéristiques sont communes. On les retrouve à Aspremont-Villevieille sur un contrefort du Mont-Cima à 800 mètres d’altitude, et entre 600 et 300 mètres, à Châteauneuf-Villevieille, à Levens, à Tourrette et à La Roquette[23]. 
         L’aspect de ces châteaux a rapidement changé, à mesure que le lieu se transformait en village. La chapelle est devenue église. A La Roquette l’existence d’un tel lieu de culte est attestée dès le XIe siècle. L’église du lieu est mentionnée dans la donation faite en 1078 par Laugier Rostaing et son épouse Ermengarde qui restituent plusieurs églises, avec leurs dîmes[24], à l’évêque de Nice Archimbald. L’opération s’inscrit dans le cadre général de la réforme grégorienne et la réaffirmation des droits de l’Eglise face au pouvoir temporel. Les pouvoirs laïcs reculent partout à partir des années 1070 devant la poussée des évêques réformateurs[25]. Dans le cas présent on ajoutera que l’évêque de Nice est devenu depuis le début du siècle une puissance politique locale majeure. Il a soutenu les aspirations d’indépendance de Nice face au comte de Provence et est ainsi à l’origine du Consulat de Nice mis en place en 1144. Cet acte de 1078 est, d’une certaine façon, fondateur. Il fait de l’église de La Roquette une entité paroissiale dépendant du diocèse de Nice.
 Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à La Roquette et à Saint-Martin
         La dépendance diocésaine de l’église de La Roquette apparaît clairement dans un acte du 22 février 1217 : l’évêque de Nice Henri donne à Bottino, commandeur de la « domus » de Nice des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem et à ses successeurs, l’église Saint-Pierre de La Roquette, à charge pour l’Ordre de lui offrir en signe de reconnaissance une livre de poivre chaque année à Noël[26].
         Cette donation entre dans le cadre des faveurs accordée par l’évêque de Nice aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Elles sont destinées à faciliter leur implantation dans la région. Dans ce cas précis il s’agit de compléter l’établissement des chevaliers au confluent du Var et de l’Estéron, sur le chemin qui conduit vers la Provence intérieure. Deux donations, en 1209 et 1210, par Isnard de Montbrun, un seigneur du lieu, établissent cette présence : il s’agit, pour celle de 1209, de la donation du passage du Var au lieu-dit « Bomport, ad mestam[27] Esteronis » et de terres situées vers La Roquette[28] ; et pour celle de 1210, il s’agit d’un droit général de pacage sur le territoire de La Roquette[29]. Les Hospitaliers ont-ils dans ce contexte pris le contrôle de l’église Saint-Martin ? L’hypothèse ne doit pas être écartée. Il n’y a plus de traces de la présence de l’abbaye de Saint-Pons après 1247.
         Cet établissement des Hospitaliers n’a pas laissé de traces de gestion dans les archives de l’Ordre. Un mémoire du XVIIIe siècle recensant les droits et biens de l’Ordre dans la région précise que le domaine établi au bord du Var a été « emporté depuis longtemps par ladite rivière »[30]. Quant au passage du Var, il est revendiqué à partir du XIIIe siècle par les nouveaux seigneurs de Bonson, Gilette et La Roquette[31]. Dans ce contexte défavorable, l’église de la Roquette aurait perdu tout intérêt pour eux et serait revenue au diocèse, avec sa desserte saint-martinoise. Il resterait à dater ce départ.
         Ce qui apparaît avec certitude durant ces siècles, c’est la consolidation de la situation de l’église de La Roquette. Elle étend progressivement son influence sur les deux villages. La paroisse de La Roquette prend corps, et ce n’est pas à l’avantage de l’église de Saint-Martin, réduite à l’état de succursale.
Cela peut s’expliquer. On doit en effet noter que les possessions de l’Abbaye de Saint-Pons n’ont pas toutes le même statut : certaines sont des églises, d’autres des prieurés[32]. La situation de ces derniers paraît plus solide ainsi que le montrent les résistances des prieurés de Saint-Blaise et surtout de N. D. des Près face aux revendications de l’église paroissiale de Levens[33]. Le chartrier de l’abbaye permet de suivre l’histoire de ces prieurés sur de longues périodes. Ce n’est pas le cas de l’église de Saint-Martin.
Ajoutons, pour terminer, deux éléments d’explication :
Le premier concerne l’abbaye elle-même : elle entre au XIIIe siècle dans une période de difficultés matérielles et spirituelles qui ne lui permettent plus de défendre efficacement ses positions[34].
Le second concerne la dépendance féodale. Elle suit le mouvement d‘affermissement du fief. La villa de Saint-Martin était un vaste ensemble territorial dont l’organisation foncière et fiscale remontait à l’époque carolingienne voire au dernier siècle de l’Empire romain en Occident. La défense d’une telle entité face au dynamisme des seigneurs était impossible. Elle eût été assurément moins difficile s’il s’était agi d’un prieuré.
         Mais on est ici dans le domaine des conjectures. L’absence de sources ne permet pas d’aller au-delà de cette présentation. La situation n’a certainement pas été aussi simple.
Notre connaissance ne devient plus précise qu’au XVIIe siècle : un plan de 1678 dressé par l’ingénieur Guibert nomme cette église « la Madona »[35] ; un siècle plus tard, les ingénieurs topographes Cantu et Durieu qui ont travaillé sur le secteur pour corriger le tracé de la frontière l’appellent « église parochiale »[36].
  Saint Martin et le tableau de la Sainte Trinité    Cahier d'illustrations
 A quoi pouvait ressembler cette église aux identités diverses de Madone et d’église paroissiale ? Probablement à une chapelle, semblable, par exemple à N.-D. des Près de Levens, un des prieurés de Saint-Pons. Quant à sa décoration on peut se plaire à conjecturer en y plaçant le grand tableau de la Sainte Trinité aujourd’hui accroché dans une des deux gypseries du chœur de l’église Saint-Roch. Deux commencements de preuve peuvent être avancés. Le premier est le lien qui existe entre saint Martin et le dogme de la Sainte Trinité. Sa Confessio[37]trinitaire a toujours servi de référence face aux interprétations erronées. C’est particulièrement vrai après le Concile de Trente Peut-être quelque généreux contemporain du milieu du XVIIe siècle a-t-il voulu illustrer l’enseignement trinitaire du patron éponyme du lieu ? Le second commencement de preuve porte sur l’étendue d’eau, ou de gravier, qui est représentée derrière les jambes de Marie, Jésus et Joseph. Un minime effort d’imagination fait penser à l’étendue du lit du Var s’étendant devant la porte du prieuré, vers le couchant, « juxta fluvium Varis » comme le dit la donation, jusqu’à la rive située sous Le Broc, soit environ un kilomètre[38]. A moins que ce ne soit le Jourdain ou le lac de Tibériade. Mais cela ne correspond pas aux représentations de la peinture classique. Le dossier reste ouvert.
 
          L’église de La Roquette a suivi pendant tout le moyen-âge les vicissitudes du château. Elle fait directement partie du système fortifié, surtout sur son côté nord. Mais on ne sait rien des transformations médiévales du lieu. Il est certain en tout cas qu’elle n’est pas un appendice du château et qu’elle n’est pas sa chapelle. Une pièce de procédure isolée datée de 1568 nous apprend ainsi que, l’église menaçant ruine, la communauté est concernée par les travaux[39]. On en sait un peu plus pour le XVIIe siècle. En voici quelques approches.
 Une vue de La Roquette vers 1700 ? 
         Peut-on reconnaître La Roquette vers 1700 dans un détail du tableau qui se trouve dans l’église Saint-Roch à Saint-Martin-du-Var et qui représente saint François d’Assise, saint Martin[40] et sainte Catherine d’Alexandrie[41] ? La question ne se posait pas avant sa restauration en 2012 par l’atelier Vigliani. Les couches de vernis noircissaient toute la toile. Le détail qui nous intéresse ici est maintenant bien visible. La réponse nécessite une analyse préalable. Cahier d'illustrations
         La vue représentée semble prise à partir des Roccas, en haut de la falaise qui domine Saint-Martin, par temps ensoleillé. Le peintre a semble-t-il cherché à représenter le lieu avec un certain réalisme : au premier plan le château et le village ; à gauche, la colline de Saint-Esprit avec ses falaises aujourd’hui cachées par la végétation ; à l’arrière-plan, le confluent du Var et de l’Estéron. On peut remarquer que le peintre a accentué l’escarpement de l’endroit comme pour mieux faire ressortir son aspect militaire. Le château est massif, entouré de fortifications. On est loin des représentations habituelles de La Roquette. On est tenté de répondre par la négative à la question posée.
         On peut cependant s’interroger sur certains détails troublants. L’observation des jeux d’ombre de lumière et le respect des proportions, du moins dans la partie centrale de la vue, apportent des éléments de compréhension. Les voici, présentés de la gauche vers la droite.
         Le côté sud du château, donnant sur l’actuelle place du Château, est dans l’ombre sur une longueur d’environ cinquante mètres. C’est un rempart massif. La représentation paraît exagérée mais pour interpréter correctement ce détail il faut noter que cette partie du rempart est aujourd’hui rabaissée sur la moitié de sa longueur et qu’il n’est pas en grande partie masqué par les maisons qui bordent la place.
         La façade ouest du château est en pleine lumière. La partie dans la pénombre, sur une vingtaine de mètres, correspond au côté droit de l’église. Le pan le plus éclairé de la vue représente la façade de l’église. Le dernier pan, à peine dans l’ombre, correspond à deux maisons détruites en 1890 pour créer la place actuelle.
La comparaison entre la vue du peintre et une photographie prise dans les conditions précisées plus haut confirme les proportions et les orientations. Les concordances compensent largement les libertés prises par le peintre pour accentuer le caractère militaire du lieu. Et d’ailleurs est-on bien certain que les deux remparts représentés au premier plan sont le produit de l’imagination du peintre ? Celui-ci aurait même peint une échauguette sur l’angle du rempart gauche. Comme pour faire plus vrai. La réalité est plus simple. Le peintre représente un château encore potentiellement actif. La datation de l’œuvre est nécessaire pour éclairer ce point.
         Cette vue permet d’apporter quelques éléments de datation. Elle est antérieure à la construction du clocher. Le budget communal de 1719 prévoit 300 livres « per il campanile che si fabrica nel presente luogo »[42]. Et elle est très probablement postérieure à l’agrandissement de l’église par la construction de bas-côtés. Les proportions de l’édifice correspondent en tout cas à ce qui existe aujourd’hui. Une église plus petite, étroite, aurait davantage dégagé la façade ouest du château.  Noter qu’une pierre gravée, placée dans le côté droit de la façade permet de dater l’opération d’agrandissement : 1682 D. II AVG, soit 2 août 1682.
         Une approche démographique sommaire va dans le même sens. Il semble bien que le village représenté par le peintre se trouve en grande partie vers l’actuelle rue de l’Abicoulier. On peut trouver que c’est peu, mais la population de La Roquette vers 1700 n’atteint pas 200 habitants pour une cinquantaine de maisons[43]. Ce n’est que plus tard que le village prend l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui. La représentation du village de La Roquette que font en 1759 Cantu et Durieu dans leur carte de la basse vallée du Var[44] semble le confirmer. Elle permet par ailleurs de constater que la partie qui se trouve au-dessous du château, soit une trentaine de maisons, a été construite entre la fin du XVIIe siècle et le milieu du XVIIIe, c’est-à-dire à une époque où ce type de défense est devenu obsolète face aux progrès de l’artillerie. La commune, et le seigneur, ont laissé construire devant le château. La population est à cette époque de 250 habitants[45]. La troisième partie du village, au moins cinquante maisons, « contrada Portalet », jusqu’au belvédère qui domine la vallée du Var, est construite entre le milieu du XVIIIe et le début du XIXe siècle[46], ce qui correspond au maximum de population atteint en 1822, soit 375 habitants[47], soit donc le double de celle de la fin du XVIIe siècle. 
 Les transformations de l’église au XVIIe siècle
         L’église Saint-Pierre a été profondément réaménagée et embellie à la fin du XVIIe siècle. L’édifice a été élargi de chaque côté de façon à doubler sa surface. La date de 1682 gravée sur la façade marque l’époque précise de cette transformation. La construction du clocher est postérieure d’une quarantaine d’années. Les budgets communaux portent la marque des efforts financiers consentis pour mener à bien ces transformations. La décoration baroque qu’on peut admirer aujourd’hui date de cette époque, en partie XVIIe siècle et en partie XVIIIe siècle, après l’extension par les bas-côtés et la création de quatre chapelles latérales[48].
         Les interventions de la famille seigneuriale paraissent importantes surtout de la part de Pierre Antoine Laugieri seigneur de 1635 à 1698, fils de Marc Laugieri, consul de Nice[49], et de Julie Lascaris, dame de La Roquette[50]. Un de ses frères, Honoré, est abbé commendataire de Saint-Pons[51], deux autres, Ludovic et René[52], sont dans les ordres, et une sœur est clarisse à Nice[53]. L’église paroissiale a ainsi conservé jusqu’à la Révolution sa fonction de chapelle du seigneur. Les deux édifices communiquent. Le seigneur a la possibilité d’entendre la messe à partir d’une alcôve située au bout de la grande salle du château, au premier étage. Noter aussi ce dégagement qui à partir du chœur semble mener au château. Il sert aujourd’hui de sacristie. L’ancienne sacristie, elle, se trouve derrière le chœur. Elle sert aujourd’hui de salle de catéchisme.
Cette sacristie a été construite grâce à l’engagement du Conseil communal qui trouvait anormal que l’église soit dépourvue de véritable sacristie. On décida d’en construire une sur un terrain appartenant à la paroisse, derrière l’église. Mais le seigneur, et voisin, Antoine François Bonfiglio a contesté cette propriété et le Sénat a interdit la poursuite des travaux sans autorisation[54]. La commune a multiplié les procédures pour contraindre le seigneur à céder, finalement avec succès. Un arrangement est trouvé en 1738. La sacristie est construite. Un cahier de dépenses de 297 livres, travaux et frais de procédure, montre qu’il s’agit bien d’un engagement communal[55] et pas d’une opération financée par le Conseil de fabrique de l’église Saint-Pierre.
 
 
           L’église Saint-Pierre de La Roquette est réputée pour la qualité de son décor baroque. Cette petite église, par ses dimensions, est à bien des titres un véritable musée. La restauration des peintures intérieures, du retable et des tableaux, entreprise par la Commune de La Roquette-sur-Var de 1988 à 2003[56], marque clairement la volonté de prendre en compte cette dimension patrimoniale. Les Notes qui suivent souhaitent apporter, au-delà des aspects artistiques, quelques éclairages complémentaires sur les pratiques religieuses des XVIIe et XVIIIe siècles. Cahier d'illustrations
 Le grand retable du maître-autel   
Le décor le plus remarquable est assurément le grand retable du maître-autel, en bois polychrome et doré, entourant saint Pierre. Il est daté de 1698[57]. On remarquera qu’il ne s’agit pas de saint Pierre Apôtre mais de saint Pierre Pape, autrement dit la « Chaire de saint Pierre », saint patron officiel du lieu. Les signes pontificaux sont nombreux : sur les piliers de la table sainte, une tiare et les clés de saint Pierre ; sur le haut du retable, les clés, l’une d’or qui marque le pouvoir de lier et de délier, l’autre d’argent qui symbolise le pouvoir de conduire le troupeau ; et encore des clés sur les fonts baptismaux, sur la porte d’entrée et sur le décor de la façade. Enfin en haut du retable on peut lire dans deux cartouches : « Tu es Petrus et super hanc petram » … « Aedificabo Ecclesiam meam ». On ne sait pas depuis quand ce patronage pontifical est ainsi affirmé. Il n’y a aucune raison de penser qu’il est une innovation de la fin du XVIIe siècle.
Saint Pierre est entouré de sainte Barbe, avec sa tour percée de trois fenêtres et sa palme de martyr, et d’un évêque qu’on reconnaît habituellement comme étant saint Martin de Tours. On a pu même voir dans cette représentation une sorte de clin d’œil destiné aux habitants de Saint-Martin afin qu’ils se sentent parfaitement chez eux dans ce qui est tout de même leur église paroissiale du moyen âge à 1803.
Cette approche semble pourtant ne pas résister à l’examen de l’inventaire[58] des objets mobiliers de l’église Saint-Pierre dressé en 1906 en application de la loi de séparation. La rubrique n° 83 présente en effet une liste de onze statues parmi lesquelles on trouve sainte Barbe mais pas saint Martin. On y mentionne par contre un saint Claude dont on ne voit aucune représentation dans l’église. Et si on avait pris saint Claude pour saint Martin ?! Dans cette hypothèse il s’agirait de l’évêque de Besançon mort en 699 et pendant la plus grande partie de sa vie abbé de Saint-Oyend-de-Joux. Il est identifiable au livre ouvert qu’il tient entre ses mains[59].
La partie basse du retable, très transformée par la suite, se présentait ainsi : dans son état originel, celui de 1698, l’autel était accolé au mur, quasiment surplombé par le retable. Il était surmonté d’un très beau tabernacle en bois doré orné des statuettes finement sculptées des quatre évangélistes, de Marie et de Joseph[60]. Un tableau représentant la Cène était accroché au-dessus[61]. C’est là la présentation la plus logique qu’on puisse proposer pour reconstituer cette partie du retable qui a été démontée par la suite.
 La transformation du maître-autel au XVIIIe siècle   Cahier d'illustrations
Ce décor a en effet fait l’objet de modifications importantes au milieu du XVIIIe siècle. Trois transformations éclairent ce changement :
La première est directement liée à l’aménagement de la sacristie en 1738. Celle-ci communiquait maintenant avec l’église par une large ouverture cintrée, aujourd’hui murée mais encore bien visible. Ce passage imposait donc de démonter l’autel existant, partie du retable originel, et de le remplacer par un autel décollé du mur. Cette explication ne repose sur aucun document d’archive, simplement sur l’observation. Rien n’interdit toutefois de penser que l’autel originel ainsi que le tabernacle aient tout simplement, pendant quelques années, été écartés du mur pour dégager la nouvelle ouverture et permettre le passage du clergé et des servants.
La deuxième transformation concerne le maître-autel actuel. Il a remplacé celui dont il a été question ci-dessus. Cette construction est postérieure à 1738 pour les raisons déjà exposées. Elle a certainement suscité des commentaires. Le nouvel autel était en effet de style rococo, complètement différent du retable. Et surtout son installation imposait un déplacement du tabernacle en bois sculpté et doré.
 Mais l’important n’était sans doute pas là. Il ne s’agissait pas d’une simple question de goût ou de mode mais d’un aménagement ayant une portée théologique. Il touchait moins à l’art qu’à la théologie. Le nouvel autel était en effet rehaussé par une « gloire d’autel » -plus exactement un ciborium- très ouvragée dont la finalité théologique nous échappe aujourd’hui. De toute évidence, la statue du Sacré Cœur qui y est installée est récente ; elle n’est même pas mentionnée par l’inventaire dressé en 1906[62]. A quoi donc ce ciborium pouvait-il servir ? On pense bien évidement aux ostensions du Très Saint Sacrement. Il resterait alors à résoudre le problème de l’accès pour installer l’ostensoir. On notera qu’il n’y a derrière l’autel ni escalier ni trace d’escalier.
La troisième transformation concerne la chapelle de la Crucifixion. Le tableau qui la décore est de 1738 ainsi qu’on le verra plus loin. C’est peut-être aussi la date de son aménagement … et de l’installation de l’ancien autel. A moins qu’on ait attendu plusieurs années pour le faire.
Que ces transformations soient concomitantes ou décalées dans le temps ne change rien sur le fond. Celles-ci sont éclairées par deux approches théologiques complémentaires : d’une part la représentation du sacrifice de Dieu crucifié et d’autre part, soit la représentation de la miséricorde de Dieu par son Cœur sacré[63], soit l’exposition de son Corps sous la forme d’une hostie.
 C’est du côté du curé en fonction à cette époque-là, Antoine Philippe Barralis, qu’il faudrait se tourner. Seul un curé peut être l’initiateur d’une telle démarche artistique et théologique. Mais on ne sait rien de lui, sauf qu’il est curé de La Roquette de 1735 à 1745 et qu’il est, après son départ[64], nommé chanoine de la cathédrale de Nice, plus précisément chanoine théologal[65]. C’est ce chanoine qui a la charge d’enseigner ses confères du chapitre cathédral et d’assurer un ministère de prédication dans la cathédrale. On tirera trois conclusions de cette nomination :  c’est indéniablement une promotion ; Barralis est un théologien confirmé ; ses dix années de ministère à La Roquette ont été appréciées en haut lieu.
 Les chapelles latérales     Cahier d'illustrations
          On ignore presque tout de l’histoire des quatre chapelles latérales. Il faudrait au moins savoir si ces chapelles sont des fondations privées ou publiques. Leurs décors et leurs tableaux valent mieux que le flou historique qui les entoure. On n’apportera ici qu’un éclairage très partiel sur certaines d’entre-elles.
 Chapelle des Laugieri. La chapelle qui se trouve à droite en entrant dans l’église est un peu plus documentée que les autres. Son aménagement et sa décoration ont été décidés par Alexandre Laugieri, seigneur du lieu, investi du fief en 1698 et décédé en 1715. Il a demandé par testament du 27 juillet 1702[66] à son héritier Jean-Paul Bonfiglio -le fils de sa sœur Anne-Marie- d’aménager une chapelle latérale dédiée aux Ames du Purgatoire et de la décorer d’un tableau représentant saint Antoine de Padoue, saint Bruno et saint François d’Assise[67]. Mais la succession Laugieri s’avèrera être un gouffre financier dans lequel Jean-Paul s’épuisera[68]. Il exécutera la demande de son oncle … une vingtaine d’années plus tard, peu avant sa propre mort survenue en 1728. Le tableau a été restauré en 1993 par l’atelier Croes à Paris. Il a été attribué à Jean Baptiste Passadesco[69], peintre originaire d’Oneglia en Ligurie (1647-1720).
Chapelle de la Crucifixion. La chapelle située à gauche de l’autel est ornée d’un Christ en croix entouré de Marie, Jean et Marie Madeleine. L’œuvre est très classique. Elle laisse apparaître des réminiscences de Guido Reni[70] peintre bolonais du début du XVIIe siècle. Une indication en bas à gauche du tableau, très difficile à lire, mentionne le nom du donateur, « Nob. Angeli Balduini » -Ange Baudoin- et une date, 28 août1738[71]. Cette date doit être rapprochée de celle de la création de la sacristie ainsi qu’on l’a vu plus haut. Mais est-il possible de relier entre eux ces cinq changements : don du tableau, aménagement de la chapelle de la Crucifixion, construction de la sacristie, déplacement de l’autel originel et construction du nouveau maître-autel ?
En l’absence de sources plus précises la chronologie de ces opérations est hypothétique. Il reste au moins les faits. Le maître-autel originel a bien été démonté et réinstallé dans cette chapelle, au besoin avec quelques coupes. Le devant de l’autel, boiserie très travaillée, se trouve sous le gisant. C’est dans une de ces pièces de bois provenant de l’ancien maître-autel qu’est sculptée la date de 1698, élément précieux permettant de dater le grand retable.
Une dernière remarque : le gisant -ou pour parler comme le rédacteur de l’inventaire de 1906, la « statue de Notre Seigneur au tombeau[72] »-, qui est placé sous l’autel est vraisemblablement plus ancien que le tableau[73]. Il est tout à fait possible que cet emplacement ait été réservé à la représentation de la mort et de la mise au tombeau du Christ dès la construction des bas-côtés.                                   
La chapelle de la Vierge. La chapelle à droite de l’autel est dédiée à la Vierge. Son décor actuel, plutôt récent, n’a pas beaucoup attiré l’attention des curieux et des amateurs d’art mais il est possible au moyen de quelques touches d’y voir un emplacement dédié à Notre Dame du Rosaire. C’est en effet là, ainsi qu’on le verra plus loin, que sont enterrés les membres de la Société du Saint Rosaire au XVIIe siècle, bien avant donc la création des bas-côtés et des chapelles latérales. Il est fait mention dans les actes de sépulture, avant comme après l’opération d’agrandissement, d’une chapelle du Rosaire.
 On peut imaginer que le lieu, avant la construction des bas-côtés et l’aménagement de l’actuelle chapelle, était orné du tableau de Gaspard Toesca (1643)[74] représentant la Donation du Rosaire à saint Dominique[75]. Il est aujourd’hui accroché dans le chœur et fait face à la Présentation de l’Enfant-Jésus par la Vierge à saint Antoine de Padoue par Jean Baptiste Passadesco[76]. L’œuvre est datée de 1682[77]. On remarquera que ces deux tableaux sont, comme dans l’église Saint-Roch, mis en valeur dans deux décors de gypseries de style Empire.
Chapelle de saint Gaudence. La chapelle à gauche en entrant est dédiée à saint Gaudence, architecte romain, constructeur du Colisée au Ier siècle après J-C. Reconnu comme chrétien il fut persécuté et mourut en martyr. Le tableau représente cette mise à mort sous les ordres de l’empereur Vespasien en personne. En haut du tableau plusieurs représentations d’édifices romains, dont celle du Colisée -ou du Château Saint-Ange comme on le dit souvent-, rappellent la profession de Gaudence[78].
Il faut relier ce tableau et les reliques du saint. Celles-ci sont conservées dans un très beau reliquaire placé sur le maître-autel. Ces reliques proviennent de Rome, plus précisément du « cemeterio Lucine », dans les catacombes de Saint-Calixte. Elles ont été authentifiées par le préfet de la Congrégation des indulgences et des reliques le 26 avril 1701[79]. Cette indication permet très probablement de dater le tableau.
 Note sur les inhumations devant les chapelles de l’église
         Chaque chapelle a une identité propre construite autour de la mémoire du donateur et des dévotions qui y ont été pratiquées. L’inhumation des défunts en est un aspect. Les registres de sépulture -pour les périodes 1639-1689, 1735-1741 et 1741-1794 -il manque le registre 1689-1735- font en effet apparaitre que certains défunts sont inhumés à l’intérieur même de l’église de La Roquette. Cela concerne trois catégories de personnes, les seigneurs et les membres de la famille seigneuriale, les prêtres, les membres de la Société du Rosaire.
         En ce qui concerne les seigneurs, il faut faire la distinction entre les Laugieri, seigneurs pendant le XVIIe siècle, et les Bonfiglio seigneurs jusqu’en 1777.  Les Laugieri mentionnés dans les registres sont enterrés à proximité des fonts baptismaux, « prope fontes bapt. » : Pierre Antoine Laugier, seigneur de La Roquette décédé le 1er octobre 1671[80] ; Honoré, fils d’Alexandre Laugieri, âgé de dix jours, le 27 février 1681[81] ; Julie Laugieri, dame de La Roquette, le 19 novembre 1667[82]. On remarquera que ces fonts baptismaux sont tout proches de la chapelle où se trouve le tableau offert par Alexandre Laugieri dans son testament de 1702. Le lien qu’il est possible de faire entre le tableau, les inhumations et la chapelle est clair. La chapelle située à droite en entrant est bien celle des Laugieri, pas celle de tous les seigneurs. Les Bonfiglio n’y sont pas enterrés. Ainsi Thérèse Bonfiglio, fille du vassal Jean Ludovic Bonfiglio, cinq ans, est inhumée dans la chapelle du Crucifixion, « in pavimento prope altare illustrissimi Domini nostri Jesu crucifixi », le 20 janvier 1766[83]. Les données sont lacunaires, il manque, rappelons-le, le registre 1689-1735, mais il faut aussi considérer le fait que ces seigneurs habitent Nice et séjournent rarement à La Roquette pendant de longues périodes.
         En ce qui concerne les ecclésiastiques, on peut noter les inhumations suivantes : Jean Ludovic Faraud « priore di questo luogo », « vicino l’altare della Madonna del Rosario » le 12 avril 1689[84] ; le « Presbiter » Joseph Giletta « in sepulcro ecclesiae parochialis prope altare Jesu Christi crucifixi » le 27 janvier 1764[85] ; le révérend Marcellus Raibaud « in tumulo sacerdotale », sans précision le 22 avril 1769[86]. Il y aurait donc une tombe réservée au clergé ? La fonction funéraire de la chapelle de la Crucifixion est mal identifiée.
         Les choses sont plus nettes pour la chapelle du Rosaire. Les membres de la Société du Rosaire, « Societatis B. M. V. » sont inhumés dans le « tumulo »[87], le tombeau, de leur confrérie N. D. du Rosaire : on en compte une vingtaine pour la période 1636-1689. L’absence du registre suivant ne permet pas de poursuivre le décompte mais on ne trouve plus de telles sépultures dans les registres suivants à partir de 1735.
         Ce tombeau collectif est situé près de la chapelle du Rosaire, « prope capella B. V. M. R. »[88], qu’on peut raisonnablement situer à droite du chœur de l’église, là où se trouve actuellement l’autel de la Vierge. Si le « tumulo » se trouve bien à cet endroit, il est donc situé sur le bas-côté nord de l’église en partie construit lors de l’agrandissement de l’église en 1682. Le tombeau proprement dit aurait disparu, remplacé par l’actuelle chapelle de la Vierge. L’effondrement du sol en 2006 à cet endroit, « sous le poids d’un paroissien », pendant la messe de minuit peut corroborer cette hypothèse. L’enquête de la Gendarmerie permit de constater que plusieurs squelettes gisaient sous le pavement de l’église[89].
 
