Nice région Louis Gassin Président du Conseil général
 
 
 
Louis Gassin
Pésident du Conseil général des Alpes-Maritimes
1926-1931
 
Un grand avocat au service du Département
 
             
 
 
 
Pour citer : Olivier Vernier, Marc Ortolani et Michel Bottin, « Louis Gassin, président du Conseil général des Alpes-Maritimes (1926-1931). Un grand avocat au service du Département », in Les présidents du Conseil général des Alpes-Maritimes de 1861 à 1932. Pour une histoire du département, Nice Historique, juillet-décembre 2013, pp. 384-421
 
 
Louis Gassin[1] est né dans le quartier populaire de la Place d’Armes dans la première décennie qui suit l’Annexion, le 9 janvier 1865, d’une vieille famille niçoise d’artisans attestée depuis au moins le XVIIe siècle[2]: son père François et son grand-père exercent la profession de vermicellier, mais par sa mère, née Françoise Spinetta, et par les unions matrimoniales de ses enfants, il sera allié à plusieurs grandes familles de notables : Félix Hancy (maire de La Tour), Jean Durandy (maire de Menton et conseiller général de Breil), Maurice Durandy (conseiller général de Roquestéron) et autres Paschetta, Scoffier et Fossat.
Après une brillante scolarité au Lycée de garçons, il décide de poursuivre ses études de droit à la Faculté d’Aix d’où il sort licencié en 1886 à 21 ans[3]. Il prête serment comme avocat à Nice, dans une cité où la vie publique est dominée depuis longtemps par les juristes, de François Malausséna à Alfred Borriglione et d’Honoré Sauvan à Alexandre Mari. Cette notabilité se renforce lorsqu’il épouse en 1895, avec pour témoin le maire de Nice, le comte François Alziary de Malausséna, une jeune aristocrate italienne née à Montevideo en République orientale de l’Uruguay : Marie Dolorès Mercedes, fille du comte Alberto Luserna di Campiglione-Rorengo; cet ancien officier supérieur de la Marine royale italienne, retiré à Nice, participe, par les réceptions fastueuses de sa villa Albertina à Cimiez, à la vie mondaine de la cité tout en étant membre fondateur du comité des Fêtes tandis que son épouse se consacre « classiquement » aux œuvres de charité[4].
La gestion de la commune attire Louis Gassin, l’avocat des notabilités niçoises, des consulats étrangers (Italie et Russie)[5] et des sociétés de commerce locales, mais aussi « ténor » devant la Cour d’assises des Alpes-Maritimes. Déjà, dans les années 1880, avec Flaminius Raiberti, son mentor en politique, et le journaliste Léon Garibaldi, futur directeur de L’Éclaireur de Nice, il est « l’âme agissante » du parti dit du poivre qui groupe, autour du quotidien naissant, les adversaires de la municipalité Borriglione[6] défendue par Le Petit Niçois. Mais Gassin n’entre véritablement en politique que sous le mandat de son ami Honoré Sauvan, directeur de la Caisse d’épargne.
   Gassin est troisième adjoint de la municipalité Sauvan de 1904 à 1908. Au début du mandat suivant il est élu à l’unanimité premier adjoint[7] et, installé le 10 mai 1908, il proclame que «[son] dévouement sera employé à la défense des intérêts de Nice». Cette défense, il l’assume quotidiennement puisque Honoré Sauvan, sénateur des Alpes-Maritimes siège souvent à la haute assemblée. Il fait ainsi fonction de maire « par intérim ». Mais ce sont les domaines social et éducatif qui occupent volontiers son temps édilitaire. Vice-président du Mont-de-piété et de la Caisse d’épargne, Gassin est particulièrement attentif à ce que les historiens André Gueslin, au plan national et Joseph Duplouy au plan local nomment «l’argent des pauvres »[8].
 Responsable de la politique scolaire niçoise, il lance la reconstruction du Lycée. Il est très assidu de la distribution des prix. Il a aussi la charge de prononcer plusieurs discours patriotiques, dont celui du 5 juillet 1907 qui est un vibrant hommage rendu à Léon Gambetta à l’occasion de la venue à Nice du Président de la République : il témoigne de son lyrisme et de l’attachement de la ville pour le tribun républicain (dont les cendres reposent au cimetière du Château) et au-delà, de « la nationalité du génie » qu’ont en commun Gambetta et Nice. Son activité municipale cesse en 1912 avec l’élection du général François Goiran en qualité de maire de Nice, Gassin consacre alors exclusivement sa vie politique (mis à part une tentative de briguer un siège sénatorial en 1922) aux activités du Conseil général.
 La République, qu’il a toujours défendue, saura lui témoigner sa reconnaissance. A une époque où les dossiers d’attribution de la Légion d’honneur au titre du conseil général ne peuvent figurer dans la présentation faite par le préfet[9], Gassin a le rare privilège d’être attributaire de la croix de chevalier sur le contingent de la Grande chancellerie[10] en 1907, l’attention du président du Conseil ayant été attirée par « sa situation importante à Nice et sa grande influence ». Son rôle politique départemental et son action professionnelle en qualité de bâtonnier[11] du barreau de Nice (élu le 27 mai 1919) sont distingués par sa promotion au grade d’officier le 14 juillet 1920 au titre du ministère de la Justice[12] en même temps que d’autres personnalités qui lui sont proches, Édouard Béri, président honoraire de la Chambre de commerce et Pierre Gautier, premier adjoint au maire[13].
 
Engagements associatifs
 
Comme bien des notables niçois de la Belle Époque et de l’Entre-deux-guerres, Louis Gassin se consacre à Nice aux associations, ferments de la vie sociale : mouvements culturels, associations charitables, associations patriotiques. Il le fera sa vie durant et en faveur de toutes les catégories sociales[14].
Élève du vieux Lycée de garçons au bord du Paillon, il adhère à l’Estudiantina qui réunit les jeunes potaches et se gausse volontiers, dans leur journal des travers et du « classicisme » des doctes professeurs qui ont pour charge d’enseigner ces jeunes esprits. À Aix-en-Provence où l’amènent ses brillantes humanités supérieures, il participe volontiers aux fêtes de Carnaval et se mêle aux cortèges des associations estudiantines qui animent le cours Mirabeau et effrayent parfois la bonne bourgeoisie de la capitale provençale.
Mais c’est une fois installé comme avocat au 17 rue de la Préfecture et vainqueur des urnes municipales et cantonales qu’il se dévoue à ses concitoyens au travers d’une action associative constante et désintéressée. L’amour de la culture sous ses diverses formes et expressions ne le quittera jamais. Ami du poète Jules Bessi, Gassin perçoit l’importance de la reconnaissance de la culture locale : il figure ainsi le 15 juin 1904 dans la symbolique liste des membres fondateurs de l’Acadèmia Nissarda [15]. Cette culture niçoise enrichie des talents artistiques de ses nombreux amis, les peintres Alexis et Gustav-Adolf Mossa et Édouard Fer, le directeur des musées Guillaume Boréa, il saura la magnifier dans les activités du Comité des fêtes et des sports qu’il préside. Gassin, maître du barreau, n’hésitera pas à intervenir avec les maîtres-carnavaliers d’alors pour le choix du thème annuel, du sujet d’un char, de la thématique d’un groupe ou du costume des isolés. Selon lui, le carnaval des plâtres et du veglione doit rester une « fête populaire niçoise », comme du temps de sa jeunesse.
Mais la culture ne saurait vivre dans le culte d’un passé, même faste et populaire : elle doit s’incarner aussi dans la société contemporaine et refléter le mouvement des idées et des courants de création picturale, musicale ou littéraire. Ainsi ce poète et cet amateur d’art est amené à présider le plus emblématique cercle culturel de Nice, L’Artistique[16], ouvert aux notables niçois et aux hôtes venus d’autres cieux. Sur la petite scène du 27 du boulevard Dubouchage, lors des célèbres matinées de L’Artistique, les  grands maîtres, Jules Massenet ou Gabriel Fauré, les divas , Mary Garden (créatrice du rôle de Mélisande dans l’opéra de Claude Debussy) ou Germaine Lubin (future Isolde à Bayreuth) côtoient les jeunes talents prometteurs de la prose (Jules Romains) ou du vers (Paul Géraldy) tandis que, sur les cimaises des salons feutrés aux boiseries d’acajou et entre les bibliothèques grillagées, les œuvres d’artistes confirmés ou débutants sont offertes à la contemplation (et à la critique) des membres. Des expositions témoignent du riche passé artistique de la cité, comme « Nice à travers les âges » en 1919 au profit des œuvres de guerre, sont aussi initiées sous sa présidence. Comme le dira Jean Médecin lors d’un hommage public posthume : «Louis Gassin a fait de ce cercle, au cours de sa longue présidence, le salon de réception de la Ville. Pas de congrès, pas de grande manifestation littéraire, théâtrale ou musicale, pas de visite officielle de grand personnage qui n’ait son lendemain à L’Artistique ». 
 
Gassin et la promotion du patrimoine naturel
        
Louis Gassin est aussi un précurseur dans le domaine de la protection du patrimoine naturel. Il faut évoquer son action à la tête du puissant mouvement qu’est le Touring Club de France. Cette association fondée en 1890 par des « jeunes gens fervents de bicyclette » et reconnue d’utilité publique en 1907 (période de promulgation des textes modernes en matière de protection des monuments historiques), a pour but de développer la propagande en faveur des richesses naturelles et monumentales et d’assurer leur conservation. En 1923 le président national Abel Ballif, l’inlassable défenseur du massif et de la corniche de l’Estérel et hôte du département où il décédera à Théoule-sur-Mer en 1934, lui propose la délégation départementale de la première association touristique de notre pays ; en effet, Louis Gassin avait déjà participé à la rédaction du riche volume illustré de la collection Sites et Monuments consacré aux Alpes-Maritimes, première publication moderne en matière de tourisme pour notre contrée méridionale. Sous sa présidence, qui s’achève en 1927, les communes sont dotées de mobiliers urbains (des panneaux indicateurs en lave émaillée, des tables d’orientation ou encore des bancs pour la commune de Toudon), un sentier piétonnier de la gorge du Loup est aménagé et un brevet de cyclotourisme est même délivré aux intrépides s’aventurant sur les routes du Var, de la Tinée de la Vésubie ou des Préalpes grassoises.
Louis Gassin, défenseur des beautés naturelles des Alpes-Maritimes, est élu à la vice-présidence de la section Côte d’Azur et Corse à l’Exposition Internationale de la houille blanche et du tourisme de Grenoble, véritable vitrine de la France en 1925. Dans le même esprit il gère de 1928 à 1932, en qualité de vice-président, la Chambre d’industrie climatique de Nice dont le siège est à la Villa Masséna. Il faut restaurer le secteur tertiaire et la fonction d’accueil. Le but de l’Office est « d’étudier les éléments du climat de Nice et de faire connaître ses avantages : la durée d’ensoleillement, la température, l’état hygrométrique ... ». Le rôle de Gassin est important dans l’établissement de la taxe de séjour, revenu fiscal non négligeable pour les finances communales. Il s’appuie sur son réseau de notables : son confrère Me Léon Féraud, adjoint au maire, le docteur César Roux, célèbre physiologiste, son ami le bâtonnier Jean Santiaggi, futur puissant président de l’Entente des syndicats d’initiative du Sud-Est ou le propriétaire du Grand Hôtel, Paul Schmitz. Un programme de goudronnage des routes est ainsi lancé.
La culture qui réunit les peuples de part et d’autre des Alpes, les «sœurs latines », Maître Gassin y est également sensible. Il y songe notamment lorsqu’il visite la cité de Florence où la mère de son épouse, la comtesse Leonia Ventura Luserna di Campiglione-Rorengo s’est retirée. Aussi, c’est avec enthousiasme, mais aussi «gravité», qu’il accepte en 1938 des mains de l’académicien français Louis Madelin la présidence du Comité France-Italie dans ces années de montée des périls : il en est parfaitement conscient, mais espère que la culture commune entre les deux sœurs latines et le passé commun, particulièrement à Nice et dans le Comté, éloigneront les bruits des bottes et des canons. Il sera profondément meurtri de cet échec et écrit le 10 janvier 1939 à René Moulin, secrétaire général du Comité national : « Comment voulez-vous rapprocher France et Italie en ce moment alors que ceux-ci sont entraînés dans une vague de haine et ne négligent aucune occasion pour de mauvais procédés », et de prophétiser le 18 juillet 1939 : « ... Ce pauvre monde s’en va au désastre possible, parce qu’il manque un homme vraiment courageux, énergique, un surhomme enfin »…
 
