Féodalité Noblesse niçoise
 
 
 
 

La noblesse niçoise au XIXe siècle

Eléments pour une histoire politique

 
 
 
 
Pour citer : Michel Bottin, « La noblesse niçoise au XIXe siècle.  Eléments pour une histoire politique », in Cahiers de la Méditerranée, 1991, pp. 19-32
 
 
         Pendant longtemps négligée par la recherche historique, l’étude de la noblesse au XIXe siècle s’est enrichie depuis une dizaine d’années de nombreux travaux qui ont mis en évidence l’importance de ses positions sociales, économiques et politiques. La matière a été complètement rénovée, imposant à la vision française -dominée par l’historiographie révolutionnaire et l’affaiblissement, réel ou supposé, de la société nobiliaire- une approche plus européenne. L’effacement du groupe nobiliaire, replié sur des positions résiduelles héritées de l’Ancien Régime, y apparaît comme un leurre. Les noblesses récentes ou anciennes, se sont efficacement adaptées aux nouvelles conditions économiques et politiques[1].
         C‘est le cas pour le royaume de Piémont-Sardaigne marqué jusqu’à l’Unité italienne par une efficace politique de rénovation et de promotion nobiliaire. Le service de l’Etat, dans la magistrature et l’administration civile, puis de plus en plus dans l’armée, devient la justification de la protection du groupe par le souverain.
         Petite province périphérique de l’Etat sabaudo-piémontais, le Comté de Nice porte la marque jusqu’en 1860 de cette politique des élites. Cette situation tranche évidemment avec celle de la Provence française voisine, et plus généralement avec celle de la France : la politique nobiliaire, de Napoléon I à Napoléon III en passant par la Restauration et la Monarchie de Juillet, y apparaît plus discontinue et contradictoire, tiraillée entre le désir de soutenir une action de promotion dans l’Etat et la nécessité de protéger des situations existantes ... ou de les contester[2]. Déjà en cours de creusement au XVIIIe siècle, le fossé séparant les deux noblesses, sarde et française, s’est élargi au XIXe siècle. Le service de l’Etat donne à la première une unité qui n’en fait que mieux ressortir les divisions de la seconde.
         Le Rattachement de 1860, en mettant en contact cette noblesse niçoise, d’origine et de formation non française, avec l’Empire de Napoléon III devait bien évidemment poser un problème majeur d’engagement patriotique et d’intégration : la faiblesse des liens avec la noblesse française, et principalement provençale, d’une part, les promesses de l’Unité italienne d’autre part, dictaient pour beaucoup le choix italien. La fidélité dynastique était sauve. L’expatriation et le déracinement risquaient d’en être le prix.
 
Le service de l’Etat. 1800-1860
 
         La politique nobiliaire de la Maison de Savoie au XVIIIe siècle s’organise autour de deux axes principaux : d’une part un anoblissement par charges très tôt maîtrisé et contrôlé par l’Etat grâce à l’absence de vénalité, d’autre part un régime féodal, progressivement rénové au profit des droits de la Couronne par une politique d’inféodations et de réinféodations éliminant progressivement les éléments les plus patrimoniaux[3].
 
La restauration nobiliaire
         La Restauration sarde poursuit cette politique nobiliaire et introduit, à l’instar d’autres Etats européens à la même époque, deux éléments de modernisation : la suppression du régime féodal d’une part et, d’autre part, la rationalisation de l’accès aux carrières militaires en faveur des nobles[4].
         Malgré 22 ans de présence française et un puissant parti pro français, à Nice principalement, le Comté de Nice apparaît comme un terrain très propice de restauration nobiliaire : d’abord parce que les engagements dans les armées de la Révolution et de l’Empire ont été rares[5] : le général Gaspard d’Auvare -au demeurant déjà maréchal de camp avant 1789 dans l’armée française- et François Raynardi de Belvédère -officier sarde passé au service de la France en 1798, aide de camp du général Moreau, fait baron d’Empire par Napoléon et général par Louis XVIII- sont des exceptions. Hormis les Masséna -nobles d’Empire- et un fils de Raynardi, l’armée française n’attirera guère les jeunes nobles niçois. L’Académie royale de Turin exercera par contre dès 1814 une puissante attraction[6]. Les ralliements au régime français ont également été rares dans les secteurs civils, même sous l’Empire, le plus célèbre étant celui d’Antoine Barthélémy Tonduti de L’Escarène, fonctionnaire impérial, directeur des Postes sous Louis XVIII mais aussi futur ministre de l’Intérieur de Charles-Albert en 1831.
         A l’inverse, la noblesse locale a pris dès le mois de septembre 1792 une part active à la résistance organisée par l’armée sarde dans les montagnes niçoises[7]. C’est en tant qu’officiers des unités de supplétifs, les milices, que plusieurs d’entre eux, tel Ignace Cagnoli ou Joseph Caïs de Pierlas , firent leurs premières armes puis participèrent jusqu’en 1796 aux campagnes d’Italie contre les Français jusqu’à la mort de Victor-Amédée III. D’autres suivront Charles-Emmanuel IV en Sardaigne jusqu’en 1814. Au total les quatre cinquièmes de la noblesse niçoise ont émigré[8].
 