 
          Passons de l’église paroissiale Saint-Pierre à l’ensemble de la paroisse, c’est à dire au territoire de La Roquette-Saint-Martin. Voici quelques notes sur la cure de La Roquette, sur sa situation juridique et sur son appellation officielle au XVIIIe siècle.
La nomination « romaine » des curés au XVIIIe siècle
         On manque de données concernant les nominations à la cure de La Roquette pour les époques antérieures au XVIIIe siècle. C’est à peine si on peut mentionner cette procédure contre le curé Maïssa accusé de sorcellerie en 1612. Elle laisse apparaître un curé indépendant, en opposition ouverte avec le seigneur Marc Laugieri. Le seigneur intervient dans la procédure mais il semble bien qu’il ne le fait que comme juge seigneurial du lieu[90]. La question de la dépendance seigneuriale du curé reste tout de même posée. Quoi qu’il en soit, les nominations des curés et des vicaires au cours du XVIIIe siècle ne confirment pas cette situation puisque à cette époque les lettres de provision du bénéfice sont délivrées directement par la vice-légation d’Avignon.
         En voici quatre exemples tirés des archives du Sénat de Nice, l’autorité chargée de leur entérinement. En 1722 Gio Francesco Leotardi, de Nice, est nommé prieur, c’est à dire curé, à la suite de la résignation en faveur opérée par son oncle Pietro Battista Deorestis[91]. Celui-ci était en fonctions depuis 1689[92]. La bulle de provision est prise au nom du pape Innocent XIII[93].
         Le 8 octobre 1735 le Sénat de Nice est appelé à entériner deux bulles, une provenant de la « curia romana » en faveur du « prêtre Baudoin » nommé vicaire et une autre provenant de la vice-légation d’Avignon pour le « prêtre Baralis » nommé curé[94].
         Philippe Antoine Barralis, nommé chanoine théologal, quitte ses fonctions en 1745[95]. Il est remplacé par Gabriele Pallavicino. Le 25 février 1756, Claudio Odoardo de Roquebillère est nommé prieur par la vice-légation à la suite du décès de Gabriele Pallavicino[96]. Le 14 septembre 1767 la vice-légation nomme Stefano Durandi suite à la démission d’Odoardo[97].
         On notera que cette compétence romaine assure aux curés de La Roquette une certaine indépendance, tant vis à vis du seigneur que de l’évêque de Nice. Cette compétence ne paraît pas contestée et semble satisfaire les autorités communales. Au milieu du XVIIIe siècle, les syndics du lieu confirment bien à l’intendant général de la province que c’est la Curie romaine, par la voie de la vice-légation d’Avignon, qui nomme à la cure de La Roquette[98].
         Noter qu’on ne peut pas considérer que cette compétence romaine est liée à l’importance de la paroisse. Son revenu, 350 livres[99], est dans la moyenne basse des communes de cette importance, de même que le nombre de desservants. L’intendant général de Nice Joanini mentionne dans son enquête la présence de trois prêtres[100]. Le curé y dispose d’« un beau presbytère, à côté de l’église »[101]. 
         On ignore à quelle époque a été établie cette compétence romaine. On ignore aussi les raisons qui ont fondé cette situation, mais on ne peut manquer de faire un lien entre le saint patron de l’église de La Roquette et cette compétence. Ceci peut en effet expliquer qu’on soit passé du patronage de « saint Pierre » à celui de la « Chaire de saint Pierre » ainsi que le mentionnent les actes ci-dessus. Et qu’on ait représenté saint Pierre pape au centre du grand retable en bois posé en 1698. Les clefs et la tiare sculptées dans le marbre à chaque bout de la table sainte confirment ce patronage romain. La Chaire de saint Pierre est de toute évidence à cette époque la véritable fête patronale. Mais on n’a pas pour autant cessé de fêter la saint Pierre. Aujourd’hui la première est oubliée. On pourra toujours avancer comme explication qu’elle était moins bien placée dans le calendrier que la seconde, l’une étant fêtée le 22 février et l’autre le 29 juin.
 Questions autour du nom de la Paroisse
Les nominations présentées ci-dessus sont faites pour la paroisse « Beata Maria Virginis Del Bosco et Cathedra sancti Petri »[102], c’est à dire de la Vierge Del Bosco et de la Chaire de saint Pierre. On peut s’étonner de la présence de ce patronage de la Madone Del Bosco pour l’église paroissiale au côté de la Chaire de saint Pierre. Quelques explications préliminaires sont nécessaires 
         On doit d’abord évidemment penser à associer cette appellation « Del Bosco » à la petite chapelle qui se trouve en contrebas de La Roquette et à proximité de Saint-Martin, aujourd’hui nommée « Notre-Dame Del Bosc » et signalée au cadastre dans la section « La Madone ». Le rapprochement n’est pas à exclure mais il faut creuser davantage la question et l’éclairer par l’origine de la dévotion.
          La dévotion à la Madone Del Bosco a son origine à Trapani en Sicile[103]. Elle se développe à la suite du transfert au milieu du XIIIe siècle par les Frères de Notre-Dame du Mont Carmel d’une statue en marbre représentant la Vierge en provenance de Terre Sainte. La statue, réputée miraculeuse, fut installée dans l’église de l’Annunziata de Trapani. C’est dans cette église que fut construite en 1370 par la famille Del Bosco la chapelle de la « Madonna di Trapani ». Son culte gagna progressivement toute l’Italie. La renommée de cette « Madonna » allait encore grandir au cours du XVIIe siècle après plusieurs miracles survenus à la suite de son invocation. Des sanctuaires dédiés à la Madonna Del Bosco se multiplièrent. Le plus connu est celui d’Imbersago en Lombardie.
         La statue vénérée est une Vierge à l’Enfant. De très nombreuses reproductions de toutes tailles sont sorties des ateliers des artisans de Trapani. On comptait en 1609 dans cette ville 32 fabricants[104]. Les reproductions sont toujours très semblables au modèle. Mais comme elles sont le plus souvent en albâtre l’artisan/artiste a pu se permettre des audaces que ne permettait pas le marbre, en particulier dans la robe de la Vierge. L’Enfant Jésus est porté sur le bras gauche de sa mère ; la main droite de Marie est un peu trop grande et la tête de Jésus trop petite. Le socle peut être différent mais les armoiries de la Cité de Trapani y sont le plus souvent sculptées.
         Ce culte arrive dans le Comté de Nice vers la fin du XVIIe siècle. On en a quelques traces à La Roquette-Saint-Martin : l’appellation « Beata Maria del Bosco et Cathedra sancti Petri » utilisée pour nommer la paroisse de La Roquette dans les nominations des curés au XVIIIe siècle[105] ; la dénomination de la chapelle précitée mentionnée « La Madona » dans le plan Cantu Durieu en 1756[106] et signalée dans la matrice cadastrale de 1702 « Madone Del Bosco »[107] ; et enfin l’existence, au milieu du retable de l’église Saint-Roch à Saint-Martin d’une statue de la Madone Del Bosco en albâtre aux armoiries de la Ville de Trapani[108].
         Cette statue est couronnée ce qui permet donc de penser qu’elle est postérieure à 1734, année du couronnement de la Madonna Del Bosco[109]. On ne peut écarter l’hypothèse que cette statue ait été installée lors de la construction du retable, entre 1760 et 1780, et qu’on ait fait de la Vierge Del Bosco la patronne de la nouvelle église construite dans les années 1750. L’appellation paroissiale « Beata Maria Del Bosco et Cathedra sancti Petri » prendrait ainsi tout son sens en associant les deux églises de la paroisse. Ajoutons cette intéressante information fournie par la carte du général Bourcet dressée en 1748-49. Le village de Saint-Martin n’est pas indiqué sous son nom mais sous celui de « Madone du Bois »[110]. 
Rien en tout cas dans le registre des sépultures de la période 1741-1794 ne permet de le confirmer cette appellation, les inhumations faites à Saint-Martin sont mentionnées le plus souvent «in cimiterio eccles. S. Martini [111]» ou « in cimiterio Sancti Rochi »[112]. Cahier d'illustrations
 La desserte paroissiale de Saint-Martin jusqu’en 1803
         Les nominations de curés sont faites pour l’ensemble de la paroisse, c’est-à-dire tout le territoire correspondant au fief et à la commune. Elles concernent donc les deux habitats, La Roquette et Saint-Martin, mais comme il n’y a pas à Saint-Martin de presbytère avant le début des années 1770, c’est à partir de La Roquette que la desserte de Saint-Martin a été assurée jusqu’à cette époque. Voici quelques éléments éclairant la question.
          Trois Roquettans, Francesco Gilletta, le prêtre Rainaud et Pietro Antonio Gilletta assurent en 1817, qu’avant la Révolution il n’y avait pas de desservant à Saint-Martin. Les habitants du lieu, expliquent-ils, ne pouvaient pas faire de processions publiques. Ils devaient aller à La Roquette pour accomplir leurs obligations pascales et faire baptiser leurs enfants. Ils étaient même obligés de porter les cadavres jusqu’à La Roquette pour y être enterrés. Sans doute le témoignage est-il orienté. Il a pour but de prouver au Comte de Roubion, responsable des hospices de charité de la province de Nice, que les San Martinencs ne sauraient prétendre participer à la direction du mont-de-piété local géré par les Roquettans[113].
         Le dossier de cette desserte reste ouvert. D’autant qu’on ne sait rien des périodes antérieures au XVIIe siècle. On apportera ici les éléments suivants : des messes, ainsi qu’on le verra plus loin, sont dites déjà au XVIIe siècle dans le cadre des fondations pieuses dont bénéficie la chapelle Saint-Roch ; ensuite, il faut noter qu’en 1703 il est fait mention dans un document budgétaire communal, malheureusement isolé, d’une dépense de 382 livres 10 sous pour deux « sacerdoti, uno alla Rocheta, l’altro a S. Martino »[114] ; et surtout, comme on va le voir plus loin, l’existence d’un presbytère à Saint-Martin à partir de 1770 laisse penser qu’il est régulièrement habité. On mentionne ainsi dans les années 1780 la présence à Saint-Martin d’un maître d’école, probablement le desservant lui-même[115]. Ceci dit la desserte n’a peut-être pas été toujours très satisfaisante. C’est en tout cas ce que laissent entendre les habitants de Saint-Martin en 1785 lorsqu’ils demandent à l’intendant général à être séparés de La Roquette pour pouvoir bénéficier d’un meilleur traitement administratif[116].
         Les registres de sépulture de la paroisse apportent quelques utiles renseignements sur le sujet à partir des années 1630.  Il semble bien que les défunts de Saint-Martin soient enterrés « nel cimiterio di questa parochiale », à La Roquette donc, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle[117]. La situation change à partir de 1758. Les sépultures « in cimiterio eccles. vici Sti Martini » deviennent plus fréquentes[118]. C’est surtout le cas à partir de 1766[119]. Un décompte sommaire sur la période 1772-1779 donne pour la paroisse un total de 103 décès sur huit ans, dont 56 pour Saint-Roch et 47 pour l’église paroissiale[120]. Cette augmentation soudaine des sépultures à Saint-Martin correspond très exactement à la construction et à l’aménagement du presbytère attenant à l’église. La moyenne des décès est de huit par an. La desserte semble bien permanente à partir des années 1770 ce qui infirme le témoignage mentionné ci-dessus[121].
         En ce qui concerne les baptêmes on peut faire les constatations suivantes. Des baptêmes ont lieu à Saint-Martin au début des années 1750[122]. Une cuve baptismale en pierre datée de 1752[123] semble porter le témoignage de cette nouvelle pratique. Quoi qu’il en soit, on ne pourra conclure qu’après une étude approfondie des actes de baptêmes, en faisant en particulier la différence entre les familles de La Roquette et celles de Saint-Martin. D’autant plus qu’il y a certainement des exceptions. On imagine mal que des nourrissons soient portés à La Roquette en plein hiver ! Enfin on notera tous ces cas où la sage-femme baptise l’enfant en danger, « ab obstetrice ob periculum », ce qui peut signifier qu’il n’y a pas de prêtre sur place.
 Le nombre de baptêmes à Saint-Martin augmente fortement à partir des années 1770[124]. C’est souvent le vicaire qui procède à l’administration du sacrement. Les baptêmes ont lieu « in sacello Sancti Rochi vici Sancti Martini »[125], dans une petite construction faisant office de baptistère. Aucune indication ne permet de la localiser avec précision.
Ces notes apportent quelques réponses … et posent beaucoup de questions.
 La desserte après 1803
         La question de la desserte de Saint-Martin à partir de La Roquette ne se posera plus après 1803 et l’érection de Saint-Martin en paroisse sous. Les deux paroisses paraissent alors bien distinctes. Et cela restera vrai jusqu’à ce que Pierre Bermejo, curé de Saint-Martin, soit chargé du binage avec La Roquette de 1963 à 1968 ... et que la réforme réalisée par Diocèse 2000 refonde les paroisses du diocèse et rassemble à nouveau La Roquette et Saint-Martin dans une même paroisse sous la dénomination de Saint-Benoît-les-Oliviers[126].
         Ceci dit, on ignore certainement beaucoup de choses sur les relations qu’ont pu entretenir les deux paroisses dans les temps passés, tels les services réciproques rendus par les curés, comme la prédication des missions[127], les remplacements ou certaines cérémonies comme cette confirmation par Monseigneur Rémond de soixante enfants[128] le 28 juin 1941 parmi lesquels plusieurs étaient de La Roquette et du Baus-Roux. Leur parrain de confirmation était Charles Raybaut maire de La Roquette[129].
         Sans chercher à entrer dans le détail de ces services, on mentionnera cet intéressant binage d’une année assuré par Imberti curé de La Roquette en 1895. Celui-ci se plaint auprès du Conseil de fabrique de l’église Saint-Roch parce que la « rétribution de deux cents francs » qui lui est allouée pour ce binage, qu’il assure déjà depuis onze mois, est insuffisante au regard des difficultés : « La distance qui sépare Saint-Martin-du-Var de La Roquette-sur-Var est de cinq kilomètres, d’un accès très difficile. Ce qui fait dix kilomètres pour aller et retour ». Le Conseil de fabrique décide de faire une demande de subvention. Il explique que « les frais de déplacement, voiture[130] et autres, que l’abbé Imberti a déjà supporté et devra supporter absorbent non seulement l’indemnité mais la dépassent. Or la fabrique n’a pas les fonds pour y suppléer ». Le Conseil décide, « vu que le casuel de cette paroisse est à peu près nul, vu que dans la paroisse il n’y a aucune fondation » de demander qu’une indemnité supplémentaire soit accordée. La demande est adressée au ministre des Cultes. Signé, Calviera, Gazagnaire, Dozol, Mandina, Imberti[131].
 
  On trouve au XVIIe siècle sur le territoire de La Roquette-Saint-Martin trois chapelles ouvertes à la dévotion publique[132], N.D. Del Bosco, Sainte Catherine et Saint-Roch. Les Notes qui suivent sont consacrées à celle-ci.
 
La « Cappellania san Rocco »
 
         La chapelle Saint-Roch était située à proximité du village de Saint-Martin au bord du vallon de l’Ubac, quartier du Pra, dit aussi des Loanas, c’est à dire sur le côté est de l’actuelle place Honoré Baudoin dite aussi « Soubrane » ou de « l’église ».  Elle était construite sur un terrain appartenant à une chapellenie, la « Cappellania san Rocco », c’est à dire à une fondation pieuse érigée par un laïc. On ignore la date de cette fondation, mais son existence est antérieure au milieu du XVIIe siècle. La popularité de saint Roch comme saint anti pesteux à partir du XVe siècle[133] permet sans doute de remonter jusqu’au XVIe siècle. La chapellenie, est propriétaire des terrains qui entourent la chapelle, ce qui correspond à peu près à l’actuelle place de l’église et au sol des maisons qui l’entourent, soit plus de 5000 m² de bonnes terres.
         Le revenu de la « cappellania », une pâture et quelques oliviers, sert à l’entretien de la chapelle et à sa desserte. Il faut y ajouter les dons des fidèles, les intentions de messes et les fondations pieuses.Ces revenus sont gérés par une fabrique administrée par des recteurs laïcs nommés chaque année. Il y là de quoi permettre d’assurer une desserte, au moins intermittente, de la chapelle. On le constate par exemple à travers ces deux fondations de messes.
         Claude Raibaudo feu Gaspard avait demandé à ses héritiers, par testament du 26 avril 1659[134] et enregistré le 20 juillet 1681, de faire dire une messe par an par le prêtre desservant la chapelle. Il en garantissait le paiement au moyen d’une hypothèque sur une terre située au quartier de la Luona, non loin de la chapelle, évaluée 100 livres. La fondation était perpétuelle mais les héritiers s’acquittèrent imparfaitement de l’obligation. Une dizaine d’années plus tard, les messes n’étant plus payées, les administrateurs de la chapelle, avec le soutien du curé de La Roquette, Barralis, protestèrent et obtinrent un accord avec Jean Ludovic et Jean Antoine frères Raibaudi. Le 15 juillet 1726 les deux frères cèdent le terrain à la chapelle et s’engagent en outre à payer au prêtre Jean André Romesati de Villars 48 livres pour les sept années durant lesquelles il a assuré le service de la chapelle, plus soixante livres de complément du capital et 246 livres pour les annuités impayées et les intérêts[135].
         Autre exemple. La « nobile » Ludovica Foches de feu Onorato, originaire du « masagio di San Martino del Varo » et habitant Nice, fonde par testament du 2 juin 1743 une « cappellania laicale » dans la chapelle Saint-Roch. La fondation se fait en présence et avec l’approbation du curé de La Roquette Filippo Antonio Barralis. Elle comporte d’une part un revenu de 5% sur un capital de 400 livres prêté à Gioanni et Vittorio Rossi de Nice et assigné sur une terre à Bellet et d’autre part le produit d’une rente sur un revenu de 600 livres. Le revenu annuel -une cinquantaine de livres- doit servir à faire célébrer une messe par mois pour le repos des Ames du Purgatoire par le desservant de la chapelle. Ses parents Laurens, habitant Saint-Martin, sont chargés de veiller à l’accomplissement de ses volontés[136].
 Le tableau des « Saints Patrons »   Cahier d'illustrations  
         On ignore tout des dimensions et du décor de la chapelle Saint-Roch démolie dans les années 1750 pour laisser place à l’église actuelle. Mais il n’est pas interdit de conjecturer. On peut voir dans le chœur de l’église Saint-Roch, à droite du maître-autel, un grand tableau représentant saint Roch entouré, à droite de saint Jean Baptiste et à gauche de saint Martin ; au-dessus d’eux est représentée la vierge de l’Apocalypse de saint Jean, « la lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur la tête ». L’œuvre est attribuée à Jean Rocca, peintre niçois renommé, en activité au début du XVIIe siècle. Le tableau a été restauré en 2015 par l’atelier Vigliani à l’initiative de la municipalité Hervé Paul.
         Chacun a pu jusqu’à cette date constater le mauvais état de la toile mais la restauration a fait apparaître deux dégâts encore plus importants : les côtés de la toile avaient été repliés en 1811[137] sur une quinzaine de centimètres pour faire entrer le tableau dans un décor de gypseries de style Empire et le bas, très abîmé, avait été coupé sur une largeur de vingt centimètres à une époque plus ancienne. La conjecture porte sur une possible provenance de la chapelle Saint-Roch où le tableau aurait servi de retable. Le mauvais état du bas du tableau pourrait s’expliquer par les vicissitudes de l’œuvre, entre la démolition de la chapelle dans les années 1750 et son installation dans le cadre actuel, soit soixante ans de chantier.
         Poursuivons cette conjecture avec les deux reliquaires qui se trouvent dans la sacristie, l’un pour une relique de saint Roch, l’autre pour deux reliques, saint Martin et saint Jean Baptiste. Leur intérêt artistique est tout à fait limité. Les deux reliquaires, sans véritable intérêt, sont en bronze doré, très probablement du XIXe siècle. La décoration de velours entourant les médaillons renfermant les reliques date respectivement de 1914 pour le premier et de 1913 pour le second[138]. Par contre les deux médaillons renfermant les reliques sont beaucoup plus anciens[139]
         On s’interrogera plus particulièrement sur le deuxième médaillon qui associe dans une dévotion commune saint Jean Baptiste et saint Martin. Pourquoi cette association ? Voici un élément de réponse en forme d’hypothèse. On a présenté plus haut le lien qui unit au moyen âge ce terroir et les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Or il se trouve que le saint patron de leur ordre n’est autre que ... saint Jean Baptiste. Cette présence des Hospitaliers aurait-elle été assez durable au point de faire de saint Jean Baptiste un co-patron du lieu aux côtés de saint Martin ? La question doit être posée. Ajoutons que Jean le Baptiste, parmi plusieurs patronages, est d’abord le patron des passeurs. Quand on connaît l’importance du passage du Var dans l’histoire de Saint-Martin on ne peut qu’être tenté de faire le rapprochement.
         Enfin on doit bien entendu établir un lien entre ces reliques et les trois saints représentés sur le tableau attribué à Rocca. Il est difficile d’y voir une coïncidence. Le rapport est trop direct. Dans ce cas, la logique voudrait que les reliques aient précédé la représentation. On imagine mal un ecclésiastique, ou un laïc, partir à la recherche des reliques correspondantes et trouver, comme par hasard, un médaillon associant les reliques de saint Martin et celles de saint Jean Baptiste. Cette restriction étant levée il resterait alors à savoir où se trouvaient ces reliques. Dans la chapelle Saint-Roch pour la première et dans l’église Saint-Martin pour les deux autres ?
 
          Le cours de l’histoire de La Roquette-Saint Martin a été profondément bouleversé au milieu du XVIIIe siècle par une série de crues du Var. Toutes les activités, économiques, administratives ou religieuses, sont concernées.  Mais c’est sans doute la disparition dans cette catastrophe de l’antique église Saint-Martin qui en est l’événement le plus marquant, même si au plan économique les dégâts furent immenses.
 Chronologie des crues
         Une série de crues a emporté au milieu du XVIIIe siècle toutes les terres en bordure du Var. Les moulins et les scieries ont été détruits ou rendus inutilisables. On peut se faire une idée de la surface cultivée ainsi emportée à partir d’un plan dressé par l’ingénieur Guibert en 1678[140] : ces jardins couvraient une vingtaine d’hectares, à partir de l’actuel quartier des Moulins jusqu’à Saint-Joseph. Le lieu est en effet favorable. C’est l’endroit où le lit du fleuve s’élargit jusqu’à plus d’un kilomètre. Le « Gros Var » est déporté vers Le Broc par la « bauma » de l’Abeigl située en aval du Baus-Roux. Son confluent avec l’Estéron se trouve au-dessous de Dosfraires. Cet ensemble de jardins -« horti » nous dit le plan de Guibert- était protégé par un canal de desserte qui captait l’eau au Rasclaou, au nord de Saint-Martin, et la conduisait aux scieries et moulins de Récastron et de Saint-Joseph. Le canal formait digue. Il préfigurait ce que sera l’endiguement que nous connaissons et qui sera entrepris à partir de 1845. En pied de colline serpentait un canal, plus ancien que le précédent, desservant d’abord une scierie puis les moulins de Saint-Martin et rejoignait de canal-digue vers Récastron.
         Au cours des années 1740-1750 une série de crues détruisit ce que l’homme avait mis sans doute des siècles à organiser. Une enquête menée sur place en 1759 par les ingénieurs topographes Cantu et Durieu, chargés de définir la frontière entre la France et le royaume de Piémont-Sardaigne, fournit assez de renseignements pour reconstituer la chronologie du désastre : au début des années 1740, la « bealiera », le canal, longeant le pied de colline, et prenant elle aussi son eau au Rasclaou pour la conduire aux moulins de Saint-Martin, situés à l’emplacement de l’actuelle Avenue Antoniucci, est obstruée à plusieurs reprises par les graviers. On renonce finalement à la dégager. On préfèrera construire d’autres moulins ailleurs, vers Saint-Joseph[141] ! En 1747 une crue emporte la scierie dite « Le Cortil » à Recastron. En 1749 c’est l’embarcadère du bac situé en contrebas des Merettes et permettant de traverser le Var qui est emporté à son tour ; la « barque du Var » restera hors d’usage pendant une dizaine d’années[142]. En 1754 une autre crue emporte la scierie du sieur Tomatis à Récastron.
         La catastrophe survient en 1755. Cette année-là, le Var emporte tout : la « bealiera » qui faisait fonction de digue, les jardins et même plusieurs maisons ; l’église elle-même est menacée. Le « Gros Var », qui jusque-là coulait le long de la rive droite, avait changé de lit ! Il passait maintenant devant le village de Saint-Martin, le long de l’actuelle avenue Antoniucci, dont les maisons faisaient fonction de digue.
         Un mot sur la cause de la catastrophe. On peut évidemment incriminer la puissance des crues. Peut-être. Mais les ingénieurs Cantu et Durieu avancent deux autres explications liées à l’activité humaine[143]. La crue a été exceptionnellement dévastatrice tout simplement parce que le « Gros Var » avait changé de cours. Les nombreuses concentrations de bois de flottage faites au-dessous du Broc, côté France donc, en étaient la cause. Les ingénieurs expliquaient que plusieurs commerçants en bois travaillant pour l’arsenal de Toulon avaient pris l’habitude de regrouper ces troncs dans cette partie du fleuve pour les rassembler en radeaux. Année après année, le « Gros Var » avait été dévié vers les bras secondaires et finalement vers Saint-Martin. La seconde explication concernait les propriétaires des scieries. Ceux-ci, afin de faciliter l’introduction des troncs dans le canal de flottage, avaient élargi les ouvertures sur le fleuve. La digue en avait été fragilisée.
 L’étendue des dégâts      Cahier d'illustrations
         La crue causa des dégâts au village, particulièrement vers l’actuelle avenue des Moulins. Une dizaine de maisons furent emportées ou endommagées, « impedite dall inondazione del fiume Varo »[144]. De même que l’église Saint-Martin. Le notaire Jean Ange Baudoin parle quelques années plus tard de « la vecchia e antica chiesa asportata dal fiume Varo »[145]. Tous les témoignages concordent sur ce point. Mais aucun ne précise l’étendue des dégâts. La carte levée par Cantu et Durieu en 1759 permet d’apporter quelques précisions. Plusieurs maisons ont sans doute disparu, mais l’église est toujours là ! Elle est située entre le pied de colline et le chemin qui conduit à la Madone Del Bosco. Elle ne se trouve pas dans le lit naturel du fleuve mais sur le bord. Et la crue ne l’a pas emportée. Par contre elle n’est pas signalée par la carte de Cassini levée quelques années plus tard. Le fleuve a probablement continué à creuser.
         En effet le « Gros Var » passait maintenant devant les maisons de Saint-Martin. Il menacera le village pendant près de 80 ans. Il ne faut pas trop tirer de conclusions de la carte de Cassini qui fait apparaître un large espace devant Saint-Martin. Elle a probablement été levée en période de basses eaux. Retenons plutôt le témoignage du Docteur Fodéré. Il est de passage à Saint-Martin à l’automne 1803 dans le cadre d’une enquête statistique sur le département des Alpes-Maritimes. Il note que le Var « passe au milieu du village » et qu’il a encore « pris » 50 stérées -soit 7000 m²- depuis 1790. « Non seulement, ajoute-t-il, il s’empare des terrains cultivés, mais encore du sol des habitations, dont il a déjà emporté plusieurs, avec une église et le chemin qui conduit à Gilette ; un de ses bras surtout, qui a un courant très rapide et qui s’est jeté jusque sous les maisons de Saint-Martin, creusant par en dessous dans un terrain qui est meuble, paraît les menacer de chute prochaine et avec elles l’éboulement de toutes les terres supérieures ». Il propose lui aussi la construction d’une digue[146].
         Ces défenses seront progressivement mises en place sous l’Empire et au début de la Restauration sarde. Dans les années 1820, le village paraît à peu près à l’abri même si le « Gros Var n’est pas bien loin. Une carte de 1825 indique même en face du village quelques espaces cultivés. Mais cela n’a rien à voir avec les jardins d’autrefois.
 