Les œuvres sociales de Louis Gassin
 
Le rôle social de Louis Gassin est tout aussi important, tant avant qu’après la guerre de 1914. Entre 1903 et 1905, il souhaite relancer à Nice un mouvement lié au christianisme social et reçoit, la « bénédiction » du chanoine Fabre ou du chevalier Victor de Cessole : c’est le Comité d’assistance par le travail. Lointains successeurs des « ateliers de charité » de 1848, ces chantiers de travaux publics et de constructions ont pour but de procurer du travail à des chômeurs niçois. Le résultat ne sera pas à la hauteur des espérances de Louis Gassin en raison notamment de l’hostilité des riverains (Cimiez, Mont-Boron) qui verront dans ces « troupes patibulaires » un danger social, confortant ainsi la permanence de la célèbre thèse des « classes laborieuses, classes dangereuses », chère à l’historien Louis Chevalier[17]. Gassin souhaite alors patronner des initiatives plus classiques dans l’intérêt des populations laborieuses. En qualité d’adjoint et de vice-président du Bureau de bienfaisance, il permet à la mutualité de se développer à Nice : mise à disposition de salles pour des conférences, aide matérielle pour le développement des sociétés de secours mutuels des agents municipaux, attribution de prix ou encouragement aux publications de la Fédération du Sud-Est au point que son président, « l’apôtre de la Mutualité», son ami et confrère au barreau de Nice, le député Ernest Lairolle (1851-1926) -successivement conseiller général de Menton, Nice-Ouest et Breil- lui fait attribuer le 14 juillet 1907 par le ministère du Travail et de la Prévoyance sociale la médaille d’argent de la Mutualité[18] en qualité de « membre honoraire ».
Mais la guerre survient, et alors qu’il ne peut être mobilisé (il a 50 ans). Gassin décide de se consacrer aux œuvres de guerre[19]. Il préside l’œuvre de la « La Soupe aux familles de mobilisés » et l’installe dans les locaux de L’Artistique. Il se consacre, physiquement et par ses conseils juridiques ou administratifs, à maintes œuvres de guerre : Orphelinat des Armées, Office départemental des Mutilés, Comité de l’Or (qui échange des bons contre le versement du métal précieux), La Vannerie (artisanat de guerre), Le Secours Niçois (distributions vivrières) et anime pour l’ensemble de la ville la Commission d’Alimentation chargée du rationnement. Ce comportement exemplaire lui vaut une distinction civile rare : la médaille de la Reconnaissance française décernée en avril 1919.
Au sortir de la Guerre, une des questions sociales majeures et douloureuses est celle des milliers d’orphelins (2524 en 1920 pour le département) : en conséquence, il assume la vice-présidence (jusqu’en 1925) de l’Office départemental des Pupilles de la Nation et contribue à la mise en place de centres d’accueil et d’enseignement : l’établissement d’apprentissage agricole et horticole du Val-Claret à Antibes (52 enfants) ou l’Orphelinat des filles de Saint-Pierre d’Arène à Nice (37 enfants). Lorsque Gassin siège en qualité de conseiller général, il se fait un devoir de présider la commission d’admission à l’assistance médicale gratuite –ce qui permet aux indigents de bénéficier des soins gratuits des médecins cantonaux rémunérés par le Conseil général- et de représenter la collectivité à la commission administrative des hospices de Nice comme élu puis comme personnalité désignée. Il participe ainsi à la politique hospitalière à une époque où seuls quatre établissements de soins accueillent les détresses des populations : l’Hôpital Saint-Roch, l’Annexe de l’abbaye de Saint-Pons, l’Hospice de la Charité (pour les enfants et les vieillards) et l’Asile Dabray, « maison de refuge pour les vieillards d’origine niçoise ». Dans cette fonction, Maître Gassin, « toujours à l’écoute de ses concitoyens en difficulté », œuvre avec les praticiens renommés de l’époque : le docteur Louis Ciaudo, pour la maternité de Saint-Roch ou le docteur Édouard Grinda, député puis ministre, pour l’Hôpital Pasteur. Le juriste défend de façon constante la notion de concours pour le recrutement des praticiens hospitaliers face à la brigue locale et encourage le développement du syndicalisme médical.
La dernière mission publique qu’il assume jusqu’aux derniers jours de son existence est symbolique de son engagement : la présidence de l’Office départemental des œuvres, « d’avant et d’après-guerre » (sic), organisé à compter de la déclaration de guerre. Il est déjà délégué départemental du Secours National, institution de la Première guerre mondiale d’aide aux militaires et aux populations civiles, que le gouvernement réactive en octobre 1939. Le préfet désigne en toute cohérence Louis Gassin pour présider l’Office départemental. Sous son autorité, les œuvres niçoises qui souffrent des répercutions économiques du conflit voient leur dotation doublée pendant l’été 1940: que ce soit la Fondation Fornéro-Menei, du nom du  «plombier philanthrope » qui recueillait la vieillesse abandonnée, l’Asile Apraxine, œuvre pour les victimes de handicaps, au pied de la propriété de la famille d’Estienne d’Orves ou l’asile des vieillards des Petites sœurs des pauvres au bord du Paillon. Mais d’autres associations comme l’Association mentonnaise des enfants à la Montagne ou l’Orphelinat de la pinède de Juan-les-pins sont aidées par les fonds publics car le bâtonnier honoraire a conscience que « la charité ne peut jouer son rôle habituel ».
On comprend ainsi que lorsque Louis Gassin meurt le 30 août 1940, l’église de Notre-Dame-du-Port est trop petite pour accueillir, malgré les circonstances de la guerre et les difficultés des communications, une foule innombrable de Niçois célèbres ou anonymes, mais aussi d’Azuréens voulant rendre hommage à cet édile qui avait servi « avec modestie » sa ville et son département tout en étant toujours attentif aux hommes et aux femmes qui l’habitaient[20]. Cet hommage est conforté moins de deux mois plus tard lorsque la municipalité de Jean Médecin décide, dans une séance extraordinaire du 17 octobre, de perpétuer sa mémoire par l’attribution d’un nom de rue au « plus populaire des Niçois », naturellement une rue proche du Palais de justice, au cœur du Vieux-Nice.
 
Un avocat renommé
 
Louis Gassin a mené ces nombreuses et importantes activités associatives de concert avec son métier d’avocat. Une solide formation et de nombreuses qualités personnelles ont fait sa renommée : « Il avait le don de l’éloquence, le plus naturel, le plus prenant, le plus généreux qu’il fut. Ses plaidoyers toujours improvisés sur la trame des débats, étaient des modèles du genre », et il portait en lui, selon l’expression du bâtonnier du Barreau d’Aix-en-Provence A. Gabriel-Arnaud, «  ce frisson sacré des sublimes éclosions »[21].
Par choix, et peut-être parce que cela correspond mieux à l’expression de ses talents, Louis Gassin est avant tout un avocat pénaliste. En parcourant les archives contenues dans le fonds professionnel déposé aux Archives départementales des Alpes-Maritimes[22], on remarque la grande diversité des affaires criminelles qu’il a pu traiter au cours de sa longue carrière (1888 à 1940) : coups et blessures, voies de fait, insultes et diffamation, faux en écritures, contrefaçon, fausse monnaie, contrebande, banqueroute frauduleuse, port d’armes prohibées, vol, recel, escroquerie, chèques sans provision, abus de confiance, attentat à la pudeur, incendie volontaire, homicide, infanticide, assassinat[23] ; aucune incrimination pénale n’échappe à sa compétence. On y rencontre aussi d’inévitables affaires civiles, en matière de séparation de corps, divorce, expulsion, créances, bornage, baux, successions…, mais ces archives trahissent à l’évidence une préférence pour les dossiers criminels, que Gassin continuera d’ailleurs de traiter jusqu’à la fin de sa carrière.
C’est grâce à une affaire pénale qu’il fonde en 1891 sa réputation. L’affaire Marie Chaine[24] semble banale et l’accusée difficilement défendable : celle-ci a épousé un repris de justice, devenu policier, qui la pousse à commettre des vols de plus en plus importants, au point que sa condamnation semble certaine. Mais par une plaidoirie habile et vibrante, Maître Gassin parvient à retourner l’opinion du jury d’assises et obtient son premier acquittement. A partir de ce succès, « les causes criminelles affluent à son cabinet, et il n’est pas possible de dénombrer les lauriers que depuis cette époque, il a cueillis à la Cour d’assises ». En effet « nul mieux que lui ne sait parler au jury. Tour à tour enjoué, ironique, ardent, pathétique, il s’élève sans efforts jusqu’aux accents de la grande éloquence, et lorsqu’après avoir discuté pied à pied les charges de l’accusation, il se dresse devant les jurés et dans une nouvelle envolée, tend ses bras, supplie et fait appel à leur pitié, un nouvel acquittement vient s’ajouter à la liste de ses innombrables succès »[25].
Mais à mesure que s’étend sa renommée, et sans doute aussi en raison des relations que ses fonctions politiques lui permettent de tisser, sa clientèle se diversifie. Sans négliger la défense de particuliers aux prises avec la justice pénale, Gassin assure désormais la défense d’importantes sociétés dont l’activité est notamment liée au tourisme : en 1914, il devient l’un des avocats de la compagnie ferroviaire PLM, puis à partir de 1920 de la Société fermière des casinos de Nice, et l’année suivante de la Société des bains de mer de Monaco et de l’hôtel Negresco. Plus tard il sera le conseil de la Société des travaux publics et industriels, de la Société anonyme des usines Renault et de la Compagnie internationale des wagons-lits. En même temps, sa clientèle devient plus aisée et plus cosmopolite[26].
En 1919, sa réputation lui vaut d’être élu bâtonnier de l’ordre des avocats niçois. Malgré « les charmes de la politique où il connaît d’enivrants succès », note Le Petit Niçois, Maître Gassin est demeuré avant tout avocat »[27]. Cette année-là, le 3 novembre, à l’occasion de la pose d’une plaque au Palais de justice, il prononce un émouvant discours à la mémoire des membres du barreau tombés durant la guerre[28].
 
L’élection au Conseil général en 1907
 
L’entrée de Louis Gassin au Conseil général en 1907 est consécutive au désistement d’Ernest Lairolle, conseiller général sortant du canton de Nice-Ouest[29]. La candidature de Gassin est une surprise. Le portrait très élogieux que dresse Dominique Durandy de Maître Lairolle dans les colonnes du Petit Niçois, le 25 juin 1907, ne laisse en effet en aucune façon présager qu’il ne sera pas candidat quelques jours plus tard. Il apparaît au contraire comme l’amorce de sa campagne politique[30]. Le Niçard du 22 juin nous apprend d’ailleurs que Lairolle a bien commencé sa « tournée de propagande » et que suite aux rumeurs laissant entendre que Gassin serait candidat contre lui, ce dernier, bien au contraire, lui a fait part de son soutien. Mais ce journal conclut néanmoins que c’est le maire de Nice, Honoré Sauvan[31] qui déterminera si Lairolle peut finalement « se mettre délibérément en route »[32].
Ernest Lairolle ayant finalement annoncé le retrait de sa candidature (pour « surmenage » ironise La lutte sociale[33]), les proches de Louis Gassin l’incitent à se présenter, et après un premier refus, il finit par céder à leurs amicales pressions. Cette acceptation est tardive, puisqu’elle intervient aux alentours du 15 juillet pour une élection devant se tenir le 28[34]. D’ailleurs, L’Eclaireur considère qu’il « faut savoir gré aux hommes de talent et de bonne volonté qui acceptent courageusement les mandats publics avec cette seule pensée de servir la chose publique » et la volonté de « défendre les intérêts d’un canton en pleine voie de prospérité »[35]. De plus, précise le quotidien, « cette candidature a été accueillie avec la plus grande faveur par la population du canton ouest de Nice… On peut dire que rarement candidature fut plus sympathique que celle de notre ami »[36]. Gassin se présente ainsi dans une des deux circonscriptions cantonales niçoises, la plus rurale, par ailleurs assez trompeusement dénommée « Nice Ouest » : celle-ci comprend en effet trois communes situées au Nord-Est de Nice (Saint-André, Falicon, La Trinité-Victor) et vingt sections électorales niçoises, de la rive droite du Paillon et des collines niçoises jusqu’au Var[37].
La profession de foi que publie Louis Gassin[38] à l’occasion de cette première élection cantonale est assez convenue : briguant le poste laissé vacant par Ernest Lairolle, il s’engage à poursuivre son œuvre pour l’achèvement du réseau de communications et « l’adduction des eaux de la Vésubie sur les hauts plateaux de Nice ». Par ailleurs, bien que « l’administration soit séparée de la politique », il reconnaît que « les élections au Conseil général ont incontestablement un caractère politique » ; aussi saisit-il l’occasion pour affirmer ses convictions républicaines : « Je suis républicain par raison, parce que la République ne peut être que le gouvernement de la liberté et de la justice. Je suis républicain par raison, parce que la République ne peut être que le gouvernement de la solidarité sociale et de la fraternité humaine ».
Il faut surtout souligner que Louis Gassin bénéficie de deux soutiens importants. Celui de la presse d’abord : L’Eclaireur mais également le Petit Niçois, qui l’a souvent combattu, mais qui reconnaît en lui « un bon Niçois [et] un politicien honnête ». A cela s’ajoute le soutien non moins précieux du député Flaminius Raiberti, dont il est proche, et qui exerce déjà une forme de « magistrature morale » sur l’ensemble du département[39]. A quelques jours de l’élection, le 24 juillet au soir, se tient à l’Olympia, sous le patronage de l’Association républicaine de Nice, une grande réunion électorale, réunissant près de 400 personnes. C’est l’occasion que saisit Raiberti, qui préside la séance, pour y « faire l’éloge de M. Lairolle, conseiller sortant, [mais surtout] engager les assistants à porter leurs suffrages sur le nom de M. Gassin », avant de faire voter un ordre du jour acclamant la candidature de ce dernier[40].
Le résultat de l’élection du 28 juillet 1907 est à la hauteur des soutiens obtenus : sur 13.875 inscrits, la participation est faible (seulement 49 %), mais sur les 6.780 suffrages exprimés, Gassin, unique candidat, en obtient 6.444[41]. La multitude de lettres et télégrammes de félicitions qu’il reçoit est très révélatrice des liens qu’il entretient au sein de la bourgeoisie niçoise et des soutiens dont il a bénéficié[42]. Pourtant, le résultat sera contesté par un dénommé Grégoire Ricci, capitaine de Marine et ancien conseiller municipal de Nice, qui fera état de corruption et d’irrégularités dans les opérations électorales[43]. Les arguments avancés paraissant imprécis et « infondés »[44], la protestation de M. Ricci sera rejetée par le Conseil d’Etat[45].
Louis Gassin fait donc son entrée au Conseil général. Il y acquiert rapidement une réputation de compétence et de dévouement, doublée d’une éloquence dont il use avec profit. Dans une note destinée au ministère de l’Intérieur, datée probablement de 1908, le cabinet du préfet le décrit en termes très élogieux : « M. Gassin, adjoint au maire de Nice, avocat réputé dans la région, nouvellement conseiller général, connaît bien les affaires et est destiné à prendre une influence due à son mérite. Son éloquence lui a valu le premier rang au barreau [et il] semble se préparer à la mairie de Nice, d’accord avec M. Sauvan lui-même ». Et le rapport conclut : « Il est d’ailleurs l’ami personnel de M. Raiberti »[46].
 
