Misc Ex voto

Retour au sommaire des Miscellanea Niciensia

 

 

 

Ex-voto de Laghet

Un nouveau regard

 

 

Pour citer : Michel Bottin : Avant-Propos de l’ouvrage de Patrizia et Gérard Colletta, Les ex-voto de Laghet. Un mémorial entre ciel et terre, Serre Editeur, Nice, 2021, 505 pages.

 

La richesse du fonds d’ex-voto du Sanctuaire de N. D. de Laghet est bien connue par tous ceux qui portent attention à ces manifestations de piété populaire. Les développements de la recherche depuis une trentaine d’années ont renouvelé cet intérêt et en même temps laissé apparaître qu’il manquait une présentation ordonnée et raisonnée des ex-voto peints conservés par le Sanctuaire.

Patrizia et Gérard Colletta comptent parmi les auteurs engagés dans ces recherches. Leurs approches croisées -historiques, théologiques, ethnographiques, psychologiques- ont enrichi notre compréhension du phénomène votif. On citera en particulier cet ouvrage paru en 2009 au titre particulièrement évocateur : Les cimaises de la Grâce.

Après plusieurs années de patientes recherches et quelques publications, Patrizia et Gérard Colletta ont mis au point ce classement raisonné. Il compte 1215 ex-voto.  Dans cet ensemble, deux cents ont été choisis pour leurs qualités documentaires et ont fait l’objet d’un traitement particulièrement attentionné. Ils forment le cœur de l’ouvrage. Des index, répertoires et chronologies permettent une exploitation efficace des ressources de l’ouvrage. Tout cela est rassemblé dans un magnifique livre sous le titre Les ex-voto de Laghet. Un mémorial entre Ciel et terre.

 

Le sous-titre donne le ton. Les Auteurs ont en effet choisi d’étudier ces ex-voto en tenant compte de leur nature profonde qui mêle fondamentalement une situation de détresse et une réponse divine. Ils y ont recherché la Grâce qui donne vie à l’ex-voto, « lieu de mémoire d’une expérience avec l’invisible ».  L’image est transcendée par la mémoire. Elle change de nature.

Cela signifie que l’ex-voto est toujours vivant ; il reste le lieu de mémoire d’une expérience unique qu’il est possible de retrouver et d’éclairer. C’est l’objet des commentaires qui accompagnent les deux cents ex-voto présentés dans l’ouvrage. Ils permettent un retour sur l’événement. Ils aident à préciser les circonstances qui entourent la manifestation de la Grâce. Et tant mieux si, en plus, ces commentaires peuvent servir l’historien. Mais ils ne sont pas là pour cela. Ils servent à donner une nouvelle vie à l’ex-voto.

 

            Cet ensemble d’expériences avec l’invisible, forme un mémorial, un « monument commémoratif » selon l’expression des Auteurs, qui réunit tous les ex-voto placés sous le regard de Notre Dame de Laghet. Chaque vœu est maintenant accessible au moyen de ce livre. Le Mémorial est ouvert pour tous. La précision des images et la concision des notices font de ce livre un outil de recherches particulièrement performant.         

Mais cette approche ne rend pas complètement compte de la nature profonde de l’ouvrage de Patrizia et Gérard Colletta. Il est bien davantage qu’une collection raisonnée. Il suffit d’entrer dans le livre pour entrevoir, page après page, une entreprise de restauration de l’édifice spirituel formé par les ex-voto, une sorte de cathédrale votive où les ruines -les ex-voto perdus ou ceux incendiés en 1792- côtoieraient les parties les mieux restaurées, c’est à dire les deux-cents ex-voto commentés dans ce livre. Ceux-ci occupent maintenant, grâce à cet ouvrage, une place centrale dans cette cathédrale votive. Il faut souhaiter que d’autres recherches fassent revivre d’autres ex-voto. En empruntant la même méthode et les mêmes exigences.

Enfin, avant d’entrer dans le Mémorial, il faut peut-être avertir le lecteur qui considèrerait ce livre exclusivement comme un ouvrage d’histoire illustrée, une suite de scènes de la vie familiale ou de faits divers plus ou moins célèbres. Ce lecteur passerait à côté de l’essentiel. Il resterait sourd aux cris de joie et aux remerciements de tous ces miraculés protégés par la Grâce dans un moment où la vie devait inexorablement basculer. 

Nous savons en effet maintenant, grâce à l’immense galerie d’ex-voto de Patrizia et Gérard Colletta, que dans le langage de la Miséricorde divine, Laghet est un mot qui veut dire Merci !

 

Michel  Bottin

Professeur émérite Université Côte d’Azur

Président de l’ASPEAM

 

 

 

1 -