Du libre-échange au protectionnisme

 La fermeture de la frontière franco-italienne

 1887-1888

 
 
 
Pour citer : Michel Bottin, « Du libre-échange au protectionnisme : la déchirure frontalière, 1887-1888 », in Les Alpes-Maritimes et la frontière, 1860 à nos jours., Centre d’Histoire du droit, Ed. Serre, Nice, 1992, pp. 41-54.
 
 
         Il y a à peine plus de cent ans, Nice et les Alpes-Maritimes tournaient le dos à la frontière italienne et acceptaient, sans réticences apparentes, de n’être plus qu’un coin d’hexagone. C’est là un tournant brusque, chargé de conséquences dont le souvenir n’a été ravivé par aucune commémoration. En moins de trois ans la frontière franco-italienne a été verrouillée ; on peut à partir de quelques décisions majeures mesurer l’ampleur du changement :
         Le décret du 28 mars 1887 fait de Nice un chef-lieu de « groupe de défense », consacrant ainsi la transformation de la périphérie niçoise en véritable camp retranché[1]; une révision des projets de développement des voies de communication s’ensuit.
          Le 1er septembre de la même année, le service des études du chemin de fer projeté entre Nice et Coni est supprimé[2]. Le franchissement ferroviaire des Alpes n’est plus à l’ordre du jour.
         Le 27 février 1888 est mis en place un tarif protectionniste, prohibitif même, sur les importations de produits italiens[3]. La fracture économique se précise.
         Le 24 décembre 1888 est votée la loi créant 12 bataillons de montagne pour défendre la frontière des Alpes ; les Alpes-Maritimes, avec cinq bataillons, bénéficient de la plus forte implantation[4].
         Enfin le 11 juin 1889 la Chambre des députés se prononce en faveur de la construction de la voie ferrée Nice-Digne, mais à voie unique et étroite et sans rattachement portuaire, au motif que l’avenir économique de la zone frontière ne justifie plus un projet de grande envergure[5].
         Sur fond de surenchère boulangiste et de crise franco-italienne, la frontière se transforme en obstacle infranchissable. Oubliées, les ouvertures libre-échangistes du Second Empire, pourtant encore très présentes dans le traité franco-italien du 3 novembre 1881[6]. Effacées, les promesses du Plan Freycinet de 1879 qui prévoyait pour les Alpes-Maritimes la construction rapide de trois voies d’intérêt général : Nice-Digne, Nice-Coni par Tende et Nice-Vallée du Rhône par Grasse[7].
         Les contraintes cumulées du protectionnisme et de la défense des frontières ont à l’évidence provoqué une rupture profonde et durable dans la continuité transfrontalière traditionnelle. L’exaltation de la Patrie y a trouvé son compte : la nouvelle place de l’armée dans le département, et plus particulièrement à Nice, marquait sans équivoque la reconnaissance par la République de la province rattachée en 1860. Nice était bien française[8]. Il ne restait qu’à s’en montrer digne et accepter sans récriminations les servitudes qu’impliquait un tel honneur. La mise en place du tarif douanier de 1888 en sera l’examen probatoire.
         Ce tarif était assez protectionniste pour provoquer la rupture de la plupart des contacts commerciaux que Nice avait conservé avec le Piémont et la Ligurie. Comment les Niçois accepteraient-ils de participer à la guerre des tarifs engagée entre la France et l’Italie ? Etaient-ils prêts à offrir en sacrifice sur l’autel de la Patrie les espoirs, encore très vivaces dans tous les projets de développement, d’une ouverture vers l’Italie ? La République qui venait de faire de Nice une sentinelle placée à l’extrême sud-est, commandait qu’on aille jusqu’au bout de l’engagement patriotique, fût-ce au prix d’une nouvelle orientation économique régionale.
 
La rupture commerciale franco-italienne
 
         L’entrée de l’Italie dans la Triple Alliance le 20 mai 1882 aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie peut sans doute expliquer, à terme, la rupture de 1888. Dans l’immédiat toutefois rien n’affecte les relations économiques entre les deux pays : le traité de commerce signé entre la France et l’Italie en 1881 continue à être intégralement appliqué. Le renforcement des défenses de part et d’autre de la frontière, très net depuis 1878, n’entraine aucune rupture de communications, ni même de remise en cause des grands projets de franchissement des Alpes. Ceux-ci, à l’initiative de l’Italie, maîtresse depuis 1860 de la crête et des contreforts ouest du Mercantour sont toujours d’actualité. Ils doivent permettre l’aménagement d’une route entre Cuneo et Vintimille et d’une voie ferrée entre Nice et Cuneo.
Le percement du tunnel routier de Tende est terminé en 1882. Les travaux se poursuivent en direction de Vintimille par la vallée de la Roya. Mais il faut emprunter une portion de territoire français. L’autorité militaire française multiplie les objections, puis en 1883, après avoir pris toutes les garanties stratégiques finit par donner son accord[9].
La voie ferrée Nice-Coni rencontre des difficultés semblables ; les travaux côté italien sont très avancés. Le tunnel de Tende est percé. Côté français, la voie ferrée a été comprise dans le Plan Freycinet de 1879 et doit normalement être construite dans les plus brefs délais. Mais l’état-major s’oppose à une réalisation immédiate. Les études sont arrêtées en 1881[10], le temps, explique-t-on, qu’on mette en place les sécurités nécessaires. La construction, en 1882, sur les hauteurs de Sospel, du puissant fort du Barbonnet, débloque la situation[11]. Les études reprennent. Vingt ans après l’Annexion, la France et l’Italie agissent toujours d’un commun accord pour aménager leur frontière commune. Plus pour longtemps
 