La campagne électorale de 1913
 
Les élections cantonales de 1913 se préparent dans des conditions moins favorables que les précédentes. Gassin doit compter avec un concurrent très combattif, le conseiller municipal de Nice Jean Salvagniac. A la tête d’un « Comité républicain démocratique de protestation », celui-ci se présente aux élections, annonçant déjà que, s’il est élu au Conseil général, il démissionnera de son mandat pour s’en tenir à sa fonction municipale … et « à la tâche qu’il s’est imposée, consistant avant tout à faire aboutir la juste et intéressante question du tarif des tramways à dix centimes »… Sa « candidature de protestation » a donc essentiellement pour but de « dénoncer la camorra de L’Eclaireur et de Gassin » dont la « puissance occulte est redoutable », de démontrer son « impopularité », ainsi que « l’espoir secret et ridicule qu’il nourrit de devenir le maire de demain »[47].
La campagne qui oppose les deux hommes, malgré la différence de perspective dans laquelle ils se placent, est très tendue, notamment par l’intermédiaire de la presse. L’Eclaireur, qui défend la candidature de Gassin, dénonce avec véhémence son adversaire : « Deux candidats sont en présence. D’un côté, un vieux et sympathique niçois, fils de ses œuvres, avocat éminent, autorisé, homme politique de talent, dont toute la vie est de travail et de dévouement [et] dont le passé est un sûr garant de l’avenir. De l’autre, un aventurier sans valeur, profiteur de la politique, démagogue sans envergure, cynique et violent, qui, parvenu par surprise au Conseil municipal, s’y est montré d’une incapacité lamentable »[48]. Le lendemain, jour du vote, L’Eclaireur reprend les mêmes arguments : « L’issue du scrutin ne fait de doutes pour personne : tous les Niçois qui ont à cœur la réputation de leur ville [apporteront] leurs suffrages au bon républicain, au citoyen honorable, à l’homme honnête et droit qu’est M. Gassin, dont le talent est une promesse et la loyauté une garantie »[49].
La victoire de Louis Gassin est en effet incontestable : sur 16.676 inscrits, on ne compte que 6.452 suffrages (soit une participation réduite à 38,7 %), mais il obtient 4.186 voix, soit 65 % des suffrages exprimés[50]. Quelques jours plus tard, depuis leur villa de Saint-Augustin du Var, la « Quinta Oriental », son épouse Mercédes adresse à leur fils Charles, qui vit en Argentine, une lettre où elle explique les difficultés de la bataille électorale : « Je t’enverrai les journaux concernant l’élection de Lino[51]. Tu verras qu’il a eu à lutter contre ces éternels voyous coalisés derrière Salvagniac qui était leur porte drapeau d’insultante et injurieuse discorde. Mais une fois encore, sans se donner beaucoup de mal, Lino eut la joie de voir le suffrage universel et désintéressé lui donner une écrasante majorité sur ce politicien d’aventures, inconnu dans le pays, mais qui, passé par surprise dans la nouvelle municipalité, a profité de son mandat électif pour monter le quartier du Var, où il habite, contre Lino, sa bête noire »[52].
 
Réflexions sur l’engagement en politique
 
Ces élections ont en effet été éprouvantes, et dans une lettre à son fils, datée du 8 octobre 1913[53], Louis Gassin ne cache pas la lassitude, heureusement passagère, d’un homme public qui a déjà derrière lui une certaine expérience de la vie : « J’ai repris […] le collier après de courtes et médiocres vacances, écrit-il, [mais] ces élections ont empoisonné mon été. Tout a heureusement bien marché ; mais je garde de ces opérations un goût amer et je t’assure que j’y ai puisé un surcroît de volonté de m’en tenir à ce mandat de conseiller général. Quand on est jeune, on a généralement meilleur estomac. Les choses se supportent mieux et l’ambition aidant on se console du chemin en pensant au but. Je n’en suis plus là ; je vois tout avec plus de goût pour la vie retirée de la foule, pour l’indépendance incompatible avec ces mandats, et je n’ai plus pour idéal que de vous voir en situation de gagner votre vie, et de vivre paisiblement avec maman, à l’ombre des deux arbres de notre jardin, des deux grands garçons qui ont tant poussé ! ».
En décembre, dans une autre lettre à son fils, on retrouve ce même sentiment d’amertume face à la situation politique niçoise : « Quand j’étais plus jeune, je marchais résolument, enthousiaste, prenant des vessies pour des lanternes… Et maintenant avec qui vais-je lier parti ? Où sont les amis ? Où sont les hommes en qui j’ai eu confiance ? Tout s’est égrené sur la route[54] […] Tu t’étonnes que je sois un peu las et un peu désabusé ». Et il poursuit en dévoilant avec lucidité la limite de ses ambitions : « Je me suis présenté au Conseil général. Coût : 18.000 francs. Cela sert à me donner un pied dans la politique et à me permettre de me défendre. Les temps modernes ont cet axiome : tout homme qui ne peut mener une action politique est dévoré. Il faut donc pouvoir mener une action. Ce pouvoir, cette possibilité grâce à Dieu je l’ai et je suis en bonne posture. Mais quant à être « quelque chose », je n’en ai nulle envie. D’abord, parce que je n’ai pas d’argent à jeter. 2° parce que j’ai besoin de garder mon cabinet. 3° parce qu’on ne débute pas à cinquante ans au parlement. J’y vivrais misérablement et petitement. Et dans quel milieu ! 90% sont infects […] J’ai une quatrième raison pour ne pas m’enfoncer dans la politique : c’est que je vois trop clair maintenant. Je n’ai pas envie de faire des frais pour ceux que je n’aime pas, d’afficher des opinions que je n’ai pas »[55].
D’ailleurs, localement, Gassin n’en a pas fini avec Salvagniac, puisque ce dernier tente d’obtenir devant le Conseil d’Etat l’invalidation de l’élection, en raison notamment de la campagne mené contre lui par L’Eclaireur, qui l’a qualifié d’« énergumène », faisant « tache dans une assemblée d’honnêtes gens », et a pointé les « lacunes » apparaissant dans son service militaire. Mais le juge, considérant que « les articles incriminés ne sont que la réponse à des affiches non moins violentes […], ils n’ont pas eu pour effet de porter atteinte à la sincérité du scrutin », et il rejette donc sa protestation[56]. Salvagniac se consolera en obtenant de la part du tribunal d’instance de Nice, la condamnation de Léopold Derchi, gérant de L’Eclaireur, à cent francs d’amende et cent francs de dommages et intérêts pour « délit d’injure et diffamation »[57].
 
Les élections cantonales de 1919 et 1925
 
Les élections consécutives à la guerre se déroulent en 1919 dans un climat différent et une circonscription remodelée, plus réduite que la précédente, et correspondant à ce que l’on appelle désormais le canton de « Nice 3 »[58]. Louis Gassin s’en explique d’ailleurs dans un tract : Nice, avec deux conseillers généraux, était insuffisamment représentée à l’assemblée départementale… [et] j’ai fini par obtenir le dédoublement des deux cantons ». Dès lors, -poursuit-il- « je dois me séparer d’une partie de mes électeurs. Mais nos liens déjà anciens ne seront pas brisés, parce que tous les cantons de notre ville restent solidaires ». Il déroule ensuite le fil d’une activité déjà considérable, rappelant à ses détracteurs éventuels que « pendant la guerre, à son poste, il a simplement rempli son devoir de Français », en tant que fondateur de la soupe aux familles de mobilisés ou de président de la commission départementale des œuvres de guerre. Puis il ressent le besoin de rappeler ses convictions républicaines et préciser : «  Je n’ai naturellement rien de commun avec un certain socialisme, et ses théories internationalistes et collectivistes, qui permet le bonheur des hommes par la guerre civile et qui sabote la Patrie »[59]. Fort de son bilan, Louis Gassin remporte facilement les élections avec 2.633 voix contre seulement 188 à son rival, Henri Taffe.
L’activité déployée par Gassin au Conseil général durant cette période semble en effet considérable, comme en atteste l’appréciation qu’en fait le cabinet du Préfet en 1922 : « Président de la commission départementale depuis 1921, poste qu’il a déjà détenu plusieurs fois […], M. Gassin est un des conseillers les plus écoutés et les plus influents du Conseil général ». La préfecture estime d’ailleurs qu’il « aurait pu briguer un mandat législatif avec de grandes chances de succès, mais il a préféré consacrer exclusivement son activité aux affaires départementales et au barreau »[60].
Lors des cantonales suivantes, en 1925, il voit à nouveau s’opposer à lui Henri Taffe, surnuméraire des Postes et télégraphes, chimiste au Muséum de Paris et « candidat républicain protestataire ». Ses affiches[61] vantent son engagement volontaire en 1916, pour mieux souligner la déficience de son adversaire : « Monsieur le bâtonnier Gassin ! –peut-on y lire – Lorsque vous rencontrant place du Palais à Nice, vous me débitiez avec des larmes dans la voix une de ces tirades dont vous avez le secret […] déplorant que votre jeunesse et vos forces disparues ne vous permettent plus de courir au secours de la Patrie menacée (vous étiez cependant plus jeune et plus vaillant que moi !), votre pensée n’allait-elle pas plutôt vers le champ des fructueuses affaires déserté pour le front par vos jeunes confrères, tombés depuis trop nombreux, hélas !, pour le salut commun ? ». Mais ces arguments d’ancien combattant semblent finalement de peu de portée : sur 8.055 inscrits, on ne compte que 3.633 votants, soit une participation de 45 %, et, sur cinq candidats, Louis Gassin obtient 2.764 voix contre 558 à Henri Taffe, son principal adversaire. Mais ce dernier ne s’avoue pas vaincu et saisit le conseil d’Etat, au prétexte que l’élection de Louis Gassin a été « entachée de fraudes par le vote d’absents, l’achat de consciences » et des « violences concertées […] tendant notamment à l’isoler de ses électeurs »[62]. Louis Gassin se défend de ces accusations en exposant qu’il n’a jamais tenu compte des propos injurieux de son adversaire et a préféré l’ignorer ; il s’en tient à sa situation de conseiller général toujours élu au premier tour et aux positions de sa profession de foi, sans entamer de polémique, et laisse à la haute juridiction le soin d’apprécier « la singulière réclamation de ce singulier candidat »[63]. Le Conseil d’Etat, estimant que les griefs invoqués par M. Taffe manquent de précision, rejettera sa requête et refusera d’invalider l’élection[64].
 
