Les représentations, gravures, peintures ou dessins, des villages de la région sont très rares jusqu’à l’avènement de la carte postale au début du XXe siècle. L’Acadèmia Nissarda a publié récemment deux ouvrages, l’un sur les peintures, l’autre sur les gravures, qui reproduisent une grande partie de ces représentations. On y remarque que la vallée du Var souffre d’un grand déficit d’images.
Ainsi dans l’ouvrage sur les gravures, d’où est extraite l’étude ci-dessous, on ne trouve, ni La Roquette, ni Saint-Martin, ni les villages avoisinants. Si Saint-Laurent est bien représenté, c’est à raison du Pont du Var et si on y trouve Gilette c’est pour illustrer une victoire française contre les Austro-sardes.
Mais comme il est beaucoup question de la basse vallée du Var dans l’étude elle-même, il paraît utile de la publier dans cette rubrique.
Images de la vallée du Var
Saint-Laurent-du-Var
Villars-sur-Var
Touët-sur-Var
Puget-Théniers
Guillaumes
Roquestéron
Gilette
Pour citer : Michel Bottin, « Images de la Vallée du Var », in Voyage pittoresque dans le Comté de Nice et les Alpes-Maritimes du XVIIe au XIXe siècle. Gravures et lithographies, Acadèmia Nissarda, Nice, 2005, pp. 216-229.
On évoque habituellement par l’expression « Vallée du Var » deux situations : celle d’une part d’une voie de communication qui s’enfonce dans le massif alpin, celle d’autre part d’une frontière historique séparant la Provence et le Comté de Nice. Ce sont là des idées reçues parfois très éloignées de la vérité. Il faut d’une certaine façon les affronter si on veut comprendre les difficultés qui attendent le voyageur.
La voie de communication ne devient en effet une réalité que dans les années 1880, après plus de trente années de travaux. Jusque-là les voies de communication, essentiellement muletières, évitaient les fonds de vallées et serpentaient sur les hauteurs. Ainsi pour aller de Nice à Puget-Théniers il fallait remonter la basse Vallée du Var, franchir le fleuve à Saint-Martin-du-Var au moyen d’un incommode bac[1], remonter vers Bonson, faire le tour du Mont Vial, redescendre à Villars et enfin suivre les bords du fleuve[2].
Il faut en effet remarquer que cette partie du Comté de Nice était dépourvue de tout équipement routier, à la différence des autres parties de la province où depuis la fin du XVIIIe siècle les réalisations s’étaient multipliées : route royale vers Cuneo par Tende, route de la Corniche vers Gênes, route vers Levens, etc. Rien de tel pour la vallée du Var. Les intérêts militaires s’y opposaient, tant du côté français que du côté sarde, pour d’évidentes raisons frontalières. La première initiative dans ce secteur fut l’endiguement de la rive gauche du Var du Baou-Roux à la mer. Les motivations étaient essentiellement agricoles. On projetait d’y récupérer d’importants espaces irrigables. Après bien des hésitations les travaux commencèrent au Baou-Roux en 1845. On décida dans le même temps de construire un pont suspendu pour franchir le fleuve à la hauteur de la Roquette-Saint Martin, en remplacement de l’incommode bac. Puis les travaux furent arrêtés une dizaine de kilomètres en contre-bas au vallon des Combes, par suite de la faillite de l’entreprise concessionnaire.
Rien dans tout cela ne permettait de jeter les bases d’un vaste plan routier : transformer la digue en route d’une part et percer les gorges de la Mescla d’autre part. L’Intendance générale de Nice souhaitait ces travaux mais l’état-major sarde résistait. C’est tout juste s’il finit par accepter un étroit chemin muletier de Plan-du-Var à la Mescla. Le projet fut approuvé par Charles-Albert en 1835. Mais les financements ne suivirent pas. Les protestations grandirent.
C’est la loi sur les routes de la province de Nice du 26 juin 1853 qui débloque la situation. Elle prévoyait la construction d’une route dans chaque vallée, Estéron, Var, Tinée et Vésubie. Les travaux commencèrent en 1856 [3].
Le régime impérial poursuivit après 1860 toutes ces réalisations, y compris la fin de l’endiguement de la rive gauche du Var. Année après année, la route -sous la dénomination de RN 207 d’Avignon à Nice- est construite. Elle est ouverte à la circulation pour la partie Alpes-Maritimes en 1873 [4]. Elle atteint Entrevaux en 1878 puis, peu de temps après, le Pont de Gueydan où elle faisait jonction avec la RN 210 de Barcelonnette au Pont de Gueydan par le col de la Cayolle : le segment Entraunes-Guillaumes est ouvert à la circulation en 1868, et dix ans plus tard le Pont de Gueydan est atteint après franchissement des gorges de Daluis [5].