La nouvelle politique douanière de la France
 
         Le tournant décisif est pris en 1886. Cette année là marque la reprise, à une cadence très soutenue, des travaux de fortifications à la périphérie de Nice. Elle marque aussi la première remise en cause, par la France, du traité de commerce du 3 novembre 1881. Le 13 mars 1886 la question d’une possible dénonciation est abordée au cours d’un débat à la Chambre des députés[12]. L’article 18 du traité prévoyait que celui-ci serait exécutoire jusqu’au 1er février 1892 mais il était prévu que chaque partie se réservait la possibilité d’en faire cesser les effets à compter du 1er janvier 1888 à condition de le dénoncer douze mois à l’avance[13]. Cette échéance éveille les sentiments protectionnistes de la majorité des députés et sénateurs car le traité franco-italien fait partie d’un ensemble de conventions négociées avec plusieurs pays européens et arrivant à expiration au plus tard en 1892[14]. Une remise en question de l’accord avec l’Italie, le premier de la liste, devrait inévitablement provoquer une réaction en chaîne et aboutir à de nouvelles négociations sur les bases protectionnistes souhaitées, ou même à une application intégrale du tarif général des douanes. C’est ce mouvement qui converge vers la célèbre loi Méline du 11 janvier 1892, qui substitue le tarif général aux tarifs conventionnels et rompt avec une évolution libre-échangiste sans cesse renforcée par l’application de la clause de la nation la plus favorisée.
         La critique protectionniste française rejaillit immédiatement sur la convention de navigation qui liait la France et l’Italie depuis le 13 juin 1862. Le traité de commerce de 1881 avait prévu dans un article additionnel qu’une nouvelle convention serait signée avant le premier janvier 1883 et que dans l’intervalle on appliquerait les dispositions en vigueur[15]. Les négociations trainèrent en longueur et le 17 juillet 1886 la France prenait l’initiative de la rupture[16]. Au mois d’octobre la question de la dénonciation du traité de 1881 était à nouveau évoquée.
         Le débat parlementaire français fut fort mal perçu en Italie. C’est ce que rapporte Moüy, l’ambassadeur de France à Rome, à Freycinet président du Conseil des ministres et ministre des Affaires étrangères, dans une dépêche du 28 octobre 1886 : il pense que cette position ne peut que froisser l’amour propre des Italiens et relancer le débat protectionniste. La presse italienne s’en fait l’écho : L’Opinione a reproduit un article de Luzzati, le vice-président de la Commission des douanes, très favorable à une remise en cause du traité, mais la plupart des journaux font ressortir « les périls d’une guerre des tarifs » pour l’Italie. Le Popolo Romano, principal soutien du président du Conseil Depetris s’est franchement montré hostile et Depetris lui-même, lui a donné des assurances. Mais l’opinion publique risque de s’enflammer[17].
         La situation évolue très vite. La tendance n’est bientôt plus à l’apaisement. A la fin du mois de novembre, Robilant, le ministre des Affaires étrangères italien, émet l’idée d’une possible dénonciation du traité de 1881 au cas où le traité de navigation ne serait pas reconduit ou renégocié[18]. Une sensible tension militaire commence à se faire sentir sur le secteur sinon le plus sensible, du moins le plus faible de la frontière franco-italienne, celui des Alpes-Maritimes. Le Génie militaire français qui avait cessé ses achats de terrain depuis 1881 les reprend et multiplie les travaux à partir de 1886[19]. Au début de l’année 1887, indisposée par les rodomontades du général Boulanger, ministre de la Guerre depuis le 7 janvier de l’année précédente, l’Italie conclut une entente navale avec l’Angleterre pour assurer l’équilibre politique en Méditerranée[20] puis signe le 20 mai 1882 une alliance pour une durée de cinq ans avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie[21]. Enfin elle signe le 4 mai avec l’Espagne un traité de défense[22].
         En France, les tendances protectionnistes, attisées par les difficultés agricoles, gagnent du terrain. Les importations de bestiaux sont passées en deux ans, de 1881 à 1883, de 2 à 3 millions de têtes[23]. C’est là un exemple parmi d’autres. Le gouvernement intervient. Une loi du 29 mars 1885 a déjà substitué un droit protecteur de trois francs le quintal sur les blés en remplacement d’un droit de 60 centimes ; une loi du 24 mars 1887 le porte à cinq francs[24]. Pour les bestiaux, une disposition du 5 avril augmente considérablement les droits à l’importation[25].
         A la même époque dans les Alpes-Maritimes on attend avec une certaine impatience un renforcement des défenses frontalière capables de dissuader l’Italie. Le 28 mars Nice devient chef-lieu d’un groupe de défense avec à sa tête un général-gouverneur[26]. Mais l’attente devient d’autant plus vive que depuis le 30 mai, Maurice Rouvier, ancien député des Bouches-du-Rhône et député des Alpes-Maritimes depuis deux ans, remplace Goblet à la présidence du Conseil. Rouvier a les moyens d’accorder à son département les garnisons demandées un peu partout de Menton à Grasse en passant par Antibes. Une opération militairement justifiée ... et électoralement très rentable. Le ministre de la Guerre du cabinet Rouvier, le général Ferron, effectue ainsi dès le mois de juin une tournée dans les Alpes-Maritimes au cours de laquelle il promet l’arrivée prochaine de plusieurs unités[27].
 