Un conseiller général actif
 
Gassin a siégé pendant 19 ans au Conseil général avant d’en devenir président pendant cinq ans. Il  a été pendant toute cette période, de 1907 à 1926, un conseiller général actif, attentif aux besoins de sa circonscription et dévoué à l’institution départementale. Il a été membre de plusieurs commissions parmi les plus importantes : neuf fois de la Commission départementale, dont une fois secrétaire et cinq fois président ; six fois membre de la Commission de finances ; six fois vice-président du Conseil général[65].
Son activité est particulièrement importante de 1907 à 1911, c’est-à-dire au cours de son premier mandat. Et alors qu’il est premier adjoint au maire de Nice ! On peut à partir du travail de Gassin en 1907, ou en 1908[66], mesurer l’importance de l’engagement d’un conseiller général qui se dévoue à l’institution : Commission départementale (huit séances), Commission des finances (huit séances), deux sessions du Conseil général de trois ou quatre jours chacune, soit au moins 23 réunions par an.
Gassin intervient donc souvent au cours des séances du Conseil général. Ainsi pour les sessions de 1907/1908 : 13 vœux, quatre propositions, 10 rapports de la Commission des finances, soit 27 interventions en sept séances. C’est à peu près semblable en 1908/1909. Ses vœux : des « mesures énergiques » pour empêcher les inondations du Var vers le pont du Var, l’ouverture de la gare de Riquier au service de la petite vitesse et aux colis postaux, la construction d’ habitations à bon marché sur les terrains du PLM à Saint-Roch, le report de la réunion des assises d’août en juillet en raison de la difficulté de réunir le jury en août, la création d’un poste de facteur-receveur à Saint-Isidore, l’adduction des eaux de la Vésubie à la Trinité-Victor, le déplacement de la ligne du tramway dans la traversée de la commune de Saint-André, des réparations à la mairie de La Trinité-Victor, des travaux urgents à la prison de Grasse, la création d’un troisième canton à Nice, l’entretien de la RN 7 dans la traversée de Nice, des subvention au service d’autobus Nice-Gairaut et à la ligne Nice-La Turbie par Laghet, etc., etc.[67]
 
         Une présidence d’union départementale
 
         Flaminius Raiberti quitte ses fonctions de président du Conseil général le 28 septembre 1926. Son départ est annoncé depuis le printemps. Il en donne la raison profonde dans un discours prononcé lors de la session d’octobre 1926. Il est amer et sévère face à la désunion des Conseillers généraux. « Je vous ai toujours recommandé l’union ». Et ce Conseil est aujourd’hui divisé, « à l’heure grave où les partis doivent s’effacer devant l’intérêt national »[68]. L’arrivée du Cartel des gauches au pouvoir en 1924 a en effet fait voler en éclats la solidarité des conseillers généraux née de la guerre et prolongée à l’époque du Bloc national. Les élections cantonales des 19 et 26 juillet 1925 ont vu la victoire très nette des candidats du Cartel. Elles ont été un échec pour le Bloc national. Raiberti lui-même a été élu avec beaucoup plus de difficultés que précédemment (il obtient 59% des suffrages contre 39% à son rival Gaziello) dans le canton de Menton[69]. Lors de la première session de 1926, il annonce sa démission et appelle à l’union[70]. L’heure est grave en effet. La débâcle financière s’accélère. Le Cartel n’a plus les moyens de gouverner. Le 19 juillet 1926 un deuxième cabinet Herriot ne tient que 48 heures ! Le président Doumergue appelle Poincaré à former un gouvernement d’ « Union nationale », regroupement de la droite et des radicaux excluant les communistes et les socialistes. Le nouveau cabinet est investi le 23 juillet 1926. La confiance revient et le gouvernement peut lancer le vaste programme d’économies que les alliés du Cartel rejetaient jusque-là. C’est dans ce contexte politique que Louis Gassin est élu président du Conseil général le 28 septembre 1926 à une très faible majorité, 16 voix sur 30 (Joseph Bermond 8 voix,  Jean Ossola 5 voix et un bulletin blanc)[71].
Cette élection n’est toutefois pas une grande surprise. Louis Gassin est pressenti depuis longtemps pour jouer un rôle de premier plan. Dès 1911, alors qu’il n’en est qu’à son premier mandat, une note établie par la préfecture le laisse déjà entendre : « M. Gassin s’est acquis au Conseil général par sa parole et sa connaissance des affaires une place en vue. Ancien premier adjoint de Nice, il compte dans cette ville de nombreuses sympathies. M. Gassin, qui possède une grande valeur personnelle, paraît désigné pour jouer dans l’avenir un rôle prépondérant dans la vie politique du département »[72]. Trois ans plus tard, en 1914, l’appréciation de la préfecture n’a pas changé : « Longtemps adjoint au maire de Nice, M. Gassin, aurait pu, s’il avait voulu, jouer un rôle important au point de vue politique », qu’il faut imaginer à l’échelle municipale voire nationale par un mandat de député. Et le rapport ajoute : « Au Conseil général, il est très écouté. Sa connaissance des affaires lui a acquis une place en vue »[73].
Aussi, en 1926, lorsque Raiberti annonce qu’il ne se présentera pas, Gassin apparaît naturellement parmi les successeurs possibles, mais son penchant naturel ne le pousse peut-être pas à assumer de telles responsabilités, et il faut sans doute « les insistances pressantes de ses collègues – et celles plus cordiales encore de son ami Raiberti »[74] pour qu’il consente finalement à prendre sa succession.
         Le discours que prononce Gassin à l’occasion de son élection est modeste, à la mesure de sa courte majorité. Mais il est très politique. Gassin en appelle au patriotisme de ses collègues pour se « serrer autour du gouvernement national ». « La crise affreuse que nous traversons, assure-t-il, passera comme un mauvais rêve ». « Les partis reprendront leurs luttes nécessaires lorsque notre franc sera redressé ». Et les propos de Gassin ne sont pas de pure convenance. Il a en face de lui une assemblée politiquement divisée au sein de laquelle on note la présence de cinq anciens ou futurs ministres aux appartenances politiques parfois très opposées : Flaminius Raiberti a été deux fois ministre à l’époque du Bloc national : d’abord de la Guerre en 1921 dans le cabinet Georges Leygues puis de la Marine en 1924 dans le cabinet Poincaré II ; Jean Ossola a été, à l’époque du Cartel des gauches, en 1925 et 1926, sous-secrétaire d’Etat à la Guerre dans les cabinets Painlevé II et III puis Briand VIII et IX ; Léon Baréty fera partie en 1930, au temps de l’Union nationale, du cabinet Tardieu I comme sous-secrétaire d’Etat à l’Instruction publique et aux Beaux-arts et dans le cabinet Tardieu II comme sous-secrétaire d’Etat au Budget ; Humbert Ricolfi fera partie de ce même cabinet Tardieu II comme sous-secrétaire d’Etat à la Guerre ; Edouard Grinda, enfin, sera à la fin de l’année 1930 ministre du Travail et de la Prévoyance sociale dans le cabinet Steeg. Etonnante assemblée départementale !
         L’année suivante Gassin, confortablement réélu avec 26 voix[75], ce qui confirme ses talents de « rassembleur », remercie ses collègues de lui avoir finalement rendu « la tâche extrêmement facile » dans la recherche de l’unité. C’est aussi, argumente-t-il, un effet du gouvernement d’Union nationale de Poincaré et de sa politique. « La bataille financière est presque gagnée », proclame Gassin. « Il faut maintenant gagner la bataille économique ». Mais Gassin met le gouvernement en garde. « De récents et lamentables événements nous obligent à demander au Gouvernement la plus grande, la plus nécessaire énergie dans la répression des crimes, des attentats communistes ». Gassin fait ici allusion à « l’attentat abominable commis dimanche dernier » sur la voie ferrée « au moment où allaient passer les légionnaires américains » en route vers Nice pour participer à une grande cérémonie d’amitié franco-américaine[76]. On remarquera que Gassin n’a pas de preuves certaines, l’attentat n’a pas été revendiqué et l’enquête est en cours. Mais peu importe. Cette prise de position anti communiste ne peut déplaire à ses collègues. Elle peut aussi consolider l’unité du Conseil[77].
         Gassin reprend ce thème après sa réélection du 24 octobre 1928[78]. Il ne se reconnaît « d’autre adversaire, d’autre ennemi que le communisme qui prend ses ordres et ses ressources à Moscou ». Pour le reste il prend modèle sur Poincaré qui « a réuni les chefs les plus éminents du parti républicain ». Les résultats de sa politique sont éclatants : monnaie assainie, économies, équilibre budgétaire. « La France a pu prendre devant le monde sa face la plus rayonnante ».
         Le mérite du redressement de la France revient aussi à Aristide Briand ministre des affaires étrangères qui a conduit à Paris « il y a quelques semaines » des négociations qui ont mis la guerre « hors la loi des peuples civilisés ». Ce pacte[79], dit Gassin, « sera le grand honneur de M. Briand et du ministère d’union nationale »[80]. Un hommage à Poincaré, un hommage à Briand, Gassin sait que chaque collègue y trouvera son compte, par exemple Ossola, l’ancien ministre de Briand. Une manière surtout d’assurer l’unité du Conseil.
         Quatrième élection le 1er octobre 1929. L’autorité de Gassin est assez assurée pour qu’Ossola lui-même propose de procéder à l’élection par acclamations. Poincaré vient de démissionner. Gassin le regrette. Mais, remarque-t-il, sa politique continue avec le nouveau cabinet Briand investi le 29 juillet 1929. Elle est « en bonnes mains ». Même s’il doit avouer que ce cabinet a eu « des vacances assez laborieuses ». La Conférence de La Haye qui s’est tenue au mois d’août n’a pas été totalement rassurante. « On s’est battu ferme pour la paix »[81].
Le 29 septembre 1930 Gassin est élu pour la cinquième fois. Le vote est fait une nouvelle fois par acclamations. Son discours est toujours aussi politique. Il souhaite apporter, « en respectant la règle constitutionnelle, la simple pensée du français moyen »[82]. Il plaide une nouvelle fois pour l’ « apaisement des querelles », « la collaboration des républicains et l’union des hommes de bonne volonté et de patriotisme ». Cela est d’autant plus nécessaire que  « les hommes incorrigibles semblent ne pas avoir entendu les leçons d’une guerre atroce ». Gassin fait remarquer à ses collègues que « les délibérations de Genève ne sont pas tous les jours réconfortantes. Les élections allemandes, les déclarations de M. Hitler n’assainissent pas l’atmosphère ». Gassin soutient Briand. « Qui pourrait, qui voudrait appliquer une autre politique ». « Les Français, dit-il, veulent la paix dans la dignité »[83]. Le Conseil général doit aussi y travailler à la mesure de ses moyens. Ce département frontière doit développer l’amitié italienne. Gassin en profite pour rappeler que quelques mois auparavant, lors de la semaine d’hommages consacrés à Frédéric Mistral[84], plusieurs personnalités italiennes ont « exalté magnifiquement le génie latin unissant Virgile à Mistral ». « Pourquoi, poursuit Gassin, ne pas illustrer de si nobles propos par quelques actes de bonne amitié ? ». Par exemple en réglant les contestations qui se multiplient au sujet des forêts communales des Alpes-Maritimes situées en territoire italien[85].
 