Les fonctions nobiliaires
         Parfaitement intégrée dans l’appareil administratif et militaire de l’Etat sarde, cette noblesse niçoise retrouve dès 1814 ses positions locales. Son profil social, très patricien, est fondé sur une triple assise : foncière tout d’abord, même si cette puissance foncière est très moyenne comparée à d’autres, telle la noblesse savoyarde. Assez touchée par les ventes de biens nationaux elle a bénéficié de mesures de dédommagement proches de celles mises en place en France et connues sous l’expression de « milliard des émigrés »[9].
         Le second aspect concerne la gestion des charges municipales : on a pu calculer que de 1814 à 1826 les dix premiers consuls successifs de Nice sont nobles et que de 1826 à 1848 dix sont également nobles, souvent anciens émigrés ou fils d’émigrés[10] : Achiardi de Saint Léger, Alziari, Andreis, Audiberti de Saint Etienne, Cachiardi, Caïs de Pierlas, Caissotti de Roubion, Caravadossi de La Tour, De Constantin, Garin de Cocconato, Ali-Maccarani, De Orestis, Paulian, Saissi de Châteauneuf, Thaon, Verani, etc[11]. Les positions municipales nobiliaires ne s’effritent donc guère au cours de la période.
         Le troisième aspect concerne les fonctions judiciaires, élément essentiel de ce patriciat dans une ville qui s’enorgueillit de la présence d’une cour souveraine : Louis Arnaud de Châteauneuf, Barthélémy Bermondi, Louis De Sauteiron, Faraudi de Châteauneuf, Louis Raiberti, Louis Guiglia, Hilarion Spitalieri de Cessole, etc. Les exemples ne manquent pas et on ne mentionne pas ici ceux qui exercent des fonctions judiciaires ailleurs dans le royaume.
         Tels apparaissent, brossés à grands traits, les caractères essentiels de cette noblesse niçoise de la première moitié du siècle : patricienne et sédentaire à Nice ; fonctionnarisée et itinérante pour les besoins du service de l’Etat ; et de plus en plus militarisée au détriment de la magistrature encore prédominante au XVIIIe siècle. L’attraction de Turin et du Piémont est forte : alliances matrimoniales, achats de terres et plus que tout, l’exercice d’importantes fonctions à Turin même, jusqu’aux postes ministériels (Tonduti de L’Escarène, Thaon de Revel puis après le Statuto de 1848, De Foresta et Renaud de Falicon) ont rapproché Nice de Turin.
         Le résultat fut-il profitable à Nice ? A ceux qui vantent les protections de la Maison de Savoie, symbolisées par les interventions de Charles-Félix, répondent ceux qui, reprenant les arguments du parti pro-français, dénoncent les insuffisances, en matière économique notamment, de l’administration sarde. De Foresta, ministre de la Justice en 1855, fut ainsi accusé de négliger les intérêts de Nice et d’accepter trop facilement la suppression des franchises portuaires. Dans le même ordre d’idées Olivier Vernier a montré que les représentants niçois à Turin et siégeant à la Chambre de députés et au Sénat établis par le Statuto fondamentale de 1848 ne faisaient pas preuve d’une très grande pugnacité et que les nobles niçois (Albini, Bermondi, De Foresta sénateurs, De Alberti de La Brigue, Thaon de Revel, Corporandi d’Auvare députés) n’étaient pas de farouches avocats de leur province[12].
 