L’application du tarif général
 
         Du côté italien, des manufacturiers protectionnistes réussissent à obtenir de leur gouvernement quelques retouches au tarif de 1881, afin pensent-ils de faire pression sur les négociations qui doivent inévitablement s’ouvrir bientôt. Le 14 juillet l’Italie publie un nouveau tarif général et annonce le relèvement de certains droits[28]. Des pourparlers sont aussitôt engagés pour mettre au point un nouvel accord sur l’ensemble du tarif[29].
         L’opération s’engage dans de mauvaises conditions. Depetris décède. Crispi lui succède et fait au début du mois d’octobre, peu de temps après sa nomination, une visite privée à Bismarck à Friedrichruh dans le Holstein. L’entrevue qui aurait dû rester secrète est rendue publique. Crispi apparaît immédiatement comme l’allié de l’Allemagne ... et l’ennemi de la France. Ses démentis et ses protestations d’amitié ne réussissent pas à entamer la défiance française.
         En France éclate à la même époque le scandale des décorations qui aboutit à la démission du président de la République Jules Grévy à la fin du mois de décembre. L’action diplomatique de la France est alors suspendue pendant plus d’un mois[30] jusqu’à ce que Tirard succède à Rouvier le 12 décembre. Entretemps les pourparlers avec l’Italie n’ont pas avancé. Celle-ci menace d’appliquer son tarif général à compter du 1er janvier 1888. Il faut donc donner d’urgence au gouvernement les moyens de répliquer en appliquant un tarif équivalent, voire plus élevé pour certains produits puisqu’à cette époque là la session parlementaire sera close. C’est l’objet des débats qui s’ouvrent à la Chambre des députés le 15 décembre. La tendance n’est pas à l’apaisement. Faut-il simplement autoriser le gouvernement à frapper les importations italiennes de droits correspondants à ceux portant sur les importations françaises ? Jules Méline, rapporteur de la loi, ne le pense pas. L’Italie, explique-t-il, frappe surtout les produits industriels, peu les produits agricoles : « Si nous nous bornons à adopter ses chiffres nous nous trouverons désarmés sur les articles d’exportation qui l’intéressent le plus ». Il faut « relever en bloc »[31]. Le député Bourgeois surenchérit et replace la négociation dans le cadre général des treize traités de commerce qui lient la France : sept, précise t-il arrivent à échéance en 1892, six peuvent prendre fin à l’expiration d’un délai de dénonciation de six à douze mois. Il faut en profiter pour commencer à dénoncer les tarifs conventionnels et rebâtir un tarif protectionniste[32].
         Le débat se poursuit le lendemain au Sénat sur le même ton. Dautresne, le ministre du Commerce et de l’Industrie, tente de freiner la surenchère protectionniste. Il met en garde : « C’est une chose grave que de s’engager dans la guerre des tarifs ». Il s’affirme « protectionniste invétéré ». « Personne, affirme-t-il, ne peut m’accuser de tendresse envers les doctrines libre-échangistes » mais il faut poursuivre les négociations[33]. C’est dans ce but, mais sans grand espoir, qu’est signé à Rome le 29 décembre un protocole prorogeant l’application du traité de 1881 jusqu’au 1er mars 1888[34]. Le désaccord demeurant patent le gouvernement français publie le 27 février le nouveau tarif des douanes sur les produits italiens[35]. Le surlendemain 29, l’Italie procède de même pour les produits français[36]. Une immense brèche vient d’être ouverte par les partisans du protectionnisme dans l’édifice libre-échangiste construit depuis une trentaine d’années. Une situation nouvelle pour les Niçois qui avaient pu constater que le rattachement à la France n’avait guère entravé les relations traditionnelles tissées avec le Piémont et la Ligurie.
 