La réforme administrative de 1926
 
A la veille de l’élection de Maître Gassin à la présidence de l’assemblée départementale en 1926, celle-ci fonctionne encore selon le cadre quasi inchangé de 1871, mais les collectivités territoriales ont été contraintes aux actions nouvelles d’une administration de guerre entre 1914 et 1918, aussi de profondes réformes liées à des nécessités économiques sont entreprises sous la conduite du gouvernement de Raymond Poincaré. Une série de décrets-lois résultant des travaux d’une commission présidée par Camille Chautemps, futur président du Conseil, réduisent le nombre de circonscriptions (la sous-préfecture de Puget-Théniers[86] est supprimée) et le nombre de juridictions (le tribunal civil de Grasse est réuni à celui de Nice).
La géographie administrative française est ainsi bouleversée. Il faut compenser cette situation d’austérité en accentuant les pouvoirs locaux. Le décret-loi du 5 novembre 1926, « décret de décentralisation et de déconcentration administratives »[87], introduit ainsi en treize articles pas moins de vingt réformes qui élargissent les pouvoirs du président et ceux de la commission départementale[88].
Certes, l’article premier renforce les pouvoirs de déconcentration du préfet en énonçant qu’il « est le représentant du pouvoir exécutif dans le département », mais à défaut de détenir le pouvoir exécutif local, symbole d’une future et complète décentralisation, le président du conseil général dirige désormais une assemblée aux attributions accrues dans cinq domaines.
 En premier lieu, outre les vingt-huit objets définitifs de délibérations définis depuis 1871 (patrimoine départemental, dons et legs, travaux publics…), le conseil général peut désormais statuer définitivement « sur tous les autres objets sur lesquels il est appelé à délibérer par les lois et règlements et généralement sur tous les objets d’intérêt départemental dont il est saisi ». Cette initiative peut provenir soit du préfet, soit d’un des membres du conseil, soit de la commission départementale. L’intérêt départemental sous ses diverses formes : économiques, sociales, culturelles et patrimoniales est enfin reconnu même si la jurisprudence du Conseil d’État restreindra le champ d’intervention économique dès 1930.
 En deuxième lieu, la procédure administrative est modifiée : les délais de recours du préfet contre les délibérations sont raccourcis : au lieu de vingt jours, le préfet ne dispose plus que de dix jours pour demander l’annulation d’une délibération au conseil de préfecture (ancêtre du tribunal administratif). Ce recours est notifié à la fois au président du conseil général et à celui de la commission départementale. La force exécutoire des décisions de l’assemblée départementale est confortée : si dans le délai de six semaines (au lieu des deux mois jusque-là), la délibération n’a pas été annulée, elle s’applique. Quant à l’« épée de Damoclès » que constituait pour le pouvoir la possibilité d’édicter un décret suspensif dans les trois mois d’une délibération qui lui semblait « inopportune », elle est définitivement supprimée. Gassin, fin juriste, saura tirer parti de toutes ces procédures.
La troisième liberté est relative aux sessions de travail : des sessions extraordinaires d’une durée maximale de 15 jours peuvent être réclamées notamment par la commission départementale ou par les deux tiers des conseillers généraux. En quatrième lieu, la règle du quorum est précisée. Enfin, des syndicats interdépartementaux pour développer la coopération interdépartementale sont prévus, mais force est de constater que les Alpes-Maritimes ne seront pas concernées.
C’est dans le cadre de ces nouveaux pouvoirs que le Conseil général va travailler sous la présidence de Louis Gassin, secondé par le secrétaire du Conseil, le négociant niçois, représentant du premier canton, Pierre Maurin puis l’avocat niçois Me Gabriel Garibaldi, conseiller général du 2e canton de Nice.
 
L’œuvre départementale
 
Gassin est élu président le 28 septembre 1926, soit deux mois après l’entrée en fonctions du nouveau cabinet Poincaré. Il sait parfaitement que les finances du département sont directement menacées par les réformes projetées. Il est prêt à soutenir l’effort d’économies annoncé par le gouvernement. Mais pas à tout prix : « Il faut, explique-t-il, faire des économies et il faut cependant dépenser largement pour nos besoins sous peine d’arrêter l’essor de cette magnifique contrée »[89]. Ceci dit, le nouveau gouvernement rend Gassin optimiste. Il attend beaucoup de Poincaré. Même des baisses d’impôts ! Le Conseil général a, à l’instar d’autres assemblées départementales, demandé « qu’on retouche certains de nos impôts et notamment ceux sur les valeurs mobilières ou les mutations d’immeubles ». Mais le président du Conseil y est hostile. « Je le regrette », commente Gassin, parce que l’impôt sur les mutations d’immeubles « entrave le mouvement des affaires dans notre département »[90].
Le développement du département et le maintien de la vocation tertiaire de la Côte d’Azur ont en effet toujours beaucoup intéressé Gassin. Il suffit de songer à son rôle dans quelques dossiers très techniques[91], mais indispensables à la vie quotidienne des populations locales et des hôtes en villégiature. On pense particulièrement à la régulation du courant électrique fourni par la Société d’Energie Electrique du Littoral Méditerranée à la Compagnie des Tramways Electriques de la Côte d’Azur et à l’édification d’un réseau d’usines hydro-électriques dans la vallée de la Tinée. On pense aussi à sa réaction contre une campagne de presse mensongère émanant de périodiques étrangers sur une insécurité et des troubles permanents affectant le département[92].
La catastrophe naturelle, survenue au mois de novembre 1926 à la suite d’orages torrentiels, qui frappe cruellement -19 morts- les communes de Roquebillière, totalement anéantie, Lantosque, Belvédère et Saint-Martin-Vésubie[93] est un événement très marquant de la présidence de Gassin. Il en est affecté, comme l’ensemble de ses collègues. Le Conseil est réuni extraordinairement le 11 décembre pour prendre les mesures nécessaires. Gassin souhaite mettre en œuvre la « solidarité départementale »[94]. Les termes ne sont pas vains, tant pour l’aide aux personnes que pour la reconstruction des infrastructures. Ainsi sur les 12.500.000 francs de dégâts, concernant principalement la voirie, un crédit de 4.500.000 francs est débloqué. Cette même solidarité s’exercera en 1929 lors de l’incendie de Saint-Etienne-de-Tinée[95].
La réforme de 1926 a permis d’amplifier le champ des activités de l’assemblée départementale. Les élus se préoccupent toujours de la gestion des affaires courantes : la date de la foire de Valdeblore pour la déplacer du 4 mai au 1er octobre[96], la création d’un bureau de tabac au pont Charles-Albert[97] ou l’établissement d’une jetée-abris pour les pêcheurs, « communauté incontestablement intéressante », au Cros de Cagnes (440.000 francs)[98]. Mais l’avenir est aux infrastructures touristiques : construction de pistes de sports de neige à Peïra-Cava (20.000 francs) [99] et lancement de la création d’un aéroport au quartier de la Californie à Nice[100].
On soulignera enfin l’intérêt que porte l’assemblée départementale à l’histoire et à la culture locales : subvention annuelle accordée à l’Acadèmia Nissarda pour la publication de Nice Historique (1000 francs) ; subventions exceptionnelles en faveur du Lexique niçois, français, provençal[101]du médecin niçois Louis Camous (600 francs) sur demande de Léon Baréty ; publication, sur proposition d’Eugène Charabot, de la thèse d’histoire sur le district de Saint-Paul-du-Var de 1790 à l’an IV de l’instituteur niçois Léonce Boniface (1000 francs)[102] tandis que le bicentenaire de la naissance de Fragonard à Grasse bénéficie de l’aide départementale. 
 
               La commission départementale
 
Pour gérer ces terres entre mer et montagnes, le président peut appuyer son action sur une Commission départementale aux pouvoirs élargis et qui ne traite plus seulement des affaires sur délégation de l’assemblée. A l’époque de l’élection de Gassin à la présidence, cette commission est dirigée par deux élus, représentants de la montagne niçoise et de la montagne grassoise, à l’action publique reconnue : le président, le docteur Maurice Rovery (conseiller général et maire de Saint-Étienne-de-Tinée) et le secrétaire, le docteur Michel Belletrud[103] (conseiller général de Saint-Vallier et maire de Cabris). En 1928, la Commission départementale est animée par deux Niçois, l’avoué André Gasiglia (maire de Contes) et le clerc d’avoué Honoré Ugo, secrétaire, qui, comme conseiller municipal de Nice contribuera par la suite à la réhabilitation du Vieux-Nice. En 1929, sont élus Louis Revel, « industriel », conseiller général de Coursegoules et maire de Conségudes, comme président et le docteur Paul Roux, maire et conseiller général de L’Escarène comme secrétaire. En 1930, l’industriel niçois Antoine Olivari, conseiller général d’Utelle est élu président, le docteur Julien Agnely, maire et représentant de Guillaumes éttant secrétaire.
La prééminence de la Commission départementale, confrontée à de nombreuses missions, devient plus marquée. Le travail de préparation assuré par les autres commissions augmente. En 1931 les élus souhaitent la modification du règlement intérieur afin d’établir une « coordination plus étroite » des commissions » des finances et des travaux publics[104]. Tout cela préfigure la réforme instituée à la fin du XXe siècle avec la création de la commission permanente.
Les missions de la Commission départementale demeurent classiques, affaires particulières ou urgentes, délégations ponctuelles du Conseil général. Ainsi pour la session de janvier 1926, il s’agit essentiellement[105] des améliorations aux lignes de tramways de Nice à Levens, de la remise en état de chemins vicinaux à Carros, Berre-les-Alpes, Mouans-Sartoux, de subventions pour le cinématographe solaire à Nice, à Cannes ou au Bar tandis que la Société mixte de tir de Valbonne est gratifiée d’une subvention de 150 francs et que la suppression des droits d’octroi sur les marrons et les châtaignes par la commune de Saint-Jean-Cap-Ferrat -qui ne semble pas encore être une destination de privilégiés !- est approuvée «en raison de leur valeur nutritive et de leur prix relativement peu élevé». Quant à la session du 1er juin 1926, elle est consacrée à l’examen scrupuleux de l’admission à l’A.M.G. (Assistance Médicale Gratuite) des malades, vieillards et infirmes privés de ressources que le département a en charge depuis la loi du 15 juillet 1893. On constate, à l’examen des travaux de la Commission présentés à l’assemblée départementale pour l’année 1928[106], que la physionomie du département connaît une mutation. Certes, les améliorations agricoles et pastorales sont toujours indispensables, telle par exemple l’électrification rurale des hameaux de Saint-Barnabé à Coursegoules ou de Gordolon et Berthemont à Belvédère et La Bollène. Mais d’autres priorités apparaissent : telles les subventions aux sociétés d’habitation à bon marché pour la construction de logements sociaux ; telle la suppression de la taxe sur les spectacles pour favoriser les championnats de tennis ; telle aussi la subvention pour accueillir en avril 1929, grâce à l’influence du président Gassin, le congrès de l’Association nationale des avocats.
Gassin a ainsi efficacement accompagné les mutations administratives et financières des années vingt. Le département a gagné en importance. La promotion de la préfecture des Alpes-Maritimes à la hors classe par le gouvernement d’André Tardieu -par ailleurs hôte fidèle de Menton où il décèdera en 1945- est le reflet de l’importance du département. Elle rejaillit sur le Conseil général lui-même. Aucun changement n’était intervenu depuis 1860 et l’arrivée de Gavini de Campile à la préfecture. Ange Benedetti, le préfet, pouvait avec raison y voir une « preuve de la grande place que Nice, salon de la France, et le beau département des Alpes-Maritimes tiennent dans la sollicitude du gouvernement »[107].
  Les difficultés financières auxquelles était confrontée l’assemblée départementale après la guerre ont été surmontées. Le département paraît plutôt favorisé. Le 1er octobre 1929 Gassin souligne que la valeur du centime additionnel départemental est en progression constante et que la trésorerie est bonne[108]. Et le 29 septembre 1930 il trace les grandes lignes d’un bilan des dix dernières années. « La guerre a pesé lourdement sur la situation économique de notre région ». L’activité a considérablement faibli entrainant « la chute presque verticale des centimes départementaux et communaux ». Il a fallu « consentir de lourds sacrifices ». « Par son office des œuvres de guerre le Conseil général s’est appliqué à soulager toutes les misères ». Depuis la fin de la guerre, les actions ont repris dans tous les domaines : eau potable, irrigation, création d’écoles techniques, réseau téléphonique, tourisme, assistance sociale. Les routes ont été prioritaires. Leur budget, réparations et travaux neufs, est passé de un million et demi avant la guerre à 29 millions en 1930[109]. Soit en francs constants, presque un triplement. On notera que cet accroissement est moins l’effet de l’augmentation du budget départemental que la conséquence de la nouvelle importance accordée au réseau routier : fermeture des lignes de tramways et progrès de la locomotion automobile. En effet le budget du département est de 7.779 millions de francs en 1910, soit 52 millions de 1930, alors qu’il s’élève à 60 millions cette année-là.
         C’est ce bilan qu’il développe le 29 avril 1931 avant d’annoncer qu’il ne se représentera pas aux prochaines élections dans le 3e canton de Nice « berceau de sa vie politique »[110]. Ce bilan porte sur les dix dernières années. Il dépasse donc la durée des fonctions de Gassin à la présidence du Conseil général. Aucun autre président, pour la période étudiée dans ce numéro de Nice Historique du moins, n’a procédé ainsi. Gassin, au moment de partir, laisse à ses collègues une sorte de testament qui met en valeur non pas ses propres actions mais l’œuvre accomplie ensemble[111].
L’abandon de la vie politique
 