 
 La construction d’une église à l’emplacement de la chapelle Saint-Roch a été prise sans tarder. Restait à assurer le financement. La commune était évidemment concernée, mais vu de La Roquette l’opération était-elle indispensable ?
 
         Que nous disent les comptes communaux de la période ? On trouve dans les comptes des syndics pour l’année 1757 un crédit de 220 livres approuvé par délibération du Conseil communal du 24 février et destiné d’une part à l’achat d’une cloche pour l’église paroissiale et d’autre part à « la riparazione della chiesa di S. Rocco »[147]. L’année suivante en vertu d’une délibération du 3 juin 1759 on vote 100 livres pour « la construzione della nuova capella di San Martino » … et aussi 100 livres pour les « suppettile » -ornements liturgiques-  de l’église paroissiale ; 100 livres en 1760 « per la riconstruzione della chiesa succursale », mais 250 pour réparer la cloche de l’église de La Roquette ; en 1762, 300 livres pour deux cloches, une dans chaque lieu et 150 livres pour la « ristorazione » de la succursale. En 1764, 60 livres pour la restauration du « campanile » de La Roquette mais rien pour Saint-Martin[148].
         Ces dépenses pour la réparation ou l’entretien des édifices religieux disparaissent alors des comptes du syndic. On ne trouve plus en matière cultuelle que de menues dépenses[149] concernant les neuvaines annuelles offertes à saint Roch et à saint Pierre, respectivement 12 et 9 livres ; ou encore en 1767, 1768 et 1770  pour la poudre des « mortaïrets » à l’occasion de la fête du « Sanctissimo Corpus Domini », 12 livres; ces dépenses reviennent chaque année ; d’autres sont exceptionnelles : en 1768, deux neuvaines pour obtenir la pluie -« le bisogni della pioggia »-  et 21 livres pour les frais du pèlerinage organisé à la chapelle Saint-Michel sur le Férion à Levens ainsi que pour le pain distribué aux pauvres à cette occasion, 21 livres[150] ; en 1765 pour deux neuvaines dans chaque église à l’occasion d’une épidémie, on accorde 21 livres[151].
         Toujours dans cette rubrique des dépenses cultuelles communales, on remarquera cette dépense votée en 1780 : deux neuvaines, une à saint Roch et une à saint Pierre pour que le ciel accorde au seigneur de La Roquette, le marquis Joseph Vincent Lascaris, « un felicimo transito e ritorno » à l’occasion de son retour de Sardaigne où il exerce depuis plusieurs années les fonctions de vice-roi. Comme il doit débarquer à Nice, on espère à La Roquette-Saint-Martin qu’il va venir visiter son fief. Il n’a jamais eu la possibilité de le faire depuis qu’il en a été investi en 1777. Il s’agit donc d’un événement. On fait acheter deux rubs de poudre pour l’occasion[152]. D’autant plus que le moment est peut-être venu de pacifier les relations avec lui. Sur place les affaires du seigneur sont en effet gérées avec efficacité par Plent, l’homme de confiance de Lascaris. Il a réactivé quelques droits féodaux que la commune et l’ancien seigneur Bonfiglio avaient aménagés. Plusieurs procès sont en cours[153]. Le Conseil communal cherche l’apaisement. La venue du seigneur peut tout arranger.
         Enfin pour terminer cette présentation des pieuses dépenses communales on notera que le maître d’école de La Roquette doit offrir une messe par semaine à l’intention de la commune. Pas celui de Saint-Martin. Le traitement que chacun d’eux reçoit le justifie. Le premier gagne 200 livres et le second seulement 96[154]. Mais 52 messes ne valent pas 104 livres ! Ceci explique la protestation des San Martinencs.
         Cette présentation des dépenses cultuelles pour cette période fait apparaître deux questions : l’égalité des dépenses entre les deux églises d’une part ; la disparition des dépenses cultuelles importantes après 1763 d’autre part. Tout cela doit être éclairé par les fortes tensions qui marquent les relations entre les deux villages. Les Saint-Martinois réclament une égalité de traitement, en matière d’administration communale, d’école, de mont de piété et de culte. Il semble que la destruction de l’antique église Saint-Martin ait imposé des frais très imprévus et que pour les faire approuver il ait fallu … prévoir des dépenses équivalentes en faveur de La Roquette. Le budget communal n’a évidemment pas pu suivre. Seules sont restées les menues dépenses traitées de façon rigoureusement égale. Ceci permet de mesurer l’ampleur du désaccord. Mais ce qui est vrai pour les affaires paroissiales l’est également pour le reste.
         La revendication se durcit au début des années 1780 au point de nécessiter l’intervention de l’intendant général de Nice. La décision rendue le 30 juin 1786 par le vice-intendant général Felice Ponte met en place une organisation strictement égale entre les deux villages, nombre égal des conseillers, alternance des syndics, dépenses scolaires identiques, gestion bipartite du mont de piété, etc. Il faut souligner qu’il n’est pas question dans ce document de l’administration religieuse[155], comme si en ce domaine les choses étaient réglées. Et c’est un peu ce qui s’est passé, ainsi qu’on va le voir ci-après.
         En effet, les aides communales cessent en 1762, au moment où l’administration temporelle, la « fabrique[156] », de la chapelle Saint-Roch prend le relais. Face aux réticences communales, les recteurs, -des laïcs- ont trouvé une solution dans la vente partielle du terrain de la chapellenie. Une opération difficile en raison de la nature de la propriété. Il s’agit d’une fondation pieuse. L’autorisation de l’évêque est nécessaire. Celle-ci est accordée par une ordonnance du 7 octobre 1759[157]. Une première vente est faite le 25 juin 1762 à huit particuliers de Saint-Martin pour des parcelles allant de 10 palmes carrés à 48[158]. Le prix est de 20 sous le palme. La recette est de 197 livres. La vente est faite par le recteur, assisté du curé Don Claudio Oduardo. Ces parcelles sont situées au bord du vallon de l’Ubac[159]. Une deuxième vente a lieu le même jour en faveur de Ludovic Aboin d’Aspremont et habitant Saint-Martin, toujours du côté du vallon pour 28 palmes[160]. Une autre vente est faite, toujours vers le vallon, le 10 juin 1769 en faveur de quatre Saint-Martinois[161] pour 100 palmes au prix de 141 livres 10 sous. Les recteurs[162] Antonio et Laurens et Francesco Raibaudo sont assisté du curé Don Stefano Durandi. L’opération a nécessité une nouvelle ordonnance épiscopale rendue le 16 novembre 1768. On notera que dans ce dernier cas l’objectif est de poursuivre la construction de l’église mais aussi de construire un presbytère attenant[163]. La vente du 7 janvier 1772 est faite au profit d’Antonia Maria Laurens veuve Maurandi et de Giuseppe Maurandi pour 48 palmes au prix de 58 livres. Cette fois ci la parcelle est située de l’autre côté de l’église, vers le coteau de l’Adrech, « a diritura » du mur de l’église et à côté de la porte du cimetière attenant. Un espace de 12 palmes est prévu entre le cimetière et la future construction[164].
         A cette date une douzaine de parcelles sont donc construites le long du vallon de l’Ubac. Les nouvelles maisons forment digue et empêchent le vallon de déboucher directement sur les premières maisons du village. De l’autre côté, une seule parcelle est construite. On remarquera que cette opération d’urbanisme -une douzaine de maisons et une église tout de même !- a été réalisée entre 1762 et 1772. C’était la réponse des San Martinencs aux ravages du Var. Pendant qu’il emportait maisons et église, un nouveau quartier sortait de terre.
         Ainsi, à la veille de la Révolution, il ne restait que deux ou trois constructions à réaliser pour terminer l’aménagement de la place. La dernière vente portera sur la parcelle située à l’angle de la place de l’église et de la rue Jean-Moulin. Elle aura lieu en 1845. Entre les deux rangées de maisons une grande place publique avait pris forme. Il semble qu’il y ait eu débat sur la destination de cet espace, d’autant plus qu’une maison -la « maison Faraut »[165]-, préexistante à toutes ces opérations, se trouvait presque en son milieu[166] et que certains acheteurs étaient tentés de clôturer l’espace se trouvant en face de leur maison. Mais le village avait trop besoin de cet aménagement. Ainsi est née la place « soubrane », appellation nouvelle qui permettait de la distinguer de l’ancienne qu’on qualifia de « soutrane »[167] … et qu’on s’empressera de construire quelques années plus tard.
         A Saint-Martin on a eu le sentiment que la commune n’a pas participé à l’effort financier nécessité par ces aménagements, particulièrement la construction de l’église. C’est ce que disent en 1785 Luigi Baldoino, Pietro Antonio Boccaron, Pietro Laurens et Giuseppe Missonier conseillers communaux pour Saint-Martin : « La chiesa parrochiale e la casa d’abitazione del Sigr curato e mastro di scuola » ont été construits « a spese de particulari di S Martino »[168]. Il semble bien aussi que le Conseil communal n’ait pris aucune part dans l’opération d’urbanisme tant en ce qui concerne l’endiguement du vallon que l’alignement des deux côtés de la place et de l’espace à réserver pour aménager une place devant l’église. Les délibérations des années 1772-1792 n’en portent en tout cas aucune trace[169].
 
 
          L’entrée à Nice des troupes révolutionnaires du général Danselme à la fin du mois de septembre 1792 entraine un bouleversement religieux majeur dans les communes du sud du Comté de Nice occupées par les Français. C’est le cas de La Roquette-Saint-Martin. L’opération militaire se déroule en effet au moment même où la Révolution radicalise ses positions anticatholiques : mesures prises par l’Assemblée législative dans les semaines qui suivent le 10 août, massacres de septembre à Paris et leurs suites en province. Le clergé face à l’obligation de prêter serment à la République se divise. Les réfractaires sont poursuivis et émigrent. Les couvents et monastères sont fermés. Les fabriques sont dissoutes et leurs biens et rentes sont saisis et vendus comme biens nationaux. Les églises sont réaffectées ou ouvertes aux autres cultes. Les objets du culte sont saisis. Les cloches sont descendues des clochers, autant pour les réduire au silence que pour en faire des canons. Dans le Comté de Nice l’effet de ces mesures a été toutefois atténué dans bien des endroits par la passivité des autorités municipales et le peu d’enthousiasme des populations[170]. Mais le bouleversement est réel[171].
         A La Roquette-Saint-Martin, il n’y a plus de curé en titre dans la paroisse à partir de 1794[172]. Les biens des fabriques ont été saisis. Le presbytère de La Roquette a été vendu à un particulier[173]. Celui de Saint-Martin n’a pas été vendu mais saisi par l’administration communale. L’espace qui se trouve devant l’église n’a pas été vendu non plus. Mais les terrains des fabriques de La Roquette, de N.D. Del Bosco et Sainte-Catherine ont été vendus. Toutefois ceux-ci ont, pour la plupart, été achetés par des particuliers avec l’intention de les restituer en des temps plus favorables[174]. C’est le cas de Joseph Baudoin acheteur, entre autres biens, des deux chapelles le 18 brumaire an V[175].
         La vie religieuse semble reprendre après la chute de Robespierre, à l’époque de la Convention thermidorienne. Mais la situation est instable. La loi du 7 vendémiaire an IV réorganise la police du culte pour lutter contre les pratiques clandestines. L’exercice du culte est légal à condition que le clergé se soumette aux lois de la République : trois prêtres résidant sur le territoire de la commune font acte de soumission devant le maire : Alexandre Baudoin, Gaudence Rainaud et François Rainaud[176]. Mais l’accalmie est de courte durée.
          Le Directoire met en place une politique résolument anticatholique, surtout après le coup d’Etat du 18 fructidor an V. Les registres des baptêmes, mariages et sépultures de la période 1794-1800 portent la marque de ces difficultés. Un grand désordre y règne. Les actes, toujours écrits en latin, sont de plus en plus imprécis à mesure que les années passent. Ils reflètent les difficultés de la vie religieuse. Les prêtres Joseph André pour Saint-Martin et Francisco Reynaud pour La Roquette assurent un service qui paraît très désorganisé[177]. Un état de tous les contribuables de la commune dressé en l’an VII permet de mesurer ce qui reste du patrimoine des anciennes fabriques : la « Paroisse », c’est à dire Saint-Pierre, Sainte-Catherine et N.D. Del Bosco, est imposée pour un franc et quatre sous, et « Saint-Roch » pour sept sous. Ces montants sont parmi les moins élevés de la liste des 166 citoyens contribuables[178].
         A Saint-Martin la Révolution a marqué de son empreinte la façade de l’église. La tradition rapporte que les quatre boulets qui y sont incrustés auraient été offerts par le général Dugommier pour services rendus par la population à l’occasion de la bataille de Gilette à la mi-octobre 1793. Certains font état de l’aide apportée pour le transport des blessés[179], d’autres font état de l’aide apportée par les guéyeurs pour passer le Var. Cette bataille a en effet marqué les esprits car elle est la première victoire française depuis près d’un an. La Convention en a accueilli la nouvelle avec solennité, comme un nouveau Valmy. On peut ainsi penser que l’opération d’incrustation sur la façade a été réalisée peu après l’événement par une municipalité favorable à la Révolution. Mais on ne peut exclure que, le mythe de la bataille de Gilette faisant son chemin[180], elle ait été réalisée beaucoup plus tard, à l’occasion du crépi de la façade, c’est-à-dire à la fin du XIXe siècle.
         La situation ne s’apaise qu’au début du Consulat avec la signature du Concordat en 1801 entre Bonaparte premier consul et Pie VII. Les règlements d’application qui s’ensuivent réorganisent l’Eglise : le nombre de cures est réduit à une seule par canton[181]. Seul son curé reçoit un traitement. Les autres prêtres chargés de paroisse ne sont plus que des desservants entretenus par la générosité des fidèles, un peu comme avant la Révolution ... sauf que les bénéfices ecclésiastiques ont été supprimés et que les patrimoines des fabriques ont été confisqués. La carte ecclésiastique de la France s’en trouve bouleversée. La commune de La Roquette-Saint-Martin est directement concernée par tous ces changements : l’unité paroissiale est supprimée en 1803 et Saint-Martin devient paroisse sous le nom de « Saint-Roch » ou, après 1814, « San Rocco ». C’est un événement administratif majeur.
          L’administration des biens est à nouveau assurée par des laïcs mais dans un cadre transformé. Il n’y a plus qu’une seule fabrique par paroisse. Les fabriques des chapelles, Sainte-Catherine et N.D. Del Bosco, sont supprimées et leurs biens, ou ce qu’il en reste, sont rattachés à la fabrique de La Roquette. Les deux premiers curés sont nommés en 1802, Etienne Bugaschi à La Roquette et Victor Baudoin à Saint-Martin ; tous deux sont originaires de la commune[182].
         Les premières déclarations des conseils de fabrique permettent de faire le point sur l’état du patrimoine. A Saint-Martin, Jacques Maurandi, marguillier, et « Raybaudi-Caïnea », président[183], font état en 1805 dans leur déclaration d’« une place publique où se trouvent quelques oliviers d’un modique produit ». L’entretien de l’église et du presbytère est assuré par des « quêtes publiques parmi les habitants de la paroisse »[184]. En 1809 les marguilliers déclarent : une terre d’oliviers concédée en emphytéose à César Fouques et Augustin Faraut au Cluot du moulin pour 5 livres ; une autre au Serre, toujours en emphytéose, à Mathieu Tombarel pour 3 livres ; il faut ajouter les oliviers de la place devant l’église dont le produit sert à entretenir le luminaire[185]. C’est fort peu. Mais l’année suivante les marguilliers déclarent avoir reçu d’Antoine Bottin 30 francs pour acompte des olives vendues, et deux années de cens par Mathieu Tombarel, soit 1franc 50[186]. Les parties du terrain du Pra non encore vendues ainsi que les rentes et les fondations de messes ont disparu des déclarations. Ce qui n’empêche pas les fabriciens de défendre avec ténacité les propriétés de l’église autour de la place ainsi qu’on va le voir plus loin.
         A La Roquette ce n’est pas mieux.  Joseph Baudoin, marguillier en 1805, ne déclare ni revenu ni dépense. Il précise que « la fabrique est maintenue par les aumônes » et qu’il arrive même qu’on soit obligé d’acheter à crédit l’huile pour le luminaire[187]. En 1809 on déclare une vigne donnée en emphytéose à Joseph Baudoin pour 12 francs par an ; quatre oliviers loués à Mathieu Verola, dont deux à La Baumette, 3 francs[188]. L’année suivante les oliviers de Mathieu Verola, « tenus à moitié », rapportent 22 francs[189]. Les propriétés, rentes et fondations ont disparu. Les personnes qui avaient acheté les biens d’église à charge de les rétrocéder à la fabrique ne s’étaient toujours pas exécutés.
         Mais les fabriciens de La Roquette ne se satisfont pas de la situation. Ils n’ont pas perdu tout espoir de retrouver les anciennes fondations ainsi qu’en témoigne cette note d’un marguillier de La Roquette à propos d’un legs de Françoise Barralis, dame de La Roquette et veuve d’Alexandre Laugieri, seigneur du lieu au début du XVIIIe siècle. Celle-ci a légué à la fabrique par testament du 12 juillet 1715 une somme de 100 livres pour l’achat annuel de deux cierges destinés à l’autel du Saint-Sacrement. La somme n’a pas été acquittée ; les marguilliers ont poursuivi ses héritiers et la dette a finalement été reconnue par une sentence du « juge de commerce » le 2 mai 1768 avec les intérêts et quelques taxes soit 125 livres. Cette somme a été prêtée par les administrateurs de La Roquette, avec l’accord du curé Augustin Baudoin, à Jean Baptiste Rusteghe. La garantie était assurée par une hypothèque prise le 12 mai 1776 sur « une terre dite les Routes ». L’intérêt était de 6 francs par an. Rusteghe n’a pas payé mais l’hypothèque a été renouvelée le 10 septembre 1807 pour un capital réévalué à 150 francs afin de tenir compte de l’inflation[190].
 
 L’apaisement politique, et religieux, qui suit le Concordat marque le retour au premier plan des anciens notables. A La Roquette-Saint-Martin ce changement concerne principalement la famille noble du lieu, les Raybaudi de La Caïnée. Celle-ci, à la différence des Lascaris ou des Bonfiglio ou même des Laugieri avant la Révolution, est originaire de la commune, plus précisément de Saint-Martin. Son enracinement est réel. Plusieurs des membres de la famille y habitent. Son anoblissement remonte à la concession en 1791, avec titre de baron, d’une partie du fief de La Caïnée, terroir de Pierrefeu, en faveur de Pierre Antoine Raybaudi,[191]. Si l’anoblissement est récent et si le fief est de petite importance, la promotion n’en est pas moins remarquable parce qu’elle donne une dimension familiale à l’anoblissement. C’est d’ailleurs en considération des mérites de ses enfants et cousins que Pierre Antoine a pu faire avancer ses aspirations nobiliaires auprès des autorités turinoises chargées de traiter les concessions de fiefs. Mais les Raybaudi de La Caïnée ne jouiront pas longtemps de leur nouvelle situation. Dès 1792, leurs positions seront emportées par la Révolution[192].
Leur retour s’effectue sous l’Empire. Un « Raibaudi-Caïna » est président du Conseil de fabrique en 1805. Il s’agit de Louis, petit-fils de Pierre Antoine. Il est nommé maire par le préfet des Alpes-Maritimes en 1808. C’est sous son mandat, en 1811, que sont réalisés les décors encadrant les tableaux du chœur de l’église Saint-Roch. Les documents font défaut -les recherches aussi !- mais on peut raisonnablement penser que cette nouvelle position des Raybaudi de La Caïnée a favorisé d’autres actions en faveur de l’église Saint-Roch.
En voici une autre illustration. Un frère de Louis, Joseph, troisième baron de La Caïnée, fonde en 1817 une chapellenie laïcale sous le nom de Saint-Joseph. Cette fondation prévoyait qu’une messe quotidienne soit célébrée pour le repos de l’âme des défunts de la famille. Elle mettait aussi en place des moyens pour encourager l’enseignement religieux des enfants afin de les « préparer dignement à la première communion ». Le baron prévoyait la nomination d’un prêtre. Il confiait la mise en œuvre de la fondation à son frère Victor[193]. Cette préoccupation de formation religieuse est nouvelle. Elle illustre la prise de conscience des catholiques face à l’athéisme militant propagé par la Révolution.
Le règlement communal du 30 juin 1786 plaçait les deux villages sur un strict plan d’égalité, mais en matière civile seulement. En matière religieuse la prééminence du curé de La Roquette demeurait : il était d’une part le supérieur du desservant de Saint-Martin et d’autre part le directeur du mont de piété, l’organisation de charité et d’entraide de la commune. Son article 5 prévoyait toutefois une représentation égale des deux villages et un responsable exécutif pour chacun des deux[194]. L’érection de Saint-Martin en paroisse devait inévitablement bouleverser cette situation et raviver quelques oppositions. Il fallait faire une place au curé de Saint-Martin. Les effets ne furent toutefois pas immédiats car le maire était devenu sous la législation française le personnage dominant de l’institution charitable. Celui-ci, Louis Raybaudi de La Caïnée, habitait Saint-Martin et y avait de facto déplacé l’administration du mont de piété. La solution défavorisait La Roquette mais certains pouvaient toujours espérer que, une fois l’Empire vaincu, il serait possible de rétablir la situation antérieure à la Révolution, celle de 1786, favorable au curé de La Roquette. C’était oublier qu’il y avait maintenant deux curés dans la commune.
Après la chute de l’Empire, l’administration sarde procéda en 1815-1816, au début de la Restauration, à une réorganisation des monts de piété maintenant appelés « Congrégations de charité ». Elle demanda donc aux directeurs de congrégation de proposer des noms. A La Roquette-Saint-Martin, le curé de La Roquette, Jean Honoré Giaume était en mesure au milieu de l’année 1817 de fournir la liste des administrateurs. Il manifestait toutefois quelques réticences pour occuper le poste de directeur. Il expliquait au comte de Roubion, directeur des congrégations de charité de la province[195], qu’il y avait une incompatibilité entre la charge de curé et la fonction de directeur de congrégation de charité. Son refus devint ferme et définitif lorsqu’il apprit que le nouveau maire, l’avocat Joseph Raybaudi, un cousin des Raybaudi dont a été question ci-dessus, souhaitait que la Congrégation siège là où le maire habitait, comme cela se passait sous l’Empire avec Louis Raybaudi de La Caïnée. Or Joseph Raybaudi, lui aussi, habitait Saint-Martin. Giaume fit alors valoir ses maux de jambes et l’incommodité du chemin. Il proposait pour le remplacer son confrère de Saint-Martin Antonio De Medici. Ce qui fut finalement accepté.
A La Roquette, cette perte de pouvoir apparut insupportable à plusieurs administrateurs qui voyaient dans cette nomination une violation du règlement de 1786 qui faisait du curé de La Roquette le directeur du mont de piété[196].  Qu’il y ait maintenant deux curés ne changeait pas les choses. Il fallait choisir un des deux, non pas en fonction de leur ancienneté dans les ordres mais en fonction « d’all’ anzianità della parrocchia ». La direction revenait donc de droit au curé occupant la cure la plus ancienne[197] c’est-à-dire La Roquette. Ce n’est pas la solution qui sera appliquée.
 