Seconde difficulté, la frontière. Celle-ci porte la marque de la plus grande complexité. Le voyageur qui s’aventure ici peut difficilement savoir s’il se trouve en France ou dans le royaume de Sardaigne ! Le tracé de cette frontière, issu de la Dédition de 1388 des communautés de la Provence orientale au comte de Savoie, ne répond à aucune logique topographique : il suit le cours du Var de l’embouchure à Gattières, qu’il laisse côté Savoie, revient sur le fleuve jusqu’à Dosfraires -aujourd’hui quartier du Broc- où il s’oriente vers l’ouest sur les contreforts du Cheiron, serpente entre la Vallée de l’Estéron et le Var, entoure Puget-Théniers comme une avancée en Provence, remonte le Cians vers Beuil et Péone pour redescendre, en contournant Guillaumes, vers le Val d’Entraunes.
Cette frontière est impossible à garder. Elle devient au XVIIIe siècle le casse tête des douaniers français qui ne parviennent pas à contrôler l’intense contrebande qu’on y pratique sur toute sa longueur [6]. Leur tâche est d’ailleurs compliquée par la quasi-absence de système douanier côté niçois. La Ferme générale de France pressée par le pouvoir royal de payer toujours plus cher son bail objectera que la frontière franco-sarde de la mer au lac Léman était trop propice aux fraudes. En pleine lutte contre les bandes de Mandrin, elle réussit à faire valoir son point de vue. Le tracé fut rationalisé par le traité de Turin de 1760[7]. Les points essentiels pour la partie niçoise étaient les suivants : la frontière était fixée sur l’Estéron jusqu’aux gorges du Riolan, coupant en deux les territoires communaux. De là elle remontait vers Puget-Théniers permettant ainsi la reconstitution d’un vaste territoire autour de ce bourg : Cuebris, La Penne et Saint-Antonin sur la rive gauche du Var et tout le pays de la Roudoule sur la rive droite. Enfin contournant Entrevaux elle laissait Guillaumes côté Savoie permettant ainsi de mettre fin à l’enclavement hivernal du Val d’Entraunes.
Le sous-équipement routier et les contraintes frontalières sont liés. Le voyageur qui s’aventure dans cette partie de la province sait qu’il devra affronter de multiples difficultés : franchir des torrents, emprunter des chemins escarpés, passer des cols enneigés…et affronter quelques gabelous français pointilleux. Cette partie du Comté de Nice n’a décidément rien pour attirer le touriste. Voilà qui peut expliquer la rareté des gravures sur le sujet : six vues du pont du Var parce que c’est là le passage obligé pour tous ceux qui font route vers l’Italie ou qui en reviennent, et six sur l’intérieur dont quatre extraites de l’album Nice et Savoie.
Le passage du Var à Saint-Laurent
Voici cinq gravures [8] (ici, en milieu de page, 90 à 95) , qui illustrent l’histoire du passage du Var à Saint-Laurent[9].
La première est d’Albanis de Beaumont, ingénieur agronome savoyard né en 1755, qui accompagna à Nice en 1783 et 1784 les enfants du duc de Gloucester, frère du roi d’Angleterre comme précepteur. Il en publia la relation accompagnée de ses propres dessins à Genève en 1787. Ce Voyage historique et pittoresque au Comté de Nice fut réédité en 1795 à Londres sous le titre Travels through the maritime Alps [10]. L’ouvrage a beaucoup contribué à accroître la renommée de Nice en Angleterre. La vue représente le lit du fleuve à la hauteur du village de Saint-Laurent, à quelques centaines de mètres de son embouchure. Dans le fond se dresse le baou de Saint-Jeannet. Trois voitures traversent le fleuve. Elles sont accompagnées par des gueyeurs. Il n’y a pas de pont. On peut s’en étonner ; il s’agit tout de même de la route qui depuis l’antiquité relie les Gaules à l’Italia et l’ouvrage ne semble pas très difficile à réaliser. En fait trois raisons expliquent cette situation : d’abord parce que le fleuve est facile à traverser à gué en période de faible débit ; ensuite parce que c’est une frontière et que sa construction nécessiterait un accord international qui n’est recherché par aucun des riverains ; enfin et surtout, parce que le lit du fleuve est très large. L’opération serait extrêmement coûteuse ; on pourrait se limiter à un pont franchissant seulement le gros bras du fleuve mais ce serait oublier que le Var est un fleuve capricieux capable de changer de cours à l’intérieur de son lit.
On a également écarté la solution du bac. L’intendant de Provence l’explique dans une lettre à Choiseul du 21 janvier 1760 : « Pour la barque on a reconnu depuis longtemps que l’usage était inutile ; on n’en a pas besoin lorsque la rivière est basse ; quand il y a plus d’eau ou qu’elle forme plusieurs branches la barque ne peut être d’aucun usage parce qu’il faudrait la multiplier ou changer d’un jour à l’autre sa position »[11].