Les engagements patriotiques. 1860-1900
 
         En 1860, pour la plupart de ces nobles niçois, le choix était clair : la fidélité dynastique, la carrière militaire ou judiciaire, les ouvertures et les promotions promises par l’Unité, tout les poussait vers l’Italie. Il est difficile de peser objectivement un choix que les contemporains eux-mêmes ont ressenti comme quasi unanime. Du côté niçois, des noms qui perpétuent le souvenir de quelques anciennes familles ... et côté italien quelques familles étroitement associées à l’histoire nationale italienne contemporaine comme les Renaud de Falicon ou les Thaon de Revel, grandes pourvoyeuses de généraux, d’amiraux et de serviteurs de l’Etat[13]. La balance n’est effectivement pas égale.
 
Le choix de l’Italie
         On peut se faire une idée plus précise de ce choix en procédant à un décompte des fonctions administratives et électives exercées par ces nobles niçois en France et en Italie entre 1860 et 1900 à partir des notices généalogiques et biographiques de l’ouvrage de Jules De Orestis di Castelnuovo, La Noblesse niçoise, publié en 1912[14]. Il est possible à partir de ce critère fonctionnel -partiel puisqu’il ne prend en compte ni les patrimoines ni les alliances familiales- d’obtenir une vue plus générale -et sans doute trop professionnelle- du groupe nobiliaire et de ses choix. Sur 55 familles ayant pour la période définie ci-dessus une descendance mâle, 31 ont manifestement choisi l’Italie, 5 la France, 8 sont partagées, soit entre proches parents -comme les Alziary de Malaussène ou les De Orestis- soit entre cousins parfois très éloignés, voire en branches distinctes depuis longtemps, comme les Gubernatis. Dans 11 cas Jules De Orestis ne fournit pas de renseignement précis : il s’agit pour la plupart de choix français -comme les Spitalieri de Cessole ou les Guiglia- mais on trouve aussi dans ce groupe par exemple les Cays de Gilette domiciliés à Turin depuis la Révolution.
         Ces données relativisent l’impression unanimiste du choix. Une pesée globale des fonctions aboutit à un résultat semblable : 89 mentions pour l’Italie, 17 pour la France avec les répartitions suivante :
         *Italie : 7 magistrats, 6 diplomates, 8 fonctionnaires civils, 60 militaires -dont 8 lieutenants-généraux, 11 majors généraux, 3 vice-amiraux, 4 contre-amiraux[15]-, 5 députés ou sénateurs, 1 ministre, 1 savant[16].
         *France : 4 avocats ou notaires, deux militaires, 1 ecclésiastique[17], 4 maires[18] -dont Alziary de Malaussène-, 2 députés -Victor Masséna et Eugène Roissard de Bellet-, 1 érudit -Caïs de Pierlas, mais membre de la députation piémontaise pour la « Storia patria »- et 3 magistrats ayant quitté leurs fonctions dans la magistrature -Achiardi, Elisi et Garin de Cocconato- ce qu’on peut d’ailleurs interpréter comme une opposition au régime français.
 