 
          Les préoccupations des fabriciens de Saint-Roch sont différentes de celles de leurs homologues roquettans. Comment gérer aux mieux des intérêts de la fabrique, et de la collectivité, l’espace qui se trouvait en face de la nouvelle église ? La vente des terrains était indispensable pour financer les aménagements et la décoration du bâtiment. Mais il fallait aussi éviter de prendre des décisions irréversibles de nature à empêcher la formation d’une place publique. Il fallait, situation rare pour un conseil de fabrique, faire œuvre d’urbaniste. Deux affaires illustrent cette action du Conseil de fabrique.
 Des fabriciens urbanistes
         La première se déroule sous le Premier Empire. Elle permet de souligner les difficultés du Conseil de fabrique pour contenir les prétentions des propriétaires voisins de l’église. Jacques Maurandi[198] est propriétaire d’une maison située sur le côté nord de la place et construite sur un terrain acheté à la fabrique avant la Révolution. Il a installé un portail sur le côté de sa maison afin de fermer l’accès à un petit jardin. Les fabriciens, considérant que le portail est situé « sur une propriété de ladite succursale »[199], ont demandé sa destruction.
         Le Conseil de fabrique dans sa séance du 10 août 1810 décide des poursuites judiciaires. Les fabriciens font remarquer que Maurandi a placé ce portail parce qu’il croyait que « le manque de fonds de la fabrique » l’empêcherait de soutenir un procès. Mais la fabrique considère qu’il est indispensable d’agir, cette situation étant « trop contraire aux intérêts de la fabrique pour pouvoir être tolérée et serait aussi un exemple pernicieux aux autres habitants qui ne tarderaient pas à l’imiter »[200].
         Le curé de Saint-Martin, Joseph Louis Rossi, prend pourtant la défense de Maurandi en confirmant que ce passage est le seul qui lui permette d’aller dans son jardin et il informe le conseil que Maurandi est prêt à payer trois francs par an pour un droit de passage, ce qui serait intéressant vu que ce terrain n’est pas cultivé. Réuni à nouveau le 4 septembre le Conseil de fabrique observe qu’il y a d’autres passages pour accéder à ce jardin, soit un dans la maison elle-même, soit un autre par une propriété contiguë. « Monsieur le Desservant ne doit pas l’ignorer puisqu’il fréquente assez souvent soit la maison dudit Maurandi soit son jardin » réplique le conseil avec perfidie[201].
         Maurandi adresse quelques jours plus tard une lettre au préfet des Alpes-Maritimes : il dit avoir construit « un grand portail sur une de ses propriétés voisine à celle de la fabrique », dénommée « Le Plan du Pré ».  Il n’a jamais voulu « s’arroger le droit de passage sur la propriété de la fabrique sans paiement, attendu qu’il a déjà employé trente ans au service et à l’avantage de la fabrique et d’ailleurs il connaît assez la surveillance des membres qui la composent actuellement pour ne pas porter la moindre atteinte aux intérêts de ladite fabrique de Saint-Martin dont il fait lui-même encore aujourd’hui partie. Il ne l’a construit que pour avoir un passage aisé pour s’introduire dans sa maison d’habitation dans la seule croyance que Messieurs ses collègues, convaincus de la nécessité absolue de ce passage, auraient adhéré et accepté une déclaration formelle de sa part portant n’avoir le droit de passage qu’autant que ce terrain continuerait à être consacré en place publique comme il l’est actuellement  avec une offre de première mise à prix de  de payer annuellement à la fabrique trois francs tant que ce droit de passage lui serait concédé. C’est d’après une pareille offre très avantageuse à la fabrique qu’il a toujours cru que Messieurs ses collègues ne s’opposeraient aucunement »[202]. Voilà un intéressant épisode qui éclaire l’indépendance du Conseil de fabrique, tant vis à vis d’une proche connaissance que du curé.
 Le « Chemin Neuf »
         La seconde affaire illustre la mutation économique qui touche la partie saint-martinoise de la commune à partir des années 1820. L’urbanisation du quartier « soubran » a produit des effets. On notera en particulier l’installation d’une caserne de carabiniers, déplacée de Gilette en 1822[203], à l’angle de la nouvelle place et du chemin de Nice dans la maison des Raybaudi de la Caïnée[204].
         Ce chemin prend une importance nouvelle à partir de 1826 avec la construction d’un pont au Gabre de Bonson et l’aménagement d’une voie carrossable[205] vers ce pont, le « chemin neuf ». Cette orientation favorable s’accentue à partir de 1832 avec le projet de l’intendant général Ferneix de poursuivre le chemin en perçant les gorges de La Mescla. Il fallut d’abord vaincre toutes les résistances militaires car l’état-major de Turin ne voulait pas d’une route aussi proche de la frontière ; il avait jusque-là opté en faveur de la route de Levens pour desservir non seulement la vallée de la Vésubie mais aussi celle de la Tinée. Il avait ensuite fallu trouver les financements.
 Le chantier commence en 1841. Moins de dix ans plus tard la Tinée est accessible à partir de la basse vallée du Var par La Mescla. Enfin la construction du pont Charles-Albert en 1845 complète l’ensemble en facilitant l’accès à la vallée de l’Estéron et par là, à la Provence intérieure. La construction du pont s’inscrit dans l’opération d’endiguement de la rive gauche du Var qui commence en 1845 au Baus-Roux. Tous ces aménagements donnent à la nouvelle place une fonction accrue. Les notables de Saint-Martin mais aussi de La Roquette, les cadres des chantiers, tel l’ingénieur Thomas Fricéro, s’y établissent. La place attire les commerçants et les investisseurs, tel Honoré Reboul à la recherche d’un terrain bien placé pour y construire plusieurs logements et un local commercial. Le projet de Reboul est d’ailleurs intéressant pace qu’il illustre les responsabilités du Conseil de fabrique dans l’aménagement de la place. Il s’agit ici d’organiser l’alignement du côté nord de la place.
 Le projet Reboul     Cahier d'illustrations
         La fabrique de Saint-Roch a donné en 1845 en « affitto », en location, à Onorato Reboul un terrain de 15 mètres sur 11, 70[206] situé sur le côté droit de la place et faisant angle avec le Chemin Neuf[207], à charge de 40 lires d’intérêts, plus 4 lires pour le revenu annuel d’un olivier se trouvant sur ce terrain, olivier évalué à 80 lires. Reboul projetait d’y construire une maison destinée au logement des employés de la société d’endiguement[208]. La fabrique de son côté se réservait la possibilité de racheter le terrain et la construction qui aurait été faite dessus. Elle pouvait aussi à tout moment demander le paiement du capital correspondant aux 40 lires[209].
         Un conflit éclate avec Giuseppe Giletta propriétaire du terrain situé derrière la rangée de maisons, et donc du terrain de la fabrique cédé à Reboul. Giletta estime avoir un droit de passage.  Le conflit envenime les rapports de voisinage et place la fabrique dans une position délicate vis-à-vis de Reboul. Elle lui a en effet cédé un terrain contesté par le voisin. Une expertise faite par les soins d’un « condutore de lavori del Var », un nommé Ferran, permet de déboucher sur une conciliation[210]. Reboul peut construire et Giletta doit tenir le mur de son jardin à trois mètres de façon à dégager un passage derrière la rangée de maisons[211]. Ainsi se termine une « scandalose affare »[212] selon l’expression de Don Barelli, le curé, dans une des lettres adressées à l’évêque[213]. Tout le monde paraît soulagé par la solution d’une affaire qui dépassait de beaucoup le cadre privé. L’ingénieur Fricero se félicite dans une lettre à l’évêque du 21 mars 1845 de cette solution qui est tout à l’avantage de « l’amministrazione parrochiale »[214].
         Mais trois ans après survient une nouvelle difficulté. Reboul qui termine la construction de sa maison, demande à la fabrique l’autorisation de construire deux « pilastri » de part et d’autre de sa porte d’entrée pour soutenir un balcon. Nouveau problème d’urbanisme ! Le conseil refuse fermement dans sa séance du 10 septembre 1848. Il invoque deux raisons. D’abord parce que si on accordait cette autorisation cela masquerait « il colpo di vista » de la place, et celui-ci est déjà trop fermé par les « passate ed antiche costruzioni »[215], ensuite parce que cette décision rencontrerait la réprobation de la population ... et que cela porterait tort aux « libéralités qui sont le seul revenu pour les dépenses de culte et les réparations »[216].
         C’est au rez-de-chaussée de la maison Reboul qu’est établi en décembre 1849 le bureau de poste chargé de centraliser le courrier des vallées de l’Estéron, du Var et de la Tinée. La nouvelle organisation postale tient compte des nouveaux aménagements routiers. Mais la discussion a achoppé sur la vallée de la Tinée. Fallait-il continuer à en assurer la desserte par Levens et Utelle ? Il apparaît dans le dossier administratif que les propositions et les interventions de l’ingénieur Thomas Fricéro ont été décisives[217]. Il est à cette époque responsable des opérations de percement des gorges de La Mescla et en a bien mesuré toutes les conséquences. La loi du 26 juin 1853 sur l’aménagement de voies carrossables dans les vallées confirme le bien-fondé de son choix[218]. Ces considérations routières peuvent paraître éloignées du sujet. Mais il faut remarquer que la nouvelle route, le Chemin Neuf, dessert directement la nouvelle place. En outre Fricéro habite cette place. Il a acheté la maison Maurandi jouxtant l’église et le cimetière. Il est un acteur important de tous les projets concernant la place et l’église à cette époque. Et c’est un fidèle paroissien qui défend les intérêts de la fabrique.
         Dernier épisode de l’affaire Reboul : le Conseil de fabrique du 26 octobre 1876 décide de faire jouer la clause de remboursement du capital et d’aliéner le terrain aux héritiers Reboul pour « subvenir aux réparations très urgentes du pavé de l’église ». Le prix est de 880 francs[219]. L’évêque approuve et le ministère des Cultes autorise la vente par décret du 4 octobre 1877[220].
         Il est impossible d’avoir une vue d’ensemble sur les comptes de la fabrique durant toute cette période. On peut imaginer que son effort fut entièrement consacré à la construction et à l’aménagement de l’église ainsi que du presbytère. On va voir plus loin que les décorations intérieures, en peintures et en objets, ont effectivement été reportées à plus tard. Un budget pour l’année 1844, malheureusement isolé, permet de nuancer cette approche. On trouve en « entrata », 496 lires de « fondo di cassa » et 288 lires de recettes, cierges, location de chaises, diverses quêtes, etc. En « uscita », à côté de 160 lires de dépenses strictement liturgiques (vin, hosties, encens, cierges, ornements d’autel, etc.) on trouve tout de même 450 lires pour l’achat d’un baldaquin et la fonte d’une cloche[221].
 
 
         Depuis la Révolution il n’y a plus de presbytère à La Roquette. La fabrique n’a pas pu récupérer le « beau presbytère à côté de l’église[222] ». Sous l’effet des lois révolutionnaires, il a été vendu à un particulier « qui n’a jamais voulu le rendre[223] ». Les curés ont donc dû trouver un logement. Et cela n’a pas toujours été facile. Cahier d'illustrations
 
Le presbytère de l’Abbé Issautier
         Les curés logent donc depuis l’Empire « dans des maisons particulières[224] » explique à l’évêque Jean Baptiste Issautier nommé curé en 1833[225]. Ses prédécesseurs, ainsi concernés, sont : François Raynaud, curé de 1792 à 1794, Alexandre Baudoin, de 1794 à 1802, Etienne Bugaschi, de 1802 à 1808, Honoré Giaume, de 1808 à 1820 et Louis Baudoin de 1820 jusqu’à sa mort en 1833[226]. Soit pour 41 ans cinq titulaires dont quatre natifs de La Roquette ! Cette situation relativise les difficultés de logement. Les curés logeaient dans leur famille. Seul Giaume, de Sclos-de-Contes, fait exception. Il se plaint d’ailleurs d’habiter dans un presbytère -où ? - qui nécessite des réparations qu’il n’a pas les moyens de payer. Il attend toujours pour cela que les paroissiens qui avaient acheté comme biens nationaux certains biens de la paroisse, pour les restituer le moment venu au curé en exercice, procèdent à ces restitutions[227].
         Les soucis d’Issautier, originaire de Saint-Etienne-de-Tinée et nommé en 1830[228], ne sont pas très différents. Il explique à l’évêque qu’après sa nomination, il a dû rester pendant un trimestre au Cannet -chez un parent -, ne venant à La Roquette que le dimanche. Il a finalement trouvé quelque chose sur place. Trois ans plus tard, en 1836, il a même réussi à se loger dans une partie de l’ancien presbytère … mais comme locataire.  Il paye, dit-il à l’évêque, 72 francs. La commune lui a alloué 60 francs. « Je suis logé à l’étroit et peu commodément explique-t-il à son évêque. J’ai un salon au rez-de-chaussée, ma chambre à coucher au second et ma cuisine, au troisième. La cuisine, qui est la pièce la plus fréquentée de la maison et la plus nécessaire, ne peut servir à cause de la fumée, et l’humidité qui y règne fait que presque toujours, au moindre coup de vent, je suis obligé d’éteindre le feu, de me mettre à la diète et d’aller chez mon voisin si je veux me chauffer. Les propriétaires font la sourde oreille lorsqu’on leur parle réparations. Il n’y a qu’une porte qui sert à tous les locataires ce qui est fort incommode, un des locataires ayant son grenier à paille vis-à-vis de ma cuisine me salit journellement l’escalier de sorte que nous sommes plutôt dans une écurie que dans un manoir »[229].
 Comment aménager une place devant l’église Saint-Pierre ?
         La situation s’est améliorée au cours des années suivantes. La fabrique de La Roquette possède dans les années 1860, sans doute à la suite d’un legs, une maison attenante au cimetière et donnant au midi sur l’escalier de l’église[230]. Cette maison sert de presbytère et comprend trois pièces au rez-de-chaussée : salle à manger, cuisine, laverie (plus deux petites caves) ; deux pièces au premier étage, un salon au midi pour le curé et une pièce au nord qui « sert de mairie », trois pièces au deuxième étage et une quatrième en mansarde. Afin de ne pas gêner le curé, la commune a « fait ouvrir du côté du cimetière une porte spéciale pour la mairie, laquelle porte laisse indépendante l’entrée principale du presbytère et toutes les pièces du curé »[231] .
         Cette situation a perduré pendant plusieurs années puis la commune a loué ailleurs dans le village « deux pièces contiguës », l’une pour la mairie, l’autre pour l’école[232]. Elle quittait le presbytère. Un événement va alors relancer le projet de place publique. La municipalité de La Roquette a l’opportunité en 1880 d’acheter pour 300 francs une maison « menaçant ruine », suite à un incendie, située à côté du presbytère[233]. Le projet, ancien, mais jusque-là irréalisable, de créer une place devant l’église prend corps. Le 25 juillet 1880 le conseil municipal décide la démolition « de l’ancienne maison commune située sur la place de l’église ». Il y est question de « la menace d’éboulement » de la maison voisine et de l’agrandissement de la place « qui est de beaucoup trop étroite »[234]. La décision n’est pas suivie d’effets. On peut penser que les résistances paroissiales ont été fortes. Mais ce n’était que partie remise.
         Le presbytère reste en effet un enjeu communal. D’autant plus que les nouvelles obligations scolaires, tant pour les filles que pour les garçons, imposent maintenant deux classes. On les installe donc dans les deux pièces louées, l’une des deux à la place de la pièce servant de mairie.  Il faut donc trouver une autre salle de mairie. La délibération du 17 septembre 1882 décide de reprendre la pièce du premier étage du presbytère. La décision soulève de nombreuses oppositions. Le maire, gêné, explique qu’il ne faut y voir « aucun esprit d’opposition contre la religion ou contre les ecclésiastiques ». Il fait aussi remarquer que les pièces laissées au curé sont « nombreuses et spacieuses » et que « peu de desservants des villages du canton se trouvent dans d’aussi bonnes conditions que celui de La Roquette ». Le Conseil municipal s’engageait « à faire abandon de l’appartement en question dès qu’une école aura été construite, ce qui ne saurait tarder ». Une note en marge du document précise que cette délibération a été sans effet et que le curé « est resté en possession de toutes les pièces du presbytère »[235]. L’affaire n’est cependant pas terminée. La Municipalité veut toujours créer une place publique. Elle y parviendra quelques années plus tard en obtenant finalement le départ du curé. Au début des années 1890 celui-ci a quitté son presbytère et loge ailleurs dans le village. Il devient alors possible de créer la place qu’on connaît aujourd’hui.
 Le presbytère de la rue Inférieure
         On retrouve le curé dans une maison, en mauvais état, située en contrebas de l’église, au bout de l’actuelle rue Inférieure[236]. Le bien, la parcelle A 608, appartient à la fabrique. C’est ce qui ressort de l’examen du cadastre de 1867. Le 16 août 1890 le Conseil municipal décide pourtant d’y faire d’importants travaux : reconstruction complète de la toiture, renforcement des planchers et reprises en sous-œuvre d’un mur-maître. La dépense est évaluée à 4925 F. Le conseil vote 1000 francs et demande des subventions au département et à l’Etat[237]. Mais le dossier est difficile. Le 18 août 1891 la « direction des Cultes » au ministère de l’Intérieur veut savoir si le bien est communal ou paroissial.  Le conseil municipal dans sa délibération du 16 août affirme qu’il appartient à la commune ; la fabrique le dit paroissial. La direction des Cultes demande « une déclaration formelle par laquelle le Conseil de fabrique reconnaît que le presbytère de La Roquette-sur-Var, quoique affecté au service du culte n’en revêt pas moins le caractère de propriété communale » pour pouvoir bénéficier de la subvention[238].
         Entretemps La Roquette s’est retrouvée sans curé pendant plusieurs mois. Roubaud, le maire, proteste auprès de l’évêque et l’informe que « depuis le 21 courant le presbytère est libre et prêt à recevoir le nouveau desservant ». Il ajoute que cette absence « porte un grand préjudice aux intérêts de la fabrique depuis longtemps négligés et la plus grave atteinte à la foi religieuse encore assez profonde dans nos pays ». En note un secrétaire de l’évêché mentionne qu’on donnera un curé « dans un mois, un mois et demi »[239]. Ce sera un corse du nom de Stepanopoli[240].
         Le 3 janvier 1892 le Conseil de fabrique réitère sa demande et rappelle que « l’édifice que notre desservant habite » n’est non seulement pas convenable, mais qu’« il menace ruine à ce point que Monsieur l’architecte vient de le déclarer inhabitable après une inspection et a ordonné de l’évacuer ». La fabrique n’a pas les moyens de réparer et conformément à l’article 95 de la loi du 30 décembre 1809 elle recourt au conseil municipal. Celui-ci présente un devis estimatif de 3000 francs et a prélevé 1000 francs sur les fonds de la commune. Il faut donc recourir au Conseil général des Alpes-Maritimes et au gouvernement. La fabrique ne peut participer que pour 100 francs[241].
         L’Etat accorde finalement 800 francs le 18 janvier 1892. Le coût du projet est réduit à 3000 francs : Etat 800, fabrique 100, commune 1000. Reste à trouver 1100. On fait une nouvelle demande de secours[242]. Mais elle échoue. Le Conseil général a rejeté la demande. Le Conseil municipal vote le 10 juillet une rallonge de 1000 francs. Une somme de 100 francs est laissée « à la charge de la fabrique ». Il n’y a pas d’autre solution, « le desservant ne veut plus habiter un logement tout à fait insalubre et délabré »[243]. Le 31 juillet 1892 on renouvelle la demande de secours au département[244] et le 24 août 1892 le Conseil municipal décide de chercher un logement provisoire pour le curé[245]. En vain.
         La situation a finalement perduré jusqu’à la loi de séparation de 1905 et à l’inventaire de 1906. Signe des incertitudes sur la propriété du bien, le presbytère y est mentionné deux fois ! D’une part dans le chapitre 1 « Biens de la fabrique » : « le presbytère, contenant six pièces, 1500 francs » ; d’autre part dans le chapitre 2, « Biens de l’Etat, des départements et des communes dont la fabrique n’a que la jouissance » : « sol du presbytère et maison (n° 608 A) 500 francs »[246]. L’inventaire contredit la matrice cadastrale de 1867. C’est bien la fabrique qui apparaît comme propriétaire de la parcelle 608 !
On ne saura finalement pas si le presbytère de la rue Inférieure était communal ou paroissial ? La loi de séparation tranche et en fait un bien communal. Plus à l’aise dans ce nouveau cadre juridique, le Conseil municipal applique la loi. Dans sa délibération du 24 mars 1907 il précise que « les édifices religieux restent à la libre disposition des pratiquants et des ministres du culte mais sans garantie s’agissant d’un local servant de logement ». Le curé est donc prié de trouver un logement ailleurs : « Le ministre du culte exerçant dans cette commune, explique le Conseil, n’a que l’embarras du choix pour trouver dans le pays un logement en rapport à sa situation à un prix tout à fait modique, plus confortable et mieux exposé à l’air et à la lumière que l’ancien presbytère ». « Du reste ledit local, en raison de sa mauvaise situation, ne peut être utilement affecté à aucun service public ». Il était toutefois possible de le louer en l’état au curé, les réparations étant à sa charge. Le bail pouvait être résilié en cas de changement de résidence, maladie, ou mise à la retraite[247]. En juillet on fixe le loyer à 20 francs, somme modique au vu de l’état des lieux, et on précise que la situation est provisoire, pas plus de deux ou trois ans[248]. Louis Deleuse est muté -ou obtient sa mutation ?- avant la fin de l’année[249].
         Le lecteur aura certainement remarqué que ce développement en forme de jeu de piste laisse dans l’ombre plusieurs questions. Où se situait le « beau presbytère » avant la Révolution ? Quelle est l’origine des deux autres ? Quelle a été l’attitude de la paroisse face à la démolition du presbytère situé sur la place de l’église ? Histoire à suivre donc.
 
 
           Le règlement d’administration communale mis au point par l’intendance générale de Nice en 1786 établissait une parfaite égalité de traitement entre les deux villages. Les revendications saint-martinoises étaient satisfaites. Cela supposait principalement une alternance de direction. La solution était assez simple à mettre en œuvre car le « Regolamento dei pubblici » de 1775 mis au point par le gouvernement prévoyait que le syndic était nommé pour un an. Il suffisait donc de nommer une année un San-Martinenc et une année un Roquettan. Le secrétaire communal et les archives courantes suivaient, les archives anciennes restant à La Roquette. Ce système d’administration nécessitait deux lieux de travail, deux salles de réunion. On a vu un peu avant ce qu’il en était de la salle communale de La Roquette. Quelle était la situation à Saint-Martin ? On a vu qu’avant la Révolution ces réunions se faisaient chez un particulier mais qu’après 1793 le premier étage du presbytère de Saint-Martin a servi à cette fonction, du moins lorsque le maire était saint-martinois. Et ceci continue sous la Restauration. Sans problème jusqu’à ce que l’évêque décide de nommer un vicaire à Saint-Martin. Qui doit payer les frais de transformation de la salle en logement ? Où installer la salle communale ?
 Le vicaire ou le Conseil communal
         L’arrivée d’un vicaire bouscule en effet la situation. Comment le loger alors que la pièce du premier étage prévue comme devant être sa chambre sert de salle communale ? C’est ce qu’explique le Conseil fabrique dans une lettre qu’il adresse à l’Intendance générale de Nice le 24 novembre 1846. Or, poursuit-il, la salle communale officielle est à La Roquette. Lorsque c’est au tour de Saint-Martin de prendre la direction de la commune -et on a vu que depuis le règlement de 1786 la gestion doit être alternée- les réunions peuvent très bien se tenir dans la maison du syndic ou dans celle du secrétaire communal estime le Conseil[250]. On a envie d’ajouter, et c’est ce que doivent aussi penser les fabriciens : comme avant la Révolution. C’est en effet ce qui apparaît dans les délibérations du Conseil communal des années 1780. Le conseil est réuni « in S. Martino Varo e nella casa di quello abitanti » où il a coutume de se réunir. On ne dit pas de quel particulier il s’agit[251].  C’est donc probablement à partir de la Révolution qu’on a pris l’habitude d’utiliser le premier étage du presbytère comme salle communale.
         Le Conseil communal semble favorable à une réaffectation paroissiale. Il se réunit le 12 juillet 1846 pour délibérer sur le rapport du 22 avril présenté par « l’ajutante ingegnere Fricero » relatif aux travaux à effectuer au logement du « parocco » et du vicaire. Le conseil précise que les paroissiens ont déjà payé 189 lires et le rapport Fricero évalue le travail à 276 lires. Au regard des patentes du 6 janvier 1824 ces travaux sont à la charge des paroissiens. Or la fabrique n’a pas de fonds disponibles. Les revenus sont nuls et l’argent ne provient que des collectes que les fabriciens organisent « in tempo dell’oglio o de vino ». Mais les récoltes sont trop faibles… et les impositions locales et provinciales trop élevées du fait des très importants travaux d’aménagement liés à l’endiguement. Le Conseil de fabrique estime qu’il faudrait faire payer le concessionnaire de l’endiguement puisque le vicaire a été nommé en raison de l’augmentation de la population due à l’endiguement et qu’il doit en particulier assurer un service auprès des ouvriers du chantier. Ceux-ci sont nombreux et pas toujours en bonne santé. Plusieurs sont « in punte di morte » et il faut quelqu’un pour leur administrer les derniers sacrements[252]. Les gestionnaires de l’endiguement feront la sourde oreille et les travaux seront effectués, a minima, sur les ressources de l’administration paroissiale.
 Une tribune disputée
         Mais l’utilisation de cette salle, qu’elle soit paroissiale ou communale, posait une difficulté. Elle communiquait avec la tribune[253] … et la salle en était le seul accès ! Ce passage a très certainement été à l’origine de quelques difficultés antérieures mais en 1846 on en arrive à l’épreuve de force. Le syndic, Casimir Mandina, de Saint-Martin[254], décide de fermer la porte de la salle donnant vers la tribune. Don Barelli, le curé, s’en plaint à l’évêque : il ne peut plus accéder à la tribune et aux deux armoires qui s’y trouvent, l’une renfermant les registres paroissiaux et l’autre du linge d’autel. En outre cette fermeture empêche l’ingénieur Fricéro de venir y entendre la messe, ce que le curé lui a permis moyennant un don de huit lires par an. Et ce qui est plus grave le vicaire, un nommé Baudoin, ne peut toujours pas s’installer[255].
         De l’évêché l’affaire passe à l’intendance générale. Le 30 août l’intendant demande au maire de laisser libre le passage vers la tribune[256]. En octobre le curé se plaint à nouveau à l’évêque des agissements du maire[257]. Mandina se défend. Le 2 décembre 1846 il écrit à l’intendant et explique qu’il a dû faire des travaux à « la sala consolare ». On a refait, explique-t-il, le carrelage avec des mallons « di Marseglia ». Mais quelqu’un a marché dessus. D’ailleurs il faudrait définitivement empêcher le passage par cette salle, surtout les jours de fête, non seulement pour les « cantori », mais aussi pour tous ceux qui ne trouvent pas de place dans l’église et qui s’entassent « nelle sala consolare » pendant la messe[258]. Il est évident que cette situation ne convenait à personne, ni au curé qui attend son vicaire, ni au maire qui cherche une salle d’utilisation pratique.
          L’affaire trouvera une solution lors d’un deuxième mandat de Casimir Mandina en 1849. Le maire a résolu la question en déplaçant chez lui, placette Soutrane, la salle communale et l’école[259]. Cette situation durera jusqu’en 1860, période au cours de laquelle Mandina est maire pendant huit ans[260]. En 1860 Mandina est écarté par le gouvernement sarde en raison de son hostilité au rattachement de Nice à la France. Il est remplacé par Félix Raybaudi qui, lui, y est favorable. Mandina a sans doute manifesté au nouveau maire quelques réticences au sujet de l’utilisation municipale et scolaire de sa maison. D’où la décision rapide de Félix Raybaudi de construire d’une mairie-école sur la nouvelle place du village. Son utilité et son coût seront contestés par les Roquettans. La profonde discorde qui s’ensuivra est directement à l’origine de la séparation des deux villages et à leur érection en communes distinctes en 1867[261].
 