Il reste le gué… et ses inconvénients liés au comportement des gueyeurs : inorganisation, manque de disponibilité, chantage au prix, voire exactions. De nombreuses plaintes ont été portées à l’intendant. La Chambre des Eaux et Forêts du Parlement d’Aix a fini par réglementer. Le gué est à la fin du XVIIIe siècle extrêmement surveillé. Le traité de Turin du 24 mars 1760 a jeté les bases d’un service régulier : tarif modéré, exemption pour les pauvres et les pèlerins, fourniture du matériel par la commune de Saint-Laurent qui choisit douze gueyeurs expérimentés ; il devait y avoir quatre gueyeurs, deux sur chaque rive, du lever au coucher du soleil. Ils devaient chaque matin vérifier l’état du gué et planter des fascines pour signaler les passages[12].
L’idée de construire un pont est toujours présente mais la réalisation très difficile. Seule une armée peut y parvenir. La construction réalisée par les franco-espagnols lors de la guerre de Succession d’Autriche est restée dans les esprits même si elle n’a pas résisté longtemps à l’épreuve des crues et surtout des coups de boutoir des bois de flottage. En 1760 on projetait côté sarde d’en construire un en « mele rouge », en mélèze, par souci d’économie[13].
Un mémoire de 1785 en souligne l’utilité : « Le pont serait une suite naturelle du chemin routier que la munificence du roi et son amour pour ses peuples vient de nous ouvrir dans le Piémont. Ce chemin deviendrait la seule route de courriers de tous les seigneurs et autres voyageurs qui passent continuellement pour se rendre en Italie, en France, en Angleterre, en Espagne et en Portugal. On abandonnerait alors la voie de mer qu’on prend actuellement à Gênes et à Antibes et qui est toujours incertaine et périlleuse »[14].
La deuxième gravure, dans l’ordre chronologique, celle de Louvois, datée de 1814, présente le même paysage avec les baou en fond… mais avec un pont. Il s’agit du pont en bois construit un peu au sud du village de Saint-Laurent en 1793 par les soldats français pour les besoins de l’Armée d’Italie. Ce pont de « 645 m ou 1986 pieds de France » [15] n’a cessé par la suite d’être entretenu et a beaucoup contribué à améliorer les relations entre Nice et la Provence. Devenu indispensable il a été conservé après 1814. On remarque dans le lit du fleuve quelques une de ces « iscles » qui ont provoqué tant de conflits entre Niçois et Laurentins au cours des siècles[16].
La troisième gravure est extraite de l’ Album ou souvenir de la Ville de Nice et de ses environs, dessiné et lithographié par Paul-Emile Barberi, architecte et peintre niçois ( 1775-1847)[17]. La vue, prise à partir de Saint-Laurent, fait apparaître que l’ouvrage a été renforcé par des étais. Il est assez large pour permettre le croisement d’une charrette et d’une voiture. On voit sur la droite les coteaux « où se récolte l’excellent vin de Bellet connu à l’étranger sous le nom de vin de Nice »[18]. La route laisse à droite « un taillis de haute futaie rempli de gibier et dont les allées offrent des promenades délicieuses. La route (vers Nice) elle-même plantée de mûriers et de saules aux branches desquels s’enlace la vigne, forme une avenue d’une demi-lieue de longueur, après laquelle on découvre la ville de Nice ; les collines qui l’entourent et le ciel si beau et si pur de ce ravissant jardin de l’Italie »[19].
Le gros bras du fleuve coule côté Saint-Laurent où il a été progressivement rabattu par la multiplication des digues destinées à protéger les scieries de Lingostière [20] provoquant les plaintes des Laurentins qui craignaient, à juste raison, que les crues ne viennent saper les fondations des maisons du village.
Une guérite et des douaniers montrent qu’on se trouve bien sur une frontière. Très perméable avant la Révolution, la frontière s’est durcie après 1814 avec l’application des tarifs français très protectionnistes. Le commerce transfrontalier prospère tout de même : le président de Cessole note en 1838 que la large franchise douanière de la province de Nice attire les étrangers et que « nombre d’entre eux, surtout des provençaux viennent souvent exprès pour s’approvisionner de mouchoirs de luxe, de chapeaux et se vêtir à bon marché de la tête aux pieds »[21]. A la douane de Saint-Laurent les subterfuges les plus variés sont utilisés pour ne pas attirer l’attention du douanier. Pour les achats les plus importants on utilise des passeurs professionnels. Le directeur des Douanes de Digne signale « qu’il y a même une maison de commerce qui pour 6% se charge de l’expédition[22]. Il explique que c’est une véritable « entreprise » qui assure l’opération. Une guinguette du port de pêche de Carras sert de rendez-vous à des passeurs qui pour une pièce de 5 francs portent de nuit « les chausses enveloppées de paille ou de foin » une charge sur la rive gauche du Var où les attendent les comparses[23].
Pratiquement contemporaine de la précédente, la gravure de Suchet Fils de 1844 déplace le regard vers le village de Saint-Laurent. Elle montre mieux que les autres le lien qui unit le village au pont. Le clocher de l’église est encore recouvert par une toiture. Le campanile actuel ne date que de 1925 [24].