A l’issue de la première session de 1931 et après le bilan de l’œuvre accomplie, Louis Gassin en vient à évoquer l’avenir : « Et maintenant un dernier mot personnel, court et sobre, parce que je ne suis pas sûr d’être maître de mon émotion… Au mois d’octobre sans doute auront lieu les élections cantonales. Mon mandat va expirer. Je le remplirai naturellement jusqu’à son terme légal. Mais je ne puis céder à vos instances si amicales et à celles de tant d’amis de mon canton. Je dois maintenir irrévocablement ma décision de ne plus solliciter le renouvellement de mon mandat. Je suis heureusement en bonne santé et … je n’ai pas à prononcer ma propre oraison funèbre !... J’ai simplement la conviction qu’il est de mon devoir, dans l’intérêt de mon canton et du département, de laisser à un homme nouveau, plus jeune, ce grand honneur et la charge de ce mandat. Je me sépare avec peine de mes chers électeurs du 3ème canton, berceau de ma vie publique, mes amis toujours attachés et fidèles… Je vous quitte mes chers collègues avec d’infinis regrets !... Vous m’avez comblé ! Je vous assure de mon affection et de ma reconnaissance. Gardez-moi votre amitié »[112].
Il est difficile de mesurer les raisons profondes qui expliquent une telle décision : une certaine lassitude probablement, des espoirs déçus sans doute (celui peut-être d’emporter la mairie de Nice), la virulence de l’opposition, la disparition des proches, Sauvan en 1922, Raiberti en 1929, ont sans doute pesé dans la balance. C’est le 30 septembre que le Petit Niçois confirme cette décision : « Dans le troisième canton de Nice, malgré de vives sollicitations, M. Louis Gassin confirme qu’il se retire»[113]. L’Eclaireur rappelle que la décision, déjà annoncée au printemps, avait causé « une vive émotion au Conseil général puis à Nice et dans le département tout entier » et que « de toutes parts des démarches réitérées et pressantes avaient été faites pour que M. Gassin acceptât de conserver son siège ». D’ailleurs, certains espéraient « qu’après la trêve estivale, il serait possible de vaincre les résistances d’un homme qui, en pleine possession de ses dons intellectuels et de ses facultés physiques, était en mesure de rendre encore, de longues années, les plus éminents services à Nice et au département »[114]. Mais sa ferme résolution met un terme aux espoirs de ses amis politiques. Dans Le Petit Niçois du lendemain, Louis Gassin s’adresse à ses électeurs dans une lettre « revêtant le caractère d’un émouvant testament politique » : « L’heure est venue pour moi de renoncer aux fonctions publiques […] La vie d’une génération n’est qu’un effort qui en suit et en précède d’autres. J’ai fait le mien… »[115].
Dès lors que la décision apparaît irrévocable, le milieu politique local, à moins de quinze jours de l’élection, s’empresse de préparer sa succession. Deux jours après cette annonce, dans les colonnes du Petit Niçois, puis de L’Eclaireur, Jean Ossola, député et conseiller général de Grasse, prend acte de cette douloureuse décision et en tire une leçon politique : « Acceptons et respectons son arrêt puisqu’il est sans recours. Recueillons l’enseignement qu’il veut manifestement nous laisser : entente, cohésion des consciences et des énergies, plus que jamais commandée par l’intérêt collectif »[116]. 
Le Petit Niçois avance peu de jours après l’hypothèse d’une candidature cantonale de Jean Médecin, maire de Nice depuis 1928[117] : « La candidature de Médecin dans le 3e canton serait normale, logique, et on peut affirmer qu’elle est attendue [tandis que] sa candidature à Sospel serait une déception pour la population niçoise »[118]. C’est finalement semble-t-il d’un accord entre le conseiller général sortant, Louis Gassin[119], le député de la circonscription, Léon Baréty, et le maire Jean Médecin que naît la candidature du docteur Paul-Louis Balestre, directeur du bureau municipal d’hygiène de Nice. D’après les observations, de la préfecture, « de nouvelles candidatures sont possibles »[120], mais « le docteur Balestre est un ami dévoué de Messieurs Léon Baréty et Jean Médecin »[121], et « toutes les candidatures finissent par s’effacer »  devant la sienne[122]. A l’issue d’une campagne brève mais intense, et à laquelle la presse réserve une place considérable[123], le docteur Balestre remporte les élections avec 3.886 voix contre 844 à son adversaire Henri Toye[124], ancien conseiller d’arrondissement soutenu par Henri Taffe[125], l’ancien adversaire de Louis Gassin.
A l’ouverture de la session d’automne 1931 du Conseil général, et avant l’élection d’un nouveau président, le doyen d’âge, Joseph Bermond, prononce un éloge de l’ancien président Gassin à la hauteur du souvenir qu’il laisse à l’assemblée départementale : « Un des meilleurs d’entre nous, celui qui parait notre assemblée comme une fleur piquée à son corsage, cet homme d’un esprit fin, d’une belle intelligence et d’un grand cœur, oubliant peut-être que les âmes d’élites sont comptables envers leurs concitoyens des supériorités qu’elles possèdent, notre cher et sympathique président, M. Louis Gassin, nous a volontairement quittés. Qui de nous ne se rappelle avec quelle éloquence muette, dans un silence impressionnant où l’on n’entendait plus que les battements de son cœur, M. Gassin nous annonça sa décision à la dernière session du Conseil général. Orateur parlant la langue la plus élégante et la plus pure, amant passionné de notre grande et de notre petite patrie, ami sûr, notre affection pour lui défiera le temps, et, au nom du Conseil général tout entier, à l’heure prématurée de sa retraite, je lui adresse avec nos regrets, l’expression de notre fidèle et toujours vivante sympathie »[126].
 
Annexe
 
Bilan départemental 1921-1931
Discours prononcé par Louis Gassin le 29 avril 1931 [127]
 