La nouvelle orientation économique régionale
 
         Deux orientations dominantes caractérisent l’évolution du commerce niçois au XIXe siècle. La première est marquée par la croissance des relations commerciales avec la Provence, Marseille en particulier. Cela confirme l’évolution, déjà très avancée au XVIIIe siècle, d’inversion des courants commerciaux des ports ligures vers la Provence. La seconde orientation est la dépendance alimentaire récurrente de la province niçoise, surtout en céréales mais aussi en vins et en viandes. Le déséquilibre est ancien. Il s’est aggravé au XIXe siècle à mesure que s’accroissait la population de Nice et que l’oléïculture se généralise au dépend des autres cultures. Une bonne partie de ce déficit est comblé au moyen d’importations piémontaises.
         Le rattachement de 1860 n’a pas profondément modifié ces orientations. Le faible niveau des droits de douane jusqu’en 1881, et même jusqu’en 1888, favorise toujours ces importations italiennes pour des raisons évidentes de proximité et d’habitudes commerciales. Les quelques indications chiffrées qui suivent laissent apparaître l’importance de ce courant commercial.
         En 1886, les importations directes d’Italie vers Nice sont les suivantes[37] :
Bœufs         13.000 têtes
Vaches        3.000 têtes
Veaux         8.200 têtes
Moutons     34.000 têtes
Porcs          4.300 têtes
Viande de boucherie et volailles        841 tonnes
Viande salée                                      283 tonnes
Vins ordinaires (hors transit par Marseille ou Sète)       187 hl
Riz                                                    1.400 tonnes
Maïs                                                 1.100 tonnes
Avoine                                              404 tonnes
Blé (hors transit par Marseille)          13.500 tonnes
Œufs                                                 140 tonnes
 
         Soit approximativement 50.000 tonnes dont un peu moins de la moitié transite par le poste frontière de Fontan sur la route du col de Tende[38]. La valeur approximative de l’ensemble approche les 50 millions de francs, soit un peu moins du sixième des importations italiennes globales pour la même année 1886 (309 millions)[39].
         La part des exportations est beaucoup plus faible. Elle ne dépasse probablement pas le million de francs sur un total d’exportations vers l’Italie de192 millions, toujours pour 1886. Fortes importations de produits alimentaires, très faibles exportations ; le déséquilibre est net. Il explique les réactions à la publication des nouveaux tarifs.
 
Les réactions
 
         Dès le 1er mars, l’éditorialiste de L’Eclaireur de Nice, Jules Michel, donne le ton : « La mesure prise par le gouvernement de la République est grave, elle sera probablement nuisible à de nombreux intérêt particulier de notre département et des départements voisins. Elle n’en sera pas moins unanimement approuvée par tous ceux qui mettent l’amour de la patrie au-dessus de toute considération d’ordre privé. Il reste au gouvernement de la République le devoir, dans les limites du possible, de venir en aide aux populations du sud-est de la France qui vont avoir le plus à souffrir de la guerre des tarifs ouverte entre l’Italie et notre pays. Ce que nous tirions des provinces italiennes limitrophes à notre territoire nous devons chercher à le tirer d’autres pays producteurs comme la Corse ou l’Algérie. Et pour cela il est indispensable que l’Etat se hâte d’organiser, de protéger et de subventionner une ou plusieurs lignes de vapeurs aboutissant à Marseille, mais aussi et surtout à Nice, le département des Alpes-Maritimes étant le plus atteint par la rupture économique que M. Crispi vient de rendre inévitable »[40]. Un petit chef-d’œuvre de désinformation sur fond de propagande : c’est grave pour les intérêts locaux, en particulier pour les approvisionnements, mais on peut trouver mieux ailleurs, en Algérie par exemple. De toutes les façons la faute en revient à Crispi ; le patriotisme exige qu’on fasse front.
         S’agissant de la mise en cause de Crispi, l’exposé des faits a montré que depuis 1886 la France n’a pas toujours œuvré dans le sens de l’apaisement. L’impartialité, sinon l’objectivité, voudrait qu’on renvoie les deux parties dos à dos : faut-il y voir la pression des soyeux de Milan et des drapiers de Lombardie et de Vénétie[41] ? C’est ce que pense le président de la Chambre de commerce française de Milan, Lucien Salomon, pour qui « le nouveau tarif général revu et corrigé est l’œuvre de quelques grands industriels qui sont allés directement à Rome pour s’assurer qu’aucune prorogation ne serait assurée. Faut-il y voir le poids des intérêts protectionnistes français, éleveurs, céréaliers, viticulteurs touchés par la crise[42]? C’est ce qui ressort de façon évidente des débats au Parlement français. L’italophile journal niçois Il Pensiero di Nizza a beau jeu de dénoncer l’attitude des sénateurs qui ont tout fait pour protéger les agriculteurs, y compris les sériculteurs, sans penser entre autres, aux soyeux lyonnais qui s’approvisionnent en matières premières en Italie du Nord. La mesure les a fortement mécontentés commente l’éditorialiste du Pensiero, Joseph André. Cet exemple suffit, estime-t-il, à dénoncer une telle politique protectionniste[43].
         Pour L’Eclaireur, comme pour Le Petit Niçois, l’attitude de Crispi est incompréhensible : au pire ; il se comporte en fidèle allié de l’Allemagne ; au mieux il est prisonnier des groupes protectionnistes. Il engage une guerre des tarifs au moment où l’Italie se trouve confrontée à une démographie galopante et à une crise agricole aiguë. Aussi est-ce avec une compassion mêlée d’une certaine satisfaction que la presse républicaine locale considère l’aggravation de la crise en Italie. Pour cette presse c’est une conséquence directe de la guerre des tarifs. L’Avenir Commercial de Nice s’en fait souvent l’écho à partir du mois d’avril ; il souligne les pertes italiennes à l’exportation[44]. Son directeur, Victor Garrien, revient à plusieurs reprises sur le sujet et n’explique pas autrement qu’on ait pu en arriver « aux désastres de la Sicile et de la Pouille, à la ruine de deux grandes provinces »[45]. Le bilan du premier semestre, toujours selon L’Avenir Commercial, est effectivement très lourd : les pertes italiennes à l’exportation s’élèvent à « 2,5 millions sur les bestiaux, 5 millions sur les huiles, le beurre et les œufs, 2 millions sur le riz et les foins secs, 15 millions sur les soies grèges et moulinées, 15 millions sur les vins. Soit au total une perte de 40 millions sur les articles principaux que l’Italie avait coutume de nous envoyer. Encore faut-il tenir compte de ce que la mise en vigueur des nouveaux tarifs ne date que des premiers jours de mars. Le dommage enduré n’est pas contestable »[46]. Troubles, vie chère, pénurie ... la presse plaint les Italiens pour mieux critiquer Crispi. Elle réussit tellement bien qu’un sénateur transalpin pourra déplorer à l’occasion de la discussion du budget de l’Agriculture que l’Italien soit devenu « de l’autre côté des Alpes un objet de commisération »[47].
         Quant aux débats parlementaires français du mois de décembre, seul Il Pensiero s’en fait l’écho. Il fait ressortir le fait qu’un député français a pu ouvertement souhaiter, sans être contesté, que l’accord ne se fasse pas avec l’Italie, alors qu’on a clairement émis le vœu inverse au Parlement italien[48]. Le 3 mars, sa revue de presse transalpine est particulièrement révélatrice des regrets de l’Italie de n’avoir pu parvenir à un accord.
 