La cinquième vue est postérieure à l’Annexion de 1860. Elle est du dessinateur et aquarelliste Bonnaventure Laurens (1801-1890). Celui-ci « peintre ordinaire de la Compagnie PLM, peint en un mois trente ponts du midi ». Les dessins réalisés au cours de quatre excursions de 1857 à 1866 composent L’Album du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée [25]. On y voit en arrière-plan le pont de chemin de fer achevé en 1864. Le traité du 27 janvier 1863 passé entre l’Etat et la Compagnie PLM prévoyait également un pont routier en fonte accolé au viaduc du chemin de fer. Ce « pont-route » est livré à la circulation en 1865[26].
Ce pont routier trop éloigné de la route était toutefois très incommode, particulièrement aux Laurentins. L’inconvénient était d’autant plus important pour eux que le pont en bois cessa d’être entretenu et se détériora très rapidement. Un arrêté préfectoral du 27 juillet 1865 y interdit la circulation. Les Laurentins constituèrent alors une association syndicale qui fit les réparations mais finalement la destruction fut ordonnée en 1869 [27].
Le combat de Gilette. 19 octobre 1793. (ici)
La vallée de l’Estéron a été pendant les mois de septembre et octobre 1793 le théâtre d’opérations militaires opposant Français et Austro-Sardes. Le contexte politique est marqué depuis l’été par une série de difficultés que le Comité de Salut public doit résoudre par l’application d’une politique de Terreur : insurrection des départements de l’Ouest, révoltes fédéralistes, offensive militaire combinée des Alliés sur toutes les frontières, etc.
Dans le sud-est l’arrivée des Anglais à Toulon le 29 août 1793 place l’armée d’Italie en situation difficile. Les côtes provençales et ligures sont sous le contrôle des anglais et la milice navale du Villefranchois Gaëtan de May parvient à couper les approvisionnements génois. Une jonction des Austro-sardes et des Anglais couperait définitivement l’Armée d’Italie de ses bases arrière. C’est dans ce cadre qu’il faut situer le combat de Gilette du 19 octobre 1793.
Gilette occupe une position importante sur la route qui conduit de la montagne niçoise vers la Provence. Le village se trouve placée à la limite de l’influence française. Au-delà, vers la Tinée et la Vésubie, la résistance s’est organisée depuis l’automne 1792. Des milices se sont organisées. Mais la position de Gilette est forte. La garnison n’est que de 200 hommes mais le fort de l’Aiguille est imprenable sans importants moyens. Il est un obstacle sur la route d’une offensive austro-sarde en Provence. Le plan de bataille se déroule en trois épisodes [28]. Le premier est marqué à la mi-septembre par la prise de Gilette par le capitaine de milice Testoris mais une compagnie de Chasseurs Corses du capitaine Giuseppi l’en déloge peu après.
Le deuxième épisode est du 30 septembre. Cette fois-ci c’est la milice du capitaine Belmond qui attaque à partir des contreforts du Mont Vial. Elle occupe le village mais le fort résiste. Des Croates arrivent en renfort. Mais les Corses font une sortie et des volontaires révolutionnaires arrivent en renfort du Broc et des Ferres. Belmond est grièvement blessé et sa milice décroche. Les Corses seront portés à l’ordre du jour de la Convention quelques jours plus tard.
Face à ces échecs le feld-maréchal De Wins a commencé à concentrer 5000 hommes sur une zone s’étendant de Puget-Théniers à Clans. C’est le troisième épisode, celui de la bataille qui s’annonce. Côté français la garnison, renforcée, ne dépasse pas les 600 hommes. La panique s’est répandue dans tous les villages provençaux de la rive droite du Var. On recrute, on enrôle de force. Une forte troupe se rassemble sous le commandement d’Alziary de Roquefort et se met en route le 18 octobre. Beaucoup s’enfuient. Alziary est tué par l’un d’entre eux. Le combat s’engage. Les Austro-sardes prennent une à une les positions avancées. Le Français se réfugient dans le château. De Wins ordonne d’escalader les murailles sans succès. Il fait approcher l’artillerie mais le calibre est insuffisant pour briser les murs.
Entre-temps les secours français s’organisent. Le général Dugommier, adjoint de Dumerbion commandant l’armée d’Italie, rassemble 500 hommes. Il remonte vers Gilette dans la nuit du 18 au 19. Le sergent Gaspard Eberlé, un Alsacien, trouve une brêche dans le dispositif austro-sarde en se faisant passer pour un officier autrichien. Dugommier en profite et bouscule l’ennemi pendant que les Chasseurs corses descendent du château. De Wins se replie. La victoire fit grand bruit en Provence et à Paris. Pour la première fois depuis le début de la guerre le sort des armes était inversé. C’était le signe annonciateur des victoires françaises de l’hiver.