 
« Messieurs,
« Avant de prononcer la clôture de cette session, la dernière avant le renouvellement des mandats, je veux remercier mes collègues de leur bienveillance, et la presse du concours loyal et aimable qu’elle ne cesse de nous prêter.
« Je veux aussi m’entretenir avec vous de l’ensemble de notre situation départementale, durant ces dix dernières années.
« Je me suis penché sur tous nos dossiers et j’ai pu dresser un bilan assez réconfortant de nos travaux. Il permettra aux électeurs de juger équitablement l’œuvre accomplie ;
         « Le Conseil général des Alpes-Maritimes peut en être justement fier !
         « Il a préparé l’avenir de cette magnifique région. Nous n’avons pas hésité à demander aux contribuables, qui n’auront pas à le regretter, les sacrifices financiers qui s’imposaient, pour réaliser, sur le Littoral comme dans la montagne, les travaux dont l’exécution était la condition essentielle de la prospérité de ce Pays.
         « Réseau Routier. Notre département est essentiellement touristique et le tourisme réclame des routes modernes.
         « C’est sur le réseau routier que vous avez accompli un effort, dont les résultats apparaissent aujourd’hui. Elargissement du pont du Var et de la route Nationale N°7, déviation de cette route au Cros-de-Cagnes, rectification de la Corniche d’Or dans l’Estérel, élargissement de la route des Alpes, achèvement de la Moyenne-Corniche sur le territoire de Nice, reprise des programmes vicinaux annuels et établissement du programme de routes intervallées. La route Vésubie-Tinée est sur le point d’être achevée ; les routes qui mettront en communication les vallées du Var et du Paillon, du Paillon et de la Vésubie et de la Bévéra sont en cours d’exécution ; la route de la Moyenne-Corniche se prolonge vers Beausoleil, Roquebrune et Menton, et, enfin, vous avez décidé la création d’une route à grand trafic : la Route du Bord de Mer entre Nice, Antibes et Cannes qui, un jour, constituera, sans conteste, une voie triomphale, gloire de la Côte d’Azur.
         « Il fallait aussi songer au réseau routier déjà existant, un peu délaissé pendant les années de guerre et qui, par suite du développement de l’automobile, ne répondait plus aux nécessités de la circulation moderne.
         « Travaux de remise en état, élargissements, reconstruction de parapets, amélioration de tournants, création de garages, goudronnages, ont été par vous largement dotés au budget départemental au cours de ces dernières années. Toutes ces améliorations se poursuivent suivant un rythme régulier, sous la direction éclairée de M. l’ingénieur en chef Chauve, à qui je tiens à rendre un juste hommage. Nous pouvons affirmer que le réseau routier des Alpes-Maritimes est aujourd’hui des meilleurs parmi ceux des autres départements.
         « Sports d’Hiver. La vogue prise par les sports d’hiver, qui était de nature à porter atteinte à la Côte d’Azur, a retenu toute votre attention. Depuis deux ans, vous ne cessez de consacrer d’importants crédits à la modernisation des routes qui donnent accès à nos stations alpestres, à celle de Beuil en particulier, où les sports de la neige, peuvent, à deux heures de Nice, se pratiquer comme dans les meilleures régions de la Suisse ou des Pyrénées. Vous accomplissez une œuvre de prévoyance, que déjà s’apprête à compléter l’initiative de nos hôteliers et de nos syndicats. Notre collègue, M. Baudoin[128], est à la tête de ce mouvement. Je l’en félicite.
« Suppression des Tramways. Puisque nous sommes sur la question des routes, je tiens à rappeler la décision hardie et pourtant indispensable que, sous la poussée des nécessités de la circulation, vous avez prise, il y a trois ans, de supprimer les lignes de tramways, suppression qui était, d’ailleurs, demandée par les Compagnies exploitantes et par la majorité des Municipalités.
         « Notre réseau de tramways, dont l’établissement a imposé un très gros sacrifice financier au budget départemental, a incontestablement rendu, pendant une vingtaine d’années les plus grands services aux populations.
         « En présence des progrès réalisés par la locomotion automobile, qui a détourné à son profit la plus grande partie du trafic qui  allait autrefois au tramway, votre décision s’imposait ; elle était d’autant plus nécessaire que les rails tenaient sur nos chaussées une place encombrante et entravaient dangereusement la circulation générale.
         « L’enlèvement des voies, déjà effectué sur quelques points du département, va supporter une nouvelle amélioration au profil de la route.
         « P.T.T. Dans la mesure des pouvoirs qui lui sont reconnus par la loi, notre Assemblée s’est constamment préoccupée des mesures à prendre pour perfectionner nos services postaux, télégraphiques et téléphoniques, dont le parfait fonctionnement, dans une région comme la nôtre, est indispensable. Il y a peu de sessions où ces questions n’aient été agitées, parfois très âprement, et nous avons la satisfaction d’enregistrer quelques améliorations. Nous en attendons d’autres. Et surtout, nous attendons de l’Administration des Postes, lorsqu’elle place ses poteaux et procède à ses travaux, plus de souci de la beauté de nos routes et de nos paysages.
         « En ce qui concerne plus spécialement le réseau téléphonique, l’Assemblée départementale n’a jamais marchandé son concours à l’Etat, pour cet objet, depuis dix ans. Toutes nos communes, toutes nos agglomérations de quelque importance sont actuellement desservies ; il reste à faire cesser l’isolement de nos petits hameaux ; c’est l’œuvre de demain : la question, prise en main par la Commission Spéciale que vous avez nommée et par votre délégué aux conférences régionales des P.T.T, M. le docteur Rovery[129], est à l’étude ; souhaitons et espérons qu’elle sera résolue, conformément aux vœux et aux intérêts des populations.
         « Autobus. En même temps que vous poursuiviez l’amélioration des communications routières et des communications postales, télégraphiques et téléphoniques, vous avez organisé, pour faciliter les relations des diverses parties du département entre elles, et plus spécialement avec les grands centres, de nombreux services d’autobus départementaux que vous avez, à la lumière de l’expérience, sans cesse perfectionnés. Ces services, qui ont avantageusement remplacé les tramways dont je parlais tout à l’heure, qui pénètrent maintenant jusque dans nos villages plus reculés, ont porté, dans les diverses régions, le bien-être, l’activité, la vie, et ont établi, entre elles et le Littoral, un nouveau courant d’affaires, dont le développement continu profite à l’ensemble du département.
         « L’aménagement des forces hydrauliques, l’achèvement des voies ferrées, l’instruction publique, les œuvres sociales ont retenu toute votre sollicitude.
         « Forces Hydrauliques. Vous avez facilité la mise en valeur de nos chutes d’eau et les grandes Commissions que vous avez constituées, il y a quelques années, Tinée, Roya, Estéron, Var, ont apporté, à la solution de cet important problème de la houille blanche, un concours qui ne doit pas être oublié ;
         « Réseau ferroviaire. La solution de la question de l’achèvement du réseau ferroviaire du Sud-Est est en marche. Elle a fait l’objet de longues études de votre part. Le projet Avignon-Les Arcs est déposé devant les Chambres ; notre collègue, M. Gianotti[130], en a été nommé rapporteur ; les projets Nice-Digne et Nice-Draguignan, que vous avez subventionnés, doivent l’être à bref délai, car leur exécution présente un intérêt économique et national sur lequel vous ne vous êtes pas lassés – et hier encore – d’attirer l’attention du Gouvernement.
         « Enseignement. L’enseignement public a toujours trouvé auprès du Conseil général des Alpes-Maritimes un appui sans réserve. Vous avez construit, pendant la période même de la guerre, l’Ecole départementale de Commerce et d’Enseignement ménager ; l’Ecole d’Agriculture d’Antibes, aujourd’hui école nationale ; aménagé convenablement les deux Ecoles Normales ; augmenté les crédits réservés aux bourses des lycées et collèges, Ecoles supérieures, Ecoles professionnelles ; Institué les prêts d’honneur sur l’initiative de M. Charabot[131], précédant l’Etat dans cette voie ; subventionné les constructions scolaires, les caisses des écoles, les bibliothèques et les cinématographes scolaires, la Cité Universitaire, les colonies de vacances, le centre agronomique d’Antibes, l’Ecole des Métiers, les associations savantes et les groupements scientifiques.
         « Assistance et Hygiène. L’Assemblée départementale n’est jamais demeurée insensible aux infortunes et le problème de l’assistance et de la protection de la santé publique a toujours eu une place prépondérante dans ses travaux.
         « L’assistance aux vieillards, infirmes et incurables, aux familles nombreuses, aux femmes en couches, aux enfants infirmes, a bénéficié, dans nos budgets, de larges crédits. Vous avez créé un service de primes à la natalité et un service de consultations prénatales, marquant ainsi l’intérêt que vous attachez à l’importante question démographique, qui préoccupe les pouvoirs publics. Vous avez fondé le sanatorium de Gorbio, et grâce à la générosité d’une femme de bien, dont je salue la mémoire, vous avez pu doter le département d’un hôpital préventorium d’enfants, la Fondation Barriquand-Alphand à Menton, dont vous avez fait, suivant les recommandations de sa généreuse donatrice, un établissement modèle.
         « Les hôpitaux du département, chaque fois qu’ils ont fait appel à vous, pour développer leurs moyens d’hospitalisation, ont reçu les encouragements nécessaires, encouragements qui sont allés également à des œuvres privées admirables, comme l’Hospice Lanval de Nice, l’œuvre des Tout-Petits de Grasse, qui rendent tant de services à l’enfance déshéritée.
         « Les enfants assistés n’ont pas été oubliés. Les filles-mères ont reçu, une aide plus large et vous avez créé à Nice, avec le concours financer de la Commission d’Alimentation, un hospice dépositaire à la villa « La Côte », tandis que, parallèlement, pour faciliter les placements à la montagne, vous releviez sensiblement le taux des pensions payées aux familles recevant des pupilles.
         « L’Assistance médicale gratuite n’a pas été négligée. La situation de nos médecins cantonaux, a été améliorée ; certaines circonscriptions ont été révisées dans l’intérêt d’une médecine plus rapide et vous avez, sur l’initiative de notre collègue, le docteur Grinda, institué un service de chirurgie mobile pour le transport des malades dans les hôpitaux et créé, sur de nombreux points, des postes de secours médicaux auxquels peuvent faire appel non seulement les populations locales, mais les accidentés de la route.
         « Dans un département comme le nôtre, la question sanitaire revêt une importance capitale. Le Conseil général, de tout temps, l’a compris, mais au cours de ces dernières années, un effort tout particulier a été fait pour moderniser les services qui ont mission de dépister la maladie et de conserver à notre région le juste renom dont elle jouit.
         « Hier, vous avez créé l’inspection sanitaire scolaire.
         « C’est dans votre Assemblée qu’est né l’Office départemental d’Hygiène Sociale, présidé depuis sa fondation par notre ancien collègue, le docteur Gasiglia[132], qui, avec le concours éclairé du docteur Moriez[133], notre ancien collègue également, se consacre à son fonctionnement avec la volonté opiniâtre que vous lui connaissez. C’est cet Office qui, avec tout un  réseau de dispensaires, sur le littoral et dans la montagne, en étroite liaison avec les services de notre inspecteur d’hygiène, le docteur Barbary, poursuit, contre les maladies sociales, une lutte qui a porté ses fruits.
         « Je désire, dans un sentiment de justice, rendre hommage au docteur Barbary, à sa science, à son dévouement. Il a rendu à notre département les plus éminents services.
         « Cet Office d’hygiène sociale, nos services d’hygiène et les œuvres annexes, qui secondent leur action, reçoivent l’aide matérielle et morale du département.
         « Habitations à Bon Marché. Dans le même esprit, vous avez largement encouragé la construction des habitations à bon marché, car l’amélioration de l’habitation du travailleur est une des conditions essentielles du maintien de la santé publique. Vous avez fondé un Office d’habitations dont notre collègue Corniglion[134], anime les efforts et vous avez donné aux Société privées, qui se sont constituées dans le d épartement, au lendemain du vote de la Loi Loucheur – une des plus heureuses de notre législation actuelle – les appuis financiers qu’elles vous demandaient, dans le cadre de cette loi bienfaisante.
         « L’Office des Pupilles de la Nation, le Comité Départemental des Mutilés, l’Office du Combattant, ont été inscrits dans nos budgets et vous avez, à diverses reprises, subventionné les œuvres dont le fonctionnement intéresse la grande, la douloureuse famille des victimes de la guerre.
         « Enfin, sur le plan social, il ne faut pas oublier la création, à la fin de la guerre, de l’Office Départemental de Placement, avec le concours de la Ville de Nice et de la Ville de Cannes. Cet Office, qui a grandi, a pris une place prépondérante sur le marché du travail dans la région du Sud-Est et chaque année ce sont des milliers de travailleurs qui viennent à lui.
         « L’effort en faveur des petites communes. Rien de bon, d’utile, de fécond ne pourrait être réalisé dans ce département, sans la solidarité étroite qui unit tous les cantons, toutes les communes.
         « Peu de départements ont consenti, en faveur des petites communes, l’effort qui a été fait par le Conseil général des Alpes-Maritimes ; mais peu de départements aussi ont une situation semblable à la nôtre : abondante richesse dans la zone du littoral, vie difficile dans la zone parfois aride de la montagne.
         « Il était juste, il est naturel que les communes du littoral, par l’intermédiaire du budget départemental, viennent en aide aux communes déshéritées qui contribuent malgré tout, sous diverses formes, sur le plan économique et sur le plan démographique en particulier, à leur développement et à leur prospérité.
         « Jamais cette nécessité n’a été contestée, et chaque fois que le concours demandé aux finances départementales a été en rapport avec le résultat à atteindre, avec l’importance des agglomérations devant en bénéficier, vous n’avez pas hésité, unanimement, dans un haut esprit d’équité, à accueillir les requêtes qui vous étaient adressées. Mais n’oublions jamais qu’il faut être ménager (sic) des ressources des citoyens et de l’effort de la Ville de Nice et qu’avant d’engager une dépense, les services départementaux et nous-mêmes, devons mesurer l’effort financier aux bénéfices réels qu’on peut en attendre.
         « Les travaux d’améliorations agricoles, l’électrification des villages, les travaux d’assainissement, d’adduction d’eau, les travaux d’endiguement, l’amélioration des cimetières, l’organisation de la protection contre les incendies ; pour tout cela, les Municipalités ont reçu des encouragements financiers dont il est nécessaire de souligner l’importance et qui témoignent de notre sollicitude pour les populations rurales.
         « L’agriculture. Vous avez mis à l’étude la création d’un vaste réseau d’irrigation, qui a déjà reçu un commencement d’exécution et la constitution d’un domaine pastoral qui peut, dans l’avenir, avoir pour l’élevage d’heureux résultats.
         « Il faut stimuler notre agriculture dans la montagne et notre riche horticulture du littoral. C’est en donnant à ces deux branches de l’économie départementale les moyens de se développer que nous pourrons maintenir le paysan sur la terre.
         « Les Economies. Notre budget départemental, aujourd’hui, paraît stabilisé et notre centime département est en constante plus-value. Il ne faut plus augmenter les charges locales des contribuables, car nous détruirions l’effet des mesures de dégrèvement décidées par le Parlement. Il convient de se mouvoir dans le cadre des ressources existantes, en sériant les dépenses.
         « Vous allez avoir, dans deux ans, d’importantes ressources à votre disposition, lorsque l’ingénieur en chef aura terminé la remise en état de notre réseau routier. A ce moment-là, les centimes que vous avez mis à sa disposition pour cet objet vont être  disponibles ; grâce à eux, vous pourrez donner une nouvelle impulsion à vos travaux neufs, notamment sur la Moyenne-Corniche, sur les routes du Littoral et sur les routes intervallées ».
 
 
 
 
 
 


[1] Cette étude porte principalement sur l’activité de Louis Gassin au Conseil général. Elle n’aborde pas ses fonctions municipales ni ses activités professionnelles. Le riche fonds Gassin n’a été que très partiellement exploité : Archives départementales des A-M, 088 J 001 à 0051.

[2] Remerciements à M. Patrick Cavallo, Président de l’Association généalogique des Alpes-Maritimes, pour ces renseignements.

[3] Voir le fonds Gassin, Arch. dép. A-M, 88 J 47.

[4] Arch. dép. A-M, 88 J 48.

[5] Ce qui lui vaudra d’être décoré pour le royaume d’Italie des plus hauts ordres dynastiques : commandeur de la Couronne d’Italie en 1900, chevalier de l’ordre des Saints-Maurice et Lazare en 1907 et pour l’Empire russe, il est promu commandeur de l’ordre de Saint-Stanislas : Arch. dep. A-M 1 M 706.

[6] L’Eclaireur de Nice et du Sud-Est, édition de Nice du 30 août 1940.

[7] Arch. communales de Nice, 1 D1 33.

[8] André Gueslin, Gens pauvres, pauvres gens dans la France du XIXe siècle, Paris, Aubier, 1998 et Joseph Duplouy, 1860 Nice, la caisse d’épargne, les banques, Nice, Pro civitate, 2010.

[9] Arch. dép. A-M, 1 M 567.

[10] Arch. dép. A-M, 1 M 569.

[11] Le Petit Niçois du 27 mai 1919.

[12] Nice Historique, 1919, n°4, p. 65-66.

[13] Arch. dép. A-M, 1 M 569.

[14] L’ensemble des références de ce développement figure dans les dossiers associatifs du fonds Gassin : Arch. dep. A-M, 88 J 50.

[15] Nice Historique, 1904, n°11, p.175-176.

[16] Joseph Saqui, Les trente ans de l’Artistique (impressions et souvenirs), causerie faite au Cercle Artistique le 17 janvier 1925, Nice, Imprimerie de L’Eclaireur, 1926, 44 p.

[17] Louis Chevalier, Classes laborieuses, classes dangereuses, à Paris pendant la première moitié du XIX e siècle, Paris, Plon, 1969.

[18] Arch. dép. A-M, 1 M 780.

[19] Arch. dép. A-M, 1 M 706.

[20] L’Eclaireur du 30 août 1940.

[21] L’Eclaireur  du 30 août 1914.  

[22] Arch. dép. A-M,  88 J 1 à 88 J 35 : dossiers d’affaires traitées ou plaidées par Me Louis Gassin de 1888 à 1940.

[23]  Il sera notamment, en 1914, l’avocat des célèbres « bandits de Pégomas » : Le Petit Niçois, 6, 7 et 8 février1914 ; Maryse Romieu, Les bandits de Pégomas, Nice, Serre, 2001.

[24] Arch. dép. A-M, 88 J 1, Affaire Marie Chaine, 1891.

[25] Le Petit Niçois du 27 mai 1919.

[26] On peut citer l’affaire Nirdlinger, une ex-reine de beauté américaine qui tue son mari en état de légitime défense (1931) : Arch. dép. A.M., 88 J 27 ; ou l’affaire Henriette Fournier pour la tenue d’un camp de nudistes à Pessicart (1933) : Arch. dép. A.M., 88 J 30. 

[27] Le Petit Niçois du 27 mai 1919.

[28] Le Petit Niçois du 4 novembre 1919.

[29]  Olivier Vernier, « Ernest Lairolle », in Dictionnaire historique et biographique du comté de Nice (s.d. Ralph Schor), Nice, Serre, 2002, p. 208 : d’abord conseiller général de Menton (1883-1889), puis de Nice-Ouest (1894-1907), Lairolle sera conseiller général de Breil de 1911 à 1919 ; il sera aussi député des Alpes-Maritimes de 1910 à 1919 ; au plan local, il préside aux destinées de la « Fédération des sociétés de secours mutuels des Alpes-Maritimes, Var et Basses-Alpes » et devient vice-président du Conseil Supérieur de la Mutualité de Paris. Il organise à Nice, au printemps 1907, le 9ème Congrès de la Mutualité Française en présence de René Viviani, celui-ci ayant accédé depuis peu au ministère du travail nouvellement créé.