Le mirage algérien
 
         Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’intérêt porté par la presse locale aux probables difficultés d’approvisionnement est moindre. Ces difficultés estime-t-on, ne seront que passagères. On doit pouvoir trouver assez rapidement de nouvelles sources d’approvisionnement. Seul Il Pensiero fait ressortir les conséquences sociales de la rupture. Dès le 1er février, Joseph André s’en prend aux « grossi satraponi » de l’agriculture française et à l’école protectionniste. A-t-on pensé aux pauvres de Nice qui devront payer leur pain et leur riz plus cher ?[49] Au mois d’avril, Il Pensiero signale que les effets de la rupture commencent à se faire sentir. Reprenant un article du journal La France, il note que le coût de la vie augmente à Marseille, Toulon et Nice. Mais sans données statistiques fiables la critique ne peut aller bien loin. Le 2-3 juillet Joseph André apporte un élément intéressant à ce dossier en publiant la lettre d’un correspondant d’Isola, dans la montagne niçoise, où, à l’occasion de la foire de la Saint Jean « les prix se sont élevés comme par enchantement ». La population est satisfaite. Mais, commente André, c’est tout simplement parce que les importations piémontaises sont taries[50].
         Il reste l’Algérie. L’espoir de nouer des relations commerciales directes fait la une de l’actualité locale pendant plusieurs mois après la rupture du 1er mars. A vrai dire certains en avaient déjà parlé avant. Le député Borriglione, ancien maire de Nice, avait le premier pris contact avec Dautresne dès le 11 octobre 1887 pour demander la mise en place d’une ligne directe avec l’Algérie afin de compenser la baisse des importations céréalières italiennes consécutive à l’augmentation des droits sur les blés depuis le 29 mars précédent[51]. La possibilité avait déjà été évoquée dans son journal, Le Petit Niçois. Jules Michel en la reprenant le 1er mars dans L’Eclaireur, le quotidien concurrent, ne fait qu’exprimer un sentiment général. Même Il Pensiero, surpris par l’effet unanimiste semble se rallier au projet algérien[52]. On y trouve que des avantages. Jules Michel va même jusqu’à écrire que « la dénonciation du tarif douanier entre la France et l’Italie aura prouvé une fois de plus qu’à quelque chose malheur est bon »[53]. Le 19 mars, Eugène Abbo, président de la Chambre de commerce de Nice, adresse une demande au ministre du Commerce justifiant l’établissement d’une ligne directe.
         Profitant du mouvement favorable, la Chambre de commerce organise des réunions de commerçants concernés[54] et recense ce qui pourrait être transporté d’Algérie à Nice -une bonne partie des anciennes importations italiennes- et aussi ce qui pourrait être exporté comme fret de retour : « marchandises lourdes, de la chaux, du ciment, des pierres de taille et des objets de céramique grossière ». « Une bonne action et une bonne affaire » commente L’Avenir Commercial[55] assuré de voir dans cette rupture la chance de Nice. C’est avec la même assurance qu’il avait déjà prédit le 1er avril : « Au lieu de franchir les Alpes nous traverseront la Méditerranée. Nous resterons en France et nous enrichirons notre belle colonie au plus grand profit du consommateur. Ce sera un double bénéfice »[56]. Et même davantage si on ajoute « qu’elle (l’Algérie) peut nous affranchir du tribut que nous payons jusqu’ici à l’Italie »[57]. Le projet semble prendre corps. D’autant mieux qu’en Algérie « on a accueilli avec un enthousiasme général » ce « tarif des douanes sur certains produits italiens similaires aux nôtres »[58]. Des contacts sont pris avec des commerçants en Algérie. Les journaux de Constantine et de Bône font à leur tour assaut de projets[59].
         Il ne reste plus qu’à obtenir la ligne directe. Si son établissement passe peut-être par un soutien gouvernemental, il passe d’abord par l’accord d’une compagnie de navigation. Les députés des Alpes-Maritimes ont engagé une démarche commune auprès de Pereire, le président de la Compagnie transatlantique, afin d’obtenir une liaison par grand paquebot Alger-Marseille-Nice sans transbordement à Marseille[60]. En avril, au cours de sa session de printemps, le Conseil général demande à son tour une ligne directe[61]. Mais c’est sans doute, dans l’immédiat, trop demander. Dès la fin du mois de mars, le représentant à Nice de la Compagnie transatlantique, A. Mossa, informe le public que sa compagnie a modifié ses horaires de la ligne régulière Marseille-Gênes et que le paquebot pourra désormais faire escale à Nice, les colis pour Nice en provenance de l’Algérie étant transbordés à Marseille[62]. La mesure est accueillie avec satisfaction.
 