L’impossible retour
         Tous ces résultats sont simplement indicatifs : ils devraient être repris, amendés et affinés à partir d’autres sources permettant de prendre en compte les relations familiales et les patrimoines[19] : les Thaon de Revel vendent ainsi leur château de Saint-André dès 1862[20] mais d’autres reviennent à Nice pour leur retraite, tel Joseph Cavaradossi d’Aspremont, major dans l’armée italienne, qui retourne à Nice après la campagne de 1866 contre l’Autriche, pour y fonder le Comité des Fêtes, ou Raymond-Edwin Garin de Cocconato, blessé à la bataille de Custozza et après son retour à Nice, membre actif de sociétés de bienfaisance. Il est certain que plusieurs familles apparemment expatriées  en 1860[21] ont conservé des attaches patrimoniales et familiales très fortes dans le Comté ... et que pour certaines d’entre elles le Rattachement de 1860 à la France n’avait rien de,définitif.
         La défaite de Sedan et la chute de l’Empire en 1870 devaient permettre à ces sentiments d’apparaître au grand jour : encouragée par les positions monarchistes du préfet Villeneuve-Bargemont[22], une partie de la noblesse niçoise s’engage sur la voie séparatiste : le préfet nomme en 1871 Joseph Elisi de Saint Albert -ancien magistrat ayant abandonné sa carrière en 1860- président de la Commission municipale de Nice ; Charles Laurenti-Robaudi, ancien député de Nice au Parlement subalpin, député de Palerme en1860, de retour à Nice y anime un comité ; de son côté le comte Gilletta prend la tête d’un comité démocratique garibaldien ; enfin Henri Renaud de Falicon, ancien ministre de la Guerre sarde, est élu commandant de la Garde nationale de Nice[23]. La liste n’est certainement pas exhaustive.
         Les événements de 1870-1871 ont ainsi montré que le choix pro-italien était davantage marqué que ne le laissait apparaître le critère professionnel d’expatriation. Les familles, ou parties de familles, résolument francophiles sont rares : les Spitalieri de Cessole tournés vers la Provence par leur alliance avec les Ripert de Monclar, noblesse de robe d’Aix ; les Raiberti, qui avec le choix d’Ignace Pompée, capitaine dans l’armée sarde passant avec le même grade dans l’armée française -un cas unique- devaient voir leur plus illustre descendant, Flaminius, devenir député, sénateur et ministre de la Guerre de 1920 à 1921 puis de la Marine de 1922 à 1924 dans les gouvernements français de l’après-guerre.
         Les très rares nobles niçois engagés dans la politique sous la IIIe République devront ainsi proclamer sans ambiguïté leur patriotisme[24] ; c’est le cas de François Alziary de Malaussène, maire de Nice de 1886 à 1896, dont le frère, capitaine de frégate dans la marine italienne mourut au combat à la bataille de Lissa contre les Autrichiens en 1866 alors qu’il commandait en second le navire amiral Re d’Italia ; c’est aussi le cas de Flaminius Raiberti dont la tante Julie était mariée à un lieutenant-général de l’armée italienne et dont la sœur Marie avait épousé le comte Avet, conseiller d’Etat à Rome.
 
Conclusion : les conséquences du déficit nobiliaire niçois
         Dans quelle mesure ces choix pesèrent-ils par la suite sur la vie politique niçoise ? Du côté italien les espoirs de réunion, déçus en 1870, devaient se fondre dans le nostalgique rappel des grandeurs niçoises passées, celles de la Maison de Savoie. La revue FERT, fondée en 1910, organe des Italiens de souche savoyarde et niçoise, rassemblera ces oriundi nizzardi et savoiardi dans une démarche historique commune ; Mussolini saura habilement employer certains arguments de l’association pour justifier les revendications italiennes sur Nice[25].
         Du côté français, la faible présence nobiliaire devait provoquer des effets plus directs, encore que difficiles à percevoir : on se bornera ici à souligner que ce déficit dans les élites niçoises a été partiellement compensé par quelques promotions impériales ou républicaines -Malausséna, Boriglione, Goiran, etc.- et que la vie politique dans l’ancien Comté a conservé quelque héritage du passé, sous la IIIe République et même au-delà[26] : un certain conservatisme, même sous étiquette résolument républicaine d’une part et une pratique de la fidélité politique héritée de ses anciens comportements patriciens de la Restauration d’autre part.
         Enfin, il est patent que ce déficit nobiliaire a pesé lourd au moment de l’entrée de Nice dans l’ensemble français, à une époque, les années 1860-1880, où la noblesse est encore politiquement très puissante en France : dès le Second Empire, l’absence de contacts avec la noblesse française a limité les possibilités d’action et d’influence des Niçois, et plus particulièrement des hommes politiques, à Paris, dans les ministères et les administrations centrales[27].
 
Parmi les handicaps que Nice a dû surmonter pour réussir son intégration dans l’ensemble français, ce déficit nobiliaire mérite d’être mentionné en bonne place.
 
 
 
 
 
 


[1] Arno J. Mayeur, La persistance de l’ancien régime. L’Europe de 1848 à la grande guerre, Flammarion, Paris, 1983 ; Les noblesses européennes au XIXe siècle, Actes du colloque de Rome, Ed. Università di Milano et Ecole française de Rome, 1988 ; David Higgs, Nobles titrés et aristocrates en France après la Révolution. 1800-1870, Ed. Liana Levi, Paris, 1990.

[2] Adeline Daumard, « Noblesse et aristocratie en France au XIXe siècle », in Les noblesses européennes, op. cit., pp. 81-104 et André-Jean Tudescq, « L’élargissement de la noblesse en France dans la première moitié du XIXe siècle », in Les noblesses européennes, op. cit., pp. 121-135.