[30] Le Petit Niçois du 25 juin 1907.

[31] Honoré Sauvan est maire de Nice de 1896 à 1912, puis de 1919 à 1922 : Ralph Schor, « Honoré Sauvan » in Dictionnaire historique et biographique du comté de Nice, op. cit., p. 350 ; Janine Martin, Sauvan, maire de Nice, 1896-1912, mémoire DES Histoire, Nice, 1967.

[32] Le Niçart du 22 juin 1907.

[33] La lutte sociale, 30 juin 1907 : « le repos absolu lui est conseillé par ses docteurs durant plusieurs années ».

[34] « Au moment de mettre sous presse, nous apprenons que […] M. Gassin a accepté la candidature de conseiller général pour le canton Ouest de Nice » : Le Phare du littoral, 16 juillet 1907.

[35] L’Eclaireur du 17 juillet 1907.

[36] L’Eclaireur du 18 Juillet 1907.

[37] Les vingt sections électorales niçoises sont : Saint-Jean-Baptiste, Lycée, Beaulieu-Carabacel, Notre-Dame, Saint-Pierre, Baumettes, Saint-Etienne, Sainte-Hélène, Arenas, Caucade, Saint-Isidore, Saint-Antoine, Saint-Roman, La Madeleine, Cimiez, Gairaut, Saint-Maurice, Saint-Sylvestre, Saint-Pons et l’Ariane : Arch. dép. A.M., 3 M 214, élections cantonales de 1907, canton de Nice-Ouest : recensement général des votes.

[38] L’Eclaireur du 20 juillet 1907.

[39] Jacques Basso, Les élections législatives dans le département des Alpes-Maritimes de 1860 à 1939, Thèse, droit, Nice, 1966, Paris, LGDJ, 1968, pp. 227-236 ; Jacques Basso, « La politique dans la cité. Nice entre deux guerres (1919-1939) », Annales de la Faculté des lettres et sciences humaines de Nice, 1973, n°19, pp. 137-172. Voir également l’étude de Marc Ortolani sur Raiberti dans ce numéro de Nice Historique.

[40] Arch. dép. A.M., 3 M 214, élections cantonales de 1907, canton de Nice-Ouest : rapport du commissaire central de Nice au Préfet, 25 juillet1907.

[41]  Arch. dép. A.M., 3 M 214, élections cantonales de 1907, canton de Nice-Ouest ; idem, lettre du président de la première section électorale (Sauvan) au préfet, 28 juillet1907.

[42] Ces lettres et télégrammes sont conservés aux Arch. dép. A.M., 88 J 51 : élections cantonales de 1907.

[43] Arch. dép. A.M., 3 M 214, élections cantonales de 1907, canton de Nice-Ouest : mémoire de Grégoire Ricci au Conseil d’Etat.

[44] Arch. dép. A.M., 3 M 214, élections cantonales de 1907, canton de Nice-Ouest : lettre du préfet au Conseil d’Etat, 7 août 1907.

[45] Décision du Conseil d’Etat n°28988 du 18 décembre 1907.

[46] Arch. dép. A.M., 3 M 257, Registre des conseillers généraux, note de la préfecture de Nice (s.d. probablement 1908) ; la dernière phrase du rapport a ensuite été barrée.

[47] Arch. dép. A.M., 3 M 218, élections cantonales du 3 août 1913, cantons de Nice-Ouest : tract Salvagniac.

[48] L’Eclaireur du 2 août 1913.

[49] L’Eclaireur du 3 août 1913.

[50]  Arch. dép. A.M., 3 M 218, élections cantonales du 3 août 1913, canton de Nice-Ouest ; idem, lettre du président de la première section électorale au préfet, 3 août 1913.

[51] C’est ainsi qu’elle surnomme son mari et qu’il signe lui-même sa correspondance privée.

[52] Arch. dép. A.M. 88 J 47, Fond Gassin, dossier correspondance Charles Jourdan-Corneille, lettre du 13 août1913.

[53] Arch. dép. A.M., 88 J 47, Fond Gassin, dossier correspondance Charles Jourdan-Corneille, lettre du 8 octobre 1913.

[54] Il évoque notamment Léon Garibaldi, directeur de L’Eclaireur.

[55] Arch. dép. A.M., 88 J 47, Fond Gassin, dossier correspondance Charles Jourdan-Corneille, lettre du 4 décembre 1913.

[56] Décision du Conseil d’Etat n°54855 du 27 mars1914.

[57] Tribunal d’Instance de Nice, jugement correctionnel, 4 février 1914, Salvaignac contre Léopold Derchi.

[58]  Il comprend les sections électorales suivantes : Lycée, Saint-Jean-Baptiste, Charité, Beaulieu-Carabacel, Fuoncauda, Saint-Maurice, Cimiez, Gairaut, Ariane, Saint-Pons, Saint-André, Falicon : Arch. dép. A.M., 3 M 220, élections cantonales du 14 décembre 1919.

[59] Arch. Dép. A.M., 88 J 51, élections cantonales du 14 décembre 1919, tract Gassin. 

[60] Arch. dép. A.M., 3 M 257, état des conseillers généraux 1922, notice Gassin.

[61] Arch. dép. A.M., 3 M 225, élections cantonales de 1925, canton de Nice 3 : affiches Henri Taffe.

[62]  Arch. dép. A.M., 3 M 225, élections cantonales de 1925, canton de Nice 3 : lettre d’Henri Taffe au président du Conseil d’Etat (s.d.).

[63] Arch. dép. A.M., 3 M 225, élections cantonales de 1925, canton de Nice 3 : lettre de Louis Gassin au Conseil d’Etat, 30 septembre1925.

[64] Décision du Conseil d’Etat du 10 août 1926.

[65] PV des délibérations du Conseil général, Nice, J. Ventre,  années 1907 et 1908.

[66] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1907 et  1908.

[67] Ibidem.

[68] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1926, p. 493.

[69] Le Petit Niçois des 20 et 27 juillet 1925.

[70] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1926.

[71] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1926, p. 493.

[72] Arch. dép. A.M., 3 M 257, Tableau des conseillers généraux dressé le 30  janvier 1911 destiné au ministère de l’Intérieur : notice Gassin.

[73] Arch. dép. A.M., 3 M 257, Etat des conseillers généraux, 1914 : notice Gassin.

[74] L’Eclaireur de Nice, 30 août 1940.

[75] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1927, p. 486.

[76]PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1927, p. 481. Le Matin du 26 septembre 1927 : bombe découverte à La Bocca une heure avant le passage des vétérans américains.

[77] Le Matin ne fait aucun commentaire sur de présumés auteurs de l’attentat. La presse locale est plus que discrète.

[78] PV des délibérations du Conseil général, op.cit.,1928,  p. 513.

[79] Il s’agit du pacte Briand-Kellog signé à Paris le 27 août 1928 entre les représentants de quinze nations réunis au Quai d’Orsay.

[80] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1928, p. 513.

[81]PV des délibérations du Conseil général, op.cit.,1929, p. 493.

[82] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1930, p. 648.

[83]PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1930, p. 649.

[84] Pour le centenaire de sa naissance. Le Petit Niçois du dimanche 16 février 1930.

[85] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1930, p. 641.

[86] O. Vernier, « Puget-Théniers, les mutations d’une capitale administrative de la montagne à l’époque contemporaine », Nice Historique, 2000, p. 214-225.

[87] Dalloz, Recueil périodique et critique de jurisprudence, de législation et de doctrine, 1927, Paris, p. 291-295.

[88] Voir Eugène Minot, Le président du conseil général, Paris, Sirey, 1981, p. 81-83.

[89] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1926, p. 495.

[90] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1927, p. 489. Le droit proportionnel d’enregistrement qui était de 7% en 1905 est passé à 10% en 1920, à 12% en 1934 et à 15% avec la loi du 4 avril 1926.

[91] Arch. dép. A-M, 88 J 49.

[92] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., Session extraordinaire du 11 décembre 1926, p. 28.

[94] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., Session extraordinaire du 11 décembre 1926, p. 1 sq.

[95] PV des délibérations du Conseil général, op.cit.,  1929, p. 915.

[96] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1930, p. 706.

[97] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1931, p. 229.

[98] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1930, p. 755.

[99] Ibidem, p. 920.

[100] Ibidem, p. 875.

[101] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1931, p. 983.

[102] Ibidem, p. 932.

[103] Michel Froeschlé, La République au village. Une vie du Docteur Belletrud (1856-1934), maire de Cabris et conseiller général des Alpes-Maritimes, Nice, Serre ed., 2011.

[104] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., première session 1930, p. 757.

[105] Arch. dép. A-M, 1 N 211.

[106] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1926, p. 542.

[107] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1929, p. 515.

[108] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1929, p. 493.

[109] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1930, p. 646. 600 000 francs pour les réparations, 900 000 pour les travaux neufs. Cela correspond à 3, 5 millions 5,2 millions= 8,7 millions de francs valeur 1930. Or dans le budget 1930 (PV, p.646) ces deux postes sont respectivement de 15 et 14 millions, soit 29 millions, soit presque trois fois plus.

[110] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1931, p. 851.

[111] Le document est placé en annexe

[112] Arch. dép. A.M., 88 J 49, Fond Gassin, dossier correspondance avec le département : discours au Conseil général, 30 avril1931 ; Le Petit Niçois, du 29 avril1931.

[113] Le Petit Niçois du 30 septembre 1931.

[114] L’Eclaireur du 30 septembre 1931.

[115] Le Petit Niçois du 1er octobre 1931.

[116] Le Petit Niçois du 3 octobre 1931 : « A Louis Gassin » ; L’Eclaireur du 4 octobre1931 : « Une adresse de M. J. Ossola à M. L. Gassin ».

[117] Jacques Basso, « Jean Médecin en politique : le pouvoir d’un notable, la passion d’une Ville », Nice Historique, 1990, p. 20 ; Ralph Schor, « Jean Médecin », in Dictionnaire historique et biographique du comté de Nice, op. cit., p. 239.

[118] Le Petit Niçois du 5 octobre1931 : « Pourquoi M. Jean Médecin ne serait-il pas candidat ? ».

[119]  « M. Louis Gassin, conseiller sortant, mais toujours attaché à son canton, avait son mot à dire dans le choix de son successeur, bien que ce droit ne soit pas inscrit dans la loi électorale » : Le Petit Niçois du 8 octobre 1931.

[120] Arch. dép. A.M., 3 M 228, élections cantonales du 18 octobre1931, prévisions, tableau n°1 (s.d.).

[121] L’Eclaireur du 19 octobre 1931.

[122] Arch. dép. A.M., 3 M 228, élections cantonales du 18 octobre  1931, rapport du préfet au président du Conseil des ministres, 12 octobre1931.

[123] Le Petit Niçois des 11, 16 et 17 octobre1931 ; L’Eclaireur de Nice des 8, 11, 13, 15, 16 et 17 octobre 1931.

[124] Sur 9.745 inscrits, on compte 5.195 votants et 4.799 suffrages exprimés : Arch. dép. A.M., 3 M 257 : registre des conseillers généraux, cahier 1931.

[125] Arch. dép. A.M., 3 M 228, élections cantonales du 18 octobre 1931, rapport du commissaire de la police d’Etat de Nice au préfet, 8 octobre1931.

[126] Arch. dép. A.M., Recueil des délibérations du Conseil général, séance du 28 octobre 1931, p. 720.

[127] PV des délibérations du Conseil général, op.cit., 1931, p. 951 sq.

[128] Edouard Baudoin, conseiller général du canton de Levens, maire de Saint-Martin-du-Var, directeur du Palais de la Méditerranée.

[129] Maurice Rovéry, maire et conseiller général de Saint-Etienne-de-Tinée.

[130] Antoine Gianotti, député et conseiller général du canton de Sospel, entrepreneur de travaux publics.

[131] Eugène Charabot, sénateur, conseiller général du canton de Breil, industriel à Grasse.

[132] Théodore Gasiglia, conseiller général du 4e canton de Nice, président de l’Acadèmia Nissarda.

[133] Robert Moriez, fondateur du service d’ophtalmologie de l’Hôpital Saint-Roch à Nice et du Bureau d’hygiène, conseiller général du canton de l’Escarène de 1895 à 1915.

[134] Philippe Corniglion, notaire, conseiller général du canton de Roquebilière.

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