Conclusion : une déchirure frontalière profonde et durable
 
         La frontière est maintenant fermée. Durablement. Aucun rapprochement diplomatique ne pourra plus pendant longtemps remettre en question les tarifs de1888. Le protectionnisme s’est installé. L’administration des douanes travaillera à le consolider. En 1896, sous la pression de l’Inspection des Finances, elle multiplie les difficultés en matière de relations de voisinage et applique avec la plus grande rigueur la convention franco-italienne du 30 mars 1861 définissant les droits des frontaliers. En 1908, elle s’oppose toujours à l’installation d’un poste de douane à la frontière sur la route du littoral au Pont-Saint-Louis, préférant contrôler à Garavan à l’est de Menton, en dépit des lourdeurs administratives. On pourrait multiplier les exemples. La rigueur du contrôle va toujours de pair, il est vrai, avec le niveau élevé des droits. Nice et les Alpes-Maritimes s’en sont accommodées, optant avec enthousiasme pour la solution algérienne ... à moins qu’elle n’ait été simplement que marseillaise. Une attitude ambigüe, favorisée par l’italophobie ambiante et encouragée par la nécessité d’apparaître fidèle à la République. Un sacrifice commercial offert en signe d’appartenance à la Patrie ? N’allons pas jusque là. Si les intérêts des Alpes-Maritimes s’étaient trouvés lésés à l’exportation, on peut croire que la protestation aurait été à la mesure de la perte subie. Il ne s’agissait que d’un problème surmontable d’approvisionnement.
         L’important pour Nice est ailleurs : la fermeture frontalière a entrainé dès 1888 le sacrifice d’un grand projet, celui de percer les Alpes et de faire de Nice le débouché du Piémont. Une grande idée mais surtout un vieux rêve : reprendre l’aventure du Port-Franc et assurer à Nice une place entre Gênes et Marseille. Les servitudes militaires sur la zone-frontière en gênaient simplement la réalisation. La poussée protectionniste, dès 1887, le rend illusoire. A quoi bon créer une ligne ferroviaire internationale pour un trafic réduit, sans possibilité de développement. Le nouveau tarif des douanes a placé Nice le dos aux Alpes. Lorsqu’après une dizaine d’années de réflexions et d’études, il sera à nouveau question de construire la ligne vers Coni, il sera trop tard. La rupture commerciale aura été consommée, au profit de Marseille. La ligne internationale Nice-Coni ne sera plus qu’un simple raccordement sur la ligne italienne Coni-Vintimille par le tunnel de Tende. Entretemps, les Niçois avaient compris que l’Algérie serait toujours plus proche de Marseille que de Nice !
 
 
 


[1] Michel Bottin, « La militarisation de la frontière des Alpes-Maritimes, 1878-1889 », in Les Alpes-Maritimes 1860 à 1914. Intégration et particularismes, Ed. Serre, Nice, 1988, pp. 97-116, à la p. 103.

[2] Lettre du directeur du personnel du ministère des Travaux publics au préfet des Alpes-Maritimes, du 13 août 1887, Arch. dép. des A-M, 404 S, sous-liasse 1.

[3] Loi du 27 février 1888 modifiant le tarif général des douanes à l’égard de certains produits italiens, Recueil des Traités de la France, par De Clercq, T. XVII, 1886-1887, Paris, 1891, pp. 517-523.