 
          On a vu que la nouvelle politique routière du gouvernement sarde à partir des années 1840 a un effet direct sur le village de Saint-Martin. Jusque-là l’état-major sarde s’opposait à tout aménagement frontalier susceptible de faciliter une attaque ennemie. Ainsi s’explique le sous équipement routier des vallées du Var, de la Tinée et de l’Estéron, comparé à la vallée de la Roya ou à celle de la Vésubie par Levens et Duranus. Ses résistances cèdent au milieu du XIXe siècle, rendant possible la mise en œuvre de trois grands chantiers : l’endiguement de la rive gauche du Var qui commence au Baus-Roux en 1845 ; la construction d’un pont, entre le quartier du Baus-Roux et le quartier de La Madeleine en bas de Gilette la même année ; le percement des gorges de La Mescla à partir de 1853[262].
         La Roquette Saint-Martin est directement concernée par ces chantiers ; la carrière de pierres destinées à l’endiguement est au Baus-Roux et plusieurs immeubles destinés au logement sont construits à Saint-Martin. La population augmente ; sa composition change. Elle varie aussi au gré des besoins des chantiers. A partir des années 1860 se font sentir les premiers effets des aménagements routiers. Saint-Martin devient un lieu d’étape entre Nice et la montagne. Sa population passe de 1866 à 1892, de 456 à 548 habitants[263].
 Et toujours la tribune
         Ces changements ont un effet direct sur la vie de la paroisse. On a vu qu’un vicaire est nommé. Mais bien des difficultés demeurent. Par exemple celui de l’affluence les jours de fête. La tribune -encore- est au centre de ce problème. Le départ de Mandina et du Conseil communal ne résolvait en effet pas tout. L’accès à la tribune restait problématique. Il fallait toujours passer par le presbytère pour y accéder … et on pouvait y accéder sans passer par l’église. La salle et la tribune étaient devenues des lieux à part, à peu près incontrôlables.
La fréquentation de la tribune et de la salle est cause de scandale estime le Conseil de fabrique dans sa réunion du 13 mars 1849[264] . Il prend une mesure radicale et décide d’y remédier avec la construction d’un escalier construit sur le sol de « l’antico cimitero ». Cet escalier offrirait aussi un passage vers le clocher et permettrait de ne plus avoir à passer par les combles du presbytère pour y accéder. La fabrique a un fonds libre de 550 lires. Le descriptif des travaux suit : une porte au premier plan et un passage au deuxième vers les combles de l’église et le clocher. On prévoyait aussi de fermer à clef la porte de communication entre la tribune et le presbytère. Le coût est de 370 lires, inférieur aux fonds libres de la fabrique, 550 lires. L’évêque, Dominique Galvano, donne son approbation et ajoute qu’on doit prévoir trois clés pour cette porte, une pour le syndic, une pour les fabriciens et une pour le curé afin qu’il puisse aller aux archives et aussi prier sans devoir sortir du bâtiment[265].
         Mais les désordres persistent. En 1852 le curé, Paul Daniel, se plaint à l’évêque. Il faudrait interdire l’accès à la tribune, « la quale e divenuta l’asilo dei ciarloni, disturbatori e per fino, oh Dio ! dei ginochi, negozzi e fumerie ». Il n’est pas arrivé à faire cesser ces comportements, de même qu’il n’est pas parvenu à fermer la porte qui, du chœur conduit à la sacristie où, à chaque fête, on crée de la perturbation. Et le curé poursuit en se plaignant amèrement des difficultés de son ministère dans une « parrochia irreligiosa, bestemmiatrice, ingrata, sediziosa, sensa educazione, senza carattere ». La solution serait d’agrandir l’église. Il faudrait pour cela, explique-t-il, vendre sept oliviers et une terre « gerbida »[266].
 Agrandir l’église Saint-Roch ?
          La question de l’agrandissement de l’église est récurrente. La population a considérablement augmenté. L’abbé Charles Rostagni à peine nommé, présente un rapport en ce sens au Conseil de fabrique le 10 mai 1879 : le quart seulement de la population évaluée à 507 personnes peut entrer dans l’église. Il faut ajouter « la population flottante aussi qui va s’agglomérant autour de cette paroisse à cause des travaux du canal de la Vésubie et des travaux de toutes les communications ». Il faudrait agrandir sur les côtés : vers la maison de Fricéro, le propriétaire de la maison contiguë ; vers le presbytère ; et sur le devant. Et aussi faire l’acquisition d’une maison voisine, avec un petit jardin, « car l’habitation qui lui est désignée présentement n’offre aucune aisance »[267].
         Réuni en séance extraordinaire 18 mai 1879, le Conseil de fabrique approuve la demande, sauf l’achat d’un nouveau presbytère. Il ajoute que la sacristie est dépourvue d’armoires. « Les linges et les ornements sacerdotaux sont laissés à la merci de la poussière ». La fabrique n’a pas les moyens. La municipalité ne peut pas créer de nouveaux impôts en raison des mauvaises récoltes. Il faut obtenir un secours du département et de l’Etat[268].
         Le maire Louis Bottin adresse sans tarder au préfet un courrier l’informant de l’avis favorable du Conseil de fabrique pour une demande de secours de 15000 francs[269]. Sans résultat. La demande fut, estime le Conseil de fabrique, « fort sévèrement jugée et peu fondée dans la mesure où la fabrique ne définissait pas son apport financier »[270]. Le 3 juillet le Conseil de fabrique, toujours sous la plume du curé, renouvelle sa demande : on y explique que la fabrique a vendu tous ses biens pour subvenir aux besoins de l’église. « Elle a donné à la commune, dans le but du développement du pays, une surface de terrain, de la porte de l’église jusqu’à la gendarmerie. Or ayant gratuitement cédé ce terrain ne semble-t-il pas raisonnable qu’elle puisse participer aux subventions données par le département et par l’Etat ? ». « Cette paroisse a beaucoup souffert des marécages du Var et présentement aussi, outre que les familles sont toutes encore ébranlées des suites des fièvres[271], il y a encore une trentaine de personnes qui sont atteintes, ce qui empêche de passer chez les propriétaires pour faire des quêtes ou des souscriptions pour la paroisse »[272]. Et le 6 juillet le Conseil de fabrique réussit difficilement à trouver quelques fonds : 380 francs sur des recouvrements de créances et 400 francs sur le budget 1880[273].
Le projet restera sans suite. Charles Rostagni demandera sa mutation et quittera la paroisse quelques mois plus tard. Son successeur, Augustin Brochery, restera moins d’un an[274]. Deux curés qui ne font que passer. Serait-ce le signe d’un problème paroissial et de la difficulté à pourvoir correctement la fonction ? Il faut vérifier.
 Note sur les nominations des curés
         Une rapide présentation statistique s’impose : à Saint-Martin de 1804 à 1859, 13 curés se sont succédés, soit presque 4 ans de fonctions en moyenne ; de 1859 à 1957, pour16 curés, la moyenne ressort à 6 ans. Soit pour la période 1804-1957, 29 curés, moyenne 5 ans.
         Comparons avec la Roquette : de 1802 à 1851, 7 curés, soit presque 6 ans de fonctions ; de 1841 à 1956, 13 curés soit 8 ans. Pour 1802-1956, 20 curés soit une fonction moyenne de 7 ans et sept mois.
         Et pour analyser ces données avec un bon point de comparaisons, prenons l’exemple de Levens de 1802 à 1968, 27 curés, soit une moyenne de 6 ans et 2 mois.
         La desserte paroissiale de Levens correspond à peu près à la pratique générale des nominations, autour de 7 ans. La Roquette est un peu au-dessus, Saint-Martin est au-dessous, surtout en raison de la faible stabilité de la première moitié du XIXe siècle.
         A La Roquette comme à Saint-Martin la durée des fonctions dépasse rarement dix ans, mais à La Roquette la moyenne est influencée par trois longs exercices : Louis Baudoin, originaire de La Roquette, 1820-1833, soit 13 ans ;
Louis Raynaud, originaire de La Roquette, 1851-1879, soit 28 ans (!) ; Calixte Malplat, 1911-1925, soit14 ans. On pourrait ajouter Jean Baptiste Maurel, curé de 1968 à 2000, soit 32 ans, mais cette période n’est pas comprise dans cette statistique.
         A Saint-Martin on ne note que deux exercices de longue durée : Paul Rémond, 1913-1927, soit14 ans ; Victor Mouron, 1945-1957, soit 12 ans[275].
 
 
          La loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905 marque évidemment un bouleversement dans le financement du culte et la gestion des biens des paroisses. « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes », précise son article 2. Ce même article poursuit en supprimant les établissements publics du culte, les fabriques et les menses. Leurs biens devaient être transférés à des associations cultuelles dans le délai d’un an faute de quoi ils seraient dévolus aux communes.
         La loi fut critiquée par Pie X dans l’encyclique Vehementer nos du 11 février 1906 parce qu’elle constituait une rupture unilatérale du Concordat et parce qu’elle mettait en place des associations cultuelles incompatibles avec l’organisation hiérarchique des fonctions ministérielles du curé et de l’évêque. Les cultuelles ne furent donc pas mises en place par les Catholiques.
       L’inventaire à Saint-Martin
         A défaut d’association cultuelle les biens mobiliers et immobiliers devaient donc être transférés aux communes. L’opération nécessitait un inventaire préalable. Celui de la paroisse de Saint-Martin fut réalisé le 21 février 1906 en présence du receveur des Domaines de Levens, du maire Joseph Laurens, du curé Ferrier ainsi que de Charles Merenda et A. Calviera membres du Conseil de fabrique. Après l’inventaire, les fabriciens, Charles Merenda, président, A. Calviera, trésorier, Gazagnaire, Dozol, Mathieu Bottin et le curé Ferrier, réunis en conseil, rédigèrent une protestation précisant qu’ils n’ont assisté à l’inventaire qu’à titre de témoins et qu’ils font toutes les réserves, faisant valoir les droits acquis par Nice lors du rattachement de 1860[276].
         L’inventaire dresse une liste de 194 objets, ou groupes d’objets, allant des nappes d’autel aux registres de catholicité, des vases sacrés aux vêtements sacerdotaux ; on y trouve même les bouquets de fleurs artificielles ! Parmi les biens les plus visibles, on peut noter trois cloches, plusieurs statues -Sacré Cœur, Immaculée Conception, saint Joseph, « en bois doré, usée », Notre-Dame du Rosaire en « mauvais état », saint Martin, Saint Roch, Saint Antoine de Padoue et « une petite statue en marbre de la Sainte Vierge avec l’Enfant-Jésus avec couronne en argent »[277], « un grand lustre en cristal », etc. La valeur totale est de 1411 francs. La valeur de l’église est de 500 francs, celle du presbytère de 500 francs aussi[278].
         L’inventaire ne présente aucune fondation mais fait état d’une mense curiale composée de deux titres de rente sur l’Etat à 3%, l’un de 496 F, 29, l’autre de 1688 F, 32[279].
         Ces biens, rentes, meubles et immeubles, sont transférés à la Commune. Enfin, le 1er décembre 1907 le Conseil municipal vote favorablement pour une attribution de ces biens au Bureau de bienfaisance à défaut d’association cultuelle[280]. L’église sera, en application des dispositions législatives ultérieures, affectée au culte catholique et mise à la disposition du curé desservant.
         Parmi les premiers effets financiers de la loi, il faut noter cette décision du Conseil de fabrique qui le 20 avril 1906 vote une aide au curé pour compenser la perte du traitement[281]. Une autre époque commençait. On l’illustrera en mettant en valeur l’action pastorale et temporelle de l’abbé Roux.
 Les travaux de l’Abbé Roux
         Les débats autour d’un éventuel réaménagement de l’église ont très probablement renvoyé à plus tard la décoration de la nef. L’inventaire de 1906, on l’a vu, ne mentionne guère qu’une demi-douzaine de statues et « un grand lustre en cristal »[282]. L’abbé François Roux, curé de 1906 à 1913, a donné une forte impulsion à ces aménagements. Il a, pratique nouvelle, tenu un mémento de ses activités. Il faut évidemment voir dans les initiatives qui suivent une réaction de vitalité de la paroisse face à une loi de séparation jugée néfaste et hostile.
          Voici quelques extraits de ce cahier : en 1909, achat de deux anges porte lumière, d’une crèche à onze personnages, d’une statue de N.D. du Rosaire, « offerte par la Confrérie des Enfants de Marie », aménagement de fonds baptismaux « en marbre artificiel exécutés à Saint-Martin-du-Var par la Société des Josilites »[283], etc. En 1911, pose de bancs à la tribune, achat d’une « lampe-lustre en cuivre doré », d’un lustre en cristal « offert par les Enfants de Marie et Mr le Curé », construction d’un trottoir le long de l’église et du presbytère, « transformation de la toiture et aménagement d’un appartement pour l’hiver ». En 1912, achat d’une statue de Jeanne d’Arc, « souscription faite par Mmes Rosa Noble et Victorine Florier », achat de nouveaux bancs pour les enfants, « peintures, guirlandes et réparations à l’église exécutés par le peintre Perino Sebastiano », etc.[284].
         Un siècle et demi après le début de sa construction l’œuvre est ainsi accomplie. Elle mêle dans un harmonieux équilibre le néobaroque et le style sulpicien. Pas pour longtemps ! Moins de cinquante ans plus tard, en 1957, -après le départ de l’abbé Mouron- à l’initiative d’un curé[285] soucieux de simplicité, ces décorations ont été en très grande partie badigeonnées[286] et l’église était dépouillée de la plupart de ses ornements : les statues enlevées ; la table sainte retirée, la chaire supprimée, les lustres vendus, l’autel réduit ... et l’installation électrique modernisée. Son successeur, Pierre Bermejo, procèdera dès le début de son installation à plusieurs restaurations, dont celle de la table sainte. La pose de l’actuel, et monumental, maître-autel en pierre date du milieu des années 1960[287] et s’inscrit dans le contexte de la réforme liturgique issue du Concile.
 
 
          On est ici hors sujet, puisque Plan-du-Var est un hameau de Levens. Son histoire religieuse est distincte de celle de La Roquette et de Saint Martin. Apparemment du moins. L’église Sainte-Anne qui y est construite au début du XXe siècle est trop loin de Levens -plus de dix kilomètres- ... et toute proche de la Roquette, plus précisément de son quartier de Baus-Roux. Sans le développement industriel de celui-ci il n’y aurait pas d’église à Plan-du-Var. C’est ce qui permet de dire que Sainte-Anne est d’abord l’église du Baus-Roux, quartier de La Roquette et que cela justifie sa place dans ces Notes d’histoire religieuse.
Enfin, il y a une raison supplémentaire de s’y intéresser : cette église, ainsi que ses locaux annexes et les deux appartements, ont été construits après 1905 et sont donc la propriété de la paroisse, d’abord celle de Plan-du-Var, puis, depuis la refonte paroissiale réalisée en 2000, de la paroisse Saint-Benoît-les-Oliviers dont font partie La Roquette et Saint-Martin.
 Une agglomération ouvrière
         La fin des années 1890 marque un tournant majeur dans l’évolution de cette partie de la vallée du Var, de Saint-Martin à Plan-du-Var. L’arrivée du chemin de fer en 1892 et la mise en service de l’usine hydroélectrique du Gabre de Bonson en 1890 ont favorisé l’établissement d’industries nouvelles. Une simple énumération suffit à éclairer l’ampleur du changement :  l’usine de Céramique industrielle des Alpes-Maritimes, créée par la Société Véran et Compagnie en 1897 est transformée en briqueterie en 1905 ; cette société reprend dans le même temps l’exploitation de la carrière de gypse de l’Adrech à Saint-Martin ; la Société niçoise d’électro-chimie construit au Gabre une usine qui tire parti des capacités croissante de l’usine hydroélectrique voisine ; la Société des chaux et ciments Thorrand et Durandy s’installe au Baus-Roux et aux Traverses au tournant de 1900 ; la Société des Josilites de l’ingénieur Alexandre Josia construit au quartier de l’Abeï, au quartier « La Parisienne », une usine de marbre artificiel ; elle est remplacée quelques années après par la Compagnie parisienne des ciments portland et plâtres de la Côte d’Azur ; en 1916 commence au Baus-Roux la fabrication de chlore par les Etablissements Chiris et Jancard[288]. Dans cette partie de la vallée, de Plan-du-Var à Saint-Martin, la population double en 19 ans : 598 habitants en 1892 et 1182 en 1911. Elle est de 1431 habitants en 1926[289]. 
         Le bouleversement démographique et social est immense, particulièrement autour de Plan-du-Var. Ce hameau de Levens, voisin du Baus-Roux, est né de la route construite par les Sardes dans les années 1850 pour desservir les vallées. Le lieu était jusque-là inhabité. L’endiguement a favorisé son développement mais son essor est très directement lié aux usines du Gabre et à l’arrivée du chemin de fer en 1892. L’ouverture de la ligne de tramways dans la vallée de la Vésubie en 1909 consolide cette position. Plan-du-Var forme alors avec le Gabre de Bonson et le Baus-Roux une sorte village. On y ouvre une salle de classe en 1902[290]. Cette agglomération compte près de 500 habitants vers 1910. Et elle est dépourvue de tout lieu de culte. Cette situation n’a pas échappé à un prêtre dauphinois, l’abbé Henri Chatain, familier du lieu depuis que son frère était ingénieur dans la cimenterie du Baus-Roux chez Thorrand et Durandy[291]. Il forme alors le projet de construire une église et de faire de Plan-du-Var une paroisse à part entière.
 Le projet de l’Abbé Chatain    Cahier d'illustrations
         L’Abbé avait clairement entrevu les possibilités de développement de l’endroit, Plan-du-Var comme étape, le Baus-Roux comme agglomération industrielle. Il poursuivait un double objectif : il voulait fournir, au moyen d’un vaste presbytère, un logement aux prêtres qui faisaient étape à Plan-du-Var sur la longue route qui les menait vers leurs paroisses de montagne[292] ; il voulait aussi, en demandant l’établissement d’un prêtre résident, soulager « l’extrême abandon moral où vivait une agglomération ouvrière éloignée de tout centre religieux »[293]. Sur le premier aspect du projet, il ne se révéla pas très visionnaire. Le développement de la voie ferrée Nice-Digne, puis la construction des lignes de tramway dans les vallées rendaient l’étape inutile pour ses confrères de la montagne. Il restait le projet pastoral, pour le Baus-Roux et Plan-du-Var. La construction d’un cimetière[294] à mi-chemin des deux hameaux éclaire l’unité de l’ensemble.
         Matériellement le projet ne manquait pas d’ambition car l’Abbé ne souhaitait pas construire seulement une église mais ce qu’on appelle aujourd’hui une cité paroissiale, avec une grande salle et deux vastes appartements. La première pierre est posée le 5 février 1910 ; la première messe y est célébrée le 23 juillet 1911. Il ne manque plus qu’une mairie. Les habitants du lieu la réclament depuis quelques années. Ils ont déjà formé une demande en ce sens au Conseil municipal de Levens en 1905. Ils recommenceront, en vain, en 1922[295].
         Le financement du bâtiment a été assuré par Henri Chatain lui-même et par des dons. Dans l’église une plaque de marbre dresse la liste des plus généreux donateurs[296]. L’église est placée sous le patronage de sainte Anne. Une chapelle latérale est dédiée à son saint patron, saint Henri -Henri II empereur du Saint Empire romain germanique-. Il serait intéressant de savoir comment les habitants du lieu ont pris la chose quatre ans plus tard dans le climat de germanophobie de l’époque ! L’Abbé, devenu curé entretemps, a certainement dû expliquer qui était cet Henri II. Henri Chatain reste curé jusqu’à sa mutation en 1931. Paul Macario lui succède jusqu’en 1939. La desserte sera par la suite assurée par les curés de Saint-Martin.[297].
 
 
      La chapelle Notre Dame Del Bosc est située au quartier de La Lausière, lieu-dit « La Madone », au carrefour du chemin qui conduisait de Saint-Martin à Bonson le long du Var et du chemin conduisant de Saint-Martin à La Roquette.
 Une fresque célèbre   Cahier d'illustrations
          Elle est célèbre pour la fresque qui orne son abside en cul-de-four[298]. L’archiviste et historien Léo Imbert la décrit ainsi en 1948 : En haut, « trône un Christ de majesté, le globe dans la main gauche, la droite levée dans le geste de bénédiction, dans un encadrement d’arbres stylisés où on a reconnu les figures d’Adam et Eve ; puis au-dessous dans une rangée de médaillons ovales, les quatre évangélistes en buste, Matthieu et Marc à gauche, Luc et Jean à droite, tous la plume à la main devant leur écritoire »[299]. « Le registre inférieur, juste au-dessus de l’autel compte cinq tableaux : au centre sainte Anne et la Vierge apprenant à lire à l’Enfant-Jésus ; de part et d’autre, dans des compartiments séparés par des colonnes torses, à gauche saint Roch et saint Pierre, à droite saint Antoine Ermite avec son bâton à clochettes et un livre ouvert, saint Sébastien percé de flèches au poteau de torture »[300].
         A droite de la tête de Sainte Anne on peut lire l’inscription suivante : « Hoc opus sanc fecit fieri petrus bellotru estson gubernatoris nicie » et à gauche une indication ou on peut reconnaître avec difficulté[301] la date du 31 mai 1526. En bas au pied de Sainte Anne : « Andreo de cella pinsit ». Signification de tout cela : la fresque a été commandée par Pierre de Belletruche gouverneur de Nice au début du XVIe siècle, une des plus hautes autorités de la province ; le peintre est Andrea de Cella[302], connu pour être l’auteur de fresques à Roure et à Entraunes.
 Gestion temporelle et pastorale        
         La chapelle est construite sur un terrain de plus de 7000 m², en partie en pâture et en partie en oliviers. L’ensemble appartient à la chapelle et est administré par des recteurs laïcs. La fondation est immémoriale. Sous la Révolution, elle est saisie, sans doute comme bien national, puis vendue le 8 brumaire an V à Joseph Baudoin « acquéreur des biens de l’église à cette époque ». Elle est rétrocédée à la fabrique de La Roquette le 21 juillet 1839[303]. Celle-ci en retire des revenus[304]. La matrice cadastrale de 1867 permet d’en définir la consistance, aucun legs n’ayant été fait entretemps autour de la chapelle.
         Elle est administrée depuis le Concordat par la fabrique de La Roquette. La séparation des deux villages en deux communes distinctes en 1867 n’a pas modifié cette situation juridique même si la chapelle est située sur le territoire de Saint-Martin-du-Var. On la retrouve dans l’inventaire dressé en 1906 comme propriété de la paroisse de La Roquette[305] et à ce titre, vu l’absence d’association cultuelle, elle fut transférée à la commune de La Roquette-sur-Var.
         Le lieu a connu, au moins par intermittence, une activité religieuse. On en trouve encore des manifestations après la Révolution.
         La fabrique de La Roquette signale en 1903 que quatre messes basses doivent être célébrées à « Sainte Marie Del Bosco ou au maître autel de l’église paroissiale la seconde fête de Pâques, le 25 mars, le 15 août et le 8 septembre » et cela en vertu d’un décret de Monseigneur Colonna d’Istria évêque de Nice[306]. La fabrique perçoit en effet des revenus sur les oliviers. Elle loue cette campagne 50 francs par an en 1874[307]. Hippolyte Baudoin dans un rapport au Conseil municipal du 17 février 1875 lui reproche de ne pas employer ces revenus à l’entretien de l’édifice. La chapelle est délabrée et la commune a dû payer 160 francs de travaux urgents. Baudoin demande qu’à l’avenir l’entretien soit assuré « par le conseil municipal » et plus par la fabrique[308].
         Mais les difficultés sont nombreuses, « la cherté de la main-d’œuvre, la grande difficulté de trouver un preneur sérieux pour un bail de neuf ans et l’extrême pauvreté de l’église et des paroissiens » pèsent sur l’administration du bien. Le revenu baisse ; il n’est plus que de 15 francs en 1903[309]. Les fabriciens en arrivent même à demander à l’évêque la possibilité de proportionner le service de messes au revenu net, déduction faite des charges et de l’entretien[310].
         Peu à peu le service religieux de la chapelle s’est réduit. Une messe par an, parfois deux, à l’occasion d’une fête votive ou exceptionnellement d’une communion rassemblant des enfants de La Roquette et de Saint-Martin[311].
         On remarquera en marge de ces considérations fabriciennes que la chapelle a attiré l’attention de Villain-Moisnel, l’adjudicataire de l’endiguement du Var. L’évêque a autorisé par décret du 1 août 1847 son chapelain F. Baudoin à y célébrer la messe les jours de fête. Le curé de La Roquette demande l’autorisation à l’évêque, avec le soutien de Villain-Moisnel et l’approbation de la fabrique, de construire une petite sacristie, et d’acheter une « bellissima » armoire pour les vêtements sacerdotaux ainsi que quelques bans pour sa famille et « altre persone distinte »[312]. La démarche n’aboutira pas. Etonnante proposition. Les commentaires des curés de Saint-Martin présentés ci-dessus sur l’affluence des fidèles et sur le comportement de certains d’entre eux explique peut-être cet entre-soi. A moins tout simplement que les cadres du chantier n’aient pas voulu côtoyer leurs ouvriers.
 Vandalisme
         On ne découvre le grand intérêt de la fresque d’Andrea de Cella qu’au début du XXe siècle. Léo Imbert souligne le rôle qu’a joué le peintre Gustav-Adolf Mossa dans la découverte des chapelles rurales du Comté de Nice et dans leur exposition au public grâce à une série d’aquarelles présentées à Nice au Musée Masséna[313]. Celle de Notre Dame Del Bosco à été réalisée en août 1913. C’est un véritable document d’archives doublé d’une œuvre d’art. Dans sa courte présentation parue en 1951 Imbert signale que c’est Gustav-Adolf Mossa qui a déchiffré l’inscription[314].
         La fresque est classée le 10 novembre 1928[315]. Mais la chapelle se dégrade. Louis Cappatti le déplore dans Nice Matin du 16 août 1964 : « La petite église est pitoyablement abandonnée. Plus de porte. Le porche est abîmé. On a fait du feu dans le bâtiment et de grossiers graffiti décorent les images de douceur recueillie. Un cri d’alarme s’impose »[316]. Des travaux sont effectués. Une porte en fer est posée. 
         En 1977 le vandalisme reprend de plus belle. La porte en fer a été sortie de ses gongs. La grille de l’oculus au-dessus de la porte a été arrachée. Depuis plusieurs mois semble-t-il la chapelle est la proie des vandales.  Pierre Bodard alors vice-président de l’Institut de préhistoire et d’archéologie des Alpes-Maritimes fait sur place l’inventaire des dégâts : les visages de plusieurs personnages ont été grattés, tel par exemple celui de saint Sébastien ; celui de saint Roch a été rayé[317].
         Trois ans plus tard, un artiste, Pierre Adrien Ekman, propose à la commune de La Roquette de restaurer les fresques bénévolement. « Fort heureusement, explique-t-il, de grandes surfaces restaient encore à peu près intactes, ce qui m’a permis de reconstituer le tout sans trahir l’auteur, notamment en ce qui concerne les couleurs restées étonnamment fraîches »[318].         On a pu s’interroger sur la fidélité de la restauration. Mais il faut préciser que les retouches sont limitées. Un examen attentif permet de constater que des parties importantes de la fresque n’ont fait l’objet d’aucune retouche, tel le cul-de-four ou le motif central, sainte Anne portant la Vierge sur ses genoux. C’est dans le cadre de cette restauration qu’une nouvelle porte a été posée. Le porche, complètement en ruine, a été reconstruit peu de temps après.
 Approche critique : les trois Madones
         Le plan de l’ingénieur Guibert de 1678 ne mentionne pas de chapelle là où se trouve l’actuelle Madone Del Bosco. Par contre il indique tout près des maisons de Saint-Martin, entre la scierie du Comte Léa et les moulins de la commune, c’est à dire, approximativement entre l’embranchement de la route de La Roquette sur la 202 et l’Hôtel de Ville, un édifice religieux qu’il nomme « La Madona ». C’est cet édifice qu’on retrouve dans le plan Cantu Durieu de 1759, mais sans mention. Par contre ce même plan indique l’actuelle chapelle Del Bosco sous le nom de « La Madona ». On notera que la matrice cadastrale de 1702 -simple relevé des propriétés, sans plan cadastral- fait état de plusieurs références à la Madone, avec ou sans Del Bosco, au quartier de « L’Euziere »[319].
         Enfin, quelle place et quelle force peut-on accorder à ce passage de la Chorographie du Comté de Nice de Louis Durante[320] : Saint-Martin « obtint même l’établissement de la paroisse dans l’église de la Madona del Bosco, ruinée en 1632 par une inondation » ?
La Madone Del Bosco est-elle la chapelle qu’on connaît aujourd’hui ou bien est-elle l’autre nom de l’église Saint-Martin comme semble le dire Guibert ?
Ajoutons trois éléments déjà vus ci-dessus : le nom de la paroisse « Vierge del Bosco et Chaire de saint Pierre » qui place la partie basse de la paroisse sous le vocable Del Bosco ; la carte du général Bourcet qui dénomme le lieu de Saint-Martin, « Notre Dame du Bois » ; et l’incontournable statue de la Madone Del Bosco qui est placée au centre du retable d’autel de l’église Saint-Roch[321]
         Y aurait-t-il eu à Saint-Martin trois lieux de dévotion à la Madone Del Bosco ?
 