[3] Michel Bottin, « Controverse sur l’application aux fiefs niçois des principes des Libri Feudorum aux XVIIe-XVIIIe siècles », in Recueil de mémoires et travaux de la Société d’Histoire du droit des anciens pays de droit écrit, XI, 1980, pp. 99-112 et « Fief et noblesse dans le Comté de Nice, XVIe-XVIIIe siècle », in Recueil de mémoires et travaux de la Société d’Histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, XIII, 1985, pp. 153-165.

[4] Walter Barberis, « La nobilità militare sabauda fra corti e accademie scientifiche. Politica e cultura in Piemonte fra Sette e Ottocento », in Les noblesses européennes, op. cit., pp. 559-576 ; S. Loriga, Soldats : un laboratoire disciplinaire, l’armée piémontaise au XVIIIe siècle, Paris, 1991. Pour une comparaison avec la situation française, William Serman, « La noblesse dans l’armée française au XIXe siècle. 1814-1890 » , in Les noblesses, op. cit., pp. 551-558.

[5] Les renseignements biographiques qui illustrent cette étude sont, pour la plupart, extraits de Jules De Orestis, La noblesse niçoise, op. cit. On n’a pas jugé utile de reprendre cette référence pour chaque mention. Il suffit de se reporter à l’index des noms présenté en fin d’ouvrage par De Orestis.

[6] Sur la noblesse sabaudo-piémontaise « società militare », Barberis, op. cit., p. 561.

[7] Michèle H. Siffre, « La noblesse niçoise et la Révolution française », in Annales de la Faculté des Lettres de Nice, n° 19, 1973.

[8] Paul Gonnet dans Histoire de Nice, direction Maurice Bordes, Privat, Toulouse, 1976, p. 262.

[9] Ibidem, p. 263.

[10] Ibidem, p. 262.

[11] Les Niçois dans l’histoire, dir. Michel Derlange, Privat, Toulouse, 1988, p. 280.

[12] Olivier Vernier, « Nice et la représentation parlementaire de son Comté à Turin. 1848-1860 », in Recherches régionales Côte d’Azur et contrées limitrophes, 1990, p. 75.

[13] La noblesse niçoise établie en Italie après 1860 mériterait d’être étudiée au plan de ses fonctions dans l’Etat, des alliances et de son activité auprès des organismes de vérification des titres nobiliaires. L’étude de De Orestis, op. cit., note 14, ne permet pas de faire cette étude ; elle n’a d’autre objet que de faire un point précis sur la noblesse niçoise. Elle a plus une fonction utilitaire qu’érudite. Dans une Italie marquée par un pluralisme nobiliaire originel, ces démarches « régionales » étaient indispensables pour obtenir du roi reconnaissances de titres et promotions nobiliaires. Sur la Consulta araldica del regno, organisme central de cette politique, Giorgio Rumi, « La politica nobiliare del Regno d’Italia. 1861-1946 », in Les noblesses européennes, op. cit., pp. 577-593 et Anthony L. Cardoza, « The enduring power of Aristocracy : ennoblement in liberal Italy. 1861-1914 », in Noblesses, op. cit., pp. 595-605.

[14] Jules De Orestis di Castelnuovo, La noblesse niçoise. Notes historiques sur soixante familles, suivi de La noblesse niçoise. Chronologie, Nice, 1912, réimpression Laffitte reprints, Marseille, 1976.

[15] A titre de comparaison, et en rappelant que les chiffres ci-dessus concernent la période 1860-1900, l’armée italienne (marine mise à part) compte en 1909, 47 tenenti generali et 98 maggiori generali soit au total 145 officiers généraux, Annuario militare del regno d’Italia, 1909, vol. 1

[16] Ange Joseph De Gubernatis, orientaliste renommé.

[17] Les fonctions ecclésiastiques sont quasi inexistantes dans les notices de De Orestis. On peut raisonnablement penser que l’accès à de hautes fonctions aurait été mentionné. De Orestis signale ainsi en bonne place Eugène Spitalieri de Cessole, abbé mitré de l’Abbaye de Saint-Pons avant 1860. Faut-il en déduire que la noblesse, niçoise dans notre cas, piémontaise plus généralement, dédaigne, voire rejette ces fonctions ? Certains aspects de l’anticléricalisme sarde peuvent le laisser penser. L’opposition au pape dans le contexte de l’unité italienne n’a pu que le renforcer. Des éléments dans Paul-Louis Malausséna, « Les congrégations religieuses du Comté de Nice et la loi d’incamération de 1855 », in Nice au XIXe siècle. Mutations institutionnelles et changements de souveraineté, Université de Nice-Centre d’Histoire du droit, 1985, pp. 121-134.