[4] Michel Bottin, « La militarisation », op.cit., p. 107.

[5] Le discours du député de la Seine Eugène Delattre lors de la séance du 11 juin 1889 à la Chambre des députés est une pénétrante analyse de la question. Il a été reproduit par L’Avenir Commercial de Nice du 11 août 1889.

[6] Recueil des Traités, par De Clercq, op. cit., T. XIII, 1881-1882, pp. 166-185.

[7] Sur la non-exécution du Plan Freycinet dans la Alpes-Maritimes, cf.  le discours de Delattre note 5 ci-dessus. Cf. également pour la période 1895- 1900, Principaux rapports, discours, conférences par Ernest Lairolle, Nice, 1901 et Flaminius Raiberti, Ma correspondance parlementaire au sujet de la ligne Nice-Coni. 1891-1921, Nice, 1928. Les deux ouvrages précités ne traitent que de façon allusive les échecs de la période 1879-1887. Sur Raiberti, « député de la frontière », Paul-Louis Malausséna, « Le discours d’un parlementaire niçois, Flaminius raiberti. De l’identité locale à l’identité nationale », in Les Alpes-Maritimes. 1860-1914, op. cit., pp. 37-48. Pour l’histoire d e la voie ferrée Nice-Coni, G. de Santos et J. Banaudo, Le chemin de fer du col de Tende, Menton, 1979.

[8] Sur le renforcement du sentiment républicain et l’exaltation des valeurs patriotiques, Paul Isoart, « Nice française. 1860-1914. Manifestations populaires et lieux de mémoire », in Les Alpes-Maritimes. 1860-1914, op. cit., pp. 157-187. Sur la commémoration du 14 juillet, Geneviève Etienne, « La commémoration du 14 juillet dans le Comté de Nice entre 1880 et 1892 », in Les Alpes-Maritimes. 1860-1914, op. cit., pp. 189-213 ; Paul Isoart, «  De la fête à la guerre. Le 14 juillet dans la presse républicaine niçoise. 1880-1919 », in Nice Historique, 1989, pp. 65-73 ; Sylvie de Galléani et Olivier Vernier, « Le souvenir de la Révolution dans le Comté de Nice. 1881-1939 », in Nice Historique, 1989, pp. 75-84.

[9] Arch. dép. des A-M, 26 S, sous-liasse 2.

[10] Arch. dép. des A-M, 15 S, à propos de la zone-frontière et de la conférence mixte Génie-Ponts et Chaussées, et 404 S, sous-liasse 1, lettre du ministre des Travaux publics en date du 19 novembre 1881 annonçant que l’avant-projet de ligne a reçu un avis défavorable de la commission mixte.

[11] Lettre du 16 août 1882 du directeur général des Chemins de fer au préfet des Alpes-Maritimes l’informant de la levée de l’interdiction par l’autorité militaire, Arch. dép. des A-M, 404 S, sous-liasse 1. Le 23 avril L’Avenir Commercial de Nice publiait déjà une lettre du ministre de la Guerre à Borriglione l’informant que la construction du fort du Barbonnet était décidée : « Dès qu’elle sera entreprise, je ne ferai plus aucun obstacle à ce qu’on reprenne les études ». Sur les caractéristiques du fort du Barbonnet, Association Edelweiss, Le système fortifié des Alpes-Maritimes. 1860-1940, 17 pages, dact, sd.

[12] Dictionnaire des Finances, dir . Léon Say, Paris, 1889, art. « Douanes ». Dépôt d’un projet de résolution en vue de dénoncer le traité avec l’Italie qui « en enchaînant la liberté et l’industrie de notre pays rend impossible les mesures que nécessitent les transformations économiques du monde entier ».

[13] L’article 18 du traité du 3 novembre 1881 prévoyait que chaque partie contractante avait « la faculté d’en faire cesser les effets le 1er janvier 1888 en le dénonçant douze mois à l’avance. Dans l’exposé présenté au Chambres françaises le 5 novembre à l’appui du projet de loi portant approbation du traité on se borne à préciser que « le traité pourrait être éventuellement dénoncé à la fin de la cinquième année pour prendre fin au 1er janvier », Recueil des Traités, par De Clercq, op. cit., T. XVII, p. 185.

[14] Belgique (31 octobre 1881), Italie (3 novembre 1881), Autriche-Hongrie (7 novembre 1881), Portugal ( 19 décembre 1881), Norvège-Suède (30 décembre 1881), Espagne (6 février 1882), Suisse ( 23 février 1882), Pays-Bas (19 avril 1884). Pas d’accord avec la Grande-Bretagne mais l’application du tarif général à partir du 1er mars 1882 a été atténuée par une loi du 27 février 1882 la faisant bénéficier de la clause de la nation la plus favorisée, Répertoire de législation Dalloz. Supplément, T. 5, 1890, art. « Douanes ».

[15] Recueil des Traités, par De Clercq, op. cit., T. XIII, p. 171.