 
          La chapelle Sainte-Catherine est située à quelques centaines de mètres de La Roquette au bord du chemin conduisant à Levens. Il n’en reste plus rien aujourd’hui. Endommagée lors du tremblement de terre du 2 févier 1887 elle a été détruite et remplacée au même endroit par une nouvelle chapelle « de beaucoup inférieure à l’ancienne »[322]. L’ancienne chapelle était en effet un édifice de 5,50 sur 10 m à abside à fond plat de 4,50 sur 3m. Un porche ouvrait sur le chemin[323]. Elle était construite sur un petit terrain lui appartenant et situé de part et d’autre du chemin.
 L’administration par la fabrique
         Avant la Révolution la chapelle est administrée par des « rettori ». Ils gèrent les dons et legs en faveur de la chapelle. On voit ainsi le 15 juin 1768 Gioanni Faraud constituer à Gio Ludovico André et Antonio Gilletta, « moderni rettori », un cens de 2 livres sur un terrain qu’il possède à l’Abeigl en paiement d’une terre vendue par la chapelle[324]. Celle-ci est propriétaire outre le petit terrain qui l’entoure d’une pièce d’oliviers située à proximité[325]. Sans doute son patrimoine était-il antérieurement plus important.
Le bien est saisi sous la Révolution puis vendu le 8 brumaire an V à Joseph Baudoin « acquéreur des biens de l’église à cette époque ». Le bien est rétrocédé à la fabrique le 21 juillet 1839[326].
En 1903 la fabrique de La Roquette, continuatrice de celle de Sainte-Catherine, faisait état de l’obligation de faire dire sept messes basses chaque année dans la chapelle, ou à défaut au maître autel de l’église paroissiale : le jour de la saint Claude le 7 juin, le 19 novembre pour la saint Récupérat, le 25 novembre pour la sainte Catherine et « les autres quatre ad libitum »[327]. En l’absence de traces dans le cours du XIXe siècle on peut penser que certaines de ces fondations remontaient aux siècles antérieurs.
          En 1850 deux parcelles, celle entourant la chapelle et la parcelle n°884 sont louées, avec deux autres terrains de la fabrique, aux Crottons et aux Clastras 245 lires[328]. Le 1er juin 1874 les oliviers sont loués à Joseph Audibert 105 francs[329]. En 1803 le terrain est loué 15 francs pour 9 ans à Antoine Roubaud[330].
 Le nouveau cimetière de La Roquette
         L’histoire de la chapelle est étroitement liée à celle du cimetière de La Roquette situé à côté de l’église. Celui-ci est notoirement exigu. Son extension est un problème récurrent depuis le début du XIXe siècle. Surtout depuis qu’on en a transformé en place -placette plutôt- la partie qui se trouvait devant l’église, côté gauche.  Le 12 juillet 1830 le curé Marco Rondelli[331] informe le vicaire général du projet formé par la municipalité de créer cette petite place devant l’église. C’est intéressant « per le domenicali processioni ». Mais il a fallu pour cela employer un tiers de la surface du cimetière. En outre la commune n’a pas fait ce qu’il fallait pour entretenir le lieu. Le cimetière n’est plus qu’un tas de terre. Les bêtes y entrent librement[332].
         Les règlements ne sont en effet pas respectés. Le Conseil communal dans sa séance du 26 août 1849 aborde la question des deux cimetières de la commune, celui de La Roquette et celui de Saint-Martin, et décide d’y remédier[333]. Les choses trainèrent pour celui de La Roquette, pas pour celui de Saint-Martin. L’urgence était en effet plus grande en raison d’un fort accroissement de la population et à cause des fièvres causées par la stagnation des eaux boueuses employées pour alluvionner les terrains gagnés sur le lit du Var. Le Conseil communal trouva rapidement un accord avec l’avocat Prosper Raybaud, propriétaire de terrains au quartier de l’Adrech, à moins de 200 mètres de l’église ... mais la montée était raide[334].
         A La Roquette les choses ont trainé. On a d’abord estimé qu’il suffisait d’ajouter cinquante centimètres de terre pour répondre aux règlements. Mais le mur de soutènement ne le permettait pas. Les finances non plus. La commune ne pouvait consacrer à chaque cimetière que 100 lires, ce qui était insuffisant pour La Roquette. Les choses en resteront donc là[335].
Trente ans après, en 1880, le conseil municipal de La Roquette-sur-Var fait le constat suivant : « Il est rare qu’on donne la sépulture à un corps sans en déterrer un autre. Ces faits scandaleux blessent autant le sentiment de la morale publique que ceux du respect qu’on doit aux morts ». Il faut l’agrandir « par une annexe contiguë au cimetière existant qui n’a qu’une surface de 80 m² », d’autant plus qu’il faut faire face à un afflux de population dû au grands chantiers, entretien de la digue, carrières du Baus-Roux, canal de la Vésubie[336]. Deux ans plus tard on finit par s’accorder pour agrandir le cimetière « du côté du nord et sur le terrain inculte appartenant à la commune »[337].
         Mais c’est toujours insuffisant. La loi impose en effet une distance minimum de 35 mètres séparant le cimetière des habitations et une surface de 3m² par inhumation, ce qui fait pour La Roquette, à neuf décès par an en moyenne, au moins 135 m² [338]. Le maintien du cimetière à cet endroit s’avère impossible.
Le 21 mai 1883 le Conseil municipal décide le transfert à Sainte-Catherine[339]. La fabrique cède le terrain qui entoure la chapelle, soit 20 m², pour dix francs. Le propriétaire de la parcelle n°1154, Ernest Raybaud, cède gratuitement 300m², ce qui laisse 200 m² pour le cimetière après déduction d’une bande de terre pour la déviation du chemin muletier et l’emprise de la nouvelle route carrossable vers Levens[340]. On en profite pour réparer la chapelle[341]. Le nouveau cimetière est situé de part et d’autre de l’édifice. L’accès se fait, explique l’architecte « par deux portes latérales, de chaque côté de la chapelle. Ces deux parties communiquent en outre du côté nord par un passage de 1m50 derrière la chapelle »[342].
 La démolition et la reconstruction de la chapelle Sainte-Catherine
         Le tremblement de terre de février 1887 a endommagé la chapelle. On ne connait pas l’étendue des dégâts mais il semble bien qu’on n’ait pas cherché à la réparer. Sans doute, comme on va le voir, cela arrangeait-il les choses. Le Conseil municipal décide le 12 juin 1887 de démolir la chapelle et d’en reconstruire une autre plus petite[343]. Cette solution avait l’immense avantage de ne pas couper le cimetière en deux et d’offrir quelques sépultures supplémentaires. Le 28 septembre 1889 le Conseil municipal décide, comme pour se faire pardonner, d’acheter une statue de sainte Catherine. Il participe pour 35 F et le Conseil de fabrique pour 25 F[344]. Une crypte a été aménagée sous la chapelle. La pierre de l’entrée porte l’inscription suivante : « Fidelium Rochetta Domus segunda donec tertia », ou si on préfère, deuxième demeure des fidèles de La Roquette dans l’attente de la troisième, c’est-à-dire le Paradis. Il reste une question. Les ossements que renferme la crypte ne seraient-ils pas ceux de défunts enterrés dans l’ancienne chapelle[345] ?
         On ne sait rien du décor de la chapelle détruite. Mais on peut imaginer qu’il s’y trouvait probablement une représentation de sainte Catherine. Si on accepte de s’engager dans cette conjecture on doit s’interroger sur le tableau représentant saint François d’Assise, saint Martin et sainte Catherine d’Alexandrie qui se trouve dans une chapelle latérale de l’église Saint-Roch à Saint-Martin. Il en a été question plus haut à propos d’un détail représentant La Roquette vers 1700.
         Peut-on bâtir une hypothèse ? Ce tableau aurait pu se trouver dans l’ancienne chapelle Sainte-Catherine comme tableau d’autel. Et après tout, la vue de La Roquette dont il a été question, a été prise à peu de distance de la chapelle. Après sa destruction le tableau ne trouvait plus sa place dans la nouvelle chapelle trop petite. L’église de La Roquette n’avait plus d’emplacement pour l’accueillir. Restait l’église Saint-Roch à Saint-Martin. Si cette hypothèse était un jour confirmée elle éclairerait de façon nouvelle les relations entre les deux villages.
 
 
          Le produit des fondations pieuses, et plus généralement des legs faits en rentes ou en biens immobiliers par les fidèles, peut constituer une source importante de revenus pour une fabrique : leur produit est régulier ou en tout cas à peu près prévisible et il est possible, dans certaines circonstances et avec l’accord de l’évêque, de les aliéner. On l’a vu avec les opérations réalisées par la chapellenie Saint-Roch.
 La fabrique de La Roquette offre au XIXe siècle un autre type de gestion organisé autour de la protection de quelques fondations et de quelques biens fonciers. La présentation qui suit n’a qu’une portée limitée comparé à ce qui se pratiquait dans des paroisses plus riches. La Roquette est cette époque un modeste village de moins de 350 habitants. On entrevoit cependant à travers ces quelques notes les linéaments d’une pratique qui éclaire bien des aspects de la vie paroissiale.
 La difficile protection des fondations de messes
         L’inventaire de ces fondations est difficile à réaliser sur la longue durée en raison d’une part des défauts d’accomplissement des obligations par les héritiers et d’autre part des suppressions opérées sous la Révolution. Mais la fabrique a conservé la mémoire de ces fondations ; plusieurs d’entre-elles ont été achetées par des fidèles comme biens nationaux et rétrocédées après la Révolution, ainsi que l’explique un syndic de la commune en 1818[346]. Il est ainsi possible à partir de cette mémoire conservée par la fabrique et des éléments fournis, d’une part par la matrice cadastrale de 1867[347] et d’autre part par l’inventaire de 1906, d’en dresser une liste significative.
         On rappellera pour commencer les biens des deux chapelles de N.D. Del Bosco et de Sainte-Catherine. Leur origine est immémoriale mais des intentions de messes leur sont attachées. On l’a vu plus haut. L’histoire des autres fondations se présente ainsi :
         Legs Gilletta: Giacomo Roubaud par testament du 16 janvier 1680 a légué à son neveu Gioaneto Revello une terre quartier La Balma à charge de faire célébrer chaque année deux messes de requiem chantées par le prieur de La Roquette pour le repos de l’âme de son épouse. Revello à sa mort avait cinq héritiers qui se sont partagés la charge du legs. Celui-ci échoit ensuite à Gio Antonio Gilletta qui lègue le 19 avril 1766 aux « rettori » de La Roquette une terre au quartier La Balmetta d’une valeur de 110 livres et d’un revenu de 5 livres 10 sous à charge d’une messe basse pour le repos de son âme[348]. On retrouve ce bien dans l’inventaire de 1906, qui précise qu’il a été loué le 6 décembre 1903 30 francs par an pendant 9 ans à Joseph Catani[349].
         Legs Barralis-Rusteghe : Dame Françoise Barralis, veuve d’Alexandre Laugieri, seigneur de La Roquette, a légué par testament du 12 juillet 1715 une somme de 100 livres pour l’achat annuel de deux cierges destinés à l’autel du Saint-Sacrement. La somme n’a pas été acquittée ; les marguilliers ont poursuivi ses héritiers et la dette a été reconnue par une sentence du « juge de commerce » le 2 mai 1768 avec les intérêts et quelques taxes soit 125 livres. Cette somme a été prêtée par les administrateurs de la fabrique de La Roquette, avec l’accord du curé Augustin Baudoin, à Jean Baptiste Rusteghe. La garantie était assurée par une hypothèque prise le 12 mai 1776 sur son terrain au quartier « Les Routes ». L’intérêt était de 6 francs par an. Rusteghe ne s’est pas acquitté de l’obligation mais l’hypothèque a été renouvelée le 10 septembre 1807 pour un capital réévalué à 150 francs pour tenir compte de l’inflation[350]. Le 4 avril 1884 François Martin, héritier de Jean Baptiste Rusteghe, promet de payer les intérêts d’une obligation de 300 francs au profit de la chapelle du Corpus Domini souscrite par feu son père le 29 avril 1844. Il « promet d’en payer les intérêts comme par le passé mais avec plus de régularité ». « L’original de cet acte sous seing privé se trouve dans l’armoire à trois clefs »[351].
         Legs Ambrogio Faraut. Ambrogio Faraut et son épouse Marguerite Verola lèguent par testament du 24 janvier 1818 une maison située « contrada Portalet » avec obligation d’aménager une chapelle pour les « confratelli della Santa Croce », là où l’administration paroissiale le jugera le plus utile. Les époux Faraut lèguent aussi une terre aux Crottons à charge de sept messes chantées pour le repos de leur âme[352]. Le fonds des Crottons vaut approximativement 1000 lires[353]. Il est loué en 1903 19 francs par an pour 9 ans à Rosalinde Aguillon[354].
         Legs Luans. Victoria Luans lègue par testament du 11 juillet 1823 une terre d’oliviers et de figuiers au quartier de La Vallière, valeur 115 écus de France soit 650 lires. Les messes doivent être célébrées par le curé de La Roquette[355].
         Legs Marguerite Vérola. Le 8 avril 1849 Marguerite Vérola, veuve en premières noces de Ambrogio Faraut, épouse de Claude Noble, lègue par testament un capital de 400 francs produisant un intérêt de 20 francs pour la célébration de quatre messes chantées par an[356].
         Legs Raynaud.  Dans son testament, Gaudence Raynaud, « laciando inubile tutta mia pocca eredita », lègue la plus grande partie de ses biens à la fabrique de La Roquette. Il en fait trois parts, une pour l’église, une pour les messes et une troisième pour les pauvres de la commune, y compris son frère et sa sœur Marietta, s’ils décèdent après lui. Il laisse à sa sœur 15 lires. Ce legs a posé deux difficultés : il a fallu organiser la répartition et tenir compte d’un passif important. Le 19 février 1853, Giulio Gabino et Pietro Carloni sont chargés de l’évaluer : les terres valent 1438 lires, la maison 303 lires et le four 50 lires. Le passif est de 720 lires[357].
         Legs Rosalie Gazagnaire. La fondation est du 6 janvier 1862. Elle doit servir à faire célébrer « quatre messes basses à l’autel de la Sainte Vierge les quatre vendredis de mars et à y faire brûler la lampe tous les vendredis de l’année » ainsi qu’une messe de requiem chantée les 10 juillet et 15 octobre de chaque année. Le revenu annuel de la rente est de 17 francs. « La famille Raybaud est chargée de surveiller l’exécution de ce legs »[358]. Ce legs est signalé dans l’inventaire de 1906 sous la forme d’une rente à 3% pour un capital de 561 francs[359].
         Rente Rose Revelat[360]. Sa constitution est du 23 février 1829. La fabrique est en procès avec Gaudence Baudoin pour une partie du capital légué[361].
         Fondation pour Elisabeth Raybaud. Elle porte sur une messe chaque 9 février. Elle est due par le curé en exercice pour la jouissance des oliviers du Coulet de l’Ouarte[362]. En 1903 l’obligation se présente ainsi : une messe pour Elisabeth et une autre, basse également, pour Jean Baptiste Raybaud au 27 avril toujours à la charge du curé pour la jouissance du même fonds appelé ici « Fontaine publique quartier de l’Abeïgl »[363].
         La fabrique possède également un terrain, quartier des Clastres, acheté à Michel Baudoin le 21 juillet 1839 au prix de 420 francs. Il s’agit simplement d’une opération réalisée par la fabrique, sans fondation de messe ou autre obligation pieuse. La fabrique en vend en 1880 une parcelle au prix de 20 francs pour construire le chemin d’intérêt commun n°18[364].
 La gestion des biens et des fondations
         Il est possible de donner quelques indications sur le revenu agricole des biens fonciers. En 1850 : Clastras, Sainte-Catherine et Crottons : 245 lires[365]. En 1873 : quartier « Vierge du bois[366] », 50 francs ; Sainte-Catherine 105 francs ; Clastras 200 francs[367].  En 1903 : La Baumette, 30 francs ; Sainte-Catherine, 15 francs, L’Euzière-La Madone, 15 francs ; Crottons, 19 francs. Soit un total de 79 francs. C’est peu comparé à la recette totale de la fabrique qui est en 1902 de 987 francs[368]. Il est évident que le revenu de ces biens a beaucoup baissé depuis le milieu du XIXe siècle. La fabrique ne peut plus faire face aux dépenses nécessitées par l’entretien de l’église. Cela a déjà été le cas après le tremblement de terre de 1887[369]. Et elle a encore besoin d’importantes réparations. Un mémoire du 17 septembre 1903 évalue le montant des travaux à 1346 francs[370].
         C’est dans ce contexte financier difficile que le Conseil de fabrique adresse le 3 juillet 1903 à l’évêque une demande en réduction du nombre d’intentions de messes à la charge de la fabrique. On dénombre en effet dans ce rapport un service annuel de 21 messes basses, 15 messes chantées et trois neuvaines de saluts au Saint-Sacrement. Les fabriciens estiment que cela ne correspond plus, dans plusieurs cas, au revenu des fondations, soit que les legs ne sont plus acquittés, soit que les revenus sont trop faibles. Ces charges sont classées par catégories. Dans la première on trouve les revenus régulièrement acquittés : Gazagnaire, Revelat, Elisabeth Raybaud ainsi que les messes que doit la fabrique elle-même de temps immémorial. Dans la seconde on trouve les legs qui ne sont plus acquittés. Cela concerne neuf fondations de messes, cinq basses et quatre chantées. Dans la troisième on trouve les services qui ne sont plus assurés en raison de la baisse des revenus : Gilletta pour Baumeta, Ambroise Faraut pour les Crottons, les sept messes basses de la chapelle Sainte-Catherine et les quatre de N.D. del Bosco[371].
         Ces difficultés éclairent quelques aspects de la gestion de ces biens. La fabrique a connu une période de relative prospérité au milieu du XIXe siècle comme en témoigne l’importance des revenus fonciers, l’achat du terrain des Clastres en 1839 ou encore l’achat en 1844 d’une monumentale statue processionnelle de N.D. du Rosaire en bois doré et coloré avec sa « sedia » surmontée d’une couronne portée par quatre colonnes. La commande a été passée auprès d’un sculpteur niçois, Giorgio Musso. Le prix est de 700 lires. Le Conseil de fabrique dans sa séance du 2 janvier 1844 propose d’assurer le financement de la façon suivante : 100 lires à prendre sur la « casa Giletta », 100 lires laissées par Marianna Raynaud née Gazagnaire, le produit de la piété de la population et le reste de la caisse des dons[372]. En réalité la fabrique s’endette. Son budget de dépenses pour l’année 1844 s’élève à 1296 lires, dont 700 pour la statue. Ses recettes s’élèvent à 1027 lires, dont 660 de « redditi di beni stabili »[373], montant qui correspond à peu près à ce qu’on a vu un peu avant.
 
         Le fonctionnement du Conseil de fabrique est surveillé par le maire et le préfet -ou l’intendant général- d’une part, par l’évêque d’autre part. Il est intéressant de noter cette critique du Conseil municipal de La Roquette faite en 1880 à propos de la vente du terrain acheté à Michel Baudoin en 1839 quartier Clastras-Collet et revendu peu de temps après pour 420 francs[374].
          On expose au préfet « que depuis 25 ans environ l’église est administrée par un Conseil de fabrique qui, quand il est renouvelé, si réellement il s’est toujours renouvelé conformément à la loi, est composé de conseillers qui sont toujours recrutés parmi les mêmes personnes et ayant comme Conseil de fabrique une existence plus ou moins légale. Ils administrent mystérieusement sans que personne ne puisse rien pénétrer et c’est pour cela qu’ils n’ont jamais invité aucun maire à assister au règlement des comptes ni à aucune réunion. Il est de notoriété publique que le trésorier de la fabrique dispose des deniers de l’église sans aucun contrôle et c’est ainsi qu’il a dépensé illégalement les 420 francs » (produit de la vente du terrain des Clastras). « Le Conseil demande à Monsieur le Préfet de faire cesser cet état de choses et d’intervenir auprès de Monseigneur l’évêque et d’ordonner une enquête pour vérifier les comptes à partir de 1860 puisque jamais aucun maire n’a assisté au règlement des comptes, si jamais il y en a eu ». « Le conseil n’a qu’un désir, celui que la lumière se fasse, et si le Conseil de fabrique a toujours administré en bon père de famille, le conseil sera heureux de le proclamer à la face de la population »[375].
 L’inventaire à La Roquette
La longue histoire de la fabrique de La Roquette s’arrête à 1905. La loi de séparation et ses lois d’application ouvrent une nouvelle page de la gestion du temporel de l’église ; les communes et l’Etat y ont acquis de nouvelles positions ; les curés y ont trouvé les moyens de gérer ces biens avec une grande liberté ; les laïcs y perdu tout moyen de gestion et de contrôle.
Au moment de quitter cette histoire antérieure il paraît utile de présenter l’état général des biens mobiliers et immobiliers de la fabrique de La Roquette tels qu’ils sont décrits par l’inventaire en 1906.
Cet inventaire est dressé le 8 mars 1906 par le receveur des Domaines en présence de Louis Deleuse curé, François Faraut président du Conseil de fabrique, Félix Unu (ill), membre et de Auguste Roubaut maire. Ceux-ci présentent un texte de protestation. Ils n’assistent à l’inventaire qu’à titre de témoins et font toutes les réserves de droit en particulier concernant « les droits acquis et garantis au Diocèse de Nice » par le traité portant annexion du Comté de Nice à la France[376].
         L’inventaire des biens mobiliers compte 144 rubriques. On se limitera à présenter ici les pièces de valeur dont l’estimation est au moins de 70 francs : un ostensoir en cuivre doré et argenté ; un ensemble de bijoux estimé 150 francs ; une chasuble blanche en drap d’or, 80 francs ; un ensemble de vingt chandeliers en cuivre doré, 300 francs ; une statue en bois doré de N-D. du Rosaire avec son brancard, 80 francs ;  huit statues estimées 250 francs : saint Pierre, saint Claude, sainte Barbe, saint Roch, saint Antoine de Padoue, saint Grat, Enfant Jésus, Immaculée Conception ; quatorze « stations du chemin de croix, neuves avec cadres en bois doré » 70 francs. Les trois cloches « du poids de 100, 150 et 300 kilos » ne sont pas estimées. L’estimation totale est de 2522 francs.
         L’inventaire des biens immobiliers non bâtis fait état des terres de la chapelle Sainte-Catherine, 300 francs, de celles de la chapelle N-D Del Bosco, 300 francs, du terrain de La Baumetta, 600 francs, du terrain des Crotons, 400 francs. Les biens bâtis sont : les deux chapelles, ensemble 200 francs, et le presbytère, 1500 francs. Le total est de 3300 francs.
L’inventaire des titres et rentes comprend : une rente à 3% de 627 francs produisant 17 francs (leg Rosalie Gazagnaire) ; une charge de « quatre messes basses annuelles et à perpétuité, 561 francs. Soit un total de 1188 francs (numéraire en caisse, 16 francs).
L’église (non estimée), presbytère[377] sol et maison, 600 francs et le cimetière, 200 francs sont indiqués au chapitre 2 de l’inventaire « Biens de l’Etat, des départements et des communes dont la fabrique n’a que la jouissance »[378].
Total estimé des biens de la fabrique :  7010 francs : biens meubles, 2522 francs ; titres et rentes, 1188 francs ; biens immobiliers bâtis et non bâtis, 3300 francs. Cette estimation ne comprend donc pas l’église Saint-Pierre puisque la fabrique n’en a que la jouissance. On remarquera que l’église de Saint-Martin appartient à la fabrique Saint-Roch « depuis un temps immémorial »[379]. On remarquera aussi que la matrice cadastrale de 1867 attribue la propriété de l’église et du cimetière à la fabrique. Pourquoi ce changement 40 ans après ?
 
 
          Ces notes d’histoire de La Roquette-Saint-Martin seraient incomplètes si elles ne présentaient pas la chapelle Saint-Joseph située au quartier de La Fubia, non loin du chemin qui conduit de La Roquette à Levens. L’édifice est certes situé sur la commune de Levens mais une partie des terrains composant la fondation sont situés sur le territoire de la commune de La Roquette-Saint-Martin. La chapelle est une propriété privée. Elle appartient aux Gilletta de Saint-Joseph. Son histoire est intimement liée à l’histoire de cette famille, et par suite à celle de Levens, leur berceau familial. On peut grâce au récent ouvrage de Philippe Gilletta de Saint-Joseph en retracer l’histoire.
La terre de La Fubia a été achetée par Verano Gilletta en 1630 pour 300 florins[380] . La chapelle a été construite en 1678 par un de ses fils Don Ludovico, chanoine de Saint-Jeoire en Savoie[381] où il a pris la succession de Pietro Giletta, théologien, conseiller du duc de Savoie … et homme de guerre[382]. Le frère de Don Ludovico, Gian Giacomo, lui aussi prieur de Saint-Jeoire lègue 1000 ducats à la chapelle en 1680[383], ajoute en 1681 une terre quartier L’Armella à Levens d’une valeur de 300 livres à charge d’une messe annuelle[384].
         Federico, un autre frère de Don Ludovico, lègue en 1712 divers fonds pour un total de 4000 livres afin de pourvoir aux besoins d’un chapelain, d’entretenir la chapelle et de faire célébrer à perpétuité une messe chaque dimanche ainsi qu’à chaque fête de la Vierge. Giuseppe Gilletta est nommé chapelain. La nomination de ses successeurs doit se faire par les descendants de Federico en respectant l’ordre de primogéniture, masculine d’abord et féminine à défaut. En l’absence de descendance la nomination sera faite par ceux qui qui succèderont légitimement dans ses biens. Il était prévu que le chapelain puisse se faire remplacer et que, si les revenus devenaient trop faibles, on puisse réduire, avec l’avis de l’évêque, le nombre de messes[385]. En 1721 Benoît XIII accorde une indulgence plénière à ceux qui assisteraient à la messe le jour de la saint Joseph[386].
 
         L’histoire de la chapelle est riche d’événements. Voici trois procès, trois éclairages judiciaires, qui illustrent bien la vie d’une telle fondation au cours des siècles
Le premier concerne le respect des obligations liées à la fondation. Un conflit éclate en 1729 sur ce sujet. Gio Antonio se plaint au vicaire général des agissements de son frère Giuseppe recteur de la chapelle qui « s’en sert pour un usage profane en y apportant des bois, branches, avoine, blé et autres » et n’assure aucun entretien[387].
         Le deuxième procès est de nature fiscale et féodale. Il est intéressant parce qu’il montre qu’une partie des terres de la fondation est située sur le territoire de La Roquette-Saint-Martin. Il oppose à partir de 1741 les propriétaires aux seigneurs de La Roquette, Bonfiglio puis Lascaris. Il porte sur le non-paiement des droits de succession et de mutation dus au seigneur, le « laudemio » et le « quindemmio »[388]. Les Gilletta justifient leur refus de payer ces droits en raison de la nature de la fondation. Les seigneurs estiment au contraire que ces biens ont effectivement été transmis sans acte de cession ou de succession et qu’ils sont ainsi passibles du droit dû pour les biens transmis en mainmorte, le « quindemmio », contribution payable tous les 20 ans et compensant l’absence de succession naturelle.  Le 28 janvier 1789 le procureur général rend des conclusions défavorables aux Gilletta. La terre a effectivement été transmise en mainmorte. Le total des droits et des intérêts formait une somme considérable. On était dans l’attente d’un jugement lorsque l’intervention militaire française de septembre 1792 vint opportunément interrompre la procédure[389].
         Le troisième procès porte sur la légalité des ventes opérées sous la Révolution. Les biens des Gilletta sont saisis à la suite de l’émigration de Carlo Giuseppe, capitaine de la milice Levens, à l’automne 1792, et de son frère Gio Angelo[390].  Celui-ci revient à Nice sous l’Empire en 1802 et tente de récupérer ses biens vendus aux enchères à Victor Bovis aux motifs que l’adjudication a été mal conduite et que les biens concernés n’étaient pas précisément définis. Le Conseil de préfecture des Alpes-Maritimes juge en 1813 en faveur des Gilletta[391].
         La famille Gilletta de Saint-Joseph a poursuivi l’œuvre de la fondation en conservant la chapelle et en faisant dire une messe par an pour la saint Joseph. Mais la date a changé. Ce n’est plus le 19 mars mais le 1er mai, fête nouvelle instituée par Pie XII en 1955 pour célébrer saint Joseph Artisan[392].