Le temps passa. Le mythe s’amplifia au point que lorsque Louis-Philippe prit la décision de rassembler à Versailles dans la Galerie des Batailles les plus hauts faits d’armes de l’Histoire de France, il parut naturel de demander au peintre Adolphe Roehn (1799-1864) de représenter le Combat de Gilette. Le tableau y séjourna assez longtemps pour inspirer cette gravure totalement fidèle au tableau. Comme le précise la légende le dessinateur Loeillot a utilisé le « diagraphe et pantographe Gavard » pour obtenir un résultat très fidèle au tableau.
La gravure représente la fin de la bataille et la victoire des Républicains au soir du 19. La vue est prise vers l’ouest. Au centre, le château de l’Aiguille ; comme sur le tableau il est un peu plus élevé qu’en réalité, une façon de faire apparaître la qualité de la position. A gauche le village de Gilette. A droite, le Colombier point d’appui de la contre-attaque de Dugommier. Au fond les pentes du Mont Vial. Au premier plan un cours d’eau qui en réalité n’existe pas, l’Estéron coule en effet en contrebas du château… mais de l’autre côté. L’erreur, certainement volontaire, a permis de représenter tous les sites de la bataille.
On trouve le même souci pédagogique dans la représentation des actions, dispersées dans le temps et concentrées sur le tableau et la gravure. Au premier plan, Eberlé tient à la main un étendard autrichien et conduit un groupe de prisonniers. Au centre, les chasseurs corses menés par Giuseppi. Au milieu du groupe un drapeau tricolore à bandes, au demeurant anachronique. Les Corses sont suivis par le général Dugommier monté sur un cheval blanc et par des renforts que précède un tambour battant la charge. A gauche des ennemis s’enfuient [29].
Les gravures de l’album Nice et Savoie présentent de telles qualités artistiques qu’on voudrait que tous les villages fussent représentés. Un peu frustré par l’absence de son village ou de son bourg préféré on se demande alors ce qui a bien pu commander le choix du dessinateur puis de l’éditeur. Pourquoi ce village et pas un autre ? On se doute bien que son infatigable dessinateur Félix Benoist a sillonné dans tous les sens le Comté de Nice puis trois ou quatre ans plus tard l’arrondissement de Grasse, revenant sur ses pas, cherchant le meilleur point de vue, circulant le plus souvent à pied ou à dos de mulet tant les routes étaient rares. Quels pouvaient être les critères du choix, les siens propres puis ceux de l’éditeur ? Le caractère pittoresque des lieux sans doute. Mais l’importance administrative a été certainement le facteur déterminant. Le plus souvent les chefs-lieux de canton sont représentés[31]. Remontons la vallée du Var, itinéraire que Félix Benoist n’a très certainement pas suivi, et procédons à un inventaire imaginaire des choix possibles.
Empruntons la nouvelle route qui longe le fleuve et qui dans les années 1860 progresse chantier après chantier vers la montagne. Négligeons Gattières, Carros, Aspremont, Castagniers et La Roquette petits villages perchés, pas encore mis en valeur comme ils le sont aujourd’hui pour intéresser l’éditeur. Carros, pourtant chef-lieu de canton aurait mérité une vue, par exemple celle vulgarisée aujourd’hui par les cartes postales et les peintres et représentant le château et le pré en contrebas. Il fallut sans doute faire un choix. Mais qu’on relativise, il y bien des vues pittoresques qu’on ne trouve pas dans le Nice et Savoie édition 1864 ou 1867. Saint-Jeannet (ici) par exemple n’est représenté qu’en arrière-plan, perdu dans le lointain. La vue est « prise des environs de Vence » nous précise la légende de la gravure. Le Broc est sans doute trop loin, il faudrait y aller pour trouver la meilleure vue possible. Même chose pour Gilette, même si à l’époque de l’édition du Nice et Savoie on peut déjà y accéder par la route [32]. Bonson, pourtant pittoresque, est trop haut. On passe les gorges, ouvertes depuis peu ; Malaussène n’est guère visible de la route, de même que Villars, et tant pis si c’est un chef-lieu ce canton qui aurait mérité d’être représenté. Poursuivons. On parvient en bas de Touët-sur-Var -Touët-de-Beuil à l’époque- pittoresque village accroché à la montagne juste au-dessus de la route. La vue (ici) s’impose au voyageur tant l’ensemble paraît représentatif de l’habitat local : maisons serrées les unes contre les autres, accrochées à la montagne, aux allures d’immeubles, chacune avec son souleàire, son grenier ouvert sur la façade. Les eaux du Cham « tombent en cascades blanchissantes de la montagne qui surplombe le village » et donnent vie à l’ensemble. Au centre de la gravure on remarque cette étonnante cascade qui jaillit du dessous l’église paroissiale Saint-Martin. Au premier plan, une ancienne église romane où se trouvait à l’époque un cimetière [33].