[18] Alziary de Malaussène à Nice, Cagnoli à Saint-Martin-Vésubie, Cachiardi de Montfleury à Breil, Gilletta de Saint -Joseph à Levens.

[19] Un décompte à partir du registre des Niçois ayant opté en 1860 pour la nationalité sarde, Archives communales de Nice, 3 H (B) 4, est impossible à réaliser. Le registre, qui compte 888 noms, ne mentionne que les personnes originaires du Comté de Nice ; on n’y trouve que cinq nobles (Philippe Corporandy d’Auvare, Annibal et Louis Gilletta de Saint Joseph, Henri Verani-Masin de Châteauneuf et le comte Caïs de Pierlas) tous nés à Nice ou dans la province. Il est évident que ceux qui ont choisi l’option sarde en 1860 n’ont pas eu à manifester ce choix de cette façon, soit parce que nés ailleurs, soit parce que déjà domiciliés hors de la province. Sur le droit d’option, Olivier Vernier, « Nationalité et changement de souveraineté à Nice en 1860 : du droit d’option aux naturalisations », in Nice au XIXe siècle, op. cit., pp. 283-300.

[20] Dominique Foussard et Georges Barbier, Baroque niçois et monégasque, Picard, Paris, 1988, p. 52.

[21] Joseph Albert Bovis, Il libro d’oro Nizzardo, manuscrit, 1907, Archives du Musée Masséna, Bibliothèque de Cessole, fonds n° 65, recense dans son étude 170 familles nobles éteintes ou vivantes, dont 69 encore représentées en 1907 se répartissant ainsi entre France et Italie : « 30 sono cittadini francesi et 39 citadini italiani ». Le recensement de Bovis est toutefois incomplet (De Orestis en compte 200) et trop large ; il prend par exemple en considération les anoblissements réalisés par le Saint-Siège ou la République de San Marin, ce qui tend à surévaluer la position d’un patriciat niçois resté sur place, en attente d’anoblissement par la Maison de Savoie. Enfin Bovis ne tient pas compte des familles partagées entre France et Italie. En appliquant ces correctifs et en minorant sensiblement, d’une dizaine de noms, le nombre de familles ayant opté pour la France, on approche le résultat obtenu à partir des renseignements professionnels fournis par De Orestis.

[22] Anecdotique ... mais significatif ! le 4 janvier 1874 en la cathédrale Sainte-Réparate, l’évêque de Nice, Monseigneur Sola, bénit l’union de Mademoiselle de Villeneuve-Bargemont, fille du préfet avec Monsieur de Maistre, fils du comte Rodolphe autrefois commandant-gouverneur de la division de Nice ... et réputé pour ses options conservatrices et autoritaires, Olivier Vernier, « Les préfets de la république. 1871-1914 », in Les Alpes-Maritimes. Intégration et particularismes, Ed. Serre, Nice, 1988, p. 66.

[23] De Orestis, op. cit., et Gonnet, op. cit., p. 328.

[24] Le cas de Flaminius Raiberti est exemplaire. Paul-Louis Malausséna, « Le discours d’un parlementaire niçois, Flaminius Raiberti. De l’identité locale à l’identité nationale » in, Les Alpes-Maritimes, op. cit., pp. 37-48.

[25] Olivier Vernier, « Historiographie et nostalgie : FERT, la revue des Italiens de souche savoyarde et niçoise. 1910-1966 », in Mélanges Paul Gonnet, Université de Nice, 1989, pp. 273-279.

[26] Sur la tradition politique localiste niçoise, Jacques Basso, Les élections législatives dans le département des Alpes-Maritimes de 1860 à 1940. Eléments de sociologie électorale, LGDJ, Paris, 1968.

[27] L’absence de toute participation nobiliaire niçoise dans les associations de Niçois à Paris, telle Le Mesclun, après la Grande Guerre est tout à fait significative . Cette situation tranche avec celle des autres provinces françaises, telle la Savoie, pour prendre un exemple comparable à celui de Nice. Cf. dans le présent ouvrage édité par les Cahiers de la Méditerranée 1991, l’étude de Olivier Vernier sur « Le régionalisme niçois à Paris au XIXe siècle ».

 

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