[1]  Dictionnaire administratif et historique des communes des Alpes-Maritimes, Nice, 1869.

[2] Sur l’histoire du lieu :

 1867-1987. La Commune de Saint-Martin-du-Var a CXX ans, M. Bottin, F. Zucca et E. Girard, Nice, Serre Editeur, 1987. Disponible sur le Web. Cliquer : Saint-Martin-du-Var Calaméo.

 Pierre-Robert Garino, La Roquette Saint-Martin. Crounica dei Roquetan et San Martinenc, Serre Editeur, Nice,1994 

Michel Bottin, Francine La Louze, Patrick La Louze, Saint-Martin-du-Var. Quinze siècles et 150 ans d’histoire, ouvrage édité à l’occasion du 150e anniversaire de la création de la Commune de Saint-Martin-du-Var, Edition Campanile, Saint-Martin-du-Var, 2017, 297 pages.  Cité ainsi dans cette étude : SMV. Quinze siècles …op.cit.

[3] Chartrier de l’Abbaye de Saint-Pons hors les murs de Nice, publié par ordre de S.A.S. le Prince Albert I de Monaco par Eugène Caïs de Pierlas et continué par Gustave Saige, Imprimerie de Monaco, 1903 ( L’ouvrage est consultable ICI ); Bonaventure Salvetti, L’Abbaye de Saint-Pons hors les murs de Nice. Essai historique, 1925, réédition par Serre Editeur, Nice, 2003.

[4] « Ecclesiam Sancti Martini qui est subtus castrum qui nominant Rocheta, juxta fluvium Varis, cum omnibus sibi pertinentibus, in terris, campis, silvis, vineis, pratis, pascuis, arboribus fructiferis et infructiferis, molendinis, aquarumque cum decursibus eorum, et quocumque ibidem pertinere legitime et esse videtur, sicut antea non donatores dicemus et terminavimus », Chartrier de l’Abbaye de Saint-Pons, op. cit., p. 7.

[5] Jean-Pierre Poly, La Provence et la société féodale. 879-1166, Bordas, Paris, 1976.

[6] Poly, La Provence..., op. cit., p. 33.

[7] Guibert, Tipo del Fiume Varo dal vallone di S. Biaggio al ponte di Baussone con tutte le sue giuste misure, par l’ingénieur Guibert, 20 juillet 1678, Archives départementales des Alpes-Maritimes, Città e Contado, Fiume Varo, mazzo 1, dossier 30.

[8] Plan du Var de Bonson à la mer dressé sur les instructions du Président Mellarède (1759) par Antoine Cantu et Joseph Durieu, ingénieurs topographes du roi de Sardaigne, Archives départementales des Alpes-Maritimes, Città e Contado, Fiume Varo, mazzo 5, dossier 6. Voir une bonne copie XVIIIe siècle de ce plan dans Michel Bottin, « Entre Provence et Comté de Nice. Les seigneurs de Dosfraires, Fougassières et Pharaon au XVIIIe siècle », in Nice Historique, L’Estéron terre frontière. Des communautés et des hommes, 2008, n° 3, p. 271.

[10] Il concerne Saint-André-de-la-Roche.

[11] Chartrier de l’Abbaye de Saint-Pons, op. cit., p. 7.

[12] Voir dans Garino, La Roquette Saint-Martin. op. cit., p. 16 et 17, les plans des  enceintes fortifiées de La Fubia et de Castelvieil. Extrait de carte dans SMV. Quinze siècles …, op. cit., p. 10.

[13] Chartrier de l’Abbaye de Saint-Pons, op. cit., p. 19.

[14] Chartrier de l’Abbaye de Saint-Pons, op. cit., p. 19, notes 2 à 7. Une généalogie dans la Storia de Gioffredo : Histoire des Alpes maritimes de Pierre Gioffredo, texte traduit de l’italien, annoté et commenté par Hervé Barelli, Editions Nice-Musées, Nice, 2007, volume 1, p 313.

[15] Chartrier de l’Abbaye de Saint-Pons, op. cit., p. 57 .

[16] Gérard Chouquer, La terre dans les sociétés du haut Moyen Âge : Droit agraire, propriété, cadastre et fiscalité, Tome I, Étude, Observatoire des formes du foncier dans le monde, Paris, 2017, p. 341.Sur les sens du mot villa,  Gérard Chouquer, Dictionnaire du Droit Agraire Antique et Altomédiéval- DDAAA -Termes et expressions de la territorialité, de la domanialité, de la propriété, de l'arpentage, du recensement et de la fiscalité foncière dans les sociétés antiques et altomédiévales (IVe s. av. - Xe s apr. J.-C.). Version de novembre 2018.   Lire                              

[17] Eugen Ewig, « Le culte de saint Martin à l’époque franque » in, Revue d’histoire de l’Eglise de France, 1961, pp. 1-18. Sur la diffusion italienne de la dévotion à saint Martin dès le VIe siècle, Bruno Judic, « Le culte de saint Martin dans le haut Moyen Age et l’Europe centrale », in Sveti Martin Tourski kot simbol evropske kulture. Saint Martin de Tours, symbole de la culture européenne, Ljubljana, 2008, pp. 32-44, 2008.

[18] Ibidem.

[19] Sur les origines romaines ou alto médiévales du vieux village de Saint-Martin, Michel Bottin, Découverte d’une borne romaine à Saint-Martin-du-Var. L’analyse du Professeur Pascal Arnaud, suivie d’une mise en perspective médiévale, octobre 2019, Michel-bottin. com, Lire

[20]  Cartes dans SMV. Quinze siècles …op.cit. Voir aussi cette carte de l’Archivio di Stato di Torino qui représente la basse vallée du Var. Saint-Martin est en haut : Voir

[21] Jean-Claude Poteur, « Châteaux forts de l’an 1000 en Provence orientale » in n° 18, Châteaux-forts d’Europe, Castrum Europe, Editions Accès, Strasbourg, 2001, p. 12.

[22] Alain Venturini, « De la Provence à la Savoie » in Nouvelle Histoire de Nice, Privat, Toulouse, 2006, p. 42.

[23] Jean-Claude Poteur, « Le réseau castral du pays de Nice » in Recherches régionales. Côte d’Azur et contrées limitrophes, 1983, n°3, pp. 169-185 et « Châteaux-forts de l’an 1000 en Provence orientale », op. cit., pp. 19. sq.

[24] « Totum illi reddimus, ut ipsa pro nobis intercedat ad dominum Deum nostrum, ut dimittat nobis peccata nostra. Sunt autem ipsas res in supradicto episcopatu  ipsam decimam quod est in castro qui nominatur Levent, vel in Roqueta, et in Vilario  et in Merindolio, vel in supradictis locis, cum omnibus parrochiis seu appendiciis suis, ipsas decimas cum ipsas ecclesias totum »,  Cartulaire de l’ancienne cathédrale de Nice publié par Eugène Caïs de Pierlas, Turin, 1888, pp. 7-8.

[25] Nouvelle Histoire de Nice, op. cit., p. 47.

[26] « Ego Enricius Dei gratia niciensis episcopus, dono tibi Botino commendatori domus hospitalis sancti Joanni recipiendi pro se et pro omnibus commendatoribus et fratribus presentibus et futuribus ecclesiam sancti Petri de Rocheta redendo mihi libram unam piperi et hanc ecclesiam trado tibi et omnibus successsoribus tuis in perpetuum habendam et tenendam pro servitiis supradicto. Actum est in claustro canonicorum », Arch. dép. des Alpes-Maritimes, Città e contado di Nizza, Fiume Varo, Mazzo 1, sous-liasse 1.

[27] La Mesta est un quartier de Gilette situé à l’embouchure de l’Estéron.

[28] 6 mars 1209, donation à Raimundo Catalano, Arch. dép. des Alpes-Maritimes, Città e contado di Nizza, Fiume Varo, Mazzo 1, sous-liasse 1.

[29] 24 février 1210, donation à « Bottino comendatori domus hospitalis sancti Joannis », Arch. dép. des Alpes-Maritimes, Città e contado di Nizza, Fiume Varo, Mazzo 1, sous-liasse 1. Cette présence sera complétée un siècle plus tard par plusieurs biens situés sur le territoire du Broc ; il s’agit de biens templiers saisis à la suite de la condamnation de l’Ordre et dévolus aux Hospitaliers, Durbec, « Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans les Alpes-Maritimes après la suppression des Templiers », in Nice Historique, 1983, pp.137-151. Voir aussi Luc Thévenon, « Le Broc : archéologie chrétienne d’une paroisse de l’Evêché de Nice », in Archéam. Revue d’archéologie des Alpes-Maritimes, 2015, pp. 61-81.

[30]  Les Hospitaliers possédaient un autre domaine en bordure du Var vers son embouchure, sur la berge niçoise et sur les collines. Celui-ci a aussi disparu. Auquel de ces deux domaines le rédacteur du mémoire fait-il allusion ?

[31] Michel Bottin, « Passer le Var à Saint-Martin, ou les vicissitudes d’un service public mal réglé. XVIe-XIXe siècles », in Provence Historique, fasc. 206, 2001, pp. 509-522.

[32] Sur 23 implantations de Saint-Pons à Nice et dans les environs, 17 sont ou deviennent des prieurés. Le cas de Saint-Martin est d’ailleurs unique : le lieu est qualifié de « villa » et on y trouve une « église ». Pour les cinq autres implantations qui ne deviennent pas des prieurés, on mentionne soit l’une soit l’autre. Chartrier Saint-Pons, op. cit., p. XIX et p. 19.

[33] Charles Alexandre Fighiera, Saint-Blaise. Notes d’histoire, Nice, 1973, pp. 59-73.

[34]  Chartrier de l’Abbaye de Saint-Pons, op. cit., p. XX.

[35] Tipo del Fiume Varo dal vallone di S. Biaggio al ponte di Baussone con tutte le sue giuste misure, par l’ingénieur Guibert, 20 juillet 1678, Archives départementales des Alpes-Maritimes, Città e Contado, Fiume Varo, mazzo 1, dossier 30.

[36]  Commentaires joints au Plan du Var de Bonson à la mer dressé sur les instructions du Président Mellarède (1759) par Antoine Cantu et Joseph Durieu, ingénieurs topographes du roi de Sardaigne, Archives départementales des Alpes-Maritimes, Città e Contado, Fiume Varo, mazzo 5, dossier 6, au N° 141.

[37] Sur l’histoire de la Confessio : Warren Pezé, « Aux origines de la Confession de saint Martin », in Revue Mabillon, vol. 24 2014, pp. 5-43.

[38] Michel Bottin, A la recherche de l’église disparue. Histoire, culte et traditions de saint Martin à Saint-Martin-du-Var, Conférence organisée par le Cercle Bréa dans le cadre de la Commémoration du XVIIe centenaire de la naissance de saint Martin de Tours. 316 -2016, Nice, 2 mars 2016. Lire

[39] Archives communales de La Roquette-Saint-Martin, dépôt E 65, GG 1.

[40] La représentation de saint Martin est mise en doute par Luc Thévenon, conservateur du patrimoine et spécialiste de l’art baroque : la présence d’un enfant à côté de l’évêque fait plutôt penser à saint Augustin : elle rappelle la conversation entre Augustin et un enfant cherchant à vider l’eau de la mer dans un trou de sable. Face au doute d’Augustin, l’enfant réplique qu’il est plus facile de vider l’eau de la mer dans ce trou que de sonder l’immense profondeur du mystère de la Sainte Trinité.

[41] Voir dans SMV. Quinze siècles …, op. cit., p. 26.

[42] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, CC3.

[43] 45 plus exactement d’après le relevé cadastral de 1694, Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, CC1 : 33 « en villa », 3 « al Portal », 1 « fuori al Portal » et 3 au « Portalet ». Pour Saint-Martin 32 maisons : 30 à « San Martin », 1 « al Vallon » et 1 « a la fabrica di novo ».

[44] Arch. dép. des A-M, 03 FI 00586, Plan topographique du cours du Var entre Bonson et la mer, par les ingénieurs topographes du roi de Sardaigne Cantu et Durieu, 1759.

[45] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op.   cit., p. 198.

[46] Plan pour le tracé des latérales du Var, 1825, Archives dép. des Alpes-Maritimes, Série continue 16 049.

[47] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 198.

En 1822 la rue de la République n’est que très partiellement construite : Frontière Gallo-Niçarde. Planchette de Saint Martin du Var . Plan minute levé à l'échelle de 1/14400 en février 1823. Faisant partie de la feuille XXVIII de la Carte générale de la Frontière Sardo-Française, Archivio di Stato di Torino > Carte topografiche e disegni > Ufficio topografico stato maggiore > Confini con la Francia. Mazzo 74.

[48] Voir SMV. Quinze siècles …, op. cit, pp. 30-31.

[49] Docteur es lois, assesseur de la ville de Nice puis consul en 1607, Arch. dép. des A-M, C 121 et Charles-Alexandre Fighiera, Saint-Blaise. Notes d’histoire, Nice, 1973, p. 17.

[50] Fille de Pierre Lascaris, seigneur de La Roquette, et d’Anne Grimaldi de Beuil

[51] Il décède en 1648 et résigne en faveur de son neveu Honoré qui renonce et se marie avec Françoise de Giraud, d’Antibes, Fighiera, Saint-Blaise, op. cit.,  p. 15.

[52] Parere del Procuratore generale di S.M. Conte De Rossi di Tonengo intorno la natura de feudi del Contado di Nizza, 250 f°, avec titres de possession, tables de succession, rectifications…, 26 mars 1770, Arch. dép. des A-M, Città e Contado di Nizza, mazzo 13 /1, L 4.

[53] Arch. dép. des A-M, C 121. Dot de 300 écus à 8 florins avec renonciation à la succession maternelle et paternelle, C 163.

[54] Arch. dép. des A-M, Sénat de Nice, 01B 0153, 20 septembre 1737.

[55] Archives communales de La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, DD 2, 24 mars 1737 et Compte des dépenses, 22 juin 1738.

[56] Les travaux préparatoires ont commencé bien avant, avec la rencontre le 27 octobre 1981 de Christian Prévost-Marcilacy, inspecteur principal des Monuments historiques, et du maire Alexandre Ugo. Les arrêtés de classement ont progressivement protégé la plupart des œuvres et objets. Les devis ont suivi. A la fin de l’année1987, Charles Astro, conservateur départemental délégué des Antiquités et Œuvres d’art était en mesure de présenter un plan quinquennal de rénovation. Parallèlement les travaux de maçonnerie et de décoration intérieure étaient lancés La restauration de l’église Saint-Pierre est ainsi étendue sur une vingtaine d’années. Toutes les municipalités de la période sont concernées, A. Ugo, P. Raybaut, P. Becquaert, J-J Isaïa, et M. Raybaut. Source, Arch. communales de La Roquette, dossier des inventaires et demandes de restaurations.

[57]  C’est la date qui se trouve sur l’autel de la chapelle latérale de la Crucifixion.  Cet autel et son tabernacle ont de toute évidence été séparé du grand retable à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle.

[59] Il est représenté ainsi sur un vitrail du XVIe siècle dans la basilique Saint-Nicolas, à Saint-Nicolas-de-Port en Lorraine. Jacques Baudoin, Grand livre des saints : culte et iconographie en Occident, Ed. CREER, 2006, présente p. 169 une statue de saint Claude tenant un livre ouvert (église de Saint-Florentin dans l’Yonne).

[60] Actuellement sur l’autel de la Crucifixion.

[61] Il est aujourd’hui accroché à la tribune. Il a été inscrit sur l’inventaire supplémentaire à la liste des objets mobiliers classés par arrêté préfectoral du 30 mars 1995. Le tableau a été restauré en 2003 par l’atelier Vigliani à la demande du Conseil municipal de La Roquette-sur-Var. Archives communales de La Roquette-sur-Var, dossier des inventaires des biens de l’église et des demandes de restauration. Eléments communiqués par Madame Becquaert, maire.

[62] Faut-il écarter complètement toute dévotion au Sacré Cœur au motif que l’actuelle statue n’est pas d’époque ? Ou que cette dévotion ne monte en puissance qu’au XIXe siècle ? Cf . Marie-Hélène Froeschlé-Chopard, « Aspects et diffusion de la dévotion du Sacré-Cœur au XVIIIe siècle », in Mélanges de l’Ecole française de Rome, année 2000, 112-2, pp. 737-784.

[63] Sur le lien entre la dévotion au Sacré-Cœur et la Passion, Marie-Hélène Froeschlé-Chopard, op.cit., p. 745.

[64] Arch. dép. A-M, Chapitre cathédral, 02 G 001, 10 avril 1745

[65] Sur le développement de cette fonction depuis le IIIe Concile du Latran, Analecta juris pontificii, 1e série, Rome, 1855, col 1280-1296.

[66] Arch.dép. des A-M, B 299, f° 460 sq.

[67] Testament du 27 juillet 1702.   

[68] Michel Bottin, « Mille ans d’histoire », in 1867-1987. La Commune de Saint-Martin-du-Var a CXX ans, op. cit.

[70] Charles Astro et Luc Thévenon, La peinture au XVIIIe siècle dans les Alpes-Maritimes, Editions Serre, Nice, 1985, p. 51.

[71] Ibidem

[72] Inventaire des biens dépendant de la Fabrique de La Roquette-sur-Var, 8 mars 1906, Archives hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial, La Roquette, P.

[73] Il est indiqué comme datant du « XVIIe siècle » dans l’arrêté de classement de l’autel et du retable du 5 octobre 1789. Arch. communales de La Roquette, dossier des inventaires et demandes de restaurations.

[74] Sur le tableau, Paule Becquaert, Le patrimoine des Alpes-Maritimes, notices sur La Roquette, Editions Flohic, Paris, 2000, p. 456.

[75] La restauration de l’œuvre en 1993 a permis de découvrir le nom de l’auteur, Gaspard Toesca, peintre niçois, Arch. com. La Roquette, dossier des inventaires et demandes de restaurations.

[77] Charles Astro et Luc Thévenon, La peinture au XVIIe siècle dans la Alpes maritimes, Nice, 1985, pp. 6870

[78] Les historiens de la fin du XIXe siècle ont contesté le fait que Gaudence soit l’architecte du Colisée.  Ils ont aussi mis en doute l’authenticité de l’inscription qui décrit son martyre : Abbé Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, art. « Colisée », Paris, 1877. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’ait pas été martyrisé.

[79] Archives communales de La Roquette-sur-Var, dossier des inventaires des biens de l’église et des demandes de restauration.

[80] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures, 1636-1689, f°21

[81] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures 1636-1689, f°26

[82] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures 1636-1689, f°18. On n’y trouve ni Alexandre Laugeri mort en 1715 ni Jean-Paul Bonfiglio mort en 1728, ni la dame Barralis.

[83] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures 1741-1794, f°35

[84] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures 1636-1689, f°31.

[85] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures 1741-1794, f°33.

[86] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures 1741-1794, f°37.

[87] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures 1636-1689, f° 9, 2 avril 1653 ; f° 10 « loci prope capella B. M. V. R. versus... » (1656) ; f° 16, 17 (1664), f°27, environ cinq sur un total de 20, etc.

[88] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures 1636-1689, f° 10, « loci prope capella B. M. V. R. versus... » (1656).

[89] Nice Matin du 19 janvier et 20 janvier 2006, correspondant Henri Issaurat.

[90] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., pp. 43-46. L’affaire est le sujet du roman de Paule Becquaert, Les sirènes du diable, L’Harmattan, Paris, 2011.

[91] Arch. dép. A-M, 1 B 220, f°69, 31 octobre 1722.

[92] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 204.

[93] Arch. dép. A-M, 1 B 220, f°69, 31 octobre 1722.

[94] Arch. dép. A-M, 1 B 206 f° 55, 8 octobre 1735.

[95] Arch. dép. A-M, Chapitre cathédral, 02 G 001, 10 avril 1745.

[96] Arch. dép. A-M, 1 B 210 f° 188, entérination le 19 mars.

[97] Arch. dép. A-M, 1 B 213.

[98] Ernest Hildesheimer, « Aspects de la vallée du Var. La Roquette-Saint-Martin », in Nice Historique, 1967, p. 38.

[99] Rapport Joanini, Arch. dép. A-M, Città e Contado di Nizza, NI Finances, mazzo 7, f°9.

[100] Rapport Joanini, Arch. dép. A-M, Città e Contado di Nizza, NI Finances, mazzo 7, f°112.

[101] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, Lettre du curé à l’évêque du 25 avril 1838.

[102] « Sotto il titolo della B Vergine del Bosco e cella catedra du S. Pietro » ; on trouve aussi une étonnante traduction latine du nom de famille Del Bosco par de Nemore ; etc.  : aux références d’archives mentionnées ci-dessus à propos des nominations de curés. A quoi on ajoutera la note de l’intendant Joanini dans son enquête en 1755, Arch. dép. A-M, Città e Contado di Nizza, NI Finances, mazzo 7, f°9. (Numérisation sur le site des Arch. dép. A-M, page web 250) : « La parochia e sotti il titolo della Verginessima del Bosco e della Catedra di S. Pietro ».

[103] Sur le sujet, voir par exemple Salvatore Accardi, Sul simulacro della Madonna di Trapani, sur le web.

[104] Adelaïde Civello, « La Madonna di Trapani : culto e immagini nella Sardegna del XVI-XVII-XVIII secolo », in El mon urbà a la Corona d’Arago del 1137 al decrets de nova planta, vol. 1, Ed. Universitat Barcelona, 2003, p 83.

[105] Voir ci-dessus.

[106] Plan du Var de Bonson à la mer dressé sur les instructions du Président Mellarède (1759) par Antoine Cantu et Joseph Durieu, ingénieurs topographes du roi de Sardaigne, Archives départementales des Alpes-Maritimes, Città e Contado, Fiume Varo, mazzo 5, dossier 6.

[107] Archives communales de La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, CC 1, Registre des matrices cadastrales, 1702. Il s’agit bien entendu d’un inventaire et non d’un plan.

[108]  Voir dans SMV. Quinze siècles …, op. cit., p. 35.

[109] Civello, « La Madonna di Trapani », op. cit., p. 82.

[110] Archives départementales des Alpes-Maritimes, 01 FI 1117, reproduction couleur de la feuille 2 « Rochette » des cartes de Provence levées par le général Bourcet.

[111] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures,1741-1794, f° 3, 8 mai 1758 ;  f° 36, 26 sept 1766.

[112] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre des sépultures, 1741-1794, f° 37, 22 avril 1769 ;  f° 38, 4 décembre 1769 ; f° 38, 15 sept 1770 ; etc.

[113] Arch. dép. A-M, FS, La Roquette-Saint-Martin, 518 VIII, protestation adressée au comte de Roubion président des hospices de charité de la province de Nice.

[114] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, CC3.

[115] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, BB3, Rapport de Lubonis, substitut secrétaire de l’Intendance générale, du 15 décembre 1785.

[116] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, BB3, Rapport de Lubonis, substitut secrétaire de l’Intendance générale du 15 décembre 1785.

[117] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre 1735-1741, f°2, 4 septembre 1735, un enfant de deux ans fils de Benoît et Agata Mandina « del masagio di S. Martino »; f° 3,  20 septembre 1735, Gianetta Mandina « del masagio di S. Martino d’anni settanta in circa » ; f° 3, 11 octobre 1735, Antoine Tombarel «  del masagio di S. Martino » etc. Encore trois en mai et juin 1758 dans le registre 1741-1794, f° 30 puis le 8 mai 1758 première mention d’une sépulture « in cimiterio eccles. vici Sti Martini ».

[119] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre 1741-1794, : f°36, « in cimiterio S Rochi  vici S Martini », « in cimiterio S. Martini », cinq en 1766, un en 1767, deux en 1769 ; f° 38, 3 en 1770 ; f° 39, trois en 1771.

[120] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre 1741-1794, f° 40-46.

[121] Noter que ce sont les curés qui signent les actes, Claude Oddoart, Jean-Pierre Durandy, Jean-Louis Raynaud.

[122] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre 1689-1781, par exemple au 15 mai 1753, Sébastien Simon baptisé « in masagio sancti Martini ».

[123] Elle se trouve actuellement dans le jardin attenant à l’église.

[124] Archives paroissiales déposées aux Arch. dép. des A-M, Registre 1770-1794.

[125] Nombreuses mentions dans le registre 1770-1794.

[126] Avec Castagniers, Saint-Blaise-la-Plaine, Plan-du-Var, le Gabre de Bonson et Le Chaudan.

[127] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de Saint-Martin, P., et mémento de dépenses de l’Abbé Roux, 1907-1913 : juin 1912, « mission prêchée par Mr le curé de La Roquette » (Calixte Malplat, d’après la liste des curés de La Roquette dressée par Garino, op. cit., p. 204).

[128] Le chiffre paraît considérable mais c’est oublier que l’évêque n’administrait pas le sacrement de confirmation chaque année mais tous les trois ou quatre ans.

[129] Compte rendu de la cérémonie par l’Abbé Féa, curé de Saint-Martin, Arch. com. de Saint-Martin-du-Var, E dépôt 121/023. IP 01.

[130] La route Levens-Saint-Martin est carrossable depuis 1886. Les travaux ont commencé à Levens en 1863, voir le Répertoire de la série S aux Archives départementales.

[131] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de Saint-Martin-du-Var, P, délibération du Conseil de fabrique, 7 juillet 1895.

[132] Pour la chapelle privée Saint-Joseph voir supra.

[133] Paul Canestrier, Fête populaire et tradition religieuse en pays niçois, Nice, Serre Editeur, 1978, pp. 73 sq. ; Abbé Recluz, Histoire de saint Roch et de son culte, Avignon, 1858, p. 157.

[134] Arch. dép. A-M, C 997 f°42.

[135] Arch. dép. A-M, C 998, f°209-211.

[136] Arch. dép. A-M, C 998, f°63-64.

[137] C’est la date indiquée à la peinture noire sur le mur par le décorateur. Elle était invisible avant la dépose des tableaux pour restauration.

[138] Dates indiquées au crayon sur les deux boîtiers.

[139] En dehors de la facture ancienne des médaillons, on doit noter que les identifications sont en latin, au génitif ; les reliques de ... : « S. Rochi » ; « S. Io.  Bapt. Praec. », c’est à dire Sancti Johannis Baptistae Praecursoris Domini ; « S. Martini Ep. « pour Sancti Martini Episcopus ».

[141] Michel Bottin, « Les moulins de La Roquette-Saint-Martin au XVIIIe siècle », in Nice Historique, 1983, pp. 132-136.

[142] Michel Bottin, « Passer le Var à Saint-Martin, ou les vicissitudes d’un service public mal réglé. XVIe-XIXe siècles », in Provence Historique, fasc. 206, 2001, pp. 509-522.

[143] Plan du Var de Bonson à la mer dressé sur les instructions du Président Mellarède (1759) par Antoine Cantu et Joseph Durieu, ingénieurs topographes du roi de Sardaigne, Archives départementales des Alpes-Maritimes, Città e Contado, Fiume Varo, mazzo 5, dossier 6.

[144]  Arch. dép. A-M, C 999, 25 juin 1762, vente par la chapellenie à des particuliers, f°496.

[145] Arch. dép. A-M, C 1000, f°261, vente de terrains par la chapellenie.

[146] François Emmanuel Fodéré, Histoire géographique, physique [...] ou statistique faite sous la direction du général Chateauneuf-Randon, Nice le 15 pluviôse an XI, Manuscrit, Arch. dép. A-M, f° 16-17.

[147] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, CC4, comptes du syndic.

[148] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, CC4, comptes du syndic.

[149] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, CC4, comptes du syndic.

[150] Pèlerinage semblable en 1779, Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, BB2, f° 34, délibération du 20 mai 1779.