Encore quelques kilomètres et on parvient à Puget-Théniers, un « pays perdu pour la cité des fleurs »[34] , précise le commentaire du Nice et Savoie. La représentation (ici) s’impose cependant, il s’agit tout de même d’une sous-préfecture [35] ! Même si avec son millier d’habitants elle est une des plus petites de France. Il reste à choisir l’angle de vue. C’est de la rive droite du Var qu’on contemple le panorama. En haut à gauche on voit les vestiges du château rasé sur l’ordre de Louvois après avoir été pris par les Français au début du mois de mai 1691. Il jouait depuis le XVIe siècle le rôle de verrou sur la porte d’entrée dans les Etats de Savoie face à Entrevaux porte de France. Après 1713 Victor-Amédée II le fit partiellement restaurer. Il fut à nouveau pris et détruit par les Français en 1792 [36]. Au centre, de part et d’autre de la Roudoule les deux parties du bourg avec ses grandes constructions qui caractérisent un centre important. Sur la rive droite de la Roudoule, en contrebas du château, la partie médiévale du bourg. Sur la rive gauche le faubourg avec l’église paroissiale N.D de l’Assomption. A droite de la gravure le pont qui conduit vers le Col Saint-Raphaël et par les flancs du Mont Vial vers Bonson, Gilette et le Pont Charles-Albert puis Nice. Au fond le Pays de la Roudoule avec Puget Rostang, Auvare, La Croix, longtemps terre française puisque la capricieuse frontière issue de la Dédition de 1388 en avait ainsi décidé, coupant pendant près de quatre siècles Puget-Théniers d’une bonne partie de son pays naturel. Le Traité de Turin de 1760 en corrigeant le tracé supprimait une des frontières les plus artificielles de la Province.
Poursuivant sa route le voyageur passe à Entrevaux, admire les fortifications, mais poursuit sa route puisqu’on est là dans le département des Basses-Alpes, hors du domaine du Nice et Savoie. Dommage ! Pas pour longtemps. La route retrouve bientôt les Alpes-Maritimes. Quelques kilomètres plus loin voici Guillaumes.
La vue (ici) s’impose. Un fantomatique château en ruines domine un bourg blotti au bord du Var. Au-delà de la vue se cache une histoire de frontières. Guillaumes, bourg français, formait avant 1760 avec Entrevaux une des deux pièces du système défensif français à l’entrée des Etats de Savoie. Les fortifications étaient de qualité, assez semblables à celles de la cité voisine qui fait aujourd’hui l’admiration des touristes. Vauban séjourna d’ailleurs à plusieurs reprises à Guillaumes. Une puissante citadelle domine un bourg fortifié. Les ingénieurs militaires qui inspectèrent la frontière sud-est en 1734 reconnurent que la place était inattaquable[37].
Sans doute. Mais Guillaumes fut victime de la diplomatie. Les problèmes douaniers que posait tout ce secteur frontalier imposèrent quelques rectifications. Guillaumes avait le défaut de provoquer le quasi enclavement, total l’hiver, du Val d’Entraunes. La complexité du tracé facilitait toutes les fraudes. Le bourg passa donc sous la souveraineté de la Maison de Savoie. Le roi de France n’entendait toutefois pas faire cadeau à son voisin d’une pareille fortification. Le traité de 1760 prévoyait donc le démantèlement de l’ensemble. Guillaume ne ressemblera plus à Entrevaux mais plutôt à un bourg paisible et endormi à la limite septentrionale du département. Plus pour longtemps d’ailleurs. Nous sommes en 1864. Quatre ans plus tard la route vers Entraunes est ouverte et dix ans après, le percement des gorges de Daluis vers le Pont de Gueydan est réalisé au prix de mille difficultés.
Redescendons la vallée du Var et franchissons le fleuve à Puget pour prendre la route du col Saint-Raphaël vers la vallée de l’Estéron. Le détour est indispensable si on veut que le plus long affluent du Var ne soit pas l’oublié du Nice et Savoie. La vue (ici) de Roquesteron semble bien la plus appropriée pour illustrer la vallée de l’Estéron. C’est celle du chef-lieu de canton. Elle s’impose aussi par son pittoresque visuel et administratif.
L’Estéron sépare en deux le village, Vé la villa sur la rive droite, Le Faubourg sur la rive gauche [38]. L’histoire a creusé cette séparation. Ce village du Comté de Nice a pendant longtemps formé deux entités, l’une sur la rive droite, française, l’autre sur la rive gauche, sarde. Le terroir de Roquesteron fut en effet victime de la rationalisation du tracé frontalier fixé en 1760 sur le cours de la rivière, et non plus sur la montagne voisine. Le Pont de France, au centre de la gravure, a ainsi marqué la frontière entre les deux Etats de 1760 à 1792 et de 1814 à 1860. L’administration révolutionnaire, qui aurait pu gommer cet héritage de la politique de l’ancienne Ferme générale, a pourtant maintenu le partage, chaque partie recevant en 1793 en complément le nom du district d’appartenance, Roquesteron-Grasse d’une part et Roquesteron-Puget d’autre part [39].