[16] Recueil des Traités, par De Clercq, op. cit., T. XIII, p. 249. Le 5 août Robilant, le ministre italien des affaires étrangères, s’en plaint à Moüy, l’ambassadeur de France à Rome en lui faisant part de l’espoir de voir les négociations reprendre, Documents diplomatiques français. 1871-1914, 1ère série, T. VI, 1885-1887, Paris, 1934, p. 278.

[17] Documents diplomatiques français, T. VI, op. cit., pp. 278-279.

[18] Ibidem, p. 369. Dépêche de Moüy à Freycinet.

[19] Michel Bottin, « La militarisation », op.cit., p. 102.

[20] Gaetano Savemini, La politica estera italiana dal 1871 al 1915, Milano, 1970, p. 326.

[21] Ibidem, p. 328.

[22] Georges André-Fribourg, L’Italie et nous, ed. P. Dupont, Paris, 1987, p. 102.

[23] Dictionnaire des Finances, op. cit., p. 1537.

[24] Répertoire de législation Dalloz. Supplément, op. cit., T.V, p. 533.

[25] Dictionnaire des Finances, op. cit., p. 1537.

[26] Cf. supra.

[27] Michel Bottin, « La militarisation », op.cit., p. 105.

[28] Le tarif général est mentionné par le Recueil des Traités, par De Clercq, op. cit., T. XVII, p. 511.

[29] Gérard, chargé d’affaires à Rome, indique le 16 octobre à Flourens, ministre des Affaires étrangères, que Crispi lui a paru étonné de l’hostilité française à utiliser ce tarif général comme base de discussions, Documents diplomatiques, op. cit., T. VI, p. 624.

[30] C’est ce que précise Jules Méline, rapporteur du projet de loi sur la dénonciation du traité de 1881, J.O. Débats parlementaires. Chambre des députés, 15 décembre, p. 2130.

[31] Ibidem.

[32] Ibidem.

[33] J.O. Débats parlementaires. Sénat, 16 décembre, p. 1013.

[34] Recueil des Traités, par De Clercq, op. cit., T. XVII, p. 516.

[35] Ibidem, pp. 517-523.

[36] Publié au J.O. du 8 mars et repris par L’Eclaireur de Nice du 9 mars.

[37] L’Avenir Commercial de Nice, 1er juillet 1888. Les archives de la direction des Douanes sont, en l’état actuel, incommunicables. Il faut employer les données chiffrées fournies par la presse locale. Les indications ci-dessus ne concernent que les importations italiennes agricoles terrestres et maritimes. On n’y trouve donc aucun produit manufacturé ... ni les huiles, la production locale étant très excédentaire.

[38] Evaluation à partir d’une statistique du receveur des douanes de Fontan, route du col de Tende, pour 1871, et dressée dans le cadre d’une enquête portant sur le trafic de base d’une future ligne ferroviaire Nice-Coni. Les marchandises pour Vintimille et en provenant ont été déduites :

*Nice-Coni 574.350 francs pour 656.489 kg.

9 350 voyageurs en voiture ; 3 139 voyageurs à pied.

*Coni-Nice 17.108.108 francs pour 20.619.354 kg.

5.590 voyageurs en voiture ; 5.643 voyageurs à pied.

Arch. dép. des A-M, 4043, sous-liasse 1.

[39]  Année             1880     1881      1882     1883       1884      1885

Importations       398         434         361       427         369          263

Exportations        181        210       200         177       172          177

Annuaire statistique de la France, Imprimerie nationale, Paris,1887, p. 429. Pour l’année 1886, L’Avenir Commercial du 1er avril 1888 donne les chiffres suivants : importations 309 millions, exportations 192 millions.

[40] L’Eclaireur de Nice du 1er mars 1888.

[41] C’est ce que dit par exemple L’Avenir de Menton, repris par L’Avenir Commercial de Nice du 22 avril 1888.

[42] L’Avenir Commercial de Nice du 1er janvier 1888.

[43] Il Pensiero di Nizza du 24 février 1888.

[44] L’Avenir Commercial de Nice du 29 avril 1888.

[45] Ibidem au 1er juillet.

[46] L’Avenir Commercial de Nice du 29 avril 1888.

[47] Ibidem au 1er juillet.

[48] Il Pensiero di Nizza du 17 février 1888.

[49] Ibidem au 1er février.

[50] Ibidem au 2 et 3 juillet.

[51] L’Avenir Commercial de Nice du 18 mars 1888.

[52] Il Pensiero di Nizza des 5 et 6 mars.

[53] L’Eclaireur de Nice du 11 mars.

[54] L’Avenir Commercial de Nice du 20 mai 1888.

[55] Ibidem au 1er juillet.

[56] Ibidem au 1er avril.

[57] Ibidem.

[58] Ibidem au 22 avril.

[59] L’Eclaireur de Nice au 28 mars par exemple.

[60] Ibidem au 11 mars.

[61] L’Avenir Commercial de Nice au 15 avril.

[62] L’Eclaireur de Nice du 26 mars 1888.

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