[151] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, CC4, comptes du syndic.

[152] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, BB2, f°46, délibération du 29 octobre 1780.

[153] « Les ambitions seigneuriales d’un ministre. Joseph-Vincent Lascaris de Castellar, marquis de La Roquette », in Actes du colloque de Menton, octobre 1997, Le Comté de Vintimille et la Famille comtale, Société d’art et d’histoire du Mentonnais, Menton, 1998, pp. 27-30.

[154] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, BB2, f°84, raisons contre une séparation, 10 mai 1785.

[155] Arch. dép. A-M, série O, La Roquette-Saint-Martin, liasse 1.

[156] On trouve sur le Web d’abondantes références sur ces organismes de gestion du temporel ecclésiastique ; par exemple : Guilbaud Mathilde, « Les fabriques paroissiales rurales au XIXe siècle. L'exemple des campagnes de Seine-et-Marne », Histoire & Sociétés Rurales, 2007/2 (Vol. 28), p. 67-88.

[157] Arch. dép. A-M, C 999, f°496.

[158] Le palme carré équivaut approximativement à un peu plus de six décimètres carrés.

[159] Arch. dép. A-M, C 999, f° 496-497.

[160] Arch. dép. A-M, C 999, f°497.

[161] Arch. dép. A-M, C 1000, f°261-262.

[162] Petite liste de recteurs dans le dossier correspondant.

[163] Arch. dép. A-M, C 1000, f°261-262.

[164] Arch. dép. A-M, C 1000, f°376-377. Maison Scoffier. Achetée par le Diocèse de Nice en 2015.

[165] Du nom de son dernier propriétaire, avant que la Commune de Saint-Martin n’en fasse l’acquisition.

[166] Très visible sur le plan de 1759.

[167] Il semble excessif de traduire par supérieure/inférieure. La différence de niveau ne dépasse pas trois mètres.

[168] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, BB 3, 15 décembre 1785, rapport de Lubonis, substitut secrétaire de l’Intendance.

[169] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, BB1, 1772-1774 ; BB2, 1774-1785 ; BB3, 1785-1792. Les délibérations font défaut avant 1772 mais les pièces disponibles ne font pas état d’une règlementation communale.

[170] Marc Ortolani, « Les cloches de la discorde. Pratiques religieuses et enjeux politiques dans le Comté de Nice sous la Révolution et l’Empire », in Nice Historique, 2014, pp. 5-39.

[171] Michèle-Helyett Siffre, « La Révolution et le catholicisme dans le département des Alpes Maritimes (1792-1799) », in Annales du Midi, 1969, pp. 197-209.

[172] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 204.

[173] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, La Roquette, 25 avril 1838, lettre du curé à l’évêque.

[174] Arch.dép. A-M, CE 05 V 016, lettre du maire au préfet, 23 floréal an XIII.

[176] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 92.

[177] Baptêmes, mariages et sépultures, La Roquette, 23 décembre 1794-17 septembre 1800, état civil sur le site web des Archives départementales.  

[178] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 97.

[179] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 93.

[180] Michel Bottin, « Images de la Vallée du Var », in Voyage pittoresque dans le Comté de Nice et les Alpes-Martimes du XVIIe au XIXe siècle. Gravures et lithographies, pp. 216-229, Acadèmia Nissarda, Nice, 2005, p. 223.  

[181] Le curé est à Aspremont. Les succursales sont : Saint-André, Saint-Blaise, Duranus, Levens, Falicon, La Roquette, Saint-Martin et Tourrette, Almanach ecclésiastique de la France pour l’an MDCCCX, Paris, 1810, p. 305.

[182] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op.cit., pp. 204-205.

[183] Sur les Raybaudi de La Caïnée, Michel Bottin, « Les Raybaudi de La Roquette-Saint-Martin. Une famille niçoise à l’épreuve des déchirures politiques de la Révolution à 1860. Notes d’histoire. », in Personnalités et familles du Comté de Nice face à l’Annexion de 1860 à la France, études coordonnées par Colette Bourrier-Raynaud et Olivier Vernier, ASPEAM, Nice, 2010, pp. 61-72.

[184] Arch. dép. A-M, CE 05 V 016, situation de la succursale de Saint-Martin an XIII.

[185] Arch. dép. A-M, CE 05 V 016, situation de la succursale de Saint-Martin, 8 mai 1809.

[186] Arch. dép. A-M, CE 05 V 016, situation de la succursale de Saint-Martin, 29 mai 1810

[187] Arch. dép. A-M, CE 05 V 016, situation de la succursale de La Roquette, 3 prairial an XIII.

[188] Arch. dép. A-M, CE 05 V 016, situation de la succursale de La Roquette, 30 mai 1809.

[189] Arch. dép. A-M, CE 05 V 016, situation de la succursale de La Roquette, 29 avril 1810.

[190] Arch. dép, A-M, 71 J 8.

[191] Pierre Antoine Raybaudi est un des propriétaires des moulins du lieu et le principal opposant à la suppression de leur monopole d’exploitation. Michel Bottin, « Banalité féodale et monopole d’exploitation. Chronique judiciaire des moulins de La Roquette-Saint Martin. XVIIe-XXe siècle », in Michel Bottin, Itinéraires croisés d’Histoire du droit entre France et Etats de Savoie, Articles réunis par Olivier Vernier et Marc Ortolani, ASPEAM,2015, pp. 549-562.

[192] Michel Bottin, « Les Raybaudi de La Roquette-Saint-Martin. Une famille niçoise à l’épreuve des déchirures politiques de la Révolution à 1860. Notes d’histoire. », op. cit.

[193] Simonetta Tombaccini, La vie de la noblesse niçoise. 1814-1860, Acadèmia Nissarda et Centro studi piemontesi, Nice, 2010, p. 356. Testament du7 avril 1817, Ach. dép. des A-M, 2 FS 33.

[194] Arch. dép. des A-M, Série O. La Roquette-Saint-Martin. Liasse 1 Mairie-école.

[195] Arch.dép. des A-M, Fonds sarde. La Roquette-Saint-Martin, 518 VIII. Lettre du 15 juillet 1817.

[196] Ibidem. Lettre de De Medici au Comte de Roubion du 17 octobre 1820. Les trois administrateurs sont Francesco Rainaut, Pietro Antonio Gilletta et Francesco Gilletta.

[197] Ibidem.

[198] Par ailleurs marguillier de la fabrique. Cf. infra.

[199] Arch. dép. A-M, CE 05 V 016, délibération du Conseil de fabrique du 10 août 1810.

[200] Arch. dép. A-M, CE 05 V 016, délibération du Conseil de fabrique du 10 août 1810.

[201] Arch. dép. A-M, CE 05 V 016, délibération du Conseil de fabrique du 4 septembre 1810.

[202] Arch. dép. A-M, CE 05 V 016, Lettre de Maurandi au préfet du 24 septembre 1811.

[203] Maissa, syndic de Gilette se plaignant en 1842 des inconvénients de ce déplacement, Michel Bottin, « Passer le Var à Saint-Martin », op. cit., p. 518.

[204] Arch. dép. A-M, Fonds sarde, 244 I.

[205] Ce qu’elle ne sera finalement pas. La traversée de Saint-Martin en particulier posera des difficultés.

[206] Arch. dép, A-M, 70 J 2, Fabrique Saint-Martin, 1868.

[207] Maison Bertani/Schmid.

[208] On construit à la même époque un immeuble d’habitation un peu plus haut, lui aussi au bord du Chemin Neuf (Maison Castagna). On pouvait voir, avant la rénovation de l’immeuble il y a une vingtaine d’années, au-dessus de la porte d’entrée, une grille en fer forgé portant la date de 1844.

[209] Arch. dép, A-M, 70 J 1, délibération du Conseil de fabrique de Saint-Martin, 20 mars 1845

[210] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, Saint-Martin, 2 D 220, 13 février 1845.

[211] L’actuelle ruelle qui conduit au Camp.

[212] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, Saint-Martin, 2D 220, lettre du 16 mars 1845.

[213] Quatre lettres en février et mars 1845.

[214] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, Saint-Martin, 2D 220, lettre du 21 mars 1845.

[215] On pense évidemment à la Maison Faraut.

[216] Arch. dép, A-M, 70 J 1, délibération du Conseil de fabrique de Saint-Martin, 10 septembre 1848.

[217] Arch. dép. A-M, FS, 2881 sous liasse 7.

[218] Arch. dép. A-M, 01 FS 1170 ; 01 FS 0841 et 01 FS 0842. Sur Thomas Fricéro, Mireille Lacave-Allemand, « Les Fricéro, itinéraire d’une famille, reflet du destin niçois », in Nice Historique 2015, pp. 248-275.

[219] Arch. dép, A-M, 70 J 1, délibération du Conseil de fabrique de Saint-Martin, 26 octobre 1876.

[220] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, Saint-Martin, SC, SD 182.

[221] Arch. dép. des A-M, 1 FS 1249, 20 février 1844. Cette cloche, effectivement datée de 1844, est située côté vallon de l’Ubac.

[222] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, lettre du curé Issautier à l’évêque, 25 avril 1838.

[223] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, lettre du curé Issautier à l’évêque, 25 avril 1838. Voir aussi Arch. dép. A-M, 01FS 1249, Enquête sur les biens ayant appartenu au clergé local, plainte du desservant, délibération, correspondance (29 septembre - 20 octobre 1818).

[224] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, lettre du curé Issautier à l’évêque, 25 avril 1838.

[225] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 204.

[226] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 204.

[227] Arch. dép. A_M, 1 FS 1249, “atto consolare” de la commune « della Rocheta-San Martino », 20 octobre 1818.

[228] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 204.

[229] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, La Roquette, lettre du curé à l’évêque du 25 avril 1838.

[230] Etat de section La Roquette 1867. Parcelles 551 et 552. La seconde est également attribuée à Louis Raynaud « chanoine à Levens ».

[231] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SC, La Roquette, SD  160, Délibération du Conseil municipal du 17 septembre 1882.

[232] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SC, La Roquette, SD 160, Délibération du Conseil municipal du 17 septembre 1882.

[233] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 1, délibération du 18 janvier 1880 p 227   Etat de section 1867 : n° 553 Gilette Court François à La Roquette. N°554 Giletta Defly Jean Victor (hoirs) à Nice.

[234] Arch. dép. A-M, 02 O 0985, liasse 2.

[235] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SC, La Roquette, SD 160, Délibération du Conseil municipal du 17 septembre 1882.

[236] Rue Inférieure. Cadastre napoléonien. Le presbytère figure en grisé.

[237] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 2, Délibération du 16 août 1890.

[238] Arch. dép. A-M, 02 O 0986, La Roquette-sur-Var, lettre de la direction des Cultes du 18 août 1891.

[239] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SC, La Roquette, 2 D 160, lettre du maire du 25 octobre 1900.

[240] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 204.

[241] Arch. dép. A-M, 02 O 986, La Roquette, Délibération du Conseil de fabrique du 3 janvier 1892

[242] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, Délibération du 6 mars 1892 p. 146.

[243] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, Délibération du10 juillet 1892, p. 159     et   Arch. dép. A-M, 02 O 0986, La Roquette-sur-Var.

[244] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, Délibération du 31 juillet 1892 p. 160.

[245] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, Délibération du 21 août 1892 p. 167.

[246]  Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P. Inventaire, 8 mars1906. On remarquera que l’inventaire contredit le cadastre. La matrice cadastrale de 1867 indique que la fabrique est propriétaire de l’église, du cimetière (et des parcelles 551 et 552, ces maisons ayant été depuis démolies pour aménager la place). Elle est aussi propriétaire de la parcelle 608, rue Inférieure.

[247] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 3, Délibération du 24 mars 1907 p. 156.

[248] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 3, Délibération du 7 juillet 1907 p. 157.

[249] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 204.

[250] Arch. dép. A-M, 1FS 366, lettre de la fabrique à l’intendant, 24 novembre 1846.

[251] Arch. com. La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, BB3, Délibération du 21 juillet 1786, f° 7 qui ajoute « nella camera del secondo piano » ; délibération du 17 octobre 1786, f°12 et le secrétaire, par habitude, écrit « nella casa di questa communita ». S’apercevant de l’erreur, il raye le mot et le remplace par celui d’« abitanti » ; Délibération du 19 octobre 1786, f°13 ; etc…. Délibération du 12 janvier 1790 f° 46 ; etc.

[252] Arch. dép. A-M, 1 FS 366, Atto consolare du 12 juillet 1846.

[253] Par un passage aujourd’hui muré. Et dont il ne reste aucune trace.

[254] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 201.

[255] Arch. dép. A-M, 1FS 366, lettre de Barelli à l’évêque du 22 novembre 1846.

[256] Arch. dép. A-M, 1FS 366, lettre de l’intendant au maire du 30 août 1846.

[257] Arch. dép. A-M, 1FS 366, lettre du curé à l’évêque du 9 octobre 1846.

[258] Arch. dép. A-M, 1FS 366, lettre de Mandina à l’intendant du 2 décembre 1846.

[259] Mémoire familiale : Mathieu Bottin (1850-1927) a fréquenté cette école des « padri ». Il racontait volontiers les difficultés qu’ils rencontraient pour scolariser des enfants plus portés à faire l’école buissonnière qu’à écouter le « padre ».

[260] Garino, op. cit., p. 201.

[261] Michel Bottin, « Mille ans d’histoire », in 1867-1987. La Commune de Saint-Martin-du-Var a CXX ans, op. cit.

[262] « De la digue sarde à la RN 202 : la vallée du Var, voie de communication », in Un espace à percevoir, les Alpes d’Azur, T. 1, La communication, voies et moyens, coord. Colette Bourrier-Raynaud, Syndicat intercommunal touristique des Alpes d’Azur (sitalpa), La Documentation française, Paris, 1995, pp. 41-50.

[263] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 198.

[264] Arch. dép, A-M, 70 J 1, Délibération du Conseil de fabrique de Saint-Martin, 13 mars 1849.

[265] Arch. dép, A-M, 70 J 1, délibération du Conseil de fabrique de Saint-Martin, 13 mars 1849.

[266] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, Saint-Martin, 2 D 220, 13 janvier 1852. 

[267] Arch. dép, A-M, 70 J 2, Conseil de fabrique de Saint-Martin, rapport du 10 mai 1879.

[268] Arch. dép. A-M, 70 J 2, Conseil de fabrique de Saint-Martin, séance extraordinaire du 18 mai 1879. 

[269] Arch. dép. A-M, 2 O 1072, lettre du maire au préfet, 25 mai 1879.

[270] Arch. dép. A-M, 2 O 1072, lettre du Conseil de fabrique du 6 juillet 1879.

[271] Sur ces épidémies de malaria, Michel Barruchi, « Les fièvres du Var », in Nice Historique, 1933, pp. 147-151 et 175-178.

[272] Arch. dép, A-M, 70 J 2, Conseil de fabrique de Saint-Martin, lettre au préfet du 3 juillet 1879.

[273] Arch. dép. A-M, 2 O 1072, réunion du Conseil de fabrique du 6 juillet 1879.

[274] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 205.

[275] Liste des curés de La Roquette et de Saint-Martin dans Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., pp. 204-205.

[276] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de Saint-Martin, P., délibération du 21 février 1906.

[277] La Madone Del Bosco en albâtre placée au centre du retable d’autel de l’église Saint-Roch..

[278] Arch. dép. des Alpes-Maritimes, 3 V 507.

[279] Arch. dép. des Alpes-Maritimes, 3 V 507.

[280] Arch. dép. des Alpes-Maritimes, 3 V 507.

[281] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de Saint-Martin, P., Délibération du 20 avril 1906.

[282] Arch. dép. A-M, 3 V 507, Inventaire des biens de la fabrique de Saint-Martin, 1907.

[283] Selon le brevet de l’ingénieur Alexandre Josia, de Saint-Martin. En réalité son usine n’était pas située à Saint-Martin mais à La Roquette, quartier La Parisienne.

[284] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de Saint-Martin, P., procès-verbal d’installation de François Roux curé le 16 décembre 1906 et mémento de dépenses 1907-1913.

[285] Il s’agit de l’abbé De Jeagher, précédemment curé de Bonson. Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 205, passe directement de la mutation de Mouron en 1956 à la nomination de Bermejo en 1958.

[286] Les deux chapelles latérales et le chœur. Il ne reste plus aujourd’hui de ces décorations que les tentures peintes de part et d’autre de la nef.

[287] Ainsi que la transformation des deux autels latéraux par remploi de quatre colonnes de la table sainte.

[288] Michel Bottin, « Mille ans d’histoire », in 1867-1987. La Commune de Saint-Martin-du-Var a CXX ans, op. cit. pp. 61sq.

[289] Population Saint-Martin Baus-Roux (évaluation) Plan-du-Var (évaluation) Gabre de Bonson (évaluation). Compléter par SMV. Quinze siècles …, op. cit., pp. 152-153.

[290] Pierre-Robert Garino, Levens. Crounica dei Levensan, Editions Serre, Nice, p. 259.

[291] Semaine religieuse du Diocèse de Nice, octobre 1934.

[292] Le développement ferroviaire des années 1890-1910 a beaucoup réduit cette fonction de village-étape : 1892, ouverture par tronçons successifs de la ligne Nice-Digne ; 1909, mise en service du tramway vers la vallée de la Vésubie ; 1911, mise en service du tramway de la vallée de la Tinée

[293] Semaine religieuse du diocèse de Nice, octobre 1934.

[294] Arch. dép. A-M, 2 O 0570, construction du cimetière, 1902-1019.

[295] Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 263.

[296] « Aux bienfaiteurs insignes, Monseigneur Chapon, M. J. P. Thorrand, Mme Gilletta de Saint-Joseph, Société Lafarge et Cie, M. Mme Paul Thorrand, M. Gilletta de Saint-Joseph, M. Désiré Chatain ». « Aux bienfaiteurs » (18 personnes). « Aux donateurs » (17 noms).

[297] Garino, Levens, op. cit., p. 185.

[298]  Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 3, Délibération du 7 juillet 1907 p. 157.

[299] Ajoutons qu’ils sont accompagnés de leur représentation symbolique traditionnelle, l’aigle pour saint Jean, le taureau ailé pour saint Luc, le lion ailé pour saint Marc, l’homme ailé pour saint Matthieu.

[300] Léo Imbert, « Les chapelles peintes du pays niçois », in Nice Historique 1948, pp. 66-67.

[301] La chapelle a subi les outrages du temps… et des hommes.

[302] Gustav-Adolf Mossa, « Sur le peintre André de Cella », in Nice Historique, 1953, pp. 100-101. 

[303] Inventaire des biens dépendant de la Fabrique de La Roquette-sur-Var, 8 mars 1906, Archives hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial, La Roquette, P.

[304] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 1 p. 140, séance du conseil municipal du 17 février 1875, « L’église de la Roquette depuis l’époque du rachat en retire les revenus ».

[305] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial, La Roquette.

[306] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P., demande en réductions de charges par le Conseil de fabrique, 5 juillet 1903.

[307] Arch. dép. A-M, 71 J 3. 

[308] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 1 p 140, séance du Conseil municipal du 17 février 1875.

[309] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P., registre des délibérations du bureau de la fabrique, f° 4-11. Location à Antoine Roubaud au prix de 15 francs, Inventaire du 8 mars 1806.

[310] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P., demande en réductions de charges par le Conseil de fabrique, 5 juillet 1903.

[311] Mémoire familiale : Juliette Di Martino 1885-1957.

[312] Arch. dép. A-M, 71 J 4, Conseil de fabrique de La Roquette, 9 septembre 1847, lettre d’Issautier à l’évêque.

[313] Léo Imbert, « Les chapelles peintes du pays niçois », in Nice historique 1947, p. 10.

[314] Léo Imbert, « Les chapelles peintes du pays niçois, suite et fin », in Nice historique 1951, pp. 66-67.

[315] Nice Matin, 24 septembre 1977.

[316]  Nice Matin. Edition Alpes, 16 août 1964.

[317] Nice Matin, 24 septembre 1977.

[318] Nice Matin, 2 octobre 1980.

[319] Archives communales de La Roquette-Saint-Martin, E dépôt 65, CC 1, Registre des matrices cadastrales, 1702.

[320] Ouvrage édité à Turin en 1847, p. 111.

[321] Voir infra au n°4.

[322] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 2 p. 4, Délibération du 12 juin 1887.

[323] Arch. dép. A-M, 02 O 0986, La Roquette, 1 octobre 1883, plan du nouveau cimetière.

[324] Arch. dép. A-M, C 999 f°410-411.

[325] Cadastre La Roquette-sur-Var, matrice cadastrale 1869-1911 : n° 884, oliviers 1310 m² ; n° 885, 190 m² et n°886 sol de la chapelle.

[326] Inventaire des biens dépendant de la Fabrique de La Roquette-sur-Var, 8 mars 1906, Archives hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial, La Roquette, P.

[327] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P., demande en réductions de charges par le Conseil de fabrique, 5 juillet 1903.

[328] Arch. dép. A-M, 71 J 3. 

[329] Arch. dép. A-M, 71 J 3. 

[330] Inventaire des biens dépendant de la Fabrique de La Roquette-sur-Var, 8 mars 1906, Archives hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial, La Roquette, P.

[331] Ce curé n’est pas mentionné dans la liste que dresse Garino, La Roquette-Saint-Martin, op. cit., p. 204.

[332]Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, La Roquette, Série ancienne, ante 1860.  

[333] Arch. dép. A-M, 1 FS 366, délibération du 26 août 1849.

[334] Arch. dép. A-M, 1 FS 366, délibération du 25 septembre 1849. Cadastre Saint-Martin-du-Var. Section A La Madone. Cote 25 FI 126/1/A., parcelle n°477. Sa surface est de 150 m², Etat de section 1867. Le propriétaire est la fabrique de Saint-Martin. Le cimetière est au milieu de parcelles appartenant à l’avocat Prosper Raybaud. Le plan cadastral indique à l’angle nord-est du cimetière un bâtiment lui appartenant.

[335] Arch. dép. A-M, 1 FS 366, Délibération du 26 août 1849.

[336] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 1 p. 230, Délibération du 22 février 1880.

[337] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 1, p. 238, Délibération du 12 février 1882.

[338] Enquête commodo incommodo. Rapport de l’architecte, Arch. dép. A-M, 02 O 0986, 10 septembre 1883.

[339] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 1 p. 340, Délibération du 21 mai 1883.

[340] Enquête commodo incommodo. Rapport de l’architecte, Arch. dép. A-M, 02 O 0986, 10 septembre 1883.

[341] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 2 p.4, Délibération du 12 juin 1887.

[342]Enquête commodo incommodo. Rapport de l’architecte, Arch. dép. A-M, 02 O 0986, 10 septembre 1883.

[343] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 2 p.4, Délibération du 12 juin 1887. Coût total : 4624 francs pour la première opération, murs et réparation de la chapelle, 3340 francs pour la démolition de la chapelle, sa reconstruction ainsi qu’un mur de soutènement.

[344] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 2 p.351, Délibération du 28 sept 1889.

[345] La chapelle a été restaurée en 2018 à l’initiative de la municipalité Paule Becquaert.

[346] Arch. dép. A-M, 1FS 1249, note du syndic, 20 octobre 1818.

[347] Matrice cadastrale 1867-1913, f°23 : liste des biens de la fabrique de La Roquette.

[348] Arch. dép. A-M, C 1000, f°128-129.

[349] Inventaire des biens dépendant de la Fabrique de La Roquette-sur-Var, 8 mars 1906.

[350] Arch. dép, A-M, 71 J 8, Conseil de fabrique de La Roquette.

[351] Arch. dép, A-M, 71 J 8.

[352] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P.

[353] Arch. dép. A-M, FS, 518 VIII, La Roquette-Saint Martin, nomination d’un remplaçant au Conseil du mont-de-piété, 6 mai 1818.

[354] Inventaire des biens dépendant de la Fabrique de La Roquette-sur-Var, 8 mars 1906. L’inventaire date le testament d’Ambroise Faraut du 15 février 1817

[355] Arch. dép A-M, 71 J 8, Conseil de fabrique de La Roquette.

[356] Arch. dép A-M, 71 J 8, Conseil de fabrique de La Roquette.

[357] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, SA, La Roquette. Le denier du culte 1853 est de 191 lires.

[358] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P., demande en réductions de charges par le Conseil de fabrique, 5 juillet 1903.

[360] Arch dep am 02 O 0986 La Roquette-sur-Var.

[361] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P., demande en réductions de charges par le Conseil de fabrique, 5 juillet 1903.

[362] Arch. dép A-M, 71 J 6, Conseil de fabrique de La Roquette. 263 m², matrice  des propriétés cadastrales de La Roquette-sur-Var, 1869-1911, parcelle n°302.

[363] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P., demande en réductions de charges par le Conseil de fabrique, 5 juillet 1903.

[364] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 1. Autorisation de vendre cette parcelle accordée par le préfet le 27 mai 1880. Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds épiscopal, La Roquette, SC, 27 mai 1880.

[365] Arch. dép A-M, 71 J 3, Conseil de fabrique de La Roquette, 20 mai 1850.

[366] N.D. Del Bosco.

[367] Arch. dép A-M, 71 J 3, Conseil de fabrique de La Roquette, 1 juin 1873.

[368] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P. Baux à ferme, 17 décembre 1903, registre des délibérations du bureau de la fabrique. Ces biens sont mentionnés dans la matrice cadastrale ... de Saint-Martin-du-Var (?!) à « Fabrique de La Roquette », matrice 1867-1913, f°124.

[369] Arch. com. La Roquette-sur-Var, dépôt E 137, 1D1, p.5. Le devis était de 6000 francs.

[370] Arch. dép. A-M, 02 O 0986. Le ministre de la Justice et des Cultes a accordé un secours de 1000 francs ; Arch. com. La Roquette E dépôt 137, 1D1, Conseil municipal du 23 mars 1869, p.60.

[371] Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P., demande en réductions de charges par le Conseil de fabrique, 5 juillet 1903.

[372] Arch. dép A-M, 71 J 5, Conseil de fabrique de La Roquette, 2 janvier 1844 et commande du 22 novembre 1843.

[373] Arc. dép. A-M, 1 FS 1249, « Bilancio » de la fabrique de La Roquette pour 1844.

[374] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 1 f°231.  A quoi il faut ajouter 20 francs pour la vente de la parcelle pour le chemin d’intérêt communal.

[375] Arch. com. La Roquette-sur-Var, E dépôt 137, 1 D 1, Délibérations du Conseil municipal, p. 231.

[376] Inventaire des biens dépendant de la Fabrique de La Roquette-sur-Var, 8 mars 1906, Archives hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial, La Roquette, P.

[377] Pour le presbytère, estimé dans deux rubriques différentes, voir supra le développement sur le presbytère de la rue Inférieure.

[378]  Arch. hist. Diocèse de Nice, Fonds paroissial de La Roquette, P. Inventaire, 8 mars1906.

[379] Arch. dép. des A-M, 3V 507. Inventaire 1906.

[380] Philippe Gilletta de Saint Joseph, Des Gilletta aux Gilletta de Saint-Joseph. Chronique d’une famille du Comté de Nice de 1475 à nos jours, Chez l’Auteur, Nice, 2010, p. 64.

[381] Gilletta, op. cit., p. 70.

[382]   Gilletta, op. cit., pp. 20-58 et Garino, Levens, op. cit. p. 188.

[383] Gilletta, op. cit., p. 75.

[384] Gilletta, op. cit., p. 79.

[385] Gilletta, op. cit., p. 86.

[386] Gilletta, op. cit., p. 89.

[387] Gilletta, op. cit., p. 91.

[388] Gilletta, op. cit., p.95.

[389] Gilletta, op. cit., p. 109.

[390] Gilletta, op. cit., p. 114.

[391] Gilletta, op. cit., p. 115.

[392] Gilletta, op. cit., p. 89.

1 -