Retour à la limite d’Etat antérieure à la Révolution en 1814. Les douaniers français se montrèrent soudainement extrêmement pointilleux, appliquant à la rigueur les clauses de relations de voisinage prévues par le traité de 1760 alors qu’avant la Révolution elles étaient interprétées de façon ouverte. La situation devint rapidement intenable. Les plaintes des communes frontalières affluèrent sur le bureau de l’intendant général sarde Crotti pour qu’il fasse cesser ces « vexations des douanes françaises stationnées sur la rive droite de l’Estéron ». Roquesteron fut coupé en deux par un cordon douanier implacable. On songea même à partager les édifices communaux, fours, moulins, lavoirs au risque de détruire toute activité économique. Le bon sens l’emporta et une certaine réciprocité fut maintenue même si cela n’était guère du goût des douaniers français qui voyaient se former à Roquestéron-Grasse une sorte de mini-zone franche incontrôlable sans moyens puissants.
L’Annexion de 1860 fut pour tous ces habitants une sorte de libération. Elle supprimait la frontière d’Etat mais laissait pourtant subsister la division communale : Roccasterone devenait Roquesteron et Roquesteron-Grasse conservait son nom. La légende de la gravure, « Roquesteron, vallée de l’Estéron », soulève une difficulté d’interprétation. Soit quatre ans après l’Annexion l’éditeur ne tient pas compte de ces subtilités administratives et réunifie à sa façon le bourg divisé. Soit, et c’est plus logique, il n’a voulu représenter que Roquesteron, le chef-lieu de canton.
Villars dans le Theatrum Sabaudiae
Villars, pourtant chef-lieu de canton, n’est pas représenté dans le Nice et Savoie, mais il a le rare privilège de l’être dans le Theatrum Sabaudiae, publié en 1682 sur ordre de Victor-Amédée II. On trouve Villars aux côtés de Nice, Villefranche, Sospel, Saorge et Tende. Son auteur, le capitaine ingénieur Giovanni Tomaso Borgonio [40], représente le site comme vu du ciel. L’ensemble malgré « la distorsion de perspective est parfaitement reconnaissable »[41]. (ici)
Au centre, le château, et au-dessous, le village autour d’une place ouverte vers la vallée. A droite l’église paroissiale. Des jardins bien ordonnés forment un écrin d’abondance. Les coteaux sont couverts de vignes produisant le déjà célèbre vin de Villars. Un ordre paisible marque la composition. Il est rehaussé par le contraste que crée la présence en fond de gravure de montagnes particulièrement inhospitalières.
Le château est placé au centre de ce lieu accueillant. Un palais plutôt, dans le style des villas italiennes de l’époque. La construction est vaste : 40 m sur 30 m avec à l’intérieur une cour de 130 m² [42] . Les appartements d’apparat donnent sur le village comme pour rapprocher le seigneur et sa maisonnée des villageois [43]. Il y a là de toute évidence une leçon de politique.
Sans doute même peut-on aller plus loin dans la réflexion. Comment oublier que Villars fut au XVIe siècle le château préféré des comtes de Beuil alors qu’ils tentaient d’affirmer leur indépendance face aux ducs de Savoie. La lutte tourna à l’avantage de ces derniers. Annibal Grimaldi comte de Beuil fut condamné à mort pour félonie par le Sénat de Nice en 1621. Son Comté fut démembré en plusieurs petits fiefs. Les parties les plus fortes du château, dont le donjon, furent détruites sur ordre du duc. Un plan de 1656 montre encore toutefois quelques restes de fortifications. Mais en 1682 il n’en subsiste plus rien. Comme pour montrer que l’œuvre de pacification avait atteint son but. Peut-être ne faut-il pas chercher ailleurs que dans cette leçon de politique les raisons de la présence de Villars dans le Theatrum Sabaudiae. On imagine Victor-Amédée II, celui qui entreprit de mettre au pas les féodaux récalcitrants de ses Etats, en faire le commentaire.
[1] Michel Bottin, « Passer le Var à Saint-Martin, ou les vicissitudes d’un service public mal réglé. XVIe-XIXe siècles », in Provence Historique, fasc. 206, 2001, pp. 509-522.
[2]Michel Bottin, « De la digue sarde à la RN 202 : la vallée du Var, voie de communication », in Un espace à percevoir, les Alpes d’Azur, T. 1, La communication, voies et moyens, Syndicat intercommunal touristique des Alpes d’Azur (sitalpa), La Documentation française, Paris,1995. Olivier Liberge, « Le désenclavement routier de la vallée du Var du milieu du XIXe siècle à 1930 », in Recherches régionales, 1997, n°141, pp.17-62.
[3] Léo Imbert, « Les communications dans l’ancien Comté de Nice sous la Restauration sarde », Nice Historique, 1954.
[4] Ernest Hildesheimer, « Les voies de communication dans l’ancien Comté de Nice…de 1860 jusqu’à 1940 », in Introduction au Répertoire numérique de la Série S, Archives des Alpes-Martimes, Cannes, 1959, à la p. XII.
[5] Paul Canestrier, « Historique de Guillaumes », in A la découverte de la haute vallée du Var, Nice Historique, 2002, p.112.
[6]Michel Bottin, « Pressions douanières et affermissement frontalier. Les limites de la Provence et du Comté de Nice », in Hommages Gérard Boulvert, Université de Nice, 1987, pp. 85-107.
[8] Six si on écarte une fantaisiste vue de l’ « Embouchure du Var entre Vence et le Broc ». Saint-Laurent-du-Var y apparaît au fond d’une vallée encaissée au bord d’un golfe profond.
[9] Edmond Raynaud, « Notice historique sur le passage du Var »,in Nice Historique, 1908. L’étude concerne principalement Saint-Laurent.
[10] Marguerite et Roger Isnard, Per carriera. Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Nice, 3e ed., Serre Editeur, 2003, p. 47.
[16] André Compan, « Episodes frontaliers dans le lit du Var (de 1814 à 1860) », Nice Historique 1962, pp.1-16.
[17] Christian Borghese, « Le peintre Paul-Emile Barberi (1775-1847) fondateur de la première Ecole de Nice », in Nice Historique 1997, pp. 175-225.
[20] Michel Bottin, « Pressions douanières et affermissement frontalier. Les limites de la Provence et du Comté de Nice », op. cit., p. 88.
[21] Michel Bottin, « Un commerce parallèle : La contrebande niçoise du XVIIe au milieu du XIXe siècle », in Annales Méditerranéennes d’Histoire et d’Ethnologie juridiques, 1976-1977, pp. 3-36, à la p. 22.
[25] Jean-Paul Chabaud, Peintres autour du Ventoux. XIXe-Xxe siècles. Répertoire chronologique et notices biographiques, 2e édition, Editions A. Barthélémy, Avignon, 2000.
[30] Nice et Savoie. Sites pittoresques, monuments, description et histoire des départements de la Savoie, de la Haute-Savoie, des Alpes-Maritimes (ancienne province de Nice) réunis à la France en 1860. Dessins d’après nature par Félix Benoist lithographiés à plusieurs teintes, Henri Charpentier Imprimeur éditeur, Paris, 1964. La troisième partie est consacrée à l’ancienne province de Nice. En 1867 paraît une nouvelle édition augmentée de vues de l’arrondissement de Grasse pour couvrir l’ensemble du Département des Alpes-Maritimes.
[31] Sur les quinze cantons du moyen et haut pays niçois seuls Roquebilère et Villars ne sont pas représentés. On trouve deux simples villages, Touët-sur-Var et Saorge.
[35] Olivier Vernier, « Puget-Théniers, les mutations d’une capitale administrative de la montagne à l’époque contemporaine », in Puget-Théniers et le Pays de la Roudoule, Nice Historique, 2000, pp. 215-225 et « Le décret-loi du 10 septembre 1926 et la mort administrative de l’arrondissement de Puget-Théniers », in Cahiers de la Méditerranée, juin 2001, pp.121-134 .
[36] Luc Thévenon, « Les arts dans le Canton de Puget-Théniers », Puget-Théniers et le Pays de la Roudoule, in Nice Historique, 2000, p. 169.
[37] Paul Canestrier, « Historique de Guillaumes », présenté par Denis Andréis, A la découverte de la haute vallée du Var, Nice Historique, 2002, p.108..
[38] Baptistin Giauffret, Roquestéron entre Nice et Savoie. De l’antique Roccasterone à Roquesteron-Grasse et Roquesteron-Puget, Serre Editeur, Nice, 1984.
[39] Michel Bottin, « Pressions douanières et affermissement frontalier », Hommages Gérard Boulvert, op..cit., p. 96 .
[40] Né à Périnaldo vers 1620, Borgonio a effectué auprès du duc de Savoie une carrière de géographe et d’ingénieur topographe. Il est particulièrement connu pour le Theatrum et pour sa Carta generale de’ Stati di S.A.R. réalisée à l’initiative de la régente Jeanne-Baptiste de Nemours et gravée en 1680. I rami incisi dell’Archivio di Corte : sovrani, battaglie, architetture, topografia, a cura dell’Archivio di Stato di Torino, Torino, Palazzo Madame, 1981, p. 417.
[41] Michel Bourrier, notice dans Le patrimoines des Alpes-Maritimes, Flohic Editions, 2 vol., Paris, 2000, p. 993.
[42] Georges Barbier, « Châteaux et places fortes du Comté de Beuil », in Le Comté de Beuil, Nice Historique, p. 186.
[43] Le château souffrira bientôt des deux conflits, Ligue d’Augsbourg puis Succession d’Espagne, qui verront à deux reprises les armées de Louis XIV occuper le Comté de Nice. En 1734 dans la reconnaissance féodale que passe le comte de Villars Francesco Amedeo Salmatoris le « castello o sia palazzo » est déclaré « quasi distrutto » sauf deux pièces au premier étage et huit au second. Archives départementales des Alpes-Maritimes, C 2, Consegnamento n°74, f°